Une agonie pleine de promesses.

La forêts des pins-argentés, le symbole de la réussite des réprouvés. Tout les adversaires des réprouvés ont été chassés ou écrasés. Une route a jamais parcouru par les soldats allant et revenant du front coupe en deux la région, une marque éternelle laissé par un peuple éternel. Un peuple forgé dans la douleur et la mort, uni par une quête achevée de vengeance mais toujours ensemble grâce à une envie de vivre. Vivre alors qu'ils sont morts. Ils sont les réprouvés. Ils sont Lordaeron.

Hamlight en était arrivé à cette conclusion il y a bien longtemps. Les survivants du royaume maudit des Menethils cherchent à reconquérir "leurs terres" en chassant leurs frères mort au combat. Il haïssait cela, il se sentait plus proche des réprouvés qui avaient battit cette route qui s'étendait devant lui que de ces lâches qui avaient tout abandonné pour vivre et qui venait "essayer" de chasser leurs familles mortes en défendant ce qu'ils avaient de plus chers.
Hamlight avait fuit. Il avait fuit Lordaeron avec quelques paladins, laissant la ville aux flammes. Il avait fuit pour rejoindre un camp de réfugié de la croisade écarlate qui disparu sous les coups de la trahison de celui qu'il avait considéré comme son meilleur ami. Et alors il fuit de nouveau vers Hurlevent. Mais lui n'était pas revenu pour conquérir.

Il était revenu pour donner à un peuple entier le repos qu'il mérite. Lordaeron n'a plus rien à offrir et Victor le savait. Mais il ne pourra jamais finir cette tache.

Car Victor Hamlight gisait là, allongé dans l'herbe, n'ayant plus la force de se lever.

Il s'en doutait depuis longtemps et il était entré dans une course contre la montre. Mais le temps l'avait rattrapé : cancer. L'unique mot que le médecin de la garde avait prononcé et qui l'avait forcé à reprendre une mission perdu d'avance. De voir chuter les uns après les autres ses camarades de lutte contre les forces de Lordaeron. De se consacrer entièrement à une mission inachevable.

La douleur était trop grande. Le paladin sentait couler le sang depuis sa bouche mais ses yeux ne pouvait que fixer le ciel pleurant ses veines larmes sans doute pour quelqu'un d'autre. D'autres maladies étaient venues s'inviter dans le corps du guerrier en armure de saronite. Et ce coktail explosif le clouait au sol, le tuant lentement.

Encore une fois, Hamlight toussa à s'en arracher les poumons, repensant à sa vie. Sa haine contre les worgens, contre ces lâches de Gilnéas qui avaient abandonnés leurs alliés après les avoir quasiment oublié durant la seconde guerre. Et ils revenaient avec leur nouvelle forme bestiale, cherchant à échapper au prix de leur trahison ? Combien de fois Hamlight à rêver voir un worgen à côter de lui mourir et combien il en avait tué dès que l'occasion s'en présentait ? Il ne saurait compter. Peut-être qu'il a autant de worgen sur sa conscience que de réprouvé. Sans doute même.

La douleur mit fin à ses pensés. Il essaya de bouger vainement mais la souffrance paralysait son corps. Il ne pouvait même plus hurler. Puis la douleur s'arrêta un instant, libérant soudainement du poid qui le clouait au sol.

Le paladin se leva avec difficulté et du s'agenouiller devant un pic de douleur dans l'échine. Ses yeux se posèrent sur ce qui se trouvait devant lui : une tombe, solitaire. Un pauvre croix de bois. Il n'avait pas besoin de lire le nom gravé sur cette croix, il le connaissait par cœur : Annaelle Millenne.

Son ancienne compagne malgré l'absence de mariage pour officialisé cela. Et Hamlight ne retint pas les larmes qui commencèrent à couler sur ses joues, cachés par son casque. Il revit le visage de sa belle. Cette époque où ils étaient heureux tout les deux, paladins de la main d'argent. Et l'horreur et sa souffrance plus terrible encore que l'agonie de ce jour quand il la perdit, durant leur fuite de la Lordaeron city envahie par le Fléau.

Puis la douleur le repris, l'envoyant à terre, séchant ses larmes. Dans un dernier mouvement douloureux, Hamlight sortit de son sac une bombinette gnome qui posa contre son cou.

La douleur envahi l'esprit du paladin, lui faisant presque lâcher la bombinette. Mais Il tint bon et garda en main la bombe qui essaya d'activer. C'était désormais un combat entre lui et la souffrance. Puis enfin il réussit à tourner correctement le mécanisme de la bombe qu'il serra contre sa tempe.

Une patrouille réprouvée retrouva quelques jours plus tard un cadavre pourri et décapité. La tête ne fut jamais retrouvé et le reste du corps fut déclarer inapte à quelque utilisation que ce soit à cause de la vermine et fut donc brûler après une autopsie brève qui déclara que le corps était mort par explosion près de la tempe. Rapide, bref, il n'avait pas dut souffrir. La hache et l'armure que portait le mort furent revendu à un collectionneur elfe de sang.

Et pendant ce temps, un postier délivra à la Garnison du ruisseau de l'ouest le courrier du jour dont un colis marqué simplement : "Pour l'ost pourpre".

Kothran venait de finir l'entrainement matinal des soldats de l'Ost Pourpre. En cette belle journée ensoleillée de Dimanche, les hommes avaient travaillés leur positionnements pendant les manœuvres militaires et pour faire court, c'était pas encore ça.

Le guerrier se demandait s'il n'était pas trop exigeant envers ses troupes même si au fond de lui, il savait que c'était pas tellement vrai. Il faisait juste son boulot, et il estimait devoir être harassant pour bien le faire, ne jamais lâcher les troupes pour qu'au final, elles progressent.

Tous les hommes ou presque s'étaient précipité au réfectoire pour y recevoir leur ration matinale, qui était bien plus maigre qu'auparavant. Malgré tout, les nouvelles réforment semblait passer assez bien. Kothran lui, s'étirait dehors et faisait un peu d'exercice.

Il n'avait pas faim, plus depuis quelques temps - la fatigue ayant pris le dessus - mais ça ne l’empêchait pas de continuer sa rigueur à l'entrainement. Ledit entrainement qui fut stoppé par un colis des plus étrange.

Ce n'était pas la première fois qu'il recevait ce genre de colis, suspect, avec lequel on s’attend à tout, mais surtout au pire. Comme d'accoutumée, il ouvrit précautionneusement le colis et en observa le contenu.

Le colis se révéla contenir un livre, assez épais par ailleurs mais en un état qui laissait à désirer. La première de couverture n'offrait que peu d'information, mise à part que le cuir de la reliure est de moyenne qualité.
La seconde couverture offrait comme élément une signature, illisible certes mais un signature quand même.
Le livre en lui même se présente comme un journal. Il semble raconter la vie d'une personne faisant des aller retour entre le royaume de Lordaeron pour affronter les réprouvés grâce à une petite guerilla et le royaume de Hurlevent pour refaire le plein en nourriture (et en cigarette aussi) et réparer son armure. Le livre donne des informations sur les mouvements réprouvés notamment dans les pins-argentés, des suppositions sur la constitution des armées et même, sur une page sur le point de se décoller du reste du livre, une observation de l'équipement des réprouvés allant du nécrogarde au sergent en passant par le nécrotraqueur. Mais le livre s'arrête brutalement sur une autre signature, plus lisible que la première : Victor Hamlight. D'après les dates inscrites à chaque retour à Hurlevent, ce journal à été confié au service postal de Hurlevent il y a presque une semaine.

Kothran soupira en apercevant le bouquin. Encore? C'était ça la mode maintenant, quand on était un dangereux psychopathe? Envoyer une livre comme menace... La vache, plus le temps passait et plus le jeune homme trouvait que l'Azeroth qu'il connaissait avait vachement changé.

Quoi qu'il en soit, il inspecta le livre très précautionneusement et, après une étude plus approfondie il éclata de rire. Tout seul, comme un débile, devant la garnison. Alors il n'était pas le seul à avoir eu cette idée? Merde alors...

Tandis que la plupart de la garnison commençait à s'affairer aux tâches journalières, le Sergent monta les marches quatre par quatre et stoppa net devant la porte du bureau de la Chambellan. Essayant de garder son sérieux, il toqua trois grand coups.

- Madame, vous devriez venir voir ce que je viens de découvrir.

Des papiers.
Des papiers.
Encore des papiers.

Je lutte contre une envie profonde de tout balancer par la seule fenêtre ouverte de mon bureau. Cette foutue paperasse a au moins une vertu : m'abrutir à l'extrême pour ne pas penser aux "changements". Ma vie depuis un mois est un joyeux chambard : un homme, des enfants, une nouvelle maison, de nouveaux domestiques... Par ma Flamme mais que m'est-il arrivé à moi ? MOI ?! La Baronne de Sangre ? L'inflexible Dragon Roux ? La Flamme ? La manipulatrice, la solitaire ?
Ce brusque regain de normalité me donne juste envie de fuir à toute jambes, de m'escamotter dans le noir, de laisser des pièges à loup derrières moi pour que jamais on ne me retrouve, de...

- Madame, vous devriez venir voir ce que je viens de découvrir.

Je me fige.
Mon cerveau aussi.
La voix est celle d'un homme. Je la connais bien : de ses hurlements hargneux sur le champ de bataille aux beuglements sec sur le terrain d'entrainement, en passant par les murmures picotant mon oreille au delà du seuil de ma chambre à coucher.
Je connais aussi son rire, la moindre parcelle de ses expressions sur son visage tantôt enfantin, ombrageux ou inquiet. Et son sourire de crétin.

Mon crétin.

Un sentiment puérile de "prise en faute" me gonfle la poitrine. Comment fait donc Kothran Merath pour surgir au moment précis où rejaillissent mes pires réflexes ? C’est un mystère insondable. Le fait est qu'il les balaie. Et ce sans même s'en rendre compte.

- Entrez Sergent et faites moi part de vos fabuleuses découvertes....

Kothran ouvrit la porte un peu brusquement, sans vraiment le vouloir. C'était plus quelque chose d'inconscient, il voulait vraiment voir sa Chambellan. Ca faisait un moment qu'il n'était pas venu la voir pour du boulot, et il savait très bien que dans ces cas là il avait du mal à rester sérieux.

Mais là il le devait, il réprima toute envie d'embrassades et autres commodités puis présenta son dossier presque calmement. Il posa le livre d'Hamlight sur le bureau.

- On nous a envoyé ça ce matin. D'après ce que j'ai vu en le feuilletant rapidement c'est une sorte de journal de bord couplé à une mine à infos. La signature à la fin me fait penser qu'il appartient à un certain Victor Hamlight. Sans trop vouloir m'avancer, je crois l'avoir déjà croisé une fois ou deux à compté de l'or mais je n'en sais pas plus sur lui.

Il marqua une pause pour reprendre son souffle.

- Il ne s'en doutait sûrement pas mais... il ne nous apprends pas grand chose que nous ne sachions déjà. Cependant, je pense que l'étude plus poussé du livre ne serait pas une perte de temps. Que préconisez vous?

Il se raidit. La partie boulot avait très bien avancée et tout ce qu'il avait en tête était de prendre Lomah dans ses bras, de la serrer très fort et... de sourire bêtement. Dans ce genre de situations, il se demandait souvent s'il ne préférait pas l'époque où le dragon roux l'effrayait encore...

Je regarde Kothran qui avec toute la raideur dont il est capable me tend l'objet de ses attentions. Je réprime une certaine envie de rire devant sa mine sérieuse et ses veines tentatives d'être formel. Je me décide à le sortir de ce mauvais pas en allant refermer la porte.

- Respire, amour, nous sommes seuls dans cette pièce.

Je laisse échapper un petit gloussement délicat avant de lui prendre le livre des mains. C’est un journal, la couverture a été délavée par les intempéries et les pages sont usée jusqu'à la moelle. Ce carnet de bord a vécu et salement vécu. Certains morceaux de textes sont illisibles et je m'attends à voir poindre des tâches de sang à tout moment. Pas de trace de magie ni de piège. Cela ressemble fort au dernier lègue d'un mort en sursis.

- Qui nous envoie ça... ?

Un nom apparait à la fin : "Victor Harmlight". J'ai déjà eu l'occasion de croiser ce membre éminent des Chevaliers Royaux et de toute sa faction il s'était montré le plus motivé à enquêter sur le terrain pour le compte des Fils du Nord.

Je fronce les sourcils.

- J'ai mis cette zone sous surveillance, il est possible que ce journal recoupe mes propres observations. Mais depuis la défection de la milice hordeuse affectée à cette zone, ce morceaux de territoire est en proie à un certain chaos. Il a du en profiter pour s'immiscer sur place...

Je me tourne vers mon compagnon.

- Penses-tu qu'il soit mort ? Ce colis ressemble à une sorte d'héritage... je m'interroge juste sur la pertinence du destinataire ? Pourquoi nous ? Harmlight disposait de ses propres troupes.... peut-être ne leur faisait-il pas confiance ?