[Baie du Butin] Partie de Cartes

par **Lomah de Sangre** Jeu 10 Jan - 21:27

+musique+

Salle enfumée et vapeur d'alcool distillé.
Une odeur de forte virilité flotte dans la taverne, âcre et corrosive. La bière de ricin coule à flot et à peu de frais. Elle colle au plancher, arrosant parfois une pitance archi-cuite pour faire oublier le gout du faisandé. Même la musique assourdissante fleure la petite vérole. Y'a pas à dire, il fait bon vivre à Baie-du-Butin ! Le tenancier ne dira pas le contraire, essuyant des bocks au comptoir l'air de rien, un cure-dent bien calé sur le chicot. Les seules femmes à sillonner entre les tables sont soit des putes, soit des serveuses, parfois les deux, rarement autre chose.

Sur une table ronde reculée, cinq joueurs de cartes, quatre chopes de rhum, un verre de vin.
Un paquet de pièce d'or, trois diamants noirs et un collier de perles trônent au centre. L'instant est à la concentration, le silence plane, mortel.
L'elfe de sang à la blondeur manucurée sourit d'un air fat.
Le nain cache sont jeu en jouant la stratégie de l'homme ivre.
Le tauren s'imagine qu'on ne lit pas son regard sous ses poils broussailleux.
Le troll tripote ses défenses, indécis.
La seule femme du groupe tire une bouffée de sa pipe qui s'échappe de sous sa capuche.

Et les carte s'abattent, sans concession.

- Quinte Royale.

Hébétude totale... et masculine.
La donzelle sourit en coin et ouvre les bras pour embrasser le fruit de son écrasante victoire.

- Une seconde, poufiasse ! Chuis sure que tu triches !lance le sindoreï, moins rigolard pour le coup, et dans un commun parfait.
- Du calme le minet, la Dame a gagné à la régulière, fait le nain d'une voix aussi posée que lavée de toute note d'ébriété.
- Ouais Taliq', mon fwèwe, weste coool !
- Régulière, mon cul ! Sale Pute !

Sur cette brillante prose, l'elfe se lève et empoigne la dite "pute" par la capuche. Cette dernière dévoile une tête rousse au regard de feu. Un regard qui vous brûle de l'intérieur si vous avez le malheur de le croiser. Avant même que les trois autres ne réagissent, l'elfe s'est mis à se contorsionner de douleur, ses doigts griffant l'air convulsivement. Son visage rougeaud a semblé en proie à une fièvre indescriptible qui lui injectait les yeux de sang et cloquait sa peau. Et puis après avoir gesticulé comme un fétu de paille pendant une bonne minute, il s'est affaissée là, à l'image d'un tas de vieux chiffons sous le regard stupéfié de ses trois compagnons.

La rouquine, elle, range sa fortune dûment gagnée dans sa besace, sans s'émouvoir le moins du monde. Puis elle rajuste sont corsage de lin noir sur son pantalon de cuir sombre, se rassoit à sa place et rallume sa pipe tombée au sol lors de l'altercation. Après ce rituel seulement, les bords de sa capuche longue se rabattent sur son visage trop connu.

- C'est fou tout ces elfes qui meurt d'overdose de nos jours. Voilà qu'il nous manque un joueur maintenant....

par Flinson Steelwood Ven 11 Jan - 2:15

Musique

-... et ce serait criminel de n'en pas terminer la partie !

Dis-je en m'asseyant, nonchalant et arrivé à pas de velours, tout en ayant "involontairement" laissé claquer le rutilant contenu de mon pécule contre la table. C'est fou cette manie que j'ai de me fondre de temps à autre dans la foule pour glaner quelques croustillantes informations. Que voulez-vous, je suis irrécupérable.
Avec une pointe de dégout feinte au coin des lèvres, j'écarte les restes de l'ancienne joueuse du bout de ma canne.

Je regarde tour à tour chacun de mes vis-à-vis, me tranchant avec une malhonnêteté sans pareille de sourire et de signes du chefs distingués. Jusqu'à mon accoutrement est faux : ayant tombé ma Lavallières et entrouvert le haut de ma chemise empire afin de m'octroyer un léger air décontracté, le chapeau oublié et la crinière à l'air pour corroborer en ce sens, je joues la comédie à tel point que si le mensonge pouvait prendre forme, je l'imagine bien me rendre honneur en prenant mon apparence.

Au coin de la salle, le marquis de Blandières, le dos droit, appuyé du coude sur son arquebuse, sirote un ver de vin tout en gardant un œil sur moi.
A vrai dire, un esprit attentif remarquera également quelques membres de l'assemblée parmi les plus anodins m'observer de temps à autres.
Mes "associés".

Pourquoi ma présence ? Voyez-vous, Baie-du-Butin, aussi de mauvais goût soit-elle, est indéniablement l'une des plus vastes plateformes commerciales de ce monde. Et, dans l'ombre, l'on pourra noter un intérêt certain de la ville pour les affaires parmi les moins reluisantes.
Nonobstant le flot permanent d'informations et de racontars qui y circule, cette baie, vraie tangente de l'alliance et de la horde, est un endroit de choix pour un homme de ma qualité.

Il m'arrive donc, en toute logique, d'abandonner le confort de ma demeure, le temps d'une soirée, pour partager les habitudes des plus bas représentants de l'échelle sociale. Outre l'image, cela me permet, en plus de rester à jour dans l'opinion populaire, de parfois nouer quelques affaires, et tisser quelques futurs contrats.
Et ce n'est, d'ailleurs, pas la première fois que je patauge dans les bouibouis de la ville, feignant ma proximité envers ses ressortissants.

Je les regarde de nouveau, avant de m'attarder sur mon encapuchonnée de voisine tandis que les oculaires de mes bésicles s'agitent au rythme de ma curiosité à son attention.
Pourquoi jouer ? Ce n'est pas tant pour l'argent, mais encore une fois pour la connaissance. Autour d'une table de jeu, cartes, mises et monnaies ne sont pas les seules à circuler.

-Si vous me le permettez, bien entendu.

Me fends-je alors d'un sourire méticuleusement composé.

par Macross Ven 11 Jan - 5:13

♫♪♫♪♫♫♪♪♫♫

Heureusement que pour une fois, la passe avait duré un peu moins longtemps que d'habitude. Sinon le Faucon aurait raté la petite scène qui s'était déroulée à une table non-loin du comptoir contre lequel il était accoudé. Occupé qu'il avait été jusque là à estimer la taille mammaire de la donzelle encapuchonnée, tandis qu'il échangeait quelques mots avec la putain pendue à son bras, l'humain n'avait rien manqué de la fin de la partie. Et quelle conclusion ! Le guerrier n'aurait sut dire si le plus spectaculaire avait été la fin de l'elfe où le soubresaut interessant de la poitrine coincée dans le corset. Sûrement un peu des deux, en vérité. Et ça avait suffit à le convaincre de vider d'un trait son godet d'alcool frelaté de basse qualité, un petit sourire vissé au coin des lèvres.
La fille de joie tout à côté de lui n'avait rien manqué, elle, de la mimique de son client. Et Kaleesha, magnifique draeneï de son état, connaissait assez bien le bonhomme pour soupirer en levant les yeux au ciel.

- C'est une mauvaise idée, Mac'.

- Avec la mise sur la table ? Tu plaisantes ?

- Pas ça. Ce que tu t'apprêtes à faire avec la rousse. Très très très mauvaise idée... Nouveau soupir las, nouvelle oeillade vers le plafond. Tu t'intéresses moins à son nom qu'à ses seins et nous le savons tout les deux.

- Sûr. Je connais déjà son nom. Mais faire connaissance avec ces deux beaux melons, là... Ca vaut bien le coup que j'aille poser mon cul avec eux, surtout qu'une place vient de se libérer.

- Si tu termine comme l'elfe, je vais dire adieu à ma source de revenus la plus sûre. Et je n'irais pas ramasser ton cadavre, c'est clair.

- J'ai toujours su que je trouverai la mort dans les bras d'une femme, dit il dans un large sourire. Grande ou petite, note bien. Que ne ferai-je pas pour une jolie demoiselle, après tout ?

Le temps que le Faucon perdit à papoter lui fît perdre sa place à la table. Un homme s'était joint à la partie pour l'achever, mais Mac' ne se laissa pas déboulonner pour autant. Désignant le nain d'un mouvement de menton à sa compagne draeneï, il lui glissa deux pièces d'or. La fille de Draenor soupira une nouvelle fois avant de fait disparaître la monnaie dans son plantureux décolleté et quitta le comptoir pour aller se pencher à l'oreille du nain. Il ne fallut que quelques mots susurrés d'une voix sensuelle pour que le rase-plancher ne signifie son abandon de la partie, avant qu'il ne soit emmené vers les étages.
Un paumé quelconque tenta sa chance une fois la place libre. C'était compréhensible : la place était tout à fait en face de la rousse à la capuche et la vue était imprenable. Toutefois, la dague qui se fiche sèchement sur le bois de la table non loin de sa main parvint aisément à convaincre l'homme que ce n'était pas une bonne idée.

- Quel heureux hasard, une place de libre ! dit il en récupérant la lame plantée et en s'installant face à l'encapuchonnée, qu'il salua d'un petit sourire amusé. Bien sûr, qu'elle vous le permet, l'ami.

Un salut à l'homme, puis au reste de la table, le tout en ayant prit soin de montrer l'air de rien le pistolet à mitraille -un vieux modèle fort efficace- ceint à sa jambe. Son épée était restée dans la chambre de la putain et la dague quant à elle avait mystérieusement disparu, sans doute pour réapparaître si le besoin venait à s'en faire sentir. Confortablement calé dans la vieille chaise, Macross glissa entre ses lèvres un morceau de racine sèche qu'il mâchonna doucement, jetant une bourse dodue et tintante sur la table.

- A qui la donne ?

par **Lomah de Sangre** Lun 14 Jan - 21:57

- A moi.

Le timbre haut et la voix claire, j'empoigne le paquet de carte.
Je ne me fais nulle illusions quant à mon anonymat. Les indices sont gros et laissés à dessein. Permettons à ces pécores d'imaginer que je m'encanaille loin de mon manoir, à la manière d'un Flinson aussi peu discret que la mouche au coin de la bouche de notre serveuse. Ce crétin est persuadé que personne ne l'a reconnu, lui et ses petits riens de lèche-culs. Mais il est sur mon terrain, sur celui de Fenice. Ici on renifle le fumet de l'argent aussi bien que celui du poisson. Il faut savoir maquiller son odeur, se fondre dans la masse, être de la famille.
Baie-du-butin a beau brasser du peuple, on reconnait les habitués des touristes.
Mais qu'il s'amuse à jouer les loups de mer à terre, j'ai moi même quelques "atouts" présents dans la pièce. Cependant, je suis meilleure joueuse que lui, je sais ménager mes effets.

L'autre énergumène est relativement inconnu. Relativement parce qu'il fait déjà plus couleur locale, bien que des mercenaires à la petite semaine comme lui pleuvent sur la Baie. Il en meurt un, il s'en relève trois, difficile de retenir un nom dans ces cas là.
Il fera peut-être la différence, je me laisse la soirée pour en décider.

Après tout ne suis-je pas la Baronne de Sangre mal déguisée qui ne demande qu'à être "débusquée" ?

Je bats le paquet. J'évite de me montrer aussi habile que lorsque je joue Fenice. J'officie avec une certaine scolarité un poil gauche, de celle qui sait mais qui manque de pratique. Je feins divinement.
Pendant cette faribole, le tauren se lève et murmure quelque chose à l'oreille du troll avant de se placer derrière lui. Ce dernier nous fait grace d'une traduction à sa sauce :

- Y dit qu'faut pô pé'tuw'ber les énergies des chwiffes. Cinq qu'on a commencé, Cinq qu'on finit. Y pwéfewe r'gawder !

J’acquiesce tranquillement avant de jeter un coup d’œil aux deux nouveaux venus. En connaissance de cause le chiqueur de racine a balancé sa mise avant la donne. Flinson à sa suite doit désormais surenchérir en tant que "Grosse Blinde".

- J'attends vos annonces messieurs...

par Flinson Steelwood Lun 14 Jan - 23:15

J'offre un léger sourire courtois en guise de réponse à l'arrivant, purement protocolaire.
Mais, à dire vrai et à bien y regarder, celui-ci finit par attirer mon attention. Si l'expérience m'a appris une chose, c'est que c'est bien souvent sous la personne la plus anodine que se masque les plus talentueux acteurs. Voyez, cet homme, en l'espèce. Il a tout du parfait quidam. Lambda, peu original, classique même. Que ce soit d'apparence ou de tempérament ? Une semblance, en tout cas, du parfait anonyme.

Mais, je ne fais pas l'erreur de l'oublier. Si les autres occupants de la tablée, hormis l'encapuchonnée, n'ont pas su faire l'objet de telles conclusions, je me jure cependant de garder un œil sur cet homme qui m'intrigue. Ne jamais omettre le moindre détail, en somme.

Alors, la rousse d'encapuchonnée se fend d'une voix qui me semble familière. Familière ? Mais bien entendu. Et je sais parfaitement qui se cache sous cet accoutrement ridicule. Ce qui m'étonne, cependant, c'est que je la sais bien trop douée pour être aussi gauche en matière de discrétion. La baronne est probablement l'une des seules personnes de ce monde à pouvoir se prévaloir d'un esprit presque aussi calculateur que le mien.
Alors, pourquoi donc cette farce ? Pourquoi feindre un déguisement manqué tout alors qu'il est volontairement défaillant ? Ma foi, ce pourrait être une technique gagnante. Peut-être désire-t-elle porter ses vis-à-vis en ce sens, leur faire croire à leur découverte abracadabrantesque d'une baronne bien loin de son manoir ?
Oui, ça lui ressemblerait bien assez. Elle est fichtrement intelligente, ce doit être une manière de compenser l'idiotie flagrante de son amant.

Bon sang que c'est excitant ! Cette partie semble bien plus prometteuse que celle se déroulant plus bas, sous l'apparence d'une partie de cartes parfaitement normale.
En tant que grosse blinde, d'ailleurs, je me dois de surenchérir au double, au minimum, de mon prédécesseur.
Qu'il en soit ainsi ! La baronne semblant interpréter l'amatrice du soir, l'inconnu celui du connaisseur, je jouerais pour ma part le rôle du bon joueur, fairplay et équitable. C'est pourquoi je lance une offre en douceur, en me contenant du minimum imposé par les règles : le double de la petite blinde plus une simple pièce d'argent.
Et puis, ce n'est pas comme si le contenu de cette bourse était en fait les salaires de quelques-uns de mes employés qu'une malencontreuse erreur administrative leur avait empêché de toucher ! Ce serait vraiment inconvenant.

Tous, autour de cette table, seront ainsi dans les moyens de la mise.

[Hrp] Je ne connais pratiquement pas les règles du poker, aussi, si jamais ais-je fait une erreur, n'hésitez pas à me la signaler. Je m'empresserais alors de la corriger.

par Macross Mar 15 Jan - 5:23

Je savais que face à ces deux requins à la face humaine, je n'étais pas au niveau. Si ils me l'avait demandé, je leur aurais volontiers concédé que je n'avais certainement pas leur talent pour la fourberie et les faux-semblants, ni même cette intelligence si particulière qui sied à tout être se considérant comme étant un peu au-dessus du lot. Laissons le machiavélisme à ceux qui en usent comme une putain de ses roulements de hanches lascifs : je n'étais nullement de cette trempe et pour tout dire, je ne m'en portais pas plus mal.

J'avais rapidement reconnue l'encapuchonnée. Pas que nous étions intimes où que nos routes se fûrent déjà croisées par le passé, mais je savais à qui m'intéréresser pour rendre mon quotidien de colportages et de ragots un peu plus épicé. Je savais d'elle certainement ce qu'elle voulait bien laisser savoir et ce que les rumeurs s'entendaient à compléter, ce qui pour l'heure me convenait amplement. En revanche, personne ne m'avait jamais parlé de cette poitrine indécemment bombée, ce qui m'aurait motivé à la rencontrer plus tôt. De Sangre, où deux bons arguments pour fréquenter l'aristocratie.
Quant à l'homme, je devais bien avouer que ni son allure ni son faciès ne me parlèrent dans la minute. Je savais l'avoir déjà croisé, je savais connaître son nom... Mais je m'étais avéré incapable de m'en souvenir durant un moment, avant finalement de le remettre. Si je ne m'abusais, notre partenaire de jeu était Flinson Steelwood. Ce que j'en savais ? Il était inventeur, industriel de renom. C'était peu, mais Steewood avait le tort à mes yeux de n'être qu'un homme, ce qui limitait donc mon intêret à son égard. Le fait qu'il prenne presque la peine de se grimer en un honnête malfaiteur de la Baie m'amusa mais je me gardais bien de laisser filtrer quoi que ce fût, gardant l'air assuré et gaillard que j'avais eu depuis mon irruption à leur table de jeu.

Sur eux, je gardai un avantage certain : je n'étais absolument personne. Ma gueule ne devait certainement par leur parler, pas plus que mon nom si j'en étais venu à le dévoiler. Peut-être que la rousse aurait été capable d'identifier la broche de la Troupe que j'avais toujours à ma ceinture si elle avait daigné s'y attardé. Mais en aurait-elle fait grand'cas ? Non. Je gageais n'être à ses yeux qu'un énième enfant de la Baie plutôt quelconque, désespérement commun et rustre. Parfait. Steelwood devait me réserver le même jugement et prendrait plus d'attention à se méfier de la de Sangre, si il l'avait reconnue.
En somme, le Faucon volait au-dessus d'un noeud de vipères. Leveraient-elle la tête pour prendre conscience de la présence du bec aussi acéré que les serres ? J'en doutais. Et en bon cabotin prétentieux que j'étais, cela ne me plaisait pas. C'est que j'aimais me faire remarquer !

- Nous sommes à Baie-du-Butin, camarades. Passé le premier mort de la soirée, il est de coutume de pimenter les parties. Le tintement des deux pièces d'or de ma relance jetée sur la table ponctua ma phrase. Jouons donc la fin de soirée.

J'avais parlé d'un ton assuré, assorti d'un sourire que j'avais volontairement accentué pour marquer le coup. Le mercenaire du commun dans toute sa splendeur, en somme. Qui avait eu tout de même la présence d'esprit, quelques secondes plus tôt, d'ôter le chien de sécurité du lance-mitraille qui ornait le holster à l'extrémité ouverte attaché à sa cuisse.

- Le vainqueur de la partie se réservera le droit de la terminer en compagnie du joueur -où de la joueuse - qu'il aura choisi. Libre à eux ensuite de parler de l'économie du coin, des dernières prouesses de Nini-la-Pompeuse, de s'ouvrir le ventre où de faire connaissance sur la première surface plane venue.

Je passerai certainement pour un rustre décérébré en manque de compagnie, mais je n'en avais cure. Ma réputation ne présentait nul fait pouvant être terni par une proposition ouvertement machiste - le regard appuyé que j'avais pris soin de couler aux melons de De Sangre était d'ailleurs volontairement explicite sur ma "motivation réelle" - et j'avais ma petite idée en tête : me faire remarquer pour présenter encore moins d'intêret aux yeux des deux serpents. Pour qu'ils fassent une erreur, que mes oreilles traînent au bon moment. Je voulais savoir pourquoi ces deux là jouaient les mauvais acteurs.
Et la perspective de gagner le lot en plus de la mise ne me déplaisait aucunement, aussi.

- Si vous refusez, c'est le moment de quitter la partie. Même à la Baie, une parole donnée se doit d'être dûment honorée. Et qui ne dit mot consent. Les petits soudards perso' ne vaudront pas lourd en cas de désistement de dernière minute... Pas à Baie-du-Butin, en tout cas.

La remarque cette fois était adressée à Steelwood, à qui j'avais jeté une petite oeillade. A force d'y fréquenter les putains et les piliers de comptoir, je connaissais assez les gueules de la Baie pour pouvoir dire avec certitude qui en était pas où pas. Et si l'homme était malin, il saurait que j'avais raison.

De mon côté, j'avais plutôt intérêt à faire attention à mes miches. D'échappatoire à ce bourbier, moi, je n'en avais aucune.

[J'espère que vous ne serez pas dérangés par le changement de narration, je trouve finalement que c'est plus immersif comme ça....]

par **Lomah de Sangre** Mar 15 Jan - 6:00

Contre toute attente, c'est le troll qui répond :

- Mon fwewe j'aime à penser qu'tu fwotwa pas ton gou'din dans ma semoule si jamais c'moi qui perd ! J'aime pwa twop c'genre d'cuisine. héhéhé !

Je souris en coin et sans me presser tire une bouffée de ma fidèle bouffarde. C'est seulement ensuite que je me décide à distribuer les cartes, deux par personne. Le troll les balance aussi sec sur la table, faces cachées.

- J'me couche pouw stou'r . Mais pow s'tour seulement, frangine !

Imperturbable, je pose la moitié de ma mise gagnée à la manche précédente. Puis je me tourne vers le chiqueur.

- Une soirée avec moi , ça se paie. Vous relancez ?

par Flinson Steelwood Mar 15 Jan - 6:28

Je ne puis m’empêcher de grimacer à l'adage "qui ne dit mot consent". La marque de fabrique de l'ignorance, en somme, tant et si bien que cette maxime, aussi ridicule soit t-elle, est fausse, qui plus est. Mais je le concède, il n'est pas donné au premier venu de le savoir, il faut avoir fait quelques études pour savoir que l'adage a été déformé.

Néanmoins, le tournant que prend la partie devient fichtrement audacieux, chose qui n'est pas pour me déplaire. Ce qui a le plus l'honneur de me combler est cette pensée qu'ils me vouent, la rousse comme le gaillard. Il semblerait que je ne sois qu'un touriste en ce lieux, à leurs yeux ? Excellent, ce ne sera qu'une carte de plus dans ma manche.

Sans plus de fioriture, je me fends d'un sourire mielleux.

"Et dire que je n'étais venu que pour perdre un peu d'argent."

Avant de hocher la tête en guise d'acceptation et de laisser le tour de jeu se faire, tout en jetant un œil, qui semblerait désintéressé, à mes cartes. Le rictus composé du parfait commerçant sur les lèvres, je ne laisse rien transparaitre, que ce soit par ce sourire figé ou le verre de mes bésicles projetant un jaune électrique. Du moins, rien d'involontaire, pour le moment.

par Macross Mar 15 Jan - 6:51

Je souris au troll, amusé. Les gaillards ne sont pas ma tasse te thé, je le sais pour avoir essayé une fois où deux. Pas question de mourir idiot.
Pas question non plus de remettre le couvert, notez bien.

Mais ce genre de souvenir est à remiser dans un coin de mon esprit afin que je puisse me concentrer sur le jeu en cours, levant légèrement le coin de mes deux cartes avant de les reposer face contre la table. Je ne laisse rien paraître, l'expression du bon gars con juste ce qu'il faut n'ayant pas bougé d'un iota. J'ai appris à bluffer en compagnie des pires rebuts de Lordaeron et je me félicite intérieurement d'avoir assisté, quand j'étais gosse, à ces interminables parties entres Faucons. Un oeil à la rousse : elle n'a pas bronché et m'a demandé si je relançai. Merde. Je comptais que la proposition aurait davantage d'effet, mais il me semble évident que je n'ai pas correctement estimé la donzelle. Pas plus que je ne l'ai fais pour Steelwood, j'en ai la nette impression. Il me fout le cafard, ce mec, sans déconner... Même si je ne sais pas trop pourquoi. Mais en attendant, je me suis fais baiser à mon propre jeu. Ils ne lâcheront rien si facilement, voilà qui sera une leçon pour plus tard.
Sans compter que je suis trop fier pour ne pas relever la provocation d'une nana. Donc, quelques pièces vont rejoindre les autres dans un geste qui ne perd rien de l'espèce de superbe dont je me suis paré dès le début.

- Je ne vais pas vous priver du plaisir de ma compagnie, trésor.

Le sourire est séducteur, le ton chaud, les yeux dardés dans les siens. Les cartes ne sont pas si mal, mais n'assurent en rien la victoire.
Les prochaines minutes devraient, elles, être intéressantes.

par **Lomah de Sangre** Mar 22 Jan - 11:38

Comme convenu Flinson, Ce faquin de rouquin suit sans se faire prier, heureux d'étaler la confiture qui lui tapisse le fond des bourses; et l'autre museau aussi, trop occupé par la musique de mes seins soupirant sur le balcon de mon corset.

La danse des cartes se poursuit quoi qu'on en dise , trois cartes face cachée au centre de la table. Elles effectuent chacune d'elle un entrechat pour dévoiler leur ballet : un as de trèfle, un roi de cœur, un trois de carreaux.

Nous ne sommes plus que trois à jouer. Le Troll a abandonné trop vite, sans doute pour nous voir nous entretuer entre peau-blanche. Chacun avise son jeu. Je souris d'un air conquérant en regardant le mien puis rit sous cape en observant mes deux comparses de tablée. Je relance de quelques pièce d'or la cagnotte déjà copieuse : la moitié de ma mise précédente et la promesse d'une soirée avec l'acolyte de son choix. Le chiqueur de racine aura ensuite la parole : il pourra surenchérir, suivre en balançant la même mise que moi ou bien se coucher. Et je crains qu'il ait du mal à caracoler derrière la fortune de Steelwood ou la mienne. A moins, bien entendu, qu'il donne un peu plus de sa personne. Il n'est que du menu fretin, pour le moment. Je vise bien plus gros.

Qui peut prédire une partie de poker un soir de tripot à Baie du Butin?

- Alors mon chou, on fatigue déjà au point de se coucher ?

par Flinson Steelwood Mar 22 Jan - 22:47

Musique

Les deux sourient.
L'un, aguicheur. L'air du séducteur invétéré, peut-être même rodé, dardé en direction de la Baronne et du contenu de ses frusques.
L'autre, victorieuse. De celles qui savent déjà comment la partie devrait se résoudre, ou du moins de celles qui le croient.
Ou peut-être ne sont-ce là qu'apparence ? Après tout, le mensonge est de mise, dans ce jeu comme dans cette ville. Bien fou serait l'honnête gens au milieu de la baie du butin ! Mais soit, à leur guise. Qu'il ne s'agisse là que de déguisement, de réalité ou encore d'hypocrisie, qu'à cela ne tienne. Je me fais fort de leur rendre la pareille.

Mon sourire se fait mielleux, mais j'y instille une pointe de réserve. Les minuscules soupapes de mes bésicles échappent d'exquises et délicates bouffées de vapeur cependant que leurs oculaires se replient très légèrement, venant accompagner mon sourire mitigé. Et je compte bien continuer avec ce personnage.
C'est pourquoi je ne relance que par le minimum, suivant la mise de la rousse en n'y rajoutant qu'une pièce d'argent supplémentaire.
Quelles sont mes cartes ? Et bien, au vue de mon comportement, peut-être intéressantes ? Mais probablement pas exceptionnelles. Où alors est-ce un bluff ? Mais les connaisseurs sauront que je ne fais jamais dans la simplicité, alors peut-être que mon comportement ne vise pas à leur faire croire que j'offre un simple bluff, visant à les faire conclure sur une main du feu des titans, mais justement à leur faire croire que j'ai en réalité de mauvaises cartes, et joue la modestie pour laisser penser au détour d'un bluff "de premier degré" que j'en ai de bonnes ?

La question est là. Est-ce un bluff ? Un double-bluff ? Un triple ?

"Allons, la nuit ne fait que commencer."

par Macross Mer 23 Jan - 1:11

- C'est une invitation à se prendre une chambre, trésor ? Si tu es pressée, on peut envoyer au diable la partie et le binoclard et passer directement au tête-à-tête.

... Ça m'éviterait de risquer ma fortune toute relative. Si je n'avais pas consommé ma charmante draeneï un peu plus tôt dans la soirée, j'aurai eu encore un peu de répondant pécunier. Rien de bien transcendant, il faut bien l'avouer. Juste de quoi ne pas perdre la face devant ces deux bourgeois aussi riches que moi je suis poilu. De tête, comme ça, il doit me rester trois pièces d'or. Les gains de mes petites affaires réglées auront fondus comme neige au soleil en même pas une heure et je serai bon pour repartir bosser dans un coin paumé afin de récolter quelques pièces.
MAIS ! Il reste la possibilité -infime, certes- que je remporte le pot, le décolleté pigeonnant et tout le reste de la fièvreuse rouquine. Si j'avais de la chance, je ne serai pas un vrai Faucon. Merde.

Je les observe à tour de rôle, veillant à garder le masque assuré et tranquille de "celui-qui-assure-en-toute-circonstance". Aucun de nous n'est décidé à lâcher quelque chose et parti comme ça, on est tous sûrs d'avoir dans la main une putain de quinte flush royale. Je pourrais me coucher et admettre ma défaite, ça m'éviterait de lâcher mes tout derniers deniers. C'est simple, trois-quatre mots à tout casser : "Je ne suis pas."
Allez, je me lance. Mieux vaut limiter les dégâts, pas vrai ?

- J'espère que tu sais faire autre chose que parler, avec ces jolies lèvres. Ça pourrait te servir d'ici peu.

Bon, c'est officiel. Je suis le dernier des cons et en plus, je pète plus haut que mon cul. Ça va me remonter loin dans les narines, même. Mes trois dernières pièces rejoignent le pot, me laissant orphelin de toute fortune.
Un jour, j'apprendrai à la fermer quand je suis dans la merde. Ma main n'est toutefois pas la plus mauvaise que j'aurai pu avoir et mon sourire en coin ainsi que mes oeillades satisfaites à Steelwood et sa bourgeoise de concurrente tendent à dire "je vais vous bouffer tout cru".
Marcherons, marcherons pas ?

par Juo Mei Sam 16 Mar - 17:26

"Doum Dam ! Dou-dam ! Da-da dou-doum ! Poutchi-poutchi wah-wah ! Tou-doum Toum !"

Un jeune pandaren habillé bizarrement* fait irruption dans la taverne en marchant en rythme de façon cocasse en chantonnant une chanson agitée et énergique. Il ne prête aucune attention aux autres personnes présentes, trop absorbé par ses "pensées" et se dirige droit vers le comptoir.

"Une bière s'il te plait mon ami !" Dit-il au proprio, assit derrière son bar.

Il s'y accoude et remonte ses lunettes sur son nez, un geste automatique presque inutile puisque pratiqué toutes les deux minutes.
Juo tapote alors ses doigts sur le comptoir en reproduisant non pas la musique de la taverne mais bien celle qu'il a dans la tête !
Une fois sa bière servie, il laisse deux pièces d'or -soit presque une-et-demi de trop- a l'homme, qui garde la monnaie avec un sourire en coin, et se retourne pour chercher un endroit ou s’asseoir.

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