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Message par Augustus V. Lutgardis Jeu 8 Nov - 3:28

+music+

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«... Et le jeune Von Lutgardis?»

Les sombres silhouettes s'agitèrent autour de leur feu.

Certains claquaient leur langue contre leur palais, par agacement, alors que d'autres préféraient grogner ou émettre un sifflement insatisfait. L'avis général ne se détachait pas clairement de ce brouhaha incohérent, et la chaleur des flammes aux teintes maladives semblait attiser quelques rancoeurs. Tout n'était qu'obscurité autour de l'assemblée, le ciel était distordu dans un noir impénétrable et le sol n'avait quasiment aucune consistance. Les seuls choses vraisemblables et qui apparaissaient réelles était ce grand feu vert autour duquel s'étaient réunis un amas indéfinissible. Un groupe inquiétant, une masse de silhouettes houleuses et perturbantes. Un bruit sourd coupa net l'agitation, et tous se retournèrent en direction d'une seule et même ombre. Une voix étranglée, gargarisante répondit :

«Son âme ne pourrait devenir que meilleure après ça.»

«Imbéssssile.» siffla une voix féminine, suffoquante «Il pourrait très bien être anéantis et ne rien laisssssser.»

«Ou alors... le grandir et le rendre plus fort.» Répondirent plusieurs voix en même temps, tantôt déchirées, tantôt euphoriques. Etrangement, ces voix ne semblaient provenir que d'une seule et même ombre.

Du feu jaillit une flamme plus grande que les autres et s'éleva dans l'obscurité sans l'éclairer, avant de se détacher complétement du foyer jusqu'à retomber mollement au centre du groupe. De longues griffes frolèrent la flamme, qui se recroquevilla immédiatement sur elle-même, avant de s'évaporer, aspirée dans le noir.

«Le pacte sera honnoré.» trancha la première voix.
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+music+

De la pluie. Des étendues infinies à l'horizon. Le vent. Et toujours la pluie. Ce spectacle durait depuis maintenant une semaine. Le ciel de Gilnéas n'avait pas vu un rayon de soleil depuis. Et cela faisait une semaine que j'étais ainsi assis près de la grande fenêtre de ma chambre. Je ne bougeais que lorsque l'urgence l'exigeait, car chaque mouvement m'était devenu très difficile, et la douleur à la limite du supportable. Je ne pouvais pas détacher mon regard d'au-dehors, le seul remède que j'avais trouvé dans mon isolement. La Vallée de Stozenfels, la côte, la mer, je devais tout voir.

Je devais oublier.

Ne plus poser mes yeux sur ma chair tremblante et ma peau encore stygmatisée, car la simple vue des marques me faisait sombrer dans l'inconscience. Et l'inconscience, c'était le noir. Le vide. Je ne voulais plus y retourner. Je ne voulais pas mourir une seconde fois.

Je devais oublier.

Le réconfort que je tirais de regarder la pluie au-dehors ne résidait pas seulement dans son infinie beauté et dans sa constance. J'avais l'impression que le ciel pleurait les larmes qui ne sortiront plus jamais de mes yeux. Aussi enfantin et idéaliste que cela puisse paraître, cette pensée marchait. Parce que je savais.

Je savais car toutes mes larmes n'ont pas suffit à faire taire ma douleur.

Ne penser à rien, se vider l'esprit, c'était un exercice trop compliqué pour quelqu'un d'aussi jeune que moi. Après tout, la semaine dernière, je venais de fêter mes treize ans. Mais je devais le faire. Au début, mon corps prenait à chaque fois le dessus, me faisant gémir d'angoisse silencieusement. L'agonie était encore trop présente. Puis, grâce à la pluie, j'ai réussis à me détourner du fantôme de cette maccabre nuit. Et là seulement, à travers le son des gouttes d'eau qui choyaient sur la vitre, j'entendais les derniers mots que Père avait prononcé, avant que tout ne commence. Ma famille cultive le plus terrible des secrets. Et en tant que membre de celle-ci, je devais consentir au sacrifice de soi. A la droiture qui fait la fierté de ma famille.

Qui aurait pensé que de garder un tel secret serait si insupportable? Si douloureux? Je sentis mes poings se crisper sur le tissu de mes habits inchangés, et mes cheveux noirs retombèrent devant mes yeux quand j'inclinais ma tête. La douleur vrilla mes tympans, mais je ne me sentais plus capable de la laisser s'exprimer. J'étais affaiblis, vulnérable. Le feu me brûlait encore la peau, même s'il s'était éteint. Mes bras et mes jambes étaient encore entravés par des chaînes aussi froides que la mort, bien qu'elles m'aient été ôtées. Mon sang continuait d'imbiber mes vêtements, même si je n'avais plus de plaie.

Je revoyais le plafond de la grande cave, la lumière des chandelles et le reflet de mes yeux sur le couteau planté.

Non, je ne devais pas me souvenir, je ne devais pas...

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[HRP]Salutations! J'essaye quelque chose de nouveau ici, qui se présentera sous la forme des pensées et actions d'Augustus à des éléments clefs de sa vie passée. J'espère que vous apprécierez la lecture, et n'hésitez pas à commenter dans la section Debriefing RP si vous voulez donner votre avis. Merci![/HRP]
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Message par Augustus V. Lutgardis Jeu 8 Nov - 23:54

+music+

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L'éclair avait lezardé le ciel de toute sa luminosité subitement. Le bruit des vagues agitées s'écrasant avec force contre la côte rythmait le son de la pluie torrentielle. L'orage était arrivé aussi vite que la nuit, et les rares citoyens encore dehors étaient ceux qui courraient vers un abris. Le tonnerre grondait avec puissance et la foudre menaçait de s'abattre sur la première bâtisse venue. Les sons et les lumières crépitaient avec une telle force que tout le monde avait été surpris. La lumière des bougies vacillait dès qu'un vent puissant parvenait à infiltrer une partie de son souffle dans la demeure. Pourtant, personne n'osait rien dire, autour de la table. C'était un des moments de silence le plus long de la journée, et aussi longtemps que je m'en souvienne, cela a toujours été le cas. Le repas était un fragile moment, ballancé entre la tranquillité et la peur de la briser. Le raclement des couverts dans les assiettes était à peine audible, tant que les sons extérieurs nous parvenaient avec une puissance peu commune.

Au bout de cette table en ébène se tenait Père. Il nous regardait avec son air solennel et droit, et son regard était celui de l'analyse. Ses yeux semblaient percer jusqu'à même les pensées de sa famille atablée. Quand ses yeux s'étaient posés sur moi, je continuais de découper une pièce de viande avec précision. Il m'était défendu de relever le regard de Père depuis mon enfance, et ce n'était pas parceque le temps avait passé que la situation était en droit de changer. Les regards de Mère, à droite de mon paternel, étaient rares. Pourtant autour de cette table, en plus d'être la seule présence féminine, était la seule qui affichait un semblant d'émotion dans l'action. Elle n'a jamais été fragile, et n'avait donc besoin de montrer ses faiblesses, cependant dans ces instants là, elle montrait toujours une sorte d'anxiété. Comme si elle sentait que derrière chacun de nous se dissimulaient les mots qui allaient troubler la quiétude du dîner.

Mon aîné m'accorda un léger regard, dont je devinais bien la signification. Hansel était majeur depuis peu, et s'éloignant petit à petit du manoir pour vivre des affaires nécessaires, il avait eu l'habitude d'empiéter sur les codes implicitement imposés dans la demeure. Je suivis donc sa directive et je tournais légèrement ma tête vers ma gauche, où mon petit frère Viktor manipulait sa nourriture sans grande conviction.

J'aimais me dire qu'il me ressemblait, que je me sentais proche de lui. Peut-être était-ce la raison qui m'a poussé à oublier de lui dire quelque chose d'important aujourd'hui, quelque chose qu'Hansel me demandait de lui dire maintenant. Avant qu'il ne soit trop tard. Je posais ma fourchette dans un tintement inaudible contre la table, et avant que je ne pu dire quoique ce soit, Père fronça les sourcils en ma direction. Il savait ce que je m'étais préparé à dire. Et l'heure jouait contre moi. Je sentis une boule se former dans mon ventre, mais je m'employait à la maîtriser, à ne rien laisser paraître. C'était un exercice quotidien de contrôle qui au départ me semblait pénible, mais qu'y m'étais devenu nécessaire. Voir essentiel.

Un éclair foudroie la plaine non-loin, illuminant les visages de mes proches.

«Joyeux anniversaire, Viktor.»

Le silence retomba.

C'était ce soir.

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Message par Augustus V. Lutgardis Mar 13 Nov - 22:54

+ambiance+

Retrospectives 324979sparation1

«Augustus.»

«Oui?»

«...»

«Qui êtes-vous?»

«Debout.»

Ma conscience s'évaillait subitement, et brutallement mes yeux s'écarquillèrent. Je cherchais mes repères en palpant les tissus m'entourant pour constater que j'étais toujours allongé sur mon lit. Je soupirais. Tout cela n'était que le fruit de mon imagination. Ce rêve était vraiment dérangeant. Je massais mes tempes un instant pour reprendre mes esprits, et me mis assis sur le matelas. Mes yeux s'accoutumaient encore à l'obscurité quand un souffle frais me fit frissoner. Ma fenêtre était-elle entr'ouverte? Sans efforts je m'étais levé pour m'approcher de la vitre, pour constater qu'elle était finalement belle et bien fermée. Mon esprit encore un peu embrumé, je décidais de m'asseoir sur la chaise de bureau qui était retournée vers le lit. Je décidais de remettre mes idées en ordre, bien que la chair de poule se maintenait. Quelque chose ne tournait décidément pas rond dans mon environnement, et j'étais bien sûr et certain de ce sentiment. Rien ne m'indiquait pourtant un changement radical du manoir, ou du moins de ma chambre, et pourtant... Et pourtant, ces sons grinçants et le souffle de ce qui me semblait être le vent semblaient m'appeler. Je ne sais pas si c'était par terreur ou par curiosité morbide, mais je me décidais à sortir de cette pièce familière mais oppressante.

La lumière des chandelles allumées dans l'aile du manoir que j'arpentais étaient sur le point de s'éteindre. J'avais même l'impression que le sol tanguait sous mes pieds. Pris de nausée, je ne pouvais que progresser en me maintenant au mur, dont la texture me paraissait poisseuse et désagréable au toucher. Je n'osais même pas regarder mon environnement, tant il me semblait si soudainement terrifiant. Je me sentais comme dessinant un faible sillon dans un bourbier noirâtre. Ma respiration se saccadait de plus en plus, mais je n'entendais même plus mon râle, aussi brutal fut-il. Je tenais de ma main libre ma poitrine, au niveau de mon coeur, tant j'avais l'impression qu'il allait profiter de cette occasion pour sauter hors de moi. J'arrivais près de l'escalier descendant vers le coeur du manoir, le séjour, qui avait pour habitude d'être éclairé par de multiples chandellabres en pleine nuit. Cependant la multiplicité même des flammes ne réussisait pas à repousser mes inquiétudes. J'y voyais enfin mieux.

Et c'est ce que je regrettais immédiatement.

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La porte vers la grande cave était entrebaillée. Se situant sur le côté droit des marches, la porte se faisait discrète d'ordinaire, et bien entendue elle était scellée. Mais le lourd cadenas qui retenait la porte avait sauté et reposait sur le sol. Le métal semblait entortillé sur lui-même, comme s'il avait subis la néfaste influence de l'air pesant de la nuit. J'avais pratiquement atteint ma limite. Des choses que j'avais alors profondément enfoui en moi -mes craintes, ma souffrance, mon doute- ressortaient, me paralysant. Mais même en sentant ma conscience s'abandonner petit à petit aux pires idées, je mettais un pied devant l'autre. J'écartais avec prudence la porte qui m'invitait à la franchir, avant de tomber sur un dédalle de marches. J'avais peur, je transpirais cette peur. Les grincements de bois s'étaient transformés en raclements sourds impossibles à identifier, et le souffle du vent était devenu un râle glaireux et inépuisable.

A ce moment-là, j'étais sûr que la folie me tendait les bras. Et c'est armé d'une longue bougie que j'entrepris de descendre les marches, manquant plusieurs fois de trébucher dans un environnement suintant et dégoûtant. La pierre même évacuait le mal par ses porosités.


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J'étais bientôt libéré du calvaire qu'était la descente des marches, et mes yeux accoutumés à l'obscurité engloutissant tout détails parvirent à discerner un long couloir donnant sur une unique porte. Je courbais le dos dans l'espoir de mieux percevoir ce qui se voulait être ma destination. La poussière soulevée par le vent -ou le souffle?- formait une sorte de nuage, de brume, qui troublait ma vision. Le son de mes pas n'avait plus rien de commun. Je marchais sur de la pierre, et pourtant, c'était un bruit métallique qui sonnait à mes oreilles. Un bruit métallique d'une horrible régularité, qui se répercutait en écho jusque dans les entrailles de ce passage. J'avais envie de partir, faire demi-tour, retrouver la quiétude de mon lit. Ma mâchoire était crispée, et mes yeux rivés vers des images d'effroi, dont j'étais certain qu'elles provenaient de mon imagination. Alors que tout ce qui me semblait rationnel quittait mon esprit, les lumière moururent derrière moi.

C'en était trop! Je paniquais, j'ai pris littérallement mes jambes à mon cou. J'avais l'impression de prendre de la vitesse, et pourtant le décor autour de moi défilait aussi sûrement et lentement que si je marchais. Je m'appretais à gravir les marches, quand tout d'un coup j'heurtais un lourd panneau de bois. J'étais pourtant certain d'avoir fait demi-tour, et me voilà contre la porte au bout du couloir! Mais que se passait-il?! L'obscurité gagnait de plus en plus de terrain, telle un Ombre vorace qui n'avait aucun remord à prendre la moindre particule de lumière. Par réflèxe, je fermais mes yeux et me recroquevilla sur moi-même, dans le coin du couloir. Les sons environnant redoublèrent d'intensité. Le chaos se déchaînait dans mon esprit, mes muscles tétanisés réveillaient les douleurs profondément gravées dans ma chair. Puis ce fut l'accalmie.

J'entrouvais les yeux pour croiser un regard.

Le regard du démon.

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Message par Augustus V. Lutgardis Sam 24 Nov - 2:36

+musique+

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Flinson Steelwood s'était fendu de son plus beau-sourire en offrant un baise-main à mère. Je me tenais à côté d'elle dans les plus beaux et couteux vêtements de circonstance, étant donné qu'en cette soirée au manoir, l'anniversaire de Père était célébré. Notables et personnalités avaient été conviées à la fête, et bien que l'évènement fut quelque chose d'inhabituel pour notre famille qui conservait le calme et s'éloignait le plus du faste, je devais admettre que je me plaisais en cette situation. Le rassemblement de personnages avait son intérêt: l'on pouvait y entendre du faux, des moqueries ou des compliments habilement déguisés. Tous faisaient l'impression auprès de son voisin, et se sentaient obligé d'avoir un comportement faisant honneur à la grandeur de l'occasion. Ainsi, les plus proches amis étaient en compétition de récits pour se mettre en avant, et les pires ennemis de la cour se serraient la main pour valoriser leur image. Mais ce Flinson Steelwood, là, qui s'entretenait avec Père du haut des marches, était à la fois semblable et différent des invités présents. Il avait non seulement cette assurance débordante et ce comportement de dandy pédant que beaucoup aimaient s'approprié, mais quelque chose dans son port et dans son ton laissait entendre qu'il n'était pas venu qu'avec des intentions superficielles. Je ne l'aime pas beaucoup : cet Industriel a plus d'une fois posé son empreinte sur le paysage environnant Stozenfels, mettant les forêts à nu et assombrissant le ciel avec quelques cheminées à vapeur. Je me demandais si je jaugeais exactement quel était l'appétit de puissance de ce personnage, mais l'image que je m'en faisais suffisait pour susciter assez de méfiance à son égard pour ne pas le qualifier d'amical.

Et puis ces bésicles? A mes yeux tantôt accessoire fantasque et identitaire, tantôt masque de la probable folie dans son regard. Pourquoi Flinson Steelwood prenait-il autant soin de ne croiser le regard de ses interlocuteurs qu'à travers ces épais verres? J'écartais immédiatement l'hypothèse d'un problème de vue, ou une malformation physique qu'il voulait dissimuler. Cet homme pronait sa perfection et sa beauté, ventait les mérites de ses inventions et passait systématiquement devant autrui. Et le pire, c'était qu'il était pratiquement de droit de le faire. Il plaisait à la gente féminine, il était riche, il vendait bien. Mais tout ceci avait un envers, une aura de malfaisance presque palpable? Qu'est-ce qu'Hansel a bien pu découvrir, ce fameux soir, chez lui? Mon aîné ne parlait que très rarement depuis que j'avais entendu Père le reprimander. La dispute avait été suffisamment terrible pour que les vassaux et le personnel de maison en échangent quelques mots, eux pourtant si conditionner à travailler dans le silence le plus impénétrable. Et valait-il mieux que je le sache? Père semblait avoir une idée de comment traîter avec Steelwood.

Avant de prendre une décision quelconque, Mère m'entraîna vers le reste des convives, plus bas, et finalement vers le clavecin.

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+ambiance+

La lumière de la bougie éclairait fébrilement les notes éparpilées sur mon bureau. Les tics incessants de l'horlogerie me rappelaient perpetuellement que l'heure était déjà très avancée. J'étais simplement assis sur une chaise, à ce moment-là, en train de lire différents traîtés de peu d'importance. Depuis que cet évènement c'était produit, je n'avais pas le courage d'aller dormir sans être parfaitement sûr que je n'avais plus de forces. Repousser le sommeil au maximum pour avoir une chance de goûter à la tranquilité pour quelques heures était un exercice particulièrement éprouvant, et l'habitude ne venait toujours pas. La lecture m'avait semblé être le meilleur échappatoire, à garder mon esprit en éveil le plus longtemps possible et ainsi amenuiser mes forces rapidement. J'étais persuadé que mes efforts n'étaient pas vains, car plus aucune horreur ne s'était produite depuis que je me plongeais vonlontairement dans mes derniers retranchements. Nimporte qui serait tombé malade, ou devenu narcoleptique, ou présenterait des troubles évidents du psyché, une cataplexie au pire des cas. Mais pour une raison que je ne connaissais que trop bien, cela ne pouvait m'arriver. Plus depuis des années, en tout cas.

La faiblesse était un domaine tabou dans la famille Von Lutgardis : cela passait tantôt de l'indéfinissable à l'impossible, en passant par la méconnaissance et le mépris. Cela était raccord, après tout, j'ai, tout comme mes frères et mon père, et son père avant lui, était éduqué pour ne montrer que droiture et respect; force et tenacité. Du moins, cela sauvait les apparences, et faisait passer l'absence de malheur une "évidence" auprès de l'image publique. Qui s'imaginerait les membres d'une telle famille présenter un instant de défaillance, une maladie critique? Je n'avais pas tout de suite réalisé que cette attitude transmise de père en fils n'était pas seulement une comédie habile. Mais c'est en observant Père et mon Aîné que j'avais saisis que c'était une nécessité, un besoin quasi-vital, d'apparaître ainsi dans la société. Je ne pouvais pas me représenter quelle terrible situation cela serait si ma famille n'en avait rien fait. Nos concitoyens nous auraient rejetés, désavoués et détestés. Nous aurions été persécutés, et assassinés. Simplement pour ce secret.

Mon regard dévia légèrement des lignes qui s'étalaient sur les feuilles, telles de longs chemins que je me forçait à longer pour me maintenir éloigné de la conscience jusqu'au moment fatidique. Je voulais serrer ma main autour de mon bras pour me maintenir éveillé et me ressasisir, mais je ne pouvais tout simplement pas. J'étais entravé, chutant inexorablement vers le sol. Je sentais mes muscles parfaitement relâchés, rien n'était tétanisé. Les battements de mon coeur étaient normaux, ponctué par le rythme des tics de l'horloge. Le bruit de mon corps heurtant le sol me parut si lointain! Presque autant que la sensation d'être appuyé contre la surface rigide. Mes yeux arrivaient à bouger de quelques centimètres, pour m'aider a repérer la pièce dans laquelle je me situais. Quelle était cette sensation? Je n'avais le contrôle sur rien, j'étais privé de tous mes sens excepté de ma vue. Je n'avais même plus l'impression de respirer. Mes paupières avaient du mal à se fermer, et la notion de volonté me semblait si abstraite à ce moment là qu'une chose si simple semblait devenir quelque chose d'irréalisable.

Que m'arrivait-il?

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Message par Augustus V. Lutgardis Sam 8 Déc - 4:06

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Les précédents évènement semblaient ne s'être jamais produits : j'étais bel et bien assis sur la chaise en face de mon bureau. Pourtant, une partie de moi niait en bloc tout ce qu'il s'était produit, alors qu'une autre ne faisait qu'insister sur les faits. Ma mémoire était flou, comme si je caressais la surface d'une réalitié bien apparente, mais qui intervenait à la fois comme le pur produit de mon imagination et comme quelque hallucination. J'étais en pleine possession de mes sensations, et le texte sous mes yeux conservait tout son sens. Mais qu'est-ce qu'il s'était passé au juste? Me suis-je assoupis un court instant, et ait vécu un rêve accéléré? J'avais également la sensation de ne jamais avoir fermé les yeux. J'avais du mal à chasser encore ce trouble de mes idées, et l'envie d'aller dehors prendre l'air se faisait grandissante. Mais sortir la nuit, seul, alors que des veilleurs quadrillaient le périmètre était une tâche difficile -du moins je le concevais, étant donné que je n'avais jamais essayé pareille escapade- . Je connaissais quelques uns de ces gens d'armes employés par le manoir, mais seulement de vue, je pouvais donc écarter la possibilité de faire usage de ma sympathie ou de mon autorité pour outrepasser leur mission nocturne. Comme tout bâtiment de notable qui se respectait, employer un personnel qualifié pour veiller sur la quiétude de ses employeur était monnaie courante, surtout depuis ces deux dernières années où quelques mouvements civils avaient éclaté, phénomène "ras-le-bol" de l'austérité imposé à la nation derrière le Mur. Je pensais alors aux évènements qui m'attendaient le lendemain, qui m'interdisait de faire une nuit blanche cette fois-ci : le bal des Critchlow devait avoir lieu le lendemain. Bal costumé auquel je me rendrais au bras de la charmante et convoitée Midyle Steelwood. Je me doutais bien de ce Père attendait de moi pour cette soirée costumée, et je n'avais pu refuser de faire honneur à ma famille en cette circonstance. Bien entendu, j'étais répugné à l'entente du nom Steelwood, et le prononcer étant encore plus insupportable, notemment à cause de son héritier légitime Flinson. La seule idée qui me rassurait vis-à-vis de cette danse sur fond politique était que Midyle était assez éloignée de toutes les manigances de son grand frère, et donc constituait une personnalité correcte avec qui converser.


«On tergiverse, Augustus von Lutgardis?» fit une voix nasillarde et grinçante derrière moi.

Je bondis littéralement de peur et de surprise. Mon sursaut n'avait pourtant pas -et je ne sais pas par quel miracle encore- réussit à renverser la chaise derrière moi. Ma réaction fut de faire volte-face, ce que je regrettais amèrement ceci fait. Mon coeur louppa un battement, et je pris appuis sur la table du bureau derrière moi pour ne pas flancher. Dans mon ombre coéxistaient deux globes occulaires jaunes, barrés d'une fente féline. Paralysé par l'apparition, un battement de silence s'imposa, alors que les deux yeux se décallèrent légèrement vers ma droite, pour finalement s'élever. Le dégoût noua mes ventres alors que je vis une masse d'os longs et fins, couverts ici et là de muscles et de chairs, ramper sur le sol. Le plus insupportable devait être les palpitations de la forme amorphe, d'où s'échappait un son insupportablement semblable à un rire moqueur. La chose se contorsionna sur elle-même, et semblait se distordre dans le décors, exhibant ses formes grisâtres et sans aucun sens. Dans un dernier soubresaut, la créature prit une forme "humanoïde". Sur ses deux jambes courte, sa tête pendait lamentablement au-dessus de son corps trapu, et des morceaux de tissus pendaient ici et là, comme si les habits flottaient autour du corps de ce monstre réduit. En plissant les yeux, je remarquais l'accoutrement particulier de la chose qui se matérialisait devant moi. Une chemise, une veste, une cravate.

«Hé bien, vous ne vous souvenez plus de moi?» lança le démon. Le long rictus parsemé de dents pointues constituant sa bouche claquait et sifflait en ma direction.

«...je-» commençais-je, hésitant. Je ne savais pas si c'était par manque de courage ou par sentiment d'être complétement fou que j'étais incapable de constituer une réponse correcte à cet interlocuteur infernal. Mon regard balayait rapidement la pièce autour de moi, nerveusement.

«Vous êtes vraiment un homme pitoyable, Augustus von Lutgardis. Oui, c'était moi, dans la cave. C'est moi qui vous suis depuis ce soir, où votre père a signé le ... contrat. Je vous surveille, je vous observe. Vous, un humain faible et chétif, piégé par ses peurs et réduit dans le néant de l'incompréhension.»

«Qu'est-ce que cela signifie?» m'égosillais-je à moitié.

Je sentais ma prise sur la table se raffermir, et un soubressaut d'énergie m'était revenu face à la tension de la situation. La présence hostile du diablotin jurait horriblement avec le ton de la conversation. Le ton employé était à mi-chemin entre le calme et l'hilarité. La sensation dégagée était insupportable, et dans un élan que je qualifierais de désesperé, je cherchais discrètement du regard quelque chose dans la pièce qui pourrait m'aider à me débarasser du visiteur indésirable. Un dernier recours qu'il n'était pas possible d'écarter, au vu de la situation.

«Regardez-vous! J'ai presque honte à devoir vous observer. Mais je dois respecter ma part du... marché. Ce que cela signifie, Augustus von Lutgardis, que c'était moi qui vous ai fait trébuché, la semaine dernière, pour éviter que ce fiacre lancé à toute allure ne vous réduise en bouillie sur la route. C'était moi également qui ait étouffé ce qui fomantaient des complots d'assassinat contre votre famille. Et enfin, c'était moi qui garantissait que personne d'autre n'avait votre vie entre les mains, sauf moi.» rétorqua le démon, dans une horrible torsion de rire.

«Qu'attendez-vous de moi? Des remerciements?» Lançais-je, alors que la main que j'avais hasardé sur le bureau, dans mon dos, avait trouvé la poignée d'une dague coupe-papier.

«Oh, non. Votre dette a déjà prévue d'être reglée depuis quelques années. Mais il est temps pour vous de faire face à la réalité désormais, et de comprendre. Oh bien sûr, vous vous en tirez bien avec votre jeu d'ombre social, c'est indéniable. Mais au fond, vous ne pouvez pas ignorer éternellement quelle décision votre aïeul a pris pour vous. De plus, j'aime bien rappeler un point essentiel à mes... clients. Vous pouvez être ravis que des êtres supérieurs vous observent, mais si un jour vous osez profiter de votre "chance"... Je mettrais fin à votre vie.» Le démon fit une pause, frémissant d'excitation à l'idée de me tuer, de toute évidence. «Vous n'êtes que du papier, et je suis le brasier vorace des enfers.» Fit-il, en serrant le noeud de sa cravate.

Je déglutis. Le monstre ne plaisantait pas. Je mettais les éléments bout à bout dans mon esprit, pour avoir un semblant de cohérence devant l'abbération de la forme et des propos tenus lors de cette conversation. Je voulais tout rejeter avec une force indéniable. Et pourtant, mes souvenirs ne me trahissaient pas plus longtemps : le secret avait pris forme devant moi ce soir là. Un sujet évoqué une seule fois dans la vie d'un membre de la famille Von Lutgardis. Une transgression ultime aux préceptes du bien commun, de la religion et de la société. Devant mon soudain mutisme, le diablotin parut satisfait. Si bien que sa présence commençait à s'évanouir petit à petit : des portions de son corps commençaient à fusionner avec les ombres environnantes.

Un rire moqueur me vrilla les tympans, et sous la brutale surprise sonore, ma main avait laché mon arme de fortune, qui s'était tenue prête jusque là. L'hôte démoniaque s'évanouit bientôt, sans aucune autre forme de procès. Je tombais sur mes genoxu, pris de vertige. Mon ventre me faisait mal, j'étais en sueur. Affronter la réalité? Comment étais-je censé accepter que des démons veillaient en fait sur ma famille? J'esquissais une moue résignée, et heurta la sol du poing. J'étais éduqué dans ce but. J'ai été elevé pour trouver la force de faire face à cet instant. C'était indéniable. Il ne s'agissait pas que de comédie et de mensonges : c'était également une source de force. Quand je me suis relevé, je ne tremblais plus. Je n'exprimais plus que l'envie de dormir paisiblement. Je croisais mon regard dans une glace posée sur le mur, et à ce moment là, j'ai su.

Je me suis relevé en tant que Von Lutgardis à part entière.

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