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[Récit] Aëllyn Sombrebrume.

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[Récit] Aëllyn Sombrebrume. Empty [Récit] Aëllyn Sombrebrume.

Message par Maayal Jeu 9 Aoû - 18:50

Contrairement à certains qui occultent volontiers leurs mauvais souvenirs, moi je les garde à l’esprit. Ils sont ma force, c’est grâce à ce que j’ai vécu que je suis celle que je suis aujourd’hui.

Mont Hyjal, 6310 ans environ avant la destruction de Nordrassil.

Le fouet claque de nouveau, laissant une nouvelle traînée sur mon dos.

« Tu vois ce que tu me forces à faire !? » [Nouveau claquement de fouet.]

J’ai beau avoir l’habitude de recevoir les coups de fouet de la garce qui me sert de mère, je ne peux pas m’empêcher de serrer les dents.

« Tu dois expier tes fautes ! Rendre grâce à Elune ! » [Le fouet claque de nouveau sur mon dos.]

Avec le temps, je pensais que cette douleur serait tellement familière que je ne la sentirai plus…

« C’est la raison pour la quelle tu es revenue d’entre les morts ! » [Nouvelle trace sanglante.]

Grave erreur de ma part… Ma chère mère sait faire preuve de patience… Attendre que les précédents coups soient totalement guéris pour recommencer.

« Tu es une démone ! Glorifie le nom d’Elune ! » [Les coups commencent à se faire plus rapides.]

Au moins maintenant, je ne crie plus, je ne m’évanouie plus, j’ai apprit à ne plus lui donner cette satisfaction. Je sais aussi que quand les coups redoublent d’intensité, c’est qu’elle commence à fatiguer et que le calvaire est bientôt terminé.

« Ta seule présence ici est le résultat de tes fautes ! Elune t’as renvoyée vers nous pour que tu les expies ! Et tu le feras ! Peu importe le temps que cela prendra ! » [Le fouet claque à chacune des syllabes qu’elle prononce.]

J’ose jeter un œil vers mon bourreau et son assistante… Ma sœur aînée regarde ma mère faire en souriant. Parfois, quand ma mère se fatigue trop vite ou quand elle estime qu’elle a été trop « gentille » avec moi, ma sœur prend le relais. Mais pas cette fois… Le fouet claque une dernière fois sur mon dos.

« Tu sais ce qu’il te reste à faire maintenant… Tu dois faire appel à la lumière de notre sainte mère Elune. C’est uniquement à travers elle que tu trouveras la voie de la guérison et son pardon pour les fautes que tu as commises ! »

Toujours la même rengaine… J’ai essayé les premières années, vraiment, de toutes mes forces, sans aucun résultat. Il faut croire qu’Elune a ses préférences… Dans ce cas, pourquoi devrais-je prier une déesse qui laisse une de ses servantes battre jusqu’au sang sa propre fille ?

Je sens que ma sœur détache les liens qui maintiennent mes poignets sur un anneau en bronze enfoncé solidement dans le mur. Ensemble, elles partent, fermant à clef la porte qui me retient prisonnière. Je reste allongée sur le sol quelques minutes avant de me mettre à genoux et de retirer ce qu’il reste de ma chemise. Pour être certaine que cette dernière n’amortisse pas les coups, ma mère demande à ma sœur de la couper au niveau du dos avant de commencer à me fouetter. Seulement, la chemise a beau être coupée, parfois des morceaux viennent se coller sur mes plaies et si je ne les retire pas rapidement, mon sang se coagule sur eux et les retirer devient un calvaire pire que les coups de fouet que j’ai reçu.

Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter un tel châtiment ? Rien… J’ai juste eu le malheur de ressembler à la mère de ma mère et vouloir vivre une vie simple plutôt que de devenir prêtresse… Aujourd’hui encore, je porte les marques de ses coups sur mon dos.




Maayal

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Message par Maayal Jeu 9 Aoû - 18:53

Lorsque les druides partirent pour le Rêve d’Emeraude, les femmes furent formées au combat et prirent le nom de Sentinelles. Ma sœur avait tanné ma mère pour qu’elle puisse rejoindre leurs rangs. Ma génitrice avait fini par accepter et pour ne pas laisser ma sœur seule, elle suivit elle aussi l’entraînement. Plusieurs groupes de Sentinelles furent formés afin de cartographier ce qu’il restait du monde, car si les druides avaient œuvré pour le reverdir, ils n’avaient pas pensé à en faire des cartes. Ma mère et ma sœur firent parties de l’un de ces groupes. Je ne sais pas quel prétexte elles trouvèrent mais elles réussirent à m’emmener avec elles.

Féralas, 6292 ans environ avant la destruction de Nordrassil.

Les coups sur mon dos me lancent à chaque foulée et la flèche plantée dans mon épaule me fait souffrir atrocement mais je n’ai pas le temps de m’arrêter pour la retirer et panser ma plaie. Je dois continuer à courir, aller droit devant moi. Je sais qu’elles ne sont pas loin derrière… Une nouvelle flèche traverse ma jambe droite au dessus du genou et me fait trébucher. Je rampe jusqu’à l’arbre devant moi et m’adosse à lui en poussant des râles de douleur.

Les rayons du soleil projettent une lueur diffuse à travers le feuillage dense et j’ai l’impression que le temps avance au ralenti. Je vois le pollen des fleurs se disséminer au gré du vent et les papillons qui volent de fleurs et fleurs insouciants. J’entends les insectes qui bourdonnent non loin de moi et les dernières gouttes de rosée qui tombent des feuilles. Pourquoi est-ce que je fais attention à toutes ces choses alors que je vais probablement mourir ici… ?

Je les vois, elles s’approchent de moi, doucement… Ma sœur est prête à tirer une nouvelle flèche. Et ma mère… Malgré tout les efforts qu’elle peut faire, sa démarche reste hautaine et condescendante. Elle tient à la main le glaive à trois lames qu’utilisent les prêtresses et les Sentinelles. Leur armure a une lueur mate sous la lumière tamisée du soleil. Je les regarde toutes les deux, la folie qui brille dans leurs yeux suffit à me faire comprendre que ma fin est proche. Ma sœur s’arrête à quelques pas de moi et laisse ma mère avancer seule.

« Je t’ai donné une chance de te repentir, de demander pardon pour tes fautes passées… Mais au lieu de saisir la chance qui t’a été offerte, tu l’as rejetée ! J’en ai fini avec toi désormais… »

La voilà qu’elle se dresse devant moi, me regardant de haut. Je soutiens son regard fou. Les lames de son glaive brille sous un rayon de soleil, qui a réussit à se frayer un chemin jusque là à travers toute la végétation, avant de s’enfoncer dans ma poitrine. J’ai mal mais je suis contente et soulagée… Mon calvaire va enfin se terminer…

Je ne suis pas morte, quelqu’un m’a ramassée et m’a soignée. J’avais eu raison en partie… Mon calvaire avec ma mère et ma sœur était terminé mais j’ignorais alors qu’une nouvelle vie s’ouvrirait à moi. Une vie en contradiction totale avec les enseignements que j’avais reçus plus jeune.




Maayal

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Message par Maayal Jeu 9 Aoû - 18:59

Je sais que je suis restée inconsciente à peu près un mois. Je luttais pour vivre et J’étais prise dans un cauchemar sans fin dans lequel j’étais poursuivie par ma mère et ma sœur. Il m’arrivait de me réveiller parfois mais je n’ai que de vagues souvenirs de ces phases de réveil : les mixtures au goût amer que l’on me forçait à boire, la voix d’un homme me disant de me rendormir, la sensation d’être prisonnière d’un bloc de pierre qui m’empêchait de respirer.

Eldre’Thalas, un mois plus tard environ.

Je cligne des yeux plusieurs fois. La douleur vrille mon corps, j’ai du mal à respirer, j’essaie de bouger pour me dégager de la chose qui compresse ma poitrine, avant de remarquer qu’il n’y a rien sur mon torse à part un bandage, une chemise et que je suis sous une couverture. J’entends des pas qui s’approchent… Je me redresse en grimaçant. Je dois fuir… Je suis certaine que ces pas sont ceux de ma mère… Elle revient finir ce qu’elle a commencé dans la forêt. J’arrive à sortir de sous la couverture et le contact de la pierre sous mes pieds est froid. Je reste debout quelques secondes en haletant avant de m’effondrer sur le sol dur. La porte s’ouvre. Je suis perdue…

« Mais… Qu’est-ce que tu fais… ?! »

Je ne sais pas pourquoi mais je commence à rire, ça me fait mal à la poitrine mais je n’arrive pas à m’arrêter. Je suis par terre en train d’essayer de ramper comme un ver et on me demande ce que je fais. Mon interlocuteur ne semble pas décontenancé par mon fou rire, au contraire.

« Evite de gesticuler comme ça… Tu vas défaire tes bandages et tu risques d’aggraver tes blessures. »

J’arrête de tenter de ramper, de toutes façons je n’ai pas l’impression d’avoir avancé d’un pouce. Je l’entends s’approcher de moi. Il va me frapper c’est certain. L’ironie de la situation me fait rire de plus belle, je m’attends aux coups mais il m’aide à me relever et me prend dans ses bras pour m’allonger de nouveau dans le lit. Il me borde et pose sa main sur mon front tandis que je continue à rire.

« Elle est réveillée à ce que je vois. »

« Oui père. »

Je suis tellement prise dans mon fou rire que je n’ai même pas entendu cet homme arriver. J’essaie de me calmer, de reprendre mon souffle. Les deux hommes me regardent, imperturbables. Les minutes passent et j’arrive enfin à reprendre mon calme. Mon torse me fait souffrir mais, je suis soulagée. Je n’ai pas affaire à ma mère et à ma sœur et ces deux hommes ne semblent pas avoir d’intentions hostiles envers moi. Par contre leur attitude, leur façon de se tenir me fait énormément penser à ma génitrice.

« C’est bon ? Tu es calmée ? »


Je fais un signe affirmatif de la tête. Les deux hommes prennent chacun une chaise et s’assoient près de mon lit.

« Mon fils a vu une partie de la poursuite et il vous a suivi. Il a vu la femme enfoncer son glaive dans ta poitrine, elle allait recommencer mais un bruit dans la forêt l’a interrompue. A ce moment là, elle a regardé celle qui l’accompagnait et elles se sont enfuies, paniquées d’après mon fils. »

Il marque une pause et je l’écoute attentivement. Je suis curieuse de savoir comment j’ai pu survivre.

« Une fois qu’elles se sont enfuies, mon fils s’est approché de toi et a été surpris de voir que tu respirais encore, faiblement mais tu respirais. Il t’a donc amenée ici pour te soigner. Personnellement, je ne pensais pas que tu t’en sortirais, mais mon fils est un maître dans l’art des potions et cataplasmes en tout genre. C’est aussi quelqu’un de doué pour un tas d’autres choses. »

Il s’arrête de parler, regarde son fils avec une fierté non dissimulée avant de tourner de nouveau son regard vers moi.

« Maintenant que tu es réveillée, j’aimerai connaître les raisons qui ont poussé ces femmes à vouloir te tuer. Et… Autre chose m’intrigue chez toi… Tu ressembles énormément à quelqu’un que j’ai connu, trop pour que ce soit un hasard. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle tu es dans cette chambre et non dans le quartier des esclaves. »

Encore une ressemblance… ? Qu’est-ce que ça va m’apporter cette fois ? Je dois faire une drôle de tête vu le regard qu’il me lance.

« Nous t’écoutons »

J’hésite un instant. Je ne connais pas ces hommes. D’un autre côté… Sans eux, je serai morte. J’ouvre la bouche pour parler mais je n’émets qu’un gargouillement ridicule. C’est seulement maintenant que je me rends compte que j’ai la gorge sèche. Le plus jeune des deux me sert un verre et m’aide à boire, pendant que son père attend patiemment. Mon verre est fini, j’essaie de mettre de l’ordre dans mes idées avant de parler.

« Les deux femmes qui me poursuivaient étaient ma mère et ma sœur. Ma… Mère... Est issue d’une famille de bien nés. Quand les démons sont arrivés sur notre monde, elle a rejoint les rangs de Shan’do Hurlorage et de la prêtresse d’Elune, Tyrande Murmevent. Mon père m’a raconté qu’ensuite le monde s’était fracturé à cause de l’explosion du puits d’éternité. Après, les survivants ont été jusqu’au mont Hyjal. C’est là que mon père et ma mère se sont rencontrés… Ils se sont mariés. Ils ont d’abord eu mon frère, ensuite ma sœur et moi je suis née plus tard. »

Je m’arrête de parler, j’ai de nouveau la gorge sèche. Le souvenir des jours heureux avec mon père et mon frère me font monter les larmes aux yeux, mais je me retiens de pleurer. Le plus jeune m’aide de nouveau à boire.

« Père m’a raconté qu’avant ma naissance les bien nés qui vivaient parmi nous avaient été contraints à l’exil par Shan’do Hurlorage. Ma mère, elle, est restée. Elle était devenue prêtresse et avait tourné le dos à ses anciens amis pour se consacrer à Elune. Pour elle, il était évident qu’elle devait expier les fautes qu’elle avait commise et que nous, ses enfants, devions en faire autant. Mon frère a suivi l’exemple de mon père et a choisi la voie du druidisme. Ma sœur a suivi ma mère sur la voie de la prêtrise… »

Je marque une légère pause, j’ai du mal à faire un récit construit, mais tant pis.

« Comme je l’ai dit tout à l’heure, je suis née tard quelques années avant que les druides ne partent dans le Rêve d’Emeraude. Mon père et mon frère me portaient une grande attention, m’expliquant tout un tas de choses. Par contre, l’attitude de ma mère envers moi, changea au fur et à mesure que je grandissais. Quant à ma sœur, je pense qu’elle était jalouse de l’attention que mon père et mon frère avaient pour moi. Elle et ma mère étaient proches mais je pense que mon arrivée les a rapprochées encore plus… Mon père et mon frère étant druides, ils ont du tenir la promesse qu’ils avaient faite et aller dans le Rêve d’Emeraude. Je restais donc seule avec ma mère et ma sœur. C’est là que tout a basculé pour moi et que j’ai comprit qu’elles me haïssaient… »


J’ai de nouveau soif… J’essaie de me servir un verre mais j’ai du mal à bouger le bras. Le fils m’aide à boire. Encore…

« Ma mère m’a dit que je devrai suivre la voie de la prêtrise, comme elle et ma sœur, pour expier mes fautes, que c’était pour cette raison que j’étais revenue. Je ne comprenais pas où elle voulait en venir. Je n’avais pas envie de suivre cette voie et j’aurai préféré faire un apprentissage chez un couturier ou parcourir le monde mais je n’ai pas eu le choix. J’ai été obligée de devenir une novice. Malheureusement pour moi, j’avais beau faire des efforts, je n’arrivais pas à trouver la lumière dont on me parlait. Il était évident que je n’avais pas le potentiel pour devenir une prêtresse. Mon instructrice était désolée pour moi, car je faisais vraiment de mon mieux. Je quittais donc mon apprentissage et je pensais que ma mère me laisserait enfin faire ce que je voulais mais ce n’était pas comme ça qu’elle voyait les choses. Elle aménagea une cellule à mon attention et m’enferma dedans. Selon elle, je n’avais pas fait assez d’efforts pour atteindre la lumière et l’avait humiliée devant ses pairs… »

Je m’arrête de parler à nouveau. Je ne sais pas si j’aurai le courage de raconter ce que ma mère m’a fait subir. Je ferme les yeux et prend une inspiration.

« A partir du moment où elle m’a enfermée, je n’ai plus revu la lueur de la lune. Elle avait décidé de me former elle-même et quand elle ne le pouvait pas, à cause de ses obligations, c’était ma sœur qui prenait le relais. Ma… Mère… Commença à me battre. D’abord ce ne fut que des gifles et elle passa rapidement au fouet, ma sœur participant généralement à ces punitions quand elle était là... J’ai vite compris que ma mère était folle et complètement fanatique… D’après elle, je ressemblais comme deux gouttes d’eau à sa mère et même plus si j’en crois ce qu’elle racontait. Selon elle, je ne faisais pas que lui ressembler, j’étais sa mère renvoyée sur ce monde par Elune afin d’expier ses fautes. »


Je marque une pause et regarde le plus âgé des deux. L’expression de son visage n’a pas changé.

« Un peu plus tard, ma sœur voulu rejoindre les rangs des Sentinelles et ma mère l’a suivie pour ne pas la laisser seule. Ensemble, elles s’entraînèrent, me laissant parfois plusieurs jours avec juste une miche de pain et une cruche d’eau. Finalement, une fois leur entraînement achevé, elles furent mandatées pour aller cartographier le nouveau monde et elles m’emmenèrent avec elles. Le voyage était long. Je n’avais plus l’habitude de marcher autant, j’avais les mains liées et elles m’utilisaient comme bête de somme. Un jour, nous venions d’arriver dans la grande forêt où elles ont essayé de me tuer, j’étais fatiguée et j’ai trébuché. Dans ma chute j’ai cassé un des pots d’encre, ce qui me valu le fouet… Elle m’avait mise dans un tel état que je ne pouvais plus faire un pas et nous fûmes forcées de stopper notre avancée. Ma mère n’aimait pas cet endroit, elle disait qu’il était maudit ou quelque chose dans ce genre. Cela ne lui plaisait pas de devoir rester aussi longtemps au même endroit, aussi, pour la première fois, elle m’aida à me soigner mais pas avec la lumière. Elle estimait que je n’en étais pas digne, pourtant cela aurait accéléré ma guérison. Cela faisait trois jours et trois nuits que nous étions au même endroit. A l’aube du quatrième jour, j’avais récupéré assez de forces et profitant qu’elles soient endormies, je coupais mes liens et m’enfuyais. Seulement, elles étaient sur leurs gardes et elles me pourchassèrent. Vous connaissez la suite de l’histoire. »

Le plus vieux des deux me regarde quelques instants avant de taper dans ses mains. Un domestique entre avec quelque chose caché dans un linge et le tend au père. Il retire le linge et met le tableau dans mes mains. Je le regarde. C’est un tableau qui représente une famille, un homme et deux femmes. Je reste bouche bée. Le plus âgé me regarde et je lui montre la plus jeune des femmes représentée.

« C’est ma mère… »

Il hoche la tête.

« Je me doutais que tu avais un lien de parenté avec eux. Ta ressemblance avec ta grand-mère est trop forte pour qu’elle ne soit que le fruit du hasard. »

Il se lève, me prend le tableau des mains et sort, me laissant seule avec son fils.

« Je dois changer tes bandages et vérifier si tes gesticulations de tout à l’heure n’ont pas rouvert tes blessures. »

Je n’ai pas le temps de dire quoique ce soit qu’il ôte la couverture, m’aide à m’asseoir et retire la chemise que je porte. Je sens que je rougis… Je suis nue devant lui… J’évite de croiser son regard quand il retire mon bandage et vérifie la blessure que j’ai à la poitrine. J’ai envie de m’enfuir et de me cacher sous terre.

« Ce n’est pas la première fois que je te vois nue tu sais. »

Je rougis encore plus… Et ça le fait rire. Il remet un bandage sur mon torse, en le serrant.

« C’est bon… Ta tentative de… Ramper… N’a pas aggravé ta blessure, tu cicatrises même plutôt bien. »

Il vérifie mon épaule puis ma cuisse, me rhabille et m’aide à m’allonger. Il rabat la couverture sur moi et me fait boire une mixture au goût infect.

« Tu dois te reposer maintenant. Tu dois être fatiguée. »

Je fais un signe affirmatif de la tête. Il part. Avant qu’il ne ferme la porte de la chambre j’ai le temps de croiser son regard avant de m’endormir. Il a une lueur bizarre dans les yeux.

Aujourd’hui, je pourrai donner le qualificatif de lubrique à son regard. Je passais les semaines suivantes en convalescence. Le fils venait deux fois par jour changer mes bandages et vérifier mes blessures. A chaque fois qu’il posait les yeux sur moi, je pouvais voir son regard lubrique et chacune de ses visites était plus longue que la précédente. Le contact de ses mains sur ma peau me faisait frissonner et il en profitait. J’en étais venue à attendre ses visites avec impatience. Nous sommes devenus amants et nos sentiments devaient devenir plus forts avec le temps, faisant de lui le seul homme que j’ai réellement aimé.

Maayal

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[Récit] Aëllyn Sombrebrume. Empty Re: [Récit] Aëllyn Sombrebrume.

Message par Maayal Jeu 9 Aoû - 19:02

Le lendemain, son père est revenu me voir passant plusieurs heures à me questionner plus en détail sur ce que je savais des Kaldorei qui avaient survécu au premier cataclysme de ce monde et qui avaient trouvé refuge sur le mont Hyjal. Je lui donnais les informations qu’il désirait sans aucun scrupule. En retour, il m’a appris que je me trouvais toujours dans la forêt où ma mère et ma sœur avaient essayé de me tuer, que la Région s’appelait Féralas, que nous nous trouvions dans les ruines d’Eldre’Thalas et que ses occupants étaient les Shen’dralar.

Les Shen’dralar, à l’époque du règne d’Azshara, était un groupe de bien nés pratiquant la magie, les favoris de la Reine. Ils avaient construit et habité cette cité. Lorsque la légion ardente arriva sur notre monde, ils prirent position contre Azshara tout en refusant de suivre Malfurion et Tyrande. Après l’explosion du Puits d’Eternité, les survivants de cette caste regagnèrent la cité en ruine pour y vivre et continuer à y pratiquer la magie.

Même s’ils avaient reconnu mon ascendance bien née, les Shen’dralar avaient refusé de m’initier à la magie et ils avaient décidé que je devais servir la famille qui m’avait recueillie, afin de rembourser ce qu’ils appelaient ma dette de sang. Cependant, j’ai eu une position privilégiée au sein de la servitude locale. Je pouvais circuler librement dans la cité du moment que je n’essayais pas de m’en échapper ou d’approcher de certaines zones qui m’étaient fermées. D’ordinaire, les esclaves étaient abrutis par toutes sortes de potions et de drogues qui leur retirait toute volonté de s’enfuir. Je n’avais pas besoin de prendre de telles choses, j’étais amoureuse et ne comptait pas quitter la cité de sitôt.


Eldre’Thalas, 6060 ans environ avant la destruction de Nordrassil.

Je suis mes maîtres à travers les rues de l’antique cité. Nous arrivons enfin à l’arène. Les abords sont bondés. Tous les Shen’dralar ont été conviés avec leurs esclaves. Je reste debout à côté des esclaves de mes maîtres. La mère de mon amant se tourne vers moi et me fait signe de venir m’asseoir près d’elle, ce que je fais sans attendre.

Le placement des familles est fait selon leur rang social. Le Prince Tortheldrin préside à l’une des extrémités de l’arène, puis de chaque côté les maisons selon l’influence qu’elles ont : les plus proches du Prince sont celles qui ont le plus d’influence, les plus éloignées sont celles qui en ont le moins. La famille de mes bienfaiteurs a assez d’influence pour être placée dans les quinze premières familles.

La maison du plus proche conseiller s’installe et nous attendons l’arrivée du Prince. Un groupe de gardes entre à l’intérieur de l’arène et se met en rang. Un poteau en bois a été enfoncé profondément dans le sol de l’arène. J’entends une musique qui s’approche. Nous nous levons tous alors que le Prince arrive. Nous le saluons. Il s’installe, nous pouvons nous rasseoir. Il fait un signe de tête au chef des gardes qui se tourne vers deux d’entre eux.

« Allez chercher la prisonnière ! »

Les gardes arrivent avec la prisonnière et l’attachent au poteau. Le chef de la garde fait quelques pas.

« Cette esclave a essayé de profiter du jour pour s’enfuir ! Regardez bien, esclaves, ce qu’il en coûte d’essayer une telle chose ! »

Le chef de la garde déchire les vêtements de la jeune femme, tend un fouet à l’un des gardes qui commence à lacérer son dos avec la lanière de cuir sans ménagement. L’esclave se mord les lèvres mais c’est peine perdue. Au bout d’un moment ses cris de douleur retentissent à travers l’arène. Mon visage, ma posture restent de marbre devant ce spectacle mais dans mon esprit je boue. Je ne sais pas quoi penser. Je plains la fille tout en étant soulagée que ça ne soit pas moi. Est-ce que ma sœur a ressentit la même chose, la première fois que notre mère m’a fouettée ?

Après un temps qui m’a semblé interminable, le Prince se lève. Nous nous levons à nouveau. Le chef de la garde fait signe à l’homme qui fouette la fille de s’arrêter. Les gardes saluent le Prince. Il s’en va sans un mot. Les familles quittent l’arène selon leur rang. Nous partons à notre tour. De retour dans la demeure de mes bienfaiteurs, je vais dans ma chambre et m’assied sur mon lit.

Quelqu’un frappe à la porte et entre. C’est la mère de mon amant. Elle vient s’asseoir près de moi et pose sa main sur mon épaule.

« Comment tu te sens ? »

« Je ne sais pas… Je regrette juste que cette fille n’ai pas été ma mère ou ma sœur. »

« Cela t’aurai fait plaisir ? »

« Je crois que… Si ça avait été l’une d’elles, j’aurai arraché le fouet des mains du garde pour exécuter la sanction moi-même. »

« Je comprends. »

En général, les Shen’dralar n’étaient pas gentils envers les autres sans avoir une bonne raison derrière. Néanmoins, la gentillesse dont faisait preuve envers moi la mère de mon amant était sincère, du moins ce qui s’approchait le plus de la sincérité pour un Shen’dralar. Je savais pourtant qu’elle pouvait se montrer stricte, voir cruelle envers les esclaves de la maisonnée. J’osais l’interroger un jour sur cette gentillesse. Elle me répondit que ma grand-mère était une de ses amies proches et qu’en prenant soin de moi, elle honorait la mémoire de celle qui avait été son amie. Je savais qu’elle ne me disait pas toute la vérité, mais cette explication me suffisait. Grâce à elle, j’ai appris tout un tas de choses et je me découvrais une passion pour la couture, la fabrication de potions ainsi que pour les objets anciens.

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Message par Maayal Jeu 9 Aoû - 19:05

J’ai payé ma dette de sang pendant près de trois mille ans. Eldre’Thalas était devenu mon foyer. Grace à l’éducation que me donnèrent mes maîtres, j’ai appris les us et coutumes de la cité. Mon esprit se calqua sur celui des Shen’dralar et je suis devenue aussi calculatrice qu’eux, abandonnant ma naïveté et mes sentiments, sauf un…

Eldre’Thalas, 3560 ans environ avant la destruction de Nordrassil.

J’ouvre un œil.

« Lèves-toi ! »

Je regarde par la fenêtre, le soleil est à son zénith. On me secoue.

« Dépêches-toi ! »

Je me lève en bâillant et regarde ma bienfaitrice.

« Habilles-toi. Tu dois quitter la cité immédiatement. »

« Pardon ? »

Elle soupire et je remarque enfin qu’elle met mes affaires dans un grand sac. Elle me regarde et la lueur de ses yeux me fait froid dans le dos.

« Combien de fois vais-je devoir te le répéter ?! »

Je me déshabille rapidement et enfile les vêtements qu’elle me tend.

« Suis-moi maintenant et ne traîne pas. »

Elle place le sac dans mes bras. Je la suis et au passage elle me tend un autre sac. Nous sortons de la maison où son fils nous attend. Il est distant et son attitude m’inquiète. Il y a quelques heures à peine, ils étaient tout sourire ! Ensemble nous parcourons la citée endormie et je n’ose pas poser de question. Je réfléchis à ce que j’ai bien pu faire. Ils ne vont pas me chasser de la cité quand même ? La garde de jour nous arrête. La mère de mon aimé leur tend un parchemin qu’ils regardent vite fait et nous laisse passer. Nous sortons de la cité et continuons notre route encore un peu avant de nous arrêter.

« Tu es libre de partir maintenant. Ta dette de sang a été payée. »

Je les regarde, interloquée.

« Mais… »

« Qu’est-ce qu’il te faut de plus ? N’as-tu pas entendu ma mère ? Elle est trop gentille avec toi ! Je vais te dire la vérité ! Nous sommes lassés de toi ! Estimes-toi heureuse de pouvoir sortir d’ici vivante ! »

Je continue de les regarder. J’ai mon cœur qui bat à tout rompre…

« Pourquoi me laisser en vie justement… ? Ne vaudrait-il pas mieux me tuer ? »

« Je devais une dette de sang moi aussi. A ta grand-mère. C’est uniquement grâce à cela que tu es libre de quitter la ville vivante. »

« C’est trop d’honneur… »


« Tu aurai préféré te retrouver dans l’arène ? »

Je ne réponds pas.

« Pars maintenant et ne remets plus jamais les pieds ici ! Venez mère, nous avons assez perdu de temps avec elle. »

Le dégoût dans sa voix me transperce de part en part. Je les regarde partir. Je suis complètement désemparée et seule. J’ai envie de leur courir après, de les supplier de me garder avec eux mais quelque chose en moi m’en empêche. Je continue de regarder la cité bien après qu’ils aient disparus derrière les murs et puis je pars.

J’ai erré longtemps sans but, cherchant ce que j’avais bien pu faire pour qu’ils me renvoient. J’étais blessée dans mon cœur et ma fierté avait prit un sacré coup. Après plusieurs mois, j’arrêtais de me lamenter sur mon sort et de chercher une explication alors que la raison m’avait été donnée. J’ai retenu la leçon. J’ai muré mon cœur, décidé de ne vivre que pour moi et surtout de plus jamais me laisser aller à l’amour, sentiment qui rend faible et aveugle. Pour marquer cette résolution je changeais mon prénom, devenant Aëllyn. Je m’étais trouvée un but… La vengeance. Je jurais de faire souffrir tous ceux qui m’avaient fait souffrir un jour. J’étais immortelle et j’avais tout le temps de mettre mes projets à exécution. Des millénaires plus tard, je devais apprendre les vraies raisons de mon renvoi, explications qui venaient beaucoup trop tard, dont je me fichais éperdument et qui ne m’empêchèrent pas d’assouvir ma vengeance.

Maayal

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Message par Maayal Jeu 9 Aoû - 19:11

Apprendre à vivre seule et à l’écart du monde s’avéra douloureux et compliqué les premiers mois, voir même les premières années. Je fis de mes robes pantalons, chemises et bandages. Je me fabriquais des armes rudimentaires dont l’efficacité s’améliora avec le temps. Je faisais beaucoup d’erreurs mais apprenais de ces dernières. J’appris à me fondre dans les ombres, à chasser, à grimper aux arbres et à ne pas laisser de traces derrière moi. Je suis restée plusieurs centaines d’années à Féralas et j’ai établis mon campement dans ce qui est aujourd’hui le repaire des ogres Gordunni. La région était assez grande pour que je n’ai pas à croiser les Shen’dralar qui, de toutes façons, ne s’aventuraient jamais bien loin d’Eldre’Thalas. Cette existence, où il fallait se battre pour survivre, avait rapidement fait de moi un animal sauvage.

Féralas, 3040 ans environ avant la destruction de Nordrassil.

Perchée en haut de mon arbre, j’regarde le spectacle qui s’offre à moi tout en mangeant. L’ours a grièvement blessé les deux sentinelles qui escortaient la prêtresse, qu’est entrain de défendre chèrement sa vie. Il est gros cet ours. Je l’connais et l’évite. Ma cachette est entourée de pièges à son attention. Un jour j’aurai sa peau ! Le glaive de la prêtresse érafle sa truffe. Il pousse un grognement. L’est pas content, il fait les cents pas devant la prêtresse et part.

J’regarde la scène en souriant. La prêtresse attend que l’ours soit hors de vue pour s’occuper de ses camarades. Grave erreur… A peine le dos tourné, l’ours la charge. Prise par surprise, elle a juste le temps de se r’tourner et d’esquiver la première attaque mais un gros coup d’patte la blesse et la fait tomber au sol. Je soupire, l’ours va la tuer et l’spectacle est ter… Hé ! Mais c’est quoi ça ?! L’est dev’nue bizarre la prêtresse, comme une ombre et on dirait que l’ombre lui obéit pour aller attaquer l’ours... Elle arrive même à l’mettre ko… Elle regarde l’ours qu’est inconscient, elle r’devient normale tout en s’écroulant par terre.

J’hésite pas longtemps avant de descendre d’mon perchoir. J’cours vers l’ours. L’a l’air bien sonné et j’en profite pour lui trancher la gorge avec ma lame en silex. J’vais voir la prêtresse. Elle respire encore. J’vais voir les sentinelles. Elles respirent encore, dommage pour elles… Je tranche deux nouvelles gorges. Elles m’étaient pas utiles et j’ai pas envie qu’elles rameutent leurs semblables pour v’nir chercher la prêtresse. Faut que j’fasse vite moi maintenant, j’prends la prêtresse avec moi. Heureusement qu’mon refuge est pas loin. J’la pose sur le sol et l’attache solidement à l’aide d’une liane. J’regarde sa blessure, ça va c’est pas trop grave. J’la nettoie et la panse. Pas d’objet tranchant en vue… ? C’bon j’peux y r’tourner.

De retour sur les lieux du combat, je fouille les sentinelles et les dépouille, prenant ce qui me sera utile. J’m’attaque ensuite à la carcasse de l’ours. Le dépecer m’prend du temps mais tant pis. J’ai b’soin d’sa peau. Je prélève ensuite des quartiers d’viande et colle le tout dans la peau d’la bête et j’retourne chez moi. La prêtresse est toujours sonnée. J’fais un feu et fait cuire la viande. Pendant qu’ça cuit, je range les affaires que j’ai volées aux sentinelles et j’commence à tanner la peau d’l’ours.

Ah… La prêtresse gémit… Doit être entrain d’émerger. J’lâche mon grattoir pour aller m’asseoir à côté d’elle et attendre qu’elle se réveille. Elle ouvre les yeux, essaie de bouger et se rend compte qu’elle est attachée. Elle regarde autour d’elle et a un mouvement de recul, qui la fait grimacer de douleur, en m’voyant. Bon d’accord… J’ai les ch’veux hirsutes, mes vêtements sont en loque et ch’uis couverte de sang mais j’dois pas faire SI peur qu’ça quand même… Elle me détaille des yeux, puis regarde sa blessure. Elle me regarde de nouveau. J’ai pas bougé d’un pouce et je la fixe.

« C’est… Grâce à vous que je suis toujours en vie… ? »

Je continue de la regarder. Elle a une voix douce. Ça fait bizarre d’entendre quelqu’un parler après tout ce temps. D’ordinaire c’est aux animaux que j’parle et sont pas très causants… ‘fin pas à la manière des elfes. Elle me sourit.

« Merci, mais… Pourquoi m’avoir attachée ? Je ne vais pas m’enfuir. »

Je la fixe toujours sans rien dire. Je me lève et découpe un morceau de la viande qui cuit. J’coupe la grosse tranche en morceaux et en fait plusieurs brochettes à l’aide de bouts d’bois.

« Où sont mes compagnes ?»

Je place les brochettes quelques instants dans le feu. Je l’entends soupirer.

« Est-ce que vous me comprenez au moins quand je parle… ? »

Je m’approche d’elle et lui tend une brochette.

« Ouais. Mange. »

Elle prend la brochette. Je m’assieds en face d’elle et commence à manger. L’a bon goût cet ours… ! Je la regarde et lui fait signe de manger, ce qu’elle fini par faire.

« Et pour mes compagnes… ? »

« Mortes. »

Elle baisse la tête et je la vois pleurer. Elle lève soudain la tête.

« Et leurs corps… ? »

« Dans la forêt. »

« Mais il faut aller les chercher ! »


« Nan. La carcasse d’l’ours doit déjà attirer les animaux. C’est trop dangereux. »

Elle continue d’pleurer. J’retourne tanner la peau d’l’ours, lassée d’la voir se morfondre.

« Comment vous vous appelez ? »

Je réfléchis un instant… J’avais dit quoi déjà… ? A oui…

« Aëllyn. »

« Et qu’est-ce que vous faites ici ? Vous… vivez là… ? »

« T’es trop curieuse. »

Je continue de gratter la peau de l’ours.

« Est-ce que vous pourriez me détacher… ? »

Je lui réponds sans même la regarder.

« Nan. T’es ma prisonnière. »


« Pourquoi ? »

« J’t’ai vue te battre contre l’ours et dev’nir une ombre. J’veux qu’tu m’apprennes ça. »


« Et… Si je refuse… ? »

J’me tourne vers elle en lui faisant un sourire carnassier.

« T’as pas l’choix. Tu m’dois une dette de sang. Sinon… J’connais des potions qui retirent toute volonté d’désobéir et là tu s’ras bien obligée de faire c’que j’demande. Ou alors… J’le laisse ligotée d’vant l’entrée d’Eldre’Thalas. T’es plutôt jolie et j’pense que plus d’un Shen’dralar paierait cher pour passer d’bon temps avec une prêtresse d’Elune. C’pas quelqu’chose d’courant par là-bas. »

Elle blêmit.

« Les Shen’dralar… ? »

« Ouep. »

J’la vois qui marmonne quelqu’chose et suis trop loin pour l’entendre.

« Alors t’choisi quoi ? »

Elle me regarde et semble réfléchir à sa situation. Nan mais… Je rêve ?! V’la qu’elle me sourit !

« J’accepte de vous apprendre ce que je sais et je vous promets de ne pas m’échapper. »

Elle me montre ses poignets pour que je la libère.

« Ça c’est c’que tu dis… Tu rest’ras attachée aussi longtemps que j’le jugerai nécessaire ! »

« Je comprends. »

Elle continue d’me sourire. J’me lève et lui en colle une. Ça lui apprendra !

Nous sommes restées ensemble pendant près de quatre cents ans. Je n’osais pas me l’avouer, mais sa compagnie me faisait un bien fou. Sans elle, je pense que j’aurai fini par sombrer dans la folie. Au bout d’un certain temps, j’ai fini par lui raconter mon histoire. Elle fut horrifiée d’apprendre ce que ma mère et ma sœur m’avaient fait. Elle le fut encore plus lorsque je lui narrais ma vie avec les Shen’dralar. Les Kaldorei haïssaient visiblement toujours autant la pratique des arcanes, mais elle ne me reprochait rien. Après tout, selon elle, j’étais jeune et n’avait fait que survivre. Je ne lui accordais pas toute ma confiance, même si elle ne chercha jamais à s’enfuir et m’apprit tout ce qu’elle savait. Je crois qu’à ses yeux, j’étais une Kaldorei qui était perdue et qu’Elune avait mise sur son chemin afin qu’elle puisse l’aider.

Maayal

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Message par Maayal Jeu 9 Aoû - 19:16

Elle m’enseigna que si la lumière guérissait, l’ombre blessait et que sans la lumière, l’ombre n’existait pas. J’étais mal barrée, car la lumière avait toujours refusée de venir vers moi. Bizarrement, après plusieurs essais, j’ai réussi à faire appel à l’ombre mais pas à la lumière. La prêtresse m’expliqua que l’on ne pouvait faire appel à la lumière que si on le voulait vraiment. Je lui rétorquais qu’à l’époque j’avais vraiment essayé. Elle me demanda alors si à ce moment là, c’était ce que je voulais vraiment. Je comprenais. J’avais essayé pour faire plaisir à ma mère mais pas parce que moi je le voulais. La prêtresse supposa qu’ensuite, les mauvais traitements de ma mère avaient entrainé un blocage de ma part pour faire appel à la lumière. Ce qu’elle ne comprenait pas, par contre, c’était que je puisse faire appel à l’ombre, mais ça je m’en foutais royalement, j’arrivais à l’utiliser et c’était le principal. Ses enseignements se portèrent aussi sur le combat et j’ai appris à me battre comme les sentinelles. Après toutes ces années, je sentais que notre séparation approchait…

Féralas, 2640 ans environ avant la destruction de Nordrassil.

Je la regarde. L’est entrain de coudre de nouvelles bottes. Ça fait quelques jours déjà qu’elle m’a dit qu’elle n’avait plus rien à m’apprendre. J’ai pris ma décision hier et maintenant j’attends. Elle lève la tête.

« Ça ne va pas ? »

« Ben si pourquoi ? »

« Tu fais une drôle de tête. »

J’hausse les épaules. Elle me sourit. Qu’est-ce qu’elle m’énerve quand elle fait ça !

« Tu sais… Je pensais à quelque chose tout à l’heure. »

« Ah… »

« Tu pourrai venir avec moi. Retourner parmi les tiens. »

« Avec ma mère et ma sœur ? Tu t’fiches de moi là ? »

« Pas avec elles… Quand je dis parmi les tiens, je parle de notre peuple. Nous pourrions retrouver ta mère et ta sœur afin qu’elles puissent être jugées. »

« Parce que tu crois qu’elles se laisseront faire… ? Sont folles à lier j’te rappelle. Et puis, si tu fais ça, tu s’ras obligée de dire pour les Shen’dralar et m’étonnerai que les tiens m’acceptent aussi facilement. »

« Je plaiderai ta cause. »

Elle ne se départi pas de son sourire.

« J’ai autres projets pour ma génitrice et ma sœur. »

Elle soupire doucement.

« Toujours tes idées de vengeance. Ça ne te mèneras pas loin tu sais. »

« C’est c’qui m’a permit d’survivre jusqu’là. »

« Peut être, mais tu as le choix maintenant. Tu sais que je ne pourrai pas te laisser te venger comme ça. »

« Ouais, ch’ais. »

Elle a un sourire amusé.

« Tu comptes faire quoi alors ? Me tuer ? »

« Oui. »

Je la regarde droit dans les yeux. Son sourire amusé s’éteint.

« Je ne me laisserai pas tuer comme cela. »

Elle lâche son ouvrage et se lève. Je reste assise à la fixer. Son visage se crispe et je vois que le poison fait effet : elle n’arrive plus à bouger et ses yeux s’écarquillent en me regardant.

« Qu’est-ce que tu as fais… ? »

Je me lève et prend ce qui lui a servit de théière depuis son réveil pour lui montrer.

« Elune… Pourquoi… ? »

Elle a du mal à parler. Je lâche la théière et l’aide à aller sur sa couche pour l’y allonger.

« J’t’aime bien… ‘fin… J’crois… Mais si j’te laisse en vie, tu t’mettras sur ma route et j’laisserai personne s’mettre en travers de mon ch’min. »

« Tu t’engages… Dans une voie dont… Tu ne pourras sortir que… Difficilement… Cela ri… Risque fort… De… Se re… Retourner contre toi un jour... »

« Ouais, ch’ais… Mais cette voie, c’moi qui l’ai choisie et personne d’autre. »

Je suis restée près d’elle jusqu’à ce que son souffle s’arrête. Je n’ai jamais regretté mon geste, pas plus que ceux qui ont suivi. Pourtant, elle fût le seul cadavre dont je devais m’occuper. Je lui ai creusé une tombe, assez profonde pour que les animaux ne viennent pas la déterrer, et je l’ai enterrée. J’ai passé les jours suivants à me préparer. Son enseignement était ce qu’il me manquait pour me lancer à la découverte du monde.

Maayal

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Message par Maayal Jeu 9 Aoû - 19:18

Je ne lui avais pas menti, j’avais des projets pour ma génitrice et ma sœur, seulement, je ne savais pas lesquels. Je voulais me venger, ça c’était une chose certaine, le souci venait plutôt du « comment ? ». Est-ce que je devais prendre en considération le fait qu’elles soient en binôme ? Est-ce qu’au contraire, et contre toute attente, elles seraient chacune dans leur coin ? Plus j’y réfléchissais et plus je me rendais compte qu’il y avait tout un tas de paramètre à prendre en compte et que cela ne serait pas si facile que ça. Ne voulant surtout pas échouer, je décidais de prendre mon temps et de partir à l’aventure.

Mille Pointes, quelques semaines plus tard.

J’aime pas cet endroit… Y’a pas un arbre pour se cacher… Suis obligée d’avancer à découvert… Mais bon… Au moins… ça m’fait un bon entraînement. Essayer de pas faire rouler les cailloux sous mes pas, sans pour autant avancer à une allure réduite… Pas évident. Mais j’y arriverai. Je continue ma lente progression sous la nuit étoilée.

L’paysage est vraiment singulier n’empêche… On dirait qu’quelqu’un c’est amusé à balancer des colonnes de pierres du ciel… Bizarre. Tiens on dirait une grotte là-bas, je vais pouvoir me mettre à l’abri pour passer la journée et… C’est quoi ça ?! J’l’avais pas vu ni entendu v’nir ! Je fixe la créature qui me fait face en restant sur mes gardes, prête à saisir mon arme au cas où.

Ça tient une torche, donc ça sait peut être faire du feu. Ça a une lance, donc c’est p’t’être capable d’en fabriquer et d’s’en servir… Méfiance… Ça a… Trois doigts… ? Mettons pour les doigts… Mais c’est quoi ces dents ?! On dirait des défenses… ! J’continue de détailler cette chose… Et la chose en fait autant on dirait… Tiens… J’me d’mande si ça s’mange… Pas l’air ragoûtant comme ça avec sa peau verte mais farcit avec des pommes… Je m’lèche les babines. Il m’regarde bizarrement et m’pointe avec l’un de ses doigts tout en s’léchant les babines à son tour.

Je l’pointe du doigt et recommence à m’lécher les babines. Il en r’fait autant. On continue not’manège pendant quelques minutes avant d’arrêter. On s’regarde… Il m’fait un sourire carnassier. J’en fais autant. On éclate d’rire en même temps. Il m’invite à entrer dans la grotte. Il croit quoi ? Que j’vais entrer en premier ? J’le pointe du doigt et ensuite j’lui montre la grotte. On s’regarde, on s’jauge. Il hausse les épaules sans s’départir de son sourire carnassier et il entre. J’le suis en faisant attention. Pourrait bien avoir posé des pièges l’sagouin…

Il s’assoit en m’regardant et allume un feu. J’regarde autour de moi. On dirait qu’ça fait plusieurs jours qu’il s’est installé ici. J’m’assois en face de lui, toujours sur mes gardes. Il plante un morceau d’viande sur un bout d’bois et le met griller au dessus du feu. Il continue de m’regarder. J’fais semblant d’rien. La viande fraîche qu’il fait cuire me donne envie, mais j’me contente de sortir un morceau d’viande séchée, après tout ch’ais pas où elle a traînée sa viande…

Il s’pointe du doigt et dit un truc. J’hausse un sourcil. Il recommence. D’accord… ça c’est son nom… J’me pointe du doigt.

« Aëllyn »

Ça parle… Et vite en plus…

« Arrête… J’comprends rien. »

Il me r’garde et hausse un sourcil. On s’regarde de nouveau. Il pointe l’feu du doigt tout en disant quelqu’chose. Donc ça, ça veut dire feu… Ou alors c’est p’t’être les flammes… J’pointe le feu du doigt à mon tour.

« Feu »

J’prends un caillou dans ma main et lui montre.

« Caillou »

Il l’pointe du doigt et prononce un nouveau mot.

C’est ainsi que nous avons apprit à communiquer tout les deux. Je pense que notre curiosité commune l’un envers l’autre nous a empêché de nous entretuer les premiers jours. C’était la première fois que je voyais un troll et lui une elfe de la nuit. Par la suite, nous avons établit un accord tacite de non-agression. Bien sûr, je ne lui faisais pas confiance et lui n’avait pas confiance en moi. Nous partagions la grotte, chacun allant de son côté pour commencer, puis nous avons partagé nos découvertes.

Maayal

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