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Chute, ou apogée ?

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Chute, ou apogée ? Empty Chute, ou apogée ?

Message par Flinson Steelwood Sam 23 Juin - 1:01


Cette histoire se décomposera, dans un soucis de clarification, en une suite de chapitres suivant globalement une trame spécifique à chacun d'eux.
De fait, ces-mêmes chapitres ne s'enchaineront pas systématiquement selon une chronologie logique. Ellipses, projections et retours seront donc fréquents.



Chapitre premier : Avènement dans la déchéance



Cour de gilnéas, an 31,
quelques mois avant la chute du mur de Grisetête.


_______________________________________________________________________________

Musique

"Cet endroit me répugne."

Je porte mon divin regard sur le manoir Grisetête et sa cour royal. Vraiment, que de fioritures pour accueillir ces moins que rien, bourrés de privilèges et, forts de leurs droits féodaux de naissance, faisant preuve d'une arrogance illégitime à toute épreuve.
Je ne les supporte plus. Les nobles. Crétins vaniteux, prétentieux, ridicules.

"Père était un intime de Genn, Flinson. Comprend qu'il serait malvenu de la part de notre famille de couper tout contact avec la royauté."

Je peste, orientant mon visage vers ma sœur. Midyle Steelwood. Parfaite, comme moi. C'est d'ailleurs bien là la seule personne pouvant s'en vanter. Je ne peux m'empêcher de lui sourire. Elle a raison, qui plus est. Si idiot fût mon père de soutenir la politique de notre "ô vénéré roi", je ne puis me permettre de l'envoyer dans les roses. D'ailleurs, je ne dépenserais jamais de quoi lui offrir pareilles fleurs. Oh, économiquement, j'aurai les moyens de cesser toute relation avec la royauté. Mais ce serait une piètre erreur politique, et mon statut de conseiller économico-écologique ne sied guère avec de telles farces.

Enroulant mon bras autour de celui de ma chère sœur, je l'entraîne vers moi afin de la faire profiter de mon parapluie, la bruine ayant décidé depuis quelques jours d'embrasser Gilnéas et se déversant en trombes sur nos sublimes personnes.

Je désigne de ma canne les lourds portails de fer cerclant l'enceinte du manoir royal, ne pouvant réprimé un léger rire. Vraiment, il suffirait de mettre ma propriété à côté de la demeure de ce cher Grisetête pour se rendre compte que la royauté n'a absolument aucune supériorité sur la bourgeoisie. Un manoir, se vante t'il de détenir ? Un taudis, à mes yeux.
C'est donc sur mes commentaires acerbes que nous pénétrons dans la cour du domaine, alors que valets et serviteurs en livrées viennent à notre rencontre et nous entrainent à l'intérieur de la bâtisse.

Sous la pluie, le domaine est moins laid qu'il n'y parait. A vrai dire, celle-ci masque parfaitement le mauvais goût de son propriétaire, et ce n'est pas pour me déplaire. Une architecture trop simple, trop commune. Probablement pour se rapprocher de son peuple, qui sait ?
Nous entrons dans un hall néanmoins somptueux, où je défais mon long manteau de feutre pour ne conserver que mon costume bordeaux à queue-de-pie. Exactement à l'heure, comme toujours. Nous gravissons un massif escalier de frêne, bien évidemment orné d'un tapis de velours rouge, au bout duquel nous atteignons la légendaire salle d'audience du roi, où se déroulent en outre les séances de doléance où ce pauvre diable reçoit les dignes représentants de la plèbe pour les entendre geindre sur leurs problèmes parfaitement inintéressant.

Diantre, que je me félicite d'avoir quitté la noblesse !

Après avoir adressé un dernier sourire à ma sœur, je me rend à la place qui m'est acquise.
La salle en soit est construite en un hémicycle. Structure dans laquelle siègent à tour de rôles les pairs du royaumes, les différents représentants politiques, économiques, marchants et diplomates, invités de la royauté ou simples membres du peuple.
Pour ma part, je suis naturellement convié à titre d'invité d'honneur, ayant pris soin d'exiger auprès du roi de ne point me retrouver dans une vulgaire classe sociale qu'il aurait lui-même édicté.

C'est que, voyez-vous, on ne mélange pas la fleur avec la fange. Et, à vrai dire, ma fortune et la qualité des armements Steelwood, que j'ai la grâce de vendre à sa majesté, me permettent bien ce genre de petits caprices. Et ce ne sont pas les plus grandes familles du pays qui vont me contredire, trop occupées qu'elles sont à se battre pour m'avoir à leur table, pour me marier avec telle ou telle héritière de leur maison, et mettre en commun nos patrimoines...
Le mien, surtout. A côté de ma fortune, leurs richesses paraissent plus que superficielle.

Prenant place en silence, après avoir adressé deux ou trois signes de têtes faussement amicaux envers plusieurs personnalités de Gilnéas, j'accroche ma canne au dossier de mon siège, avant d'y déposer sur le pommeau mon haut-de-forme à cheminée. Je jette un œil aux alentours tout en remarquant ce cher Georg von Lutgardis.
Aaaah, les von Lutgardis ! Une si belle histoire d'amour qu'est la relation entre nos maisons ! Vraiment, je ne me lasse pas de leur présence, ils sont d'un divertissant ! Je ne manquerais pas d'aller lui transmettre mes amitiés une fois l'audience close, et c'est ainsi que je continue mon inspection pour m'attarder devant un couple que je ne connais que trop bien.
Je perds mon sourire, et faisant fi des convenances -le roi n'étant toujours pas en notre présence-, je me relève en saisissant mon couvre-chef.

Une fois à la hauteur du couple aux portes de la cinquantaine, je lui adresse un salue, sincère pour une fois, en portant mon chapeau sur le cœur.

"Monsieur le bailli, madame de Brightstone, je lui ai fait parvenir les plus belles orchidées que j'ai pu trouver dans ce bas-monde. Elle les adorait."

J'esquisse un sourire navré envers mes interlocuteurs et repart prendre ma place, le haut-de-forme sur les genoux et le regard perdu dans mes pensées.
Pourquoi a t-il fallu que je perde ma bonne humeur !


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Message par Flinson Steelwood Sam 23 Juin - 5:14

Plusieurs minutes plus tard.


"Messieurs, veuillez vous lever pour le roi de Gilnéas !"

A contrecœur, je daigne enfin relever mon séant de mon siège. Combien de temps ais-je rêvasser ? Je ne saurais le dire. A vrai dire, je m'en fiche, l'important est que l’audience va commencer et que je pourrais quitter au plus vite ce maudit lieu.
J'arque un sourcil alors que sa majesté entre dans la salle et prend place à son trône, tandis qu'il abaisse la main, signifiant que nous pouvons en faire de même.

Et ce n'est pas sans déplaisir que je me laisse retomber sur mon fauteuil. Diantre qu'il m'agace ! Comment peut-il seulement se penser notre supérieur ? Tout le monde sait que cette place me revient, et je ne parle pas du trône. Je laisse cette ineptie aux stupides.
Mais que voulez-vous ? Les idiots et les ignorants sont les seigneurs de ce monde, et la preuve se tient assise face à moi.

Le chancelier du roi reprit la parole :

"-L'audience d'aujourd'hui aura pour sujet la réhabilitation de la ville roturière de Gravewall, ayant été mise à mal durant les dernières secousses sismiques. Le vicomte de Gravewall représentera son fief et ses intérêts. Mr. Steelwood représentera l'opposition.

-Merci, chancelier. Votre majesté, comme vous le savez, notre si beau pays est régulièrement victime depuis plusieurs semaines maintenant d'importants troubles d'ordre sismiques.
Si la capital, ou la cour de votre grâce, ont su bénéficier du génie de grands architectes, je me dois cependant de déplorer la qualité de la construction des bâtisses du comté que votre majesté m'a confié il y a de cela vingt années. Je ne voudrais vous impatienter sur les détails techniques, votre grâce, et il me suffira de vous avouer que les fondations de nombres des habitations locales n'ont simplement pas supporté les derniers affres de notre terre.
J'implore par conséquent que votre majesté accepte d'allouer à Gravewall la disposition de trente de ses maçons, et de cinq de ses maitres architectes, afin de remettre en l'état le fief de votre majesté.


-Il n'est pas plus fervent partisan de la préservation des intérêts et du bien-être du peuple de votre majesté que ma personne *dis-je en me levant, ménageant mon entrée en piste* Et si je suis toujours ravi de tendre la main à mon prochain, je crains que la demande du vicomte de Gravewall ne dépasse les limites de l'entendement. En effet, votre grâce n'est pas sans savoir les difficultés que nous rencontrons actuellement avec les worgens. Ces aberrations massacrent les sujets de votre majesté, et pillent sans mesure ce qui leur est donné de détruire.
J'en viens donc à m'interroger sur le bien-fondé d'accorder l'aide escomptée au vicomte...
Accéder à sa requête signifierait, plus que de mobiliser un personnel indispensable à la capitale, de dépenser de colossales fortunes dans l'acheminement de matériaux jusqu'au fief de Gravewall.
Pécule que votre majesté pourrait investir dans la formation et l'entretien de sa garde royale, ou de sa milice urbaine.


-Veuillez m'excuser, Mr. Steelwood, mais le rapport me reste obscur. Gravewall est une ville indispensable à la couronne ! En outre, nos productions de marbre et de basaltes répondent à plus de trente-trois pour cent des besoins du pays. Il est tout bonnement inenvisageable de laisser ses habitants sans un toit.

-Oh, loin de moi l'idée de remettre cela en question ! Néanmoins, je ne fais que mettre en exergue une logique saisissante. Mieux vaut-il un peuple logé ou un peuple en sécurité ? Vraiment, à quoi bon construire des logements pour des personnes qui seront probablement mortes des griffes des worgens ? *Je me retourne vers le roi* Votre majesté, je vous recommande vivement de rejeter l'offre du vicomte de Gravewall, il serait tellement plus sage de garder votre trésor à l'abri, dans les caisses royales.
Soyez assuré, monsieur le vicomte, que je suis le premier à compatir envers les malheureux sinistrés de votre fief, néanmoins, je pense qu'il s'agit là d'un mal acceptable. Le confort de vos gens ne prévaut pas sur la sécurité de notre pays, vous ne pouvez qu'être d'accord avec moi.
"

Je toise le vicomte de ma superbe, me délectant de sa rage vainement dissimulée sous un sourire faux. Mais, hélas pour ce pauvre nobliau, j'ai raison. Comme toujours, à vrai dire. J'observe le roi débattre avec son chancelier, avant de demander l'avis de ses autres conseillers.
Après plusieurs minutes de débat intense, le chancelier se retourne vers l'assemblée.

"La couronne estime ne pas disposer des moyens suffisants et nécessaires à la réhabilitation de la ville de Gravewall. Ses habitants devront en référer aux seules dispositions de son vicomte, et l'entière responsabilité de leur sécurité sera imputée à ce dernier.
Néanmoins, la cour mettra à disposition un total de sept maçons à la faveur du bourg.
"

Je me retiens de glousser, mais je ne m'empêche pas de me féliciter moi-même. Une autre victoire, rien que ça ! Vraiment, ne suis-je pas fabuleux ?
Oh, les pauvres ères de Gravewall auront probablement la vie dure durant les prochaines semaines. Mais après tout, qu'importe la plèbe ?


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Message par Flinson Steelwood Dim 1 Juil - 5:15

Musique




Cour de Gilnéas, an 31,
Quelques jours avant la chute du mur de Grisetête.


Me voilà réuni dans une salle de la cour du roi, jouxtant les appartements royaux, en compagnie de la plupart des hauts-dignitaires de la contrée ayant pu faire le déplacement jusqu'au manoir de Grisetête. Tous ont les nerfs à fleur de peau. Quoi de plus compréhensible ?

Depuis plusieurs jours, les incursions et attaques worgens avaient redoublé d'agressivité. Non content de piller auparavant, ils allaient jusqu'à s'introduire dans la capitale, désormais ! Et malgré les actions réprobatrices de la garde, de la milice, des chevaliers sur place, et en dépit du concours des industries dans la chasse de ces aberrations, rien n'y faisait.
L'engeance worgen prenait du terrain de jour en jour. D'ici peu, la ville serait en proie à la panique. Le centre-ville tomberait, la vieille ville itou. Le port ne tiendrait pas un jour, peu fortifié qu'il était.

Mais la capitale nous importait peu. Notre réunion du moment, effectuée en dehors de l'accord de la royauté, et officiellement enregistrée comme une visite de courtoisie, ne concernait personne d'autre que nos bonnes personnes, et nos familles.
Que de notables, dans cette salle !
Moi le premier, s'ajoutait à ma superbe le patriarche Georg Von Lutgardis, des proches comptant parmi les familles Godfrey et Waldem. Se trouvait également le duc de Vinderin. Plus loi l'archevêque de Tullbridge, accompagné de l'ambassadeur De Gomaltown, auxquels s'ajoutaient d'autres tête plus méconnues.
Tel baron de ci, tel bailli de mi. A vrai dire, je me contrefiche bien assez de ces personnes.

"-Aux dernières nouvelles, les worgens auraient percé les portes de la capitale, et se seraient rué dans le quartier de la prison. *dit le duc de Vinderin*

-Vous plaisantez ? Les murs de la ville tiennent sans problème ! L'engeance s'est littéralement écrasée face à la supériorité redoutable de la milice urbaine*reprit l'archevêque de Tullbridge.

-Peu s'en faut de la capitale, je sais pour ma part de source sûre que le comté de Gravewall est tombé. Surpris dès les premiers jours par des attaques côtières, et face à l'inefficacité du vicomte à assurer leur protection, les quelques habitants à ne pas s'être fait massacrer par la première vague se sont rendus en la demeure du vicomte pour le passer par le fer, lui et sa famille.*ajouta l'ambassadeur de Gomaltown.

-La faute à qui, je vous prie ? *dit l'évèque de Tullbridge en portant un regard inquisiteur en ma direction*

-Je vous demande pardon, votre excellence, mais rappelez-moi seulement l'objet de votre présence en ces lieux ? Mieux encore ! Rappelez-moi le pourquoi de cette réunion ? Nous savons tous que nous sommes réunis ici afin de discuter de notre pérennité commune, non pas du sort de quelques plébéiens à l'autre bout du pays.
Je l'affirme haut et fort, je ne suis ici que pour ma personne, mais ne venez pas me condamner pour un crime que vous avez l'outrecuidance de commettre en même temps que moi, archevêque."

Oh, j'ai bien pris soin de ne point user de la formule le désignant. Après tout, je n'ai jamais pu le souffrir, cet évêque. La Lumière ? Quelle stupidité. Je défi quelque paladin que ce soit de venir affronter l'un de mes chars de sièges. Oh pour sûr, les explosions leur donneront leur quota de lumière pour l'année !

"-Vous n'êtes qu'un immonde rampant, Steelwood ! Je ne supporterai pas de vous voir une seconde de plus, alors que vous n'êtes qu'un petit membre du Tiers-Etat !

-Le petit membre du Tiers-Etat est en mesure de raser toutes vos ridicules prop...

-SILENCE ! Messieurs, je vous en prie ! Silence ! *s'imposa l'ambassadeur de Gomaltown*
En ce moment-même, les worgens pillent, massacrent et dévorent nos proches, nos familles ! Nous n'avons aucun instant, aucune seconde à accorder à vos chamailleries ! Nous devons trouver une solution au plus vite ! Il en va de la survie de toutes les grandes maisons de Gilnéas !"

Le silence est lourd. Un ange passe, tandis que tous, nous nous dévisageons. Aucun n'ose prendre la parole, moi le premier, trop outré que je suis de ne pas avoir pu rabaisser mon interlocuteur en bonne et due forme.
Quand enfin je cesse de pester dans mon coin, une idée fleurie dans mon esprit. Néanmoins, je préfère laisser le soin à mes semblables de s'exprimer. Une fois forts de leurs propositions, je ne serais que trop aise de les démolir une par une.

"-Nous devrions peut-être tenter de joindre Quilleport ? Il est possible que le bourg ne soit pas encore pris, et alors, aucun mal ne nous empêchera de fuir le pays.*proposa le duc de Vinderin*

-Vous partez d'un postulat non-vérifié. Je ne prendrais pas le risque de tomber nez à nez avec une horde de sauvages sanguinaires.*rétorqua l'ambassadeur de Gomaltown*

-Le manoir de Grisetête pourrait tenir, ne pensez-vous pas ? Certes, il est fait de bois, mais ces rustres ne maitrisent pas le feu, aux dernières nouvelles.*renchérit l'archevêque de Tullbridge*

-Ou alors, nous pourrions tous choisir la solution de simplicité, et la seule raisonnable en l'espèce. *je souris follement*. Mes chers amis, je vous invite humblement à joindre ma demeure en compagnie de vos proches. Je suis persuadé que vous avez entendu les rumeurs tournant autour de la citadelle de Farway ? Laissez-moi vous assurer qu'il s'agit là de bien plus que de simples bruits de couloirs. De fait, je puis décemment me targuer d'avoir la demeure la plus à-même d'assurer notre survie, à tous."

Le silence retombe. Tous acquiescent. Malgré mon mépris flagrant et ma pédanterie apparente, s'il est bien une chose sur laquelle tout un chacun s'accorde, c'est la réputation imprenable des collines de Brocebury et, plus encore, de la citadelle en possession de ma famille. De fait, le manoir de Brocebury ressemble bien plus à une forteresse militaire qu'à une maison de quelque membre de la haute-bourgeoisie Gilnéene.
Néanmoins, je me gausse de les voir s'accorder sur ma proposition. Je ne suis pas dupe. Ma propriété finira par tomber, c'est inévitable. J'ai passé ces derniers jours sur le terrain, à chasser le plus de ces "worgens" possible.
Il sont tout bonnement... impossibles à stopper. Le pays est voué à sa perte, la seule solution est de le fuir. Mais je vois là une occasion de me débarrasser de mes plus grands rivaux. Si tant est qu'ils mordent à l’hameçon...
Et loin de m’arrêter là, je décide de faire d'une pièce deux achats.

"-Mais... bien que je serais ravis de pouvoir accueillir tous mes confrères et semblables en ma demeure, et que je serais tout bonnement comblé de m'assurer personnellement de leur sécurité, comprenez que je ne suis qu'un homme ! En outre, je suis tout simplement dans l'incapacité de déjouer les lois de la physique moderne, et à moins que l'un de vous ait récemment trouvé le moyen de dépasser les limites que le volume de mon manoir impose, je crains devoir instaurer un "numerus clausus d'invités"...

-Je vous demande bien pardon, Steelwood ?

-Et bien, comprenez que, en toute logique, il est nécessaire de préserver en priorité l'élite de notre société. Seuls les membres de notre pays parmi les plus aisés pourront se permettre de s'offrir le privilège de survivre.

-Vous comptez faire monnayer l'entrée de votre propriété ?!

-Monnayer ? Non, loin de moi cette idée. Ce serait là votre juste assurance.

-Steelwood, chien galeux !"

C'en était trop pour l'évêque qui se jette littéralement sur moi pour m'asséner un cruel direct du droit. Je ne pensais pas les hommes de foi capables d'une telle énergie !
Chutant au sol en me tenant la mâchoire, je l'observe se débattre au sein de plusieurs membres de l'assemblée le maitrisant, car celui-ci semble bien enclin à continuer son œuvre envers mon auguste.

"Mon cher, je crains fort que vous ne veniez de nous démontrer à tous que vous ne pouviez prétendre faire partie de cette... élite sociale. J'escompte sincèrement, pour vous et votre famille, que les murs de votre évêché se montreront plus résistants que les miens. Vous pouvez disposer.
Si certains parmi vous estiment être en mesure de pouvoir s'offrir ma protection, n'hésitez pas à faire preuve de pertinence. Voilà votre unique chance de survie."



Dernière édition par Flinson Steelwood le Ven 14 Mar - 7:20, édité 6 fois
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Message par Flinson Steelwood Dim 8 Juil - 2:59

Quelques mois auparavant,
Durant le cataclysme an 31, manoir de Brocebury.


Musique


"-Où est De Blandières ?!
-Il se trouve au bas de la route menant au manoir, Mr Steelwood. Avec le reste de votre sureté, d'ailleurs.
-Qu'en est-il de leur situation ? Parviennent-ils à contenir le peuple ?
-Et bien, ils sont clairement en sous-nombre, mais le déploiement de deux de vos "vindictes populaires" les tient relativement calmes. D'autant plus qu'un mouvement de foule fut réprimé par le feu.
-Qu'ils continuent ainsi. Empêchez-les d'entrer, nous n'avons plus de place et que faire de la plèbe. Et faites revenir le marquis !"

Je peste. Malgré toutes nos préparations, l'attaque worgen, sublimée par la percée du mur et l'attaque côtière des réprouvés nous a pris au dépourvu. Si la plupart de mes invités ont su se rendre à temps en ma demeure, plusieurs d'entre eux auraient été attaqué sur la route menant jusqu'en mon manoir. Le trajet n'était plus sûr, et ils l'avaient payé de leurs vies...
Et moi de leur argent ! Diantre, j'aurais du mandé un paiement par avance ! Combien ais-je perdu avec la mort de ces imbéciles ?!

Mais je décide de passer outre ces petits contretemps. Mon manoir, sans être assailli encore par les worgens, ou les réprouvés- est actuellement en proie à des afflux monstres de la part des populations locales. Il semblerait que les rumeurs concernant ma bonté et ma protection leur soient parvenues aux oreilles. Peut-être ont-ils cru à tort que je leur tendrais la main.
Les crétins.

Me retournant de la baie vitrée par laquelle j'observais les monts en contrebas, je me hâte en direction de la grande salle de ma demeure. Tous mes convives y ont été rassemblés. Du moins, tous ceux qui ont réussi à nous rejoindre. Je suis dans l'obligation de tenir un discours, en tout bon hôte que je suis.
Visiblement, cela serait pour "rassurer nos invités". Bah ! Ce serait leur mentir. Ce que je fais de mieux, après tout. Quoique tout ce que j'entreprenne soit fait à la perfection, cela dit.
Dans un large mouvement de mon manteau en feutre bordeaux, je monte quelques marches de l'imposant escalier de marbre, recouvert d'un immanquable tapis rouge. Je me retourne ensuite vers la foule de nobles, bourgeois, magistrats et autres notables rassemblés chez moi.

"Mes chers amis, je suis tout bonnement ravi de vous savoir en mes murs ! Permettez-moi de vous assurer que vous êtes ici chez vous, et en la plus totale sécurité ! Je vous en prie, quittez donc cette angoisse que je ne saurais souffrir. La famille Steelwood a toujours mis un point d'honneur à revêtir à la perfection leur tablier d'hôte, et j'entends bien que chacun d'entre vous sorte indemne des horreurs qui chamboulent notre pays.
Si vous voulez bien m'excuser, je m'en vais retourner à l'élaboration de votre confort.
"

Je me détourne en m'étonnant de ne pas recevoir les ovations auxquelles je m'attendais. Bien que le contexte puisse expliquer leur absence, c'est tout de même intolérable. Mais soit, après tout, pas une seule vérité n'a quitté ma bouche lors de cette annonce.
L'un de mes serviteurs vient me rejoindre en courant au détour d'un couloir, il me hurle littéralement que le marquis de Blandières est arrivé, et nous fonçons tous deux à sa rencontre.
Je l’aperçois. Oh, il est rentré, en effet. Seulement, il se trouve gisant au milieu de quatre membres de ma sureté. Tous sont penchés sur lui, se beuglant divers ordres, quémandant de ci de là bandages, baumes et gazes.
Je m'approche précipitamment en écartant plusieurs d'entre eux, me laissant choir à genoux aux côtés de De Blandières.


Musique

Le marquis a décidément connu de meilleurs jours. Son cardigan est ouvert, et sa chemise a été déchirée au niveau du cou. La gorge du marquis est atrocement mutilée, ouverte qu'elle a été par quelque rustique objet. Au rythme de ses soubresauts ruissellent des gerbes de sang hors de son cou.
Je me relève en hâte et leur crie de rameuter tous les médecins, apothicaires et chirurgiens possible. Il doit bien s'en compter quelques-uns parmi tous les notables présent.
Mais si le sort du marquis m'attriste grandement, je dois en faire abstraction pour le moment. J'ai plus d'un problème à résoudre, et je n'entends rien en médecine.

Alors que je cours le long de mes interminables couloirs et corridors ouvragés, une secousse terrible m'envoie contre un mur, m'écrasant sur un tableau de maitre ayant couté une fortune et représentant ma famille.
Secoué par le choc, et propulsé au sol par la violence de la percussion, je me relève à moitié, toujours sur un genou, en titubant.
Que vient-il de se passer ? Impossible à dire. Je n'avais jamais connu pareil tremblement. Même les plus imposants obus de mes industries ne pouvaient espérer provoquer tant de secousse.
Et si mes produits n'en étaient pas capables, ce ne pouvait donc pas être worgens ou réprouvés.
Qu'était-ce, alors ?

Passant devant une fenêtre brisée, je jette y œil à l'extérieur en m'appuyant contre le bord de chêne. J'écarquille alors de grands yeux derrière mes bésicles mécaniques. Devant moi, où se tenait auparavant la vallée de Stozenfels, où trônait le manoir Von Lutgardis par ailleurs, ne se trouvaient plus que ruines et désolation. La secousse avait littéralement balayé les bourgs. Moulins, ponts, villages et routes gisaient, éventrés, effondrés et terrassés. Même les...

Une deuxième secousse, plus violente encore que la précédent, me projette avec une force telle contre la paroi de la fenêtre que j'en sombre dans l'inconscience.
Pour ne me réveiller que quelques minutes plus tard, sous des sons parfaitement incongrus à mon oreille embrumée. Alors que ma vue récupère, et que mes sens s'éveillent à nouveau, je constate que ma sœur se tient au-dessus de moi. C'est donc à elle que je dois mon réveil.
M'aidant à me relever, elle me mène de nouveau à la fenêtre afin de me faire comprendre la situation.

Si la vallée de Stozefels avait souffert de la première secousse, la deuxième l'avait littéralement effacé de la surface d'Azeroth. Et pour cause : la mer se tenait à sa place. L'océan venait d'empiéter sur la terre, engloutissant tout le fief de la vallée. Incrédule, j'observe les terres englouties en dépliant les oculaires de mes bésicles, zoomant sur la région sinistrée.
Quelle arme était donc capable d'un tel anéantissement ? C'était tout bonnement invraisemblable. Et alors que ma sœur me conduisant aux cuisines du manoir, je n'avais de cesse de la questionner. En vain, elle n'en savait pas plus que moi.

"-Et les Brighstone ? Sont-ils... arrivés ? Je... n'ai pas souvenance de... de les avoir vu *dis-je avec difficulté, encore sonné*
-... Je suis navrée, Flinson. Leur fiacre aurait été attaqué en route."

Je vois... Quelle tristesse, alors que j'avais insisté pour qu'ils ne paient pas leur place en ma demeure, leur avouant que je ne saurais faire monnayer la survie de mes anciens futurs beaux-parents.
Oh... Tout allait mal. Vraiment tout.

"Le marquis de Blandières a été conduit à notre embarcation. Les médecins ont réussi à le faire entrer dans un état stationnaire."

Enfin une bonne nouvelle ! Nous nous dirigeons aussi vite que permis vers les cuisines. Et une fois à l'intérieur, nous nous précipitons en direction de la cave. C'est dans ce sous-sol que nous approchons d'un tonneau de vin tout ce qu'il y a de plus banal. En apparence tout du moins : en effet, sur le côté de ce dernier trônait un petit bouton, qui, une fois que nous l’actionnons, nous ouvre un passage dissimulé derrière la barrique.
Nous nous engouffrons alors dans un souterrain poisseux, seulement éclairés d'une lanterne que j'ai attrapé au passage alors que ma sœur me traine toujours, le bras sous mes épaules.
La traversée apparait interminable. Et ce n'est qu'au bout d'une éternité que nous apercevons une faible lueur au bout du tunnel, s'engouffrant dans le souterrain par les interstices d'une porte massive de bois, scellant la sortie du passage secret.

Une fois à son niveau, nous en poussons les battants, pour déboucher au sein d'une crique minuscule, bordée de part et d'autre de monts abruptes, dissimulant totalement son existence.
Là, au milieu de la baie trône une esquif des industries Steelwood, ni trop imposante, ni trop frêle.
Les membres de ma sureté, ainsi que mes serviteurs parmi les plus efficaces et loyaux nous attendent, transportant le marquis de Blandières sur une civière.

Déjà, des cris se font entendre, derrière nous, précédés de bruits de verre brisé et de bois craqué.
Ma demeure... Cela avait débuté, elle avait cédé. Oh, la tête que devaient faire mes invités. Mais après tout, ils ne pouvaient s'en prendre qu'à eux-mêmes. Il fallait être stupide pour ne pas s'être rendus compte que le pays était condamné.

Et, alors que nous embarquons sur le bateau à vapeur qui, je l'escomptes bien, nous emmènera en des lieux plus sûrs, nous apercevons de la fumée s'élever de par derrière les monts de la crique. Les échos de la panique nous parviennent aux oreilles, et c'est sans un seul remord que je me détourne du sinistre spectacle pour ordonner le départ.
Et, tandis que notre navire prend le large, abandonnant Gilnéas à son triste sort, je ne peux m'empêcher de sourire.

Et bien oui ! Après tout, quel magnifique bilan vais-je pouvoir établir de la chute de mon pays !
La fin de Gilnéas induit l'ouverture sur le monde de mes industries.
La fin de l'autarcie qui m'entravait induit l'implantation de mon empire sur tout Azeroth.
La chute de mon manoir m'avait permis d'obtenir une coquette somme, en plus de m'offrir la mort de la plupart de mes concurrents et ennemis. Oh, tous ne l'étaient pas ! Mais ce n'étaient là que dommages collatéraux.

L'arrivée des industries sur le reste d'Azeroth promet. Oh oui, nous allons grandement nous plaire, dans ce monde si ouvert.


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Message par Flinson Steelwood Ven 10 Aoû - 1:13

Chapitre second : Silhouettes fuyantes


Musique


Bois de la Pénombre,
un an après le Cataclysme, an 32.



Délicat déclic détrôné derechef d'un détonnant coup de feu. Gerbes de vapeurs et de poudres noirs, faisant écho à la détonation dans une mélopée de cliquetis et de pistons réarmant une nouvelle cartouche, tandis que les bruissements d'ailes de dizaines de rouge-gorges et piverts s'envolant dans le lointain entament un canon au concerto de sonorités ambiantes.
Et enfin, la chute. De la mélodie, comme de la proie.

Je repose mon mousquet "Immunité Diplomatique" en travers de mes cuisses, tenant fermement les brides de mon étalon de chasse d'une main, tandis que de l'autre, libérée du fusil, je triture les mécanismes de mes bésicles.
Dans un enchainement d'ingénieux engrenages, la fine mécanique s'active, dépliant les nombreux oculaires de visée des bésicles, m'offrant un plus bel aperçut de mon œuvre :
A une centaine de mètres, un gougnafier de worgen râle, prostré au sol dans une pose ridicule, replié sur lui-même, une "main" griffue en travers de son échine, tentant vainement de stopper le trou béant laissé par mon mousquet.

Je détourne le regard de ce si charmant spectacle, observant Mr. Grayson, mon limier colossal.
Celui-ci, et en dépit de sa massive constitution, arbore un air placide et serein, presque... ennuyé.
Mais que l'ignorant soit vite détrompé ! Derrière cet air de sympathique mastiff à poil court se cache un molosse redoutable. Et ce n'est pas ma proie qui viendra vous dire le contraire, alors que, d'un simple hochement de tête en sa direction, Mr. Grayson s'élance sur lui, tous crocs dehors, refermant sa féroce mâchoire autour du mollet du worgen.
Hurlement strident, grondement de rage suivi de couinement plaintif. C'est d'un agaçant... et d'un régal à la fois. Je mets pied à terre, approchant de mon trophée encore en vie.

Oh, quelle vision dois-je offrir à ce manant, au sein de ce si sombre bois, avançant en souriant sous mon écharpe, emmitouflé dans mon long pardessus de feutre noir, ganté et chapeauté, tandis que l'ombre me tient compagnie d'arrière-plan.
D'aucun aurait vu en moi un fou, ou un justicier. Point s'en faut, seulement la perfection. Rien de plus, rien de moins.
J'avance, encore. Et tandis que je me rapproche, évitant les basses ramures des sous-bois, esquivant les branches de quelques aguichants buissons, je dessangle le revolver de ma cuisse, armant le chien dans un déclic significatif.

Soudain, je m'arrête ! A quelques mètres à peine de ma proie, mon cheval derrière moi, et Mr. Grayson pour seul escorte. Personne d'autre ne m'accompagne. Pas même De Blandières. Je mets un point d'honneur à me faire fort de mes propres affaires par mes seuls moyens.

Nous restons ainsi un moment, moi debout, lui cramponné à ses blessures.
Moi figeant mes bésicles et leur éclat électrique dans le jaune de ses yeux, et lui ses prunelles paniquées dans la mécanique de mon regard.
J'y lis l'incompréhension, la peur, la zizanie et la haine. Je souligne chacune de ses émotions en me languissant de leurs effets.
Fou ? Non. Simplement chagriné. Si vous saviez ce que la mélancolie peut faire d'un homme !
Nous restons ainsi un moment, muets.
Moi souriant, lui grimaçant.
Moi masqué sous les lainages de mon écharpes, lui sous les poils de son museau.
Nous restons ainsi un moment, sous les langages de la forêt. Seuls quelques timides rayons de soleil osent braver les épaisses frondaisons pour aventurer un regard prudent sur notre scène.

Et après nous êtres envisagés, jaugés l'un l'autre, il se décide à ouvrir la bouche. Bien entendu qu'il pouvait parler, ce n'est pas une vulgaire malbête des bois que je poursuis à cette heure !
Je choisis toujours mes cibles avec précaution.

"-St-Steelwood... Que... comment ? *râle t-il en deux crachats de sang*
-Allons, contentons-nous du minimum, monsieur l'archevêque de Tullbridge. *dis-je en rabaissant ma lourde écharpe, des vapeurs de condensation quittant mes délicates lèvres sous l'air frais de l'aube* J'ai eut la courtoisie de ne point vous abattre, je vous serais gré de me rendre la pareille dès à présent.
-Je... ne comprends rien. Steelwood, vous êt...
-Silence. Vous n'avez plus votre évêché pour vous protéger, désormais. Et j'entends bien apprendre tout ce que vous savez sur l'attaque de mon fiacre, sur la route de Silverway, voilà de cela deux ans.
-Plait-il ? *toussant, il reprit*
-L'affaire de Brighstone. Mr. Grayson, je vous prie."

Et le molosse de resserrer plus fort sa mâchoire autour de la jambe qui tient plus du moignon désormais, nous offrant ainsi un effroyable hurlement de haine et de douleur de la part de l'ancien archevêque gilnéen.
Bigre, si je ne le supportais déjà pas du temps de notre pays, qu'il est devenu exécrable, depuis sa malédiction lupine !

"-Espèce d...
-Allons, allons. Répondez simplement : votre mépris envers mon auguste est notoire. Avez-vous commandité cette attaque ?
-Steelwood, vous n'êtes qu'un fou furieux, je n'...
-Avez-vous commandité cette attaque ? *me répètes-je*
-Chien galeux, pauvre fou ! *hurle t-il à mâchoire crispée de douleur*
-Qui a ordonné le traquenard ?! *m'emportes-je*
-La démence vous empor...
-QUI M'A PRIS ÉLISE ?! *piaille-je, yeux exorbités sous mes bésicles*"

Un ange passe. Il me regarde, incrédule, sa peur renforcée par mon absence soudaine de maîtrise. Je soulève mes lunettes mécaniques, passant lentement la main sur mon divin visage.

"Steelwood, je n'ai rien à voir avec cett..."

Second déclic, précédant une nouvelle explosion de poudre noir. Il me fixe, anéanti, tandis que je lui fais face, pistolet brandit vers son cœur, canon fumant et impassibilité pour masque sur mon sublime faciès.
Il baisse lentement le menton vers sa poitrine, découvrant avec effroi le cruel sillage laissée par la balle, mordant la chair, perçant les côtes et déchirant le palpitant. Il n'a même pas le temps de balbutier qu'il s'écroule. Et ainsi se termine véritablement l’évêché de Tullbridge.

Je reste un moment immobile, le bras ballant contre ma jambe, à lorgner sur l'infâme carcasse de l'immonde worgen.
Je reste un moment impassible, à ressasser mes souvenirs, le regard perdu dans la blessure létale de l'ancien notable gilnéen.
Je reste un moment invisible, oublié du monde, seulement accompagné de Mr.Grayson, son air fatigué et ennuyé au museau.


Dernière édition par Flinson Steelwood le Sam 23 Fév - 23:09, édité 1 fois
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Message par Flinson Steelwood Jeu 16 Aoû - 0:48

Musique

Carmines,
Plusieurs heures plus tard, an 32.


Les portes de ma demeure s'ouvrent lentement, au rythme de ma démarche un chouïa chancelante. Tandis que je pénètre vaguement dans mon manoir, une main repliée contre ma hanche, serrant frénétiquement une plaie que je n'avais jusqu'alors envisagé, je congédie vivement les rares serviteurs présents dans le hall, me dirigeant vers le coin de la salle.

Je ne prends pas le temps de m'émerveiller une fois encore devant la beauté de l'entrée de mon manoir. Situé dans les vals des Carmines, c'est un véritable bijou d'architecture, s'incrustant à merveille dans le paysage poussiéreux et désolé de la région.
Et le hall ne déroge pas à l'ensemble : de ses arcades comme de ses vérandas, de ses baies vitrées comme de son lustre improbable suintent l'ostentatoire et la démesure, le luxe et le goût de la perfection. Tout, absolument tout est travaillé pour se marier à merveille, dans une alliance de teintes rougeâtres, du bordeaux au vermeil, marron et beige, noir et doré !
Tentures, armoiries, statues et tableaux de maître, autant d'éloges à ma grandeur et celle de ma famille.

Hélas, je n'ai pas le temps de m'attarder sur ma superbe. Désormais seul, je marche difficilement en m'aidant de ma canne, comprimant la morsure enlaidissant ma hanche droite. Oh, ne vous avais-je pas dit ? Ce manant de Tullbridge aura eut le temps de me désarçonner en me saisissant de sa mâchoire, avant que je ne l'eus pris en chasse.
Allez savoir si ce fut l'adrénaline, ou bien le désir de justice peut-être, toujours est-il que j'ignorais la blessure.
Jusqu'à maintenant.
M'affalant lourdement dans un énorme et confortable siège de cuir, sous les échos de ma canne chutant au sol, j'ose un regard par-dessous ma main délicatement gantée, et outrageusement ensanglantée.

Sont-ce les brumes du délire furetant mon esprit, qui alors que je devrais m'occuper au plus vite de cette vilénie, me rappellent à quel point jusqu'à mon simple sang est divin, sublimant la somptuosité de tout mon être ?
Je me prends d'un gloussement hystérique et fatigué. Je suis las, las... Blessé et éreinté, loin s'en fallut pour expliquer mon désemparement. Pis que mon émoi, je ne suis pas plus avancé. Tullbridge ne savait rien. Foutrement rien. Sa mort ne m'aura même pas amusé, à vrai dire. Même si, de notre temps, il se complaisait à me mettre des bâtons dans les roues.

Déchirant avec dégout le bas de mon cardigan, élargissant les déchirures du tissu, j' aperçois plus en détail l'ampleur de mon état.
Le manant ne m'a décidément pas manqué : une large plaie en arc de cercle ceigne la totalité de ma hanche, mordant amèrement flanc et bassin, empoissant mes frusques, chausses et chemise.
La profondeur n'est pas assez prononcée pour que ma vie soit en danger, néanmoins la douleur ne semble pas l'entendre de cette manière, tant elle semble prendre un malin plaisir à m'étreindre.

Je laisse retomber ma nuque contre le dossier, exaspéré. Un moment durant, je me complais à ne rien faire, fixant une œuvre représentant ma famille au complet lors de mon enfance...
Et cette vision achève de me faire souffrir.

Retirant mes reliquats de cardigan, je m'en sers alors comme d'un linge de fortune, comprimant la plaie malicieuse tout en me saisissant directement d'un millésime hors de prix trainant non loin telle une vulgaire piquette. Débouchant le liège, je porte le délicat spiritueux à mes lèvres, paupières closes et sourire au visage.

Je sombre alors dans un sommeil serein. Revivant une époque où mon bonheur ne dépendait pas d'une simple histoire de complot manqué, où il me suffisait de me réveiller pour sourire.
Probablement le fruit des vapeurs d'alcool, toujours est-il que je ne me serais jamais imaginer nostalgique, ou pire ! Sentimental.
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Message par Flinson Steelwood Jeu 4 Oct - 11:05

Musique

Foire de Sombrelune, localisation exacte inconnue.
An 32.



Cet endroit est fantastique. Vraiment. J'ai toujours aimé les arts, j'ai par maintes fois soutenu les activités des foires. J'ai même une fois financé le lancement d'un cirque. Mais je n'imaginais pas un jour observer l'immensité de Sombrelune.
Oh, j'avais beaucoup entendu parlé de cette troupe, qui à l'origine voyageait en Azeroth. Mais mu curiosité avait été piqué au vif tandis qu'autour d'un banquet de je-ne-sais-quel-notable, l'on mentionna que le dirigeant de la foire -un certain Silas-, aurait vu plus large dans l'élaboration de ses divertissements.

C'est donc avec précipitation que j'avais fait atteler mon fiacre en direction du plus proche transport en direction de cette mystérieuse île. Et quelle stupeur ne fut pas mienne lorsque aucun capitaine, pas même quelque mercenaire, ne put m'y conduire.
Oh, ce n'était pas qu'ils ne voulaient pas. C'est simplement qu'ils en étaient incapables. Ils m'assuraient ne connaître aucune île de ce nom. Les marins parmi les plus expérimentés secouaient la tête, tandis que timoniers vétérans ou matelots en ayant connu se contentaient de hausser mollement les épaules.

Je me rendais à l'académie de Hurlevent pour questionner quelque éminent érudit. Sans suite. Le nom de Sombrelune n'y était pas inconnu. Seulement, personne n'était rodé en la matière. Les seules informations récurrentes concernant le direction de la foire et son passé ambulant, mais rien vis à vis de l'île. Rien vis à vis de la création, de la tenue de la troupe. Il fallait que je creuse.
Après tout, la curiosité n'est-elle pas la plus belle des qualités ?

Et me voici, au milieu d'une foule foisonnant de toute part, à observer jongleurs, cracheurs de feu, comédiens et clowns. Admirant des représentations inédites, des danses exotiques et des chants poétiques, cependant que de ci de là, quelques humoristes se gaussaient face à un public hilare. Grands comme petits, elfes comme Hommes, tout le monde était émerveillé devant un tel spectacle.
A perte de vue s'étendaient les roulottes. Jusqu'à l'horizon fleurissaient les chapiteaux, les banderoles fusaient de toutes parts et les lampions brillaient de mille feux, sublimés par les incessants feux d'artifice dans lesquels je soupçonne un nuage de magie, au vue des symboles qu'ils affichaient en explosant.

Partout où je regarde, je ne vois que surprise et intérêt. Ce doit bien être la première fois que je me laisse autant transporté en dehors de mes activités industrielles. Aucun théâtre, aucun opéra n'a su accaparer mes esprits de la sorte. Aucun n'a été capable de me faire voyager à ce point.
Mais là où la plupart des visiteurs trouvent leur joie dans les attractions, ce qui m'intrigue, moi, ce sont bien les mystères de cette foire.
Que cache donc ce bois aux brumes si denses que l'on n'en aperçoit qu'une parcelle de la lisière ?
Que dissimule ces côtes aux rochers escarpés derrière leurs récifs meurtriers ?
Comment donc cette île est-elle accessible, en dehors des portails magiques ?
Et bon sang, où sommes-nous ? L'océan semble nous entourer, mais cette même brume qui ceint les bois alentours paresse au-dessus de la mer. Impossible d'y voir bien loin, même en usant de mes bésicles.

J'ai toujours vécu dans le luxe. Je snobe la plèbe et la pauvreté depuis mon plus jeune âge, à tel point que ce doit être inné. Je suis fait pour être parfait. Je suis né pour être le sommet de ce monde. Néanmoins, j'ai toujours apprécié les forains. Leur quotidien, leur mode de vie. La simplicité de leurs besoin.
J'ai connu une foraine, une fois. Charmante. Dérangée, aussi. Mais qu'importe.
Je me ballade tranquillement au sein des stands de nourritures, dont l'activité semble battre à tout rompre, acceptant en souriant une espèce de friandise filandreuse enroulée autour d'un bâtonnet, en offrant galamment à la vendeuse une pièce d'or bien au-delà du prix demandé, reprenant ma marche paresseuse.
Je goûte ici une boisson "gazeuse", me surprenant du procédé chimique formant la gazéification du liquide, tout en en savourant le goût original. Je tente ici une poêlée de crabe de l'île, accompagnée d'une sauce "à la Sargeras" qui ne manque pas de me faire rougir et tousser à en cracher les poumons, sous les rires du commerçant et des enfants du voyage nous tournant autour depuis quelques minutes.
Pour se faire pardonner, ou pour me jouer une nouvelle malice, le vendeur me propose alors quelques cuisses de grenouilles frites. J'ai toujours été très pointilleux sur la courtoisie, et il aurait été inconvenant de refuser, aussi l'ais-je remercier d'un signe de tête distingué avant d'emporter mon dû.

Et me voici de nouveau à flâner, canne dans une main et barquette de nourriture dans l'autre. Seulement vêtu d'un gilet noir en velours surmontant une chemise bordeaux à motifs de lys, le haut-de-forme vissé sur la tête et les bésicles sur le nez. Je furette sans prétention, loin des soucis d'Azeroth. Je me promène, serein et libéré. Quand soudain, une femme m'interpelle, sur le pas de sa roulotte.
En observant ses frusques, je devine tout de suite qu'elle doit se rapprocher des "arts" de la voyance. Je n'y ai jamais cru, sans être sceptique pour autant. Du moins, j'en connais les principales caractéristiques. A commencer qu'il est réputé que leurs praticiennes soient généralement âgées. Ce qui est loin d'être le cas d'espèce.
Cette demoiselle est ravissante. Sa chevelure bouclée d'un noir de jais rehausse finement ses prunelles d'un vert de pomme. Ses frusques, aussi exotiques que l'est la foire de Silas, lui offrent un charme certain là où, sur d'autres, elles n'auraient pas connoter le même effet.

D'ordinaire, j'aurais simplement sourit et aurait continué. Mais ne suis-je pas là pour m'amuser ? Je m'approche donc de la foraine, la saluant un instant en retirant mon haut-de-forme, cependant que mes cheveux en profitent pour battre l'air.
Nous échangeons quelques mots sans importance. Après quoi elle m'emmène au sein de sa roulotte, m'asseyant non pas face à une boule de cristal, comme je m'y attendais, mais devant une fenêtre ronde, donnant directement sur la forêt de Sombrelune.
J'observe un instant l'intérieur du lieu. Exigüe, étroit et branlant, la caravane n'en garde pas moins un charme avouable. Au murs sont tendus diverses tapisseries, la plupart aux effigies de la foire, mais trônent également sur des étagères quelques obscurs objets cérémoniaux.


Musique

Je n'ai pas le temps de m'y attarder que la voyante me tourne la tête face à la fenêtre en riant, m'intimant de me focaliser sur les brumes.
En échangeant une dernière plaisanterie avec ma tortionnaire, je consens finalement à observer la purée de poix en souriant. Ce qui me surprends de suite est la disparition des sons. Je ne sais pas pourquoi, mais je n'entends plus rien et, à vrai dire, je ne le remarque même pas. Non, mon attention est portée sur ce bois, et son brouillard. Ce dernier prend forme. Soudain, il s'approche ! Pis encore, il nous englobe ! Je ne vois plus rien que du blanc, du blanc et... oh, oui, du blanc. Je ne suis même plus assis. Enfin, j'ai l'impression ? Est-ce la réalité où l'effet d'une drogue ? Ou, plus inconcevable encore, la véracité de la "voyance" ? Non, je n'y crois pas. Mais alors, quoi ?

Je tourne sur moi-même. Rien. Mais, je suis trop original pour faire ce que tout le monde aurait fait à ma place : avancer. Je me contente plutôt de rester sur place, tendant l'oreille. En vain à vrai dire : je me rends compte en expirant ne plus émettre aucun son. En fait, je me surprends d'ailleurs à être immatériel : tandis que j'escomptais réajuster ma cravatte-foulard, ma main traversa outrageusement mon buste.
Voilà qui est intéressant. Peut-être suis-je mort, allez savoir ? Ce serait regrettable, et j'aurais au moins aimé m'en rendre compte. Ce n'est pas très poli de m'avoir assassiné sans m'en avoir avisé.

Et alors que je débats par moi-même de l'importance de la bonne éducation dans la société moderne, je m'arrête soudainement en entendant quelque chose. Un son, une infime semblance de bruit, mais quelque chose ! Je tends l'oreille : ça se rapproche ! Ça se distingue !
Et même de visu : une silhouette... non, deux... Trois !
Ici, une femme, clairement. Là, un enfant, soulevé par un homme qui doit probablement être son père et sur les bras duquel le marmot est assis et...
La vision s'affirme alors que je reste bouche-bée. Je connais deux des protagonistes qui me sont donnés : cette femme, c'est Elise de Brightstone. Ma fiancée, assassinée. Et cet homme... Et bien, une telle perfection, cela ne peut être que moi. J'imagine donc que l'enfant devrait être notre fils ? Ou notre fille, je ne saurais dire, son visage est engloutie de brume. Je m'intéresse plutôt à eux -ou nous, du coup ?-, les parents.
Oh, Elise. Toujours aussi splendide. Toujours ce petit quelque chose d'envoûtant. Cette prestance, cette tenue ! L'incarnation même de l'éloquence. Mon cœur s'emballe étrangement à sa vue. A son sourire, à sa beauté. Je ne peux supporter sa vision un instant de plus, et me tourne amèrement vers ce que je devine être mon moi potentiel.
Ce Flinson-là est étonnant. Surprenant même. Il porte une fine moustache en guidon de vélo, ainsi qu'un léger bouc. Ses cheveux sont attachés en une simple queue-de-cheval et il porte une paire de lunettes pince-nez en lieu et place de mes bésicles.
Mais le plus extravagant, c'est ce sourire dans lequel je ne me retrouve pas. J'y lis de la sincérité et y note de la gentillesse. Un chouïa de compassion et une once de bienveillance.

Que d'horreurs ! C'en est trop ! Je fais demi-tour et essaie de marcher le plus tranquillement possible, chamboulé par cette vision. Je me meus au hasard dans le brouillard, plus rien ne m'entoure hormis la brume. Et eût égard mon état d'âme, celle-ci vient d'autant plus m'inquiéter.
Et bien vite, le blanc de la brume prend la forme d'un blizzard. Une nouvelle vision ?
Je balaye les alentours du regard, tandis que la neige me fouette sans que je n'en ai aucun ressenti. Une série de cols et de ravins recouverts d'une épaisse couche de neige m'entoure.
Je cherche les acteurs de cette nouvelle représentation : un seul. Moi, encore.
Mais ce Flinson m'est beaucoup plus familier. La seule différence est qu'il est dans un état déplorable. Tout amaigri, engoncé qu'il est dans une épaisse tenue hivernale qui semble peiner à réfréner les ardeurs du rude climat malmenant mon semblable, il est allongé dans la neige. La nuque remontée sur un rocher gelé, les yeux cernés et fatigués : je n'y lis pas cet amusement qui m'accompagne.
Il m'observe, las, résigné. La respiration difficile, les yeux embués perceptibles au-travers de ses bésicles éteintes. Ses larmes ont gelé sur ses joues creusées, et son souffle se cristallise devant lui. Il reste ainsi un moment, sous mon regard, avant de clore définitivement les paupières
Et tandis que je le détaille, je remarque qu'il serre contre sa poitrine cette même montre de gousset qui trône dans la poche de mon gilet. Est-ce ainsi que je perdrais la vie ? Seul, au milieu d'un trou perdu enneigé ? Pas de mort héroïque ? De retournement de situation abracadabrantesque ? Pas d'exécution polémique ? De scandale politique ?

Si cet endroit est l'enfer, je dois avouer que c'est réussi. Ces visions sont insoutenables, et je commence sérieusement à perdre mon calme.

Et la situation empire. Ce lieu m'offre une dernière vision. Celle qui est paradoxalement la meilleure, mais à la fois la plus affreuse. Moi, et mes industries dans mon dos. Mes plus proches conseillers et mes plus fidèles superviseurs, en armes. Nous faisons face à une ville, dont les habitants dans leur totalité sont rassemblés devant nous. Un seul mot me vient alors à l'esprit : "coupables". Et c'est probablement ce qui motive mon autre moi et ses industries, alors que ceux-ci ouvrent le feu parmi la foule. Faisant peu de convenances des femmes, vieillards et enfants présents. Le feu s'abat sans distinction sur le quartier où est regroupé la population, prompt, rapide et efficace. Quelques minutes plus tard, il ne reste plus rien.

Oh, je vous arrête tout de suite ! Ce n'est pas l’exécution sommaire d'une ville entière qui me chagrine ! C'est le fait que mon moi alternatif ne semble pas le moins du monde satisfait, alors que la situation était claire : la ville représentait tous ceux qui auraient pu être impliqués dans le complot de Silverway. Tout ceux que, moi également, je désire voir périr. Je devrais donc en être ravi ! Enfin, mon autre moi, tout du moins ! Il a eu ce qu'il voulait, alors pourquoi donc cet air si triste ? Pourquoi demeure t-il les bras ballants, le revolver fumant au poing, en observant les ruines ?

Je n'ai pas le temps de me questionner davantage que la brume se dissipe d'un coup et que je me retrouve face à mon reflet dans la fenêtre ronde. Je me retourne vivement, en nage, pour observer la foraine qui me sourit toujours.
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Message par Flinson Steelwood Sam 3 Nov - 2:49

An 32, avant la découverte de la Pandarie et l’inauguration de la Circonscription.
Pont du Fuse-nuage, quelque part en mer.


Musique

Existe t-il plus douce mélopée que le vrombissements des moteurs ? Les cliquetis des pistons propulsant la machinerie ? Ou encore les fouaillements de l'air par les énormes pâles des hélices maintenant la canonnière "Fuse-Nuage" dans les cieux ?
Bien que la qualité de cette œuvre soit sensiblement risible vis à vis de mes propres créations, je dois tout de même concéder qu'elle sait faire preuve d'un bon goût remarquable.

L'on aurait crû voir un navire. Un fier steamer, au vu des différentes cheminées de fer et d'acier ornant les flancs et la coque. Un mélange de génie maritime nain et d'artisanat humain, alliant avec pertinence gris sobres et bleus royaux. Un régal pour les yeux, comme pour les oreilles et le nez. Les émanations de gaz fusaient de part et d'autre de la proue comme de la poupe. Les hélices battaient fièrement les cieux alentours en nous offrant une ambiance sonore délicieuse. Les odeurs de poudres et de cambouis flottaient tout autour de nous. Vraiment, tous les sens de n'importe quelle personne un tant soit peu sensée auraient dû être comblés. Quel plaisir que de voler, là, à plusieurs lieux au dessus des mers, avec pour seule compagnie que les nuages et de orgueilleux oiseaux, jouant avec la machine volante tel les dauphins avec les navires.

Je me tiens assis, un large sourire figé au coin des lèvres, dans un fin siège de velours, le Soleil haut au-dessus de moi. Jambes croisées, bésicles remontées sur le front et couvre-chef sur le coin de la large table massive de hêtre qui me sépare de mon hôte.
Face à moi, un homme. Élégant, droit et fier. Portant les galons d'un officier assis sur un grade qui en aurait fait pâlir de jalousie plus d'un troufion, l'amiral Haverline me fait face, affublé d'un sourire déférent et amical à la fois. Une fine moustache de mousquetaire, accompagnée de larges et fournis favoris, sublimée par une perruque blanche poudrée. Il faut dire que le bougre est probablement l'un des seuls Hurleventins, en plus de Me Delamont et Me Sandtown, a avoir sût gagner ma sympathie. Et plus que mon amitié, mon respect lui avait été offert, alors qu'au cours d'un gala de charité où je m'étais présenté par pure courtoisie, nous nous découvrîmes proches penseurs en matière politique et militaire.
Pour les petits curieux, c'est en outre ce haut personnage qui a la grâce de me servir d'interlocuteur exclusif lors de mes négociations avec l'armée de la capitale, concernant mes services, c'est dire le crédit dont il dispose à mes yeux.

C'est d'ailleurs sous ce prétexte que je me retrouve à bord de sa canonnière, autour d'un charmant déjeuner amoureusement préparé par un maître-coq chevronné, à converser avec l'amiral. Je dois lui avouer un talent à improviser nos rencontres d'une manière foutrement surprenante et selon une mise en scène arrogante que je me permets de saluer. Une qualité que nous partageons tous deux, et qui n'est pas pour me déplaire.

"Porridge et pudding, Haverline ? Je ne sais si je dois saluer votre clin d’œil à ma Gilnéas, ou déplorer une banalité sans borne. *j'échappe un délicat rire courtois* mais je serais un bien piètre gourmet si je ne relevais pas le talent de votre chef !"

Dis-je en inclinant le chef, avant de m'essuyer délicatement le coin des lèvres d'une serviette de satin.

"-Mon cher Steelwood, j'entends bien faire honneur à votre présence, dès lors que j'ai la prétention de me présenter à vous en tant qu'hôte.
-Nous nous entendons bien, cher ami. Et quel charmant cadre que celui que vous m'offrez aujourd'hui.
-Songez à rejoindre l'armée, si les cieux vous chavirent. Je vous assure que j'ai eu pour mon compte.
-Je ne vous savais pas si plaisantin, Haverline."

Nous partons tous deux d'un rire poli et distingué, plein d'une déférence sincère et d'un respect mutuel. Denrées rares, si elles en sont, de nos jours, que nous savourons au mieux alors que nous savons tous deux aborder à présent les choses sérieuses.

"-Si le déjeuner fut à votre convenance, j'en suis bien aise, Steelwood. Vous savez, l'on dit parfois que les meilleurs choses ont plus encore de saveur dès lors qu'elles se font rares. En temps de guerre, ce qui me manque le plus est le vin. Foutreciel, ce que j'aurais donné pour une bonne rasade, durant l'assaut de la couronne de glace !
-Vous qui vouliez me faire envisager l'armée, je crois que vous n'y allez pas de la manière la plus pertinente !"

Nous échangeons de nouveau un rire commun.

"-Certes, oui. Mais qu'importe, peut-être un jour servirons-nous les mêmes bannières ? D'ici là, continuons à faire ce que nous faisons de mieux. La guerre et l'armement. Je ne crois pas vous surprendre en vous avouant d'ailleurs que si je vous ai convié à partager mon repas, c'était avant tout pour parler affaire.
-Oh ! Quel retournement de situation bouleversant ! Comment diable aurais-je pût m'y attendre ! *plaisantes-je*
-Je le confesse, j'ai été d'une impertinence sans borne *relance t-il, le sourire aux lèvres*, et j'ai bien peur de continuer en vous surprenant plus encore : la guerre guette. Gardez-cela pour vous, mon ami, mais les tensions envers la horde de ce porc d'Hurlenfer sont à leur apogée. Plusieurs de nos navires ont aperçu de leurs esquifs voguer proche de nos propres côtes. Nous ne pouvons prendre le risque de ne pas être préparés, et si depuis la chute du dragon, nous n'avons fait appel à vos services que de manières exceptionnelles, je vous ai fait venir à moi aujourd'hui dans l'optique de changer cette horrible tendance. Vos armes ont toujours été d'une qualité remarquable. Même les industries royales de Hurlevent s'accordent sur ce point.
-Entendre le contraire d'un homme de votre qualité m'aurait étonné, Haverline. Et vous savez à quel point je suis toujours ravi de tendre la main à mes amis. Je vous en prie, trêve de fioritures. Donnez-moi donc votre commande.
-Je dois mettre à niveau l'armement du Fuse-Nuage. J'ai carte blanche concernant le budget, aussi ne perdons pas de temps en plafonnement. J'ai cru comprendre que vous étiez parvenu à strier les canons de vos artilleries ? La totalité de la canonnerie du Fuse-Nuage est lisse, il conviendrait de passer au modèle rayé.
-En effet, les boulets sont dépassés. Le temps de l'obus est arrivé.
-Voici l'inventaire exact de l'armement de ma canonnière. *dit-il en me tendant un fin vélin enroulé et ceint d'un nœud de satin* Comme je vous le disais ce tantôt, je dépenserais sans compter."

Je défais le sceau et parcours la liste de mes somptueux yeux émeraudes. Hâtivement, sans cependant omettre le moindre détail, j'enregistre les modèles et types d'artilleries dont dispose le Fuse-Nuage, calculant à toute allure combien couterait l'amélioration de l'armement en modèle rayé et donc en obusier.

"-Voilà une demande conséquente. Quels sont vos délais ?
-Un mois, tout au plus.
-Hé là, vous pensez donc que nous chaumons, dans mes industries ? Mon cher Haverline, avec autant de temps, je pourrais inventer un nouvel obusier capable de renverser Orgrimar toute entière ! *plaisantes-je de nouveau*
-Alors de grâce, Steelwood, accordez-vous une années entière. Et ensuite, venez-donc montrer à cette horde ce que l'humanité est capable d'innover.
-Hum hum, j'y penserais, mon ami. Néanmoins, si vous me le permettez, j'escompte à mon tour vous demander une faveur.
-Mais je vous en prie.
-Laissons-donc de côté l'argent, dans cette affaire. C'est d'une autre devise dont je suis nécessiteux, aujourd'hui. Votre soutien, Haverline. Et à fortiori, celui de l'armée de votre roi. Voyez-vous, j'ai moi-même un... projet. Vous m'avez offert un secret ce tantôt, aussi permettez-moi de vous rendre la pareille : mes industries travaillent en ce moment-même sur un aéronef sans précédent. Gardez cela pour vous, mais j'entends bien que celui-ci me permette de rabattre le caquet de tous ces petits prétentieux de Nordistes pourpres, et de leurs petits amis gilnéens.
-*toussant un instant* Steelwood... Enfin, vous savez que les canonnières sont régis par une législation spécialisée. Vous ne pouvez décemment pas...
-C'est là que vous intervenez, Haverline. Faites-en sorte que l'armée et votre roi approuve mon projet. Ou du moins, ne s'y immisce pas. Faites cela pour moi, et les industries Steelwood seront vos obligées. Je commencerais par oublier de vous faire payer cette petite commande, en gage de bonne foi. *dis-je en secouant le vélin*
-Et bien... certes. J'imagine qu'il serait possible de convaincre le reste des officiers, puis le haut-commandement mais...
-Je ne demande rien d'autre que l'approbation de votre gouvernement. Rien de plus. Vous savez que même sans elle, je mènerais ce projet à son terme. Je souhaite simplement éviter de vaines querelles à l'avenir."

L'amiral reste songeur un instant, avant de me fixer de nouveau et d'opiner légèrement du chef. Nous trinquons ensuite, et reprenons les mièvreries que nous tenions jusqu'alors.
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Message par Flinson Steelwood Dim 25 Nov - 23:08

L'heure du thé


Musique

Savez-vous ce qu'il y a de plus délicieux en ce bas-monde, Maître Delamont ? L'argent dîtes-vous ? Ho, qui serais-je pour dire le contraire ? Mais ce n'est pas de cette notion que j'escomptais parler, mais de la curiosité, mon ami. Ah, la curiosité ! A votre avis, qu'est-ce qui m'a porté jusqu'ici ? Une telle réussite ne saurait être due qu'à mon génie inné qui, je vous l'accorde, l'expliquerait pourtant bien assez. Le talent, alors ? Point, bien qu'il en soit de même.
Non, c'est bel et bien la curiosité, cher associé. Cette soif intarissable de connaissance, sublimé par cette faim de savoir, l'impossibilité de rester dans l'ignorance. Je hais les secrets. J'exècre les manigances. Pah ! Pourquoi croyez-vous donc que je les maitrise ainsi ? Ne sont-ce pas de nos ennemis que nous sommes les plus proches ?

Le mensonge a quelque chose d'exquis. Le plus grisant étant de le percer. Imaginez seulement cette sensation de plénitude, de béatitude même, alors que, tentant de vous tromper, vous mettez à jour les ombres les plus infâmes, des horreurs si indicibles que d'aucun préfère les ignorer que de les admettre.
La vérité n'est pas une qualité. Elle est tellement plus. C'est une récompense. Seuls les plus méritants sont dans la possibilité de l'entrevoir, et c'est bien là ce qui nous différencie de la plèbe. Voyez les lueurs dans leurs yeux, lorsque nous leur promettons salaires raisonnables et paye équitable ! Voyez comme ils nous remercient alors que nous leurs annonçons primes pour le Voile d'Hiver et congé pour être avec leurs familles.
Mais là où la vérité est une victoire, son antonyme est un art. L'art du dol, l'art du mensonge et de la fomentation. Les notions sont jumelles, mon ami. Indissociables.
Et l'extase n'est est que plus grande tandis que vous détenez la première et maitrisez la seconde, mais je crois ne rien vous apprendre en la matière, n'est-ce pas ?

Comme je le disais, tromper est plus qu'un talent. C'est un métier. L'orfèvre transforme de simples et vulgaires pierres, laides et sans intérêt, en d'éclatants bijoux que nos femmes se disputent. Le tailleur transforme d'ordinaires étoffes en de magnifiques redingotes, que ces messieurs convoitent pour l'admiration des premières.
C'est ainsi, Mr. Delamont. Mentir demande plus qu'un acte. Les paroles en sont la matière première. C'est une amante qu'il vous faut choyer, chouchouter, et apprivoiser. Un pouvoir à conserver à sa seule discrétion, souverain et exclusif, tenez-vous y comme à votre fiancée. N'y a t-il pas plus belle chose que le savoir, après tout ?

Je crois avoir porté cet amour pour la connaissance dès mon plus jeune âge. Aussi loin que je m'en souvienne, en tout cas. Mon père, paix à son âme, m'interdisait alors de bricoler. Quelle idiotie de sa part alors que de me laisser, enfant, errer dans ses bureaux tandis qu'il remplissait je ne sais quel contrat avec les services de ma Gilnéas.
Je devais avoir quatre ans, à l'époque de mon premier mensonge. Aussi loin que ma mémoire me le permette, je crois pouvoir affirmer qu'avec la parole m'est arrivé le dol. Mais passons, je n'avais alors absolument aucune qualification en matière de mécanique.
A huit ans, mon père me prohibait strictement d'utiliser ses outils. Mais que voulez-vous, j'ai toujours été curieux. Et capricieux. A cet âge déjà, je vouais un culte à l'art de faire le contraire de ce que l'on me disait. J'étais obsédé par la simple idée d'aller à l'encontre de ce qui était attendu. Pas par rébellion, non ! Non plus que par l'envie d'enquiquiner le monde ! -quoiqu'un peu, je le confesse-
Avez-vous deviné ? Exactement, mon cher ami. La curiosité. Qu'allait-il se passer si je refusais de manger mon dîner ? Qu'adviendrait-t-il si je n'allais pas me coucher à l'heure que mon père décidait ? Et surtout, que se passerait-il si je pouvais enfin mettre en pratique tout ce que j'avais appris en matière d'ingénierie ?

Oh, mon jeune âge n'a eut aucune espèce d'importance pour la création. Je suis un génie, après tout !
C'est ainsi qu'un jour, jeune bambin que j'étais, mon paternel devait me garder avec lui toute la journée dans son bureau des anciens locaux de Gilnéas, ma mère devant alors probablement se rendre à je ne sais quel opéra. Oh, Mr. Delamont ! Vous auriez vu la filiale de ma patrie ! Une délicieuse merveille comme il n'est donné au monde qu'une fois. Une véritable ode au génie humain, l'éloge du potentiel de notre race ! Je puis sans rougir vous affirmer qu'elle aurait fait pâlir ces soit-disant "races millénaires" et leur aurait rabaisser le caquet !
Mais je m'égare, où en étais-je ? Ah, oui ! Je jouais dans le bureau de mon père. Hoho, je me souviens même que j'avais un adorable petit fusil à bouchon, et une Lavallières trop grande pour moi au cou.

Et voilà qu'à un moment de la journée -je serais incapable de vous dire quand exactement-, le Marquis De Blandières -ou "Tonton Sylvain", comme je l'appelais à l'époque, mais n'allez pas lui dire que je vous l'ai répété !- débarque dans la pièce en mandant la présence de mon père dans les industries sises à côté du bureau. Comme notre marquis était jeune, à l'époque ! Il devait avoir une vingtaine d'années. Il venait de se marier, je crois. Avez-vous rencontré sa femme ? Charmante, vraiment.
Je pense que c'est la providence qui a conduit Sylvain à éloigner mon père pendant un temps, me laissant seul au milieu d'un tas hétéroclite de matériaux qui, bien que mis sous verre, étaient parfaitement exploitables.

J'étais déjà observateur, à l'époque. Et intelligent. Je savais ou mon père rangeait ses clefs, pour avoir pris le temps par maintes fois de le regarder faire. Malheureusement trop petit, je n'arrivais pas à atteindre les vitrines. J'étais fini, les chaises étaient trop lourdes pour que je les déplace, et il n'y avait aucun tabouret dans la pièce.
Perdu, ais-je dis ? Mais non, voyons ! Dois-je vous rappeler que je suis le plus grand esprit de ce monde ? Figurez-vous que j'ai réussi à improviser un système de poulie pour atteindre la vitrine.
Me saisissant des matériaux contenus en son sein, vous vous demandez probablement ce qui a eût l'honneur d'être ma première œuvre ?
Et bien ma foi, la prochaine fois que vous apercevrez ma sœur, observez-donc son éventail. Je crois que c'est bien le seul à être mécanique... et d'une finesse, je vous prie ! Mydile a toujours partagé mon amour pour la mécanique. Je la vois encore, les étoiles dans les yeux, tandis que père me rossait pour avoir désobéit et que je lui lançais un clin d’œil complice avant de rire copieusement au nez de père.

Cela m'a valu une semaine cloitré dans ma chambre, mais bon sang ! Ce que ça en valait la peine !


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Message par Flinson Steelwood Mar 18 Déc - 5:09

Retour à la maison

Musique

Gilnéas la sombre. Elle n'avait jamais connu que la pluie et le brouillard. Sa torpeur était à l'image de la paresse de son Soleil. Lente, suffocante, poisseuse.
Gilnéas la maudite. Perdue dans un flot de monstres puants et braillards, parfois squelettiques et d'autres tout en muscles et en fourrure. Hurlant à la lune, écho d'une meute éparpillée et sauvage, rasant champs et fermes. Criant sans bruit, la marche des morts, silencieuse et sans fin.
Gilnéas la déchue. Dénuée de toute sa gloire, toute sa beauté. Finie, son aristocratie. Terminés, ses somptueux bals. A jamais, ses fantastiques opéras.

Décadente, immonde, écœurante. Elle ne méritait aujourd'hui plus que mépris, et dégout. Ignoble, poisseuse, morte. Les quelques colons et survivants s'échinant à la faire revivre ne parviendraient à rien. La glorieuse n'était plus.
L'ombre rôdait sur l'ancienne perle du nord, murmure d'une rumeur obscure, innommable et inconnue, ceignant la région de ses bras décharnés sans qu'aucun ne puisse l'identifier. Instillant le doute et la peur dans le cœur des rares vivants et enrageant les sauvages maudits.

Les vals de Brocebury n'avaient jamais autant baigné dans le fiel et l'obscurité. Si du temps de l'apogée de Gilnéas, ils tenaient déjà réputation de lieux maudits, au plus profond de leurs vallons escarpés et inconnus, là où aucune route ne risquait à s'aventurer, ils auraient paru bien joviaux, en comparaison de leurs homologues d'aujourd'hui. Ils jouissaient déjà à l'époque de biens des légendes, seule la famille Steelwood y demeurait depuis plusieurs générations. Mais qui était alors concerné par ces rumeurs, des vallons ou de la famille ?

Le silence y trouvait sa source. Pas le moindre son. Le vent n'osait plus y jouer. Les oiseaux ne se risquaient à y chanter. Le Soleil lui-même l'avait abandonné, pourtant déjà timide en cette région.

Les rares arbres épargnés par la famille Steelwood se recroquevillaient sur eux, comme pour fuir un mal omniprésent. Les lampadaires avaient été brisé, fracassés au sol dans des marres d'huiles et des explosions de gaz. Une malveillance presque palpable rodait au sein des escarpements de Brocebury, rampant le long des cols, suintant depuis les monts et dégoulinant dans les plaines, noircissant les pensées et assombrissant les esprits.
Une ignoble présence, prenant un malin plaisir à envelopper tout ce qui approchait des vals pour ne plus les lâcher. Les corbeaux ne croassaient plus, les merles ne piaillent pas plus. Terrés aux seins des arbres morts et effrayés, ils observaient, silencieux, les vallons ravagés. La tension était palpable, mais tous ne braquaient leur regard que vers les ruines du manoir de la famille Steelwood.

Le légendaire manoir de Brocebury, duquel Flinson avait repris le nom pour son actuelle propriété des Carmines, le manoir Brocebury. L'imposante presque citadelle, ode à l'architecture humaine, image de la gloire passée du pays, gisant dans ses propres pierres, perdu dans des marres de marbres, de bois calciné et de bris de verres. Ses tours éventrées et ramassées avaient dans leur chute emporté les appartements de Midyle, la hall d'entrée et la salle de réception.
De l'autre côté, la montagne elle-même avait abandonné quelques parcelles aux vallées sises à ses pieds, lesquelles n'avaient manqué de balayer la totalité des dépendances et des fortifications de la demeure.

Une vulgaire relique du passé. Un monolithe ravagé dans sa gloire, détruit par les plus infâmes créatures qu'aient pu voir Azeroth. Ces worgens avaient pillé les vals, tué les occupants du manoir tandis que l'ignoble Flinson, lui, prenait le large, le sourire aux lèvres alors que ses convives étaient abandonnés à leur horrible sort.

Une citadelle de l'ancienne époque, déphasée, perdue dans un futur qu'elle n'aurait jamais dû envisager, tant son passé était déjà sombre et inavouable. Ce qu'avait découvert Hansel Von Lutgardis du temps du mur de Grisetête n'était qu'un prémisse aux horreurs ayant lieu au sein des murs de Brocebury. La surface d'un iceberg aurait été d'un trop doux euphémisme.
Les quelques semaines suivant l'affaire du complot de Silverway, juste avant la chute du mur, avaient connu leur lots de disparitions. Inexpliquées, les gardes les avaient tout bonnement mises de côté. Que pouvaient-ils faire d'autre ? Rien ne les aiguillait. Les affaires avaient été classées, mais la vérité était toute ailleurs que ce à quoi la population avait été informée.

Une vérité que nul ne saurait avouer.
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Message par Flinson Steelwood Mer 26 Déc - 8:45

Musique

"Flinson Steelwood ! As-tu perdu l'esprit ?!"

Le vent cinglant me fouette les oreilles, ce malgré les épais lainages de mon écharpe. Rien d'étonnant, à cette altitude. J'ai beau me plaquer le plus possible au fond du siège de mon aéronef personnelle, et me caler derrière le petit vitrage avant, rien n'y fait. Le froid, insidieux, malin et perfide, porté par son allié de mistral, y glisse simplement pour venir me mordre.

"Au contraire, c'est limpide."

D'un revers de manche de mon épais manteau gabardine à double cape, je chasse les particules de neige se prélassant sur les verres de mes bésicles. Je peste un instant, ressaisissant les commandes de ma machine. Saleté de temps !

"Gilnéas ? Qu'est-ce que cette nouvelle idée saugrenue ? La région est perdue ! Finie ! Tire-donc un trait sur notre passé, plus rien ne nous y attend."

Je resserre mon écharpe autour de mon cou, tout en enfouissant ma bouche au sein de ses laines. Ce qui n'est pas pour diminuer la condensation marquant mes expirations. Le négatif du mercure m'accompagne depuis un petit moment, déjà.

"Je n'ai pas le choix, Midyle. Je dois en avoir le cœur net."

Je me prends d'un rire fatigué, plus nerveux que volontaire. Seul sur mon aéronef, perdu au sein d'un torrent de nuages furibonds, me crachant neiges et givres à la figure. Du blanc, tout autour. En haut, en bas. Aux côtés, partout vous dis-je. C'est d'un ennui !
Mécaniquement, perdu dans mes pensées autant que je le suis dans cette mer aérienne, je vérifies les jauges, tournent les valves et actionne les manivelles.

"Net ?Mais à propos de quoi ?! C'est encore Élise ?"

Un compteur me tire de mes rêveries, cependant que son aiguille s'affole et m'inquiète. La pression est bien trop élevée dans les transmissions du carburant. Ce n'est pas normal. Le givre ? Non, j'ai bien pensé un système de régulation des températures. La pression ? Bah ! Pour qu'elle en vienne à obstruer un conduit de métal, j'aurais été dérangé par celle-ci bien avant.

"Pardonne-moi, sœurette."

Des escarpements pointus, perçant les cieux et leurs nuages, viennent détourner une seconde mon attention. Gilnéas, ce n'est pas trop t...

Musique

Soudain, un craquement sinistre, suivi du crissement singulier du métal s’éventrant. Je n'ai pas le temps de me tourner, pas même par sursaut ou par réflexe, que me voici secoué en tous sens, mon aéronef commençant à piquer du nez, virevoltant sur elle-même par ses voiles tendues et son ballon central. Lequel finit par céder sous les secousses, alors que la machine, perdant un de ses moyens de propulsion, gagne en vitesse.
Garder mon calme. Je suis encore haut. Le stabilisateur ne répond pas : les frottements de l'air sont trop importants.
Garder mon calme. Les nuages défilent si vite qu'ils me semblent aussi lisses qu'un océan placide.

Le sol apparait.
J'enclenche le système d'urgence de la machine. Une énorme voile, faisant office de parachute, se tend et s'oriente d'elle-même pour nous ralentir. Mais nous allons vite. Trop vite. Et le tissu de céder. La technologie a ses limites, même pour un génie comme moi.
Les pics deviennent nets.
Je tire un levier. Les ailes auxiliaires se déploient, tandis que j'essaie de remonter l'aéronef. Nous descendons à pic, et malgré mes efforts, il semblerait qu'une force surnaturelle maintienne notre chute, m’empêchant de redresser.
Les brumes de cime se dispersent.
Trop tard, je lâche les commandes, dirigeant nerveusement mes mains vers la ceinture me maintenant encore à l'appareil. Garder mon calme. Alors que j'allais décrocher le mécanisme, une forte secousse me ballotte, dégageant mes bras loin de l'attache.
Les arbres apparaissent, proches. Dangereusement proches.
Garder mon calme. Je lutte avec les caprices de l'appareil en chute libre. Je manque l'accroche. Je tremble, fébrile. Garder mon calme. Clic.

Me voici projeté en dehors de mon aéronef, laquelle, plus profilée, chute plus rapidement que moi. Je cherche d'un main, secoué par la descente, la sangle de mon parachute.
Plus bas, ma machine disparait entre les arbres, et le tapage qui en ressort réveillerait un titan.
Je saisis la sangle, beaucoup trop près du sol. Je la tend, la voile quitte son carcan et se déplie, commençant à ralentir ma chute.
Les sangles autour de mes épaules me claquent violemment, la changement de vitesse se fait rude et je tourne des yeux une seconde, me reprenant au mieux l'instant plus tard. Pour mieux apercevoir un affreux tronc d'arbre.

Et le noir.

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Message par Flinson Steelwood Ven 28 Déc - 3:29

Quelques heures plus tard,
Gilnéas.


Musique

Où suis-je ?
Mes sens me trompent. Je dois me souvenir. Je ne sens rien, mes membres sont engourdis. Me rappeler. J'étais... J'étais en vol. Sur mon aéronef. Je n'arrive pas à voir, tout est encore noir. Je volais, je volais et ensuite, un tuyau de transmission a cédé. Oui, c'est bien cela.
Et ce sifflement ! Ce vrombissement strident et continu qui se trouve bien malin à m'agresser ainsi les oreilles !
Où suis-je ? A Gilnéas, oui. C'est là que mon aéronef a piqué du nez, j'ai bien aperçut les landes de mon cher pays.
Mais où, en particulier ? Je dois me reprendre. Ouvrir les yeux, malgré la lourdeur pesant sur mes paupières.

Le sifflement me quitte, l'obscurité voilant mes yeux se disperse et mes sensations me reviennent.
Mais je ne vois pas plus qu'avant. A la chute, les verres de mes bésicles ont éclaté, et la mécanique a lâche. Je n'aperçois que de légers arcs électriques courir le long des cylindres métalliques intérieurs. De faibles échappées de vapeurs viennent obstruer l'extérieur des lunettes.
Je glisse une main encore gauche de l'inconscience contre mon visage, faisant sauter mes bésicles.

La lumière, si faible soit-elle, m'aveugle. C'est que voilà bien longtemps que je n'avais pas quitté mes bésicles hormis pour me coucher. Plissant fort mes paupières, une main devant le visage, j'attends que ma vision s'habitue à mon environnement.
Au bout de quelques minutes, me voici en mesure d'expliquer mon engourdissement persistant : mon parachute est coincé, quelques mètres plus haut, entre d'épais branchages. Et, pauvre de moi, de pendre en contrebas par les épaules, les cordages tendus autour de moi.
C'est un bien curieux voisin que je dois faire là aux colibris et aux rouge-gorges que j'aperçois vaguement au sein des branches.

Dans cette position, je ne parviendrais à rien. D'un geste plein de fatigue et de douleur, je dégaine difficilement un kukri du bas de mon dos, sanglé de travers.
Et, après avoir retenu ma respiration, je sectionne les câbles, n'étant qu'à deux mètres dirais-je du sol.
Bien que la chute ne soit pas magistrale, elle se fait pourtant bien sentir. Mes jambes m'élancent et mes épaules rient sous l'étreinte d'une douleur un peu trop pressante à mon goût.
Me relevant à moitié, courbé et avachis, une main sur la hanche, j'observe les environs de mes prunelles aussi vertes que la forêt qui m'entoure. Je ne reconnais pas cet endroit. Les seules bois qui m'étaient familiers étaient ceux de Stozenfels, aujourd'hui engloutis sous l'océan.

Je ne dois pas m'attarder, j'ai déjà perdu assez de temps. Par chance, mon sac à dos à survécu à l’atterrissage forcé, et je parviens à récupérer à peu près tout son contenu en un état relativement convenable. Avec un dernier regard vers le ciel, je finis par me mettre en route, sans vraiment savoir où aller.

Musique

Je marche. Je marche, je marche et je marche. Depuis quoi, une heure ? Deux, peut-être ? Pardonnez-moi, mais mes esprits me jouent des tours. La fatigue ? La chute ? Ou peut-être l'ennui ? Je ne saurais dire.
Je marche. La forêt qui m'entoure me parait de plus en plus surnaturelle. Perdue dans des ombres joueuses, je jurerais qu'elle abrite quelques maléfices, par ses yeux brillant qui ne semblent pas si imaginaires que cela, finalement.
Les buissons sont d'épines, et les arbres de lames. Leurs feuilles sont autant de rasoirs que leurs racines sont des hallebardes, quittant malicieusement le sol pour piéger le marcheur isolé.
Et si ce n'était que cela ! Un brouillard, noir, poisseux et malsain erre au ras du sol. Des vapeurs encore plus sombre que ce que j'ai eût l'occasion d'apprendre sur les Von Lutgardis, un imm...
Un instant... Je crois connaitre cet endroit... Oui, c'est évident, maintenant ! J'aurais dû le comprendre de suite, mais j'imagine que le choc m'aura empêché de raisonner si vite que j'en ai l'habitude !

Sylvain De Blandières nous en parlait, à ma sœur et moi-même, lorsque que nous étions tous jeunes. La forêt noir ! Le lieu maudit de Gilnéas, que tous les contes s'amusaient à reprendre pour leur histoires de monstres et d'horreur.
Celle que les parent mentionnaient dès que leurs enfants commençaient à devenir trop impertinents ou trop énervés.
Je ne suis pas superstitieux. Mais me retrouver, physiquement, au milieu de cette forêt... me porte finalement à croire que ces histoires sont peut-être plus réelles qu'on ne le laisse croire.
Superstitieux ? Non, mais prudent, en revanche, oui. C'est pourquoi je porte la main au holster sanglé à ma cuisse, et dégaine prudemment mon pistolet. Car, si les légendes sont vrais, ce qui se passait dans mon manoir, et celui des Von Lutgardis, semblera bien gentil par rapport à ce que cachent les brumes de ces lieux.

Je marche, en silence. Par le passé, j'ai souvent eût l'occasion de me mouvoir à pas de velours. Que ce soit lorsque je quittais le lit de quelques demoiselles trop délicieuses pour ne se contenter que d'un amant de mari, ou encore lorsque je descendais aux étages inférieurs de Brocebury... Ou également ces fois où je m'éclipsais des rixes entre nobles. Conflits bien souvent de mon fait, certes, mais que je préférais observer plutôt qu'y participer.
Glissant sur le parterre de lianes et de racines, parsemé de feuilles qui pourtant ne se décomposent pas, je me meus, silencieux. Une ombre parmi le noir, rien de plus. Mon regard, si peu habitué au contact direct de l'air, se fait capricieux, et je dois bien souvent plisser de mes yeux pour jouer de la luminosité ambiante.

Mais quelque chose ne va pas. Vous savez, j'ai commis bien assez d'horreurs et de choses que la convenance me retient d'exposer pour savoir comment fonctionnent les mauvaises gens. En l'occurrence, je sais pertinemment que ce frisson qui me parcourt l'échine ne découle en rien de la fraicheur de l'hiver. Quelque chose est proche.
Laissez-moi vous offrir un conseil. Dans ce genre de situation, ne paniquez pas. Concentrez-vous pour vous faire le plus petit. Voyez, c'est ce que je fais, en ce moment, alors que je m'enveloppe dans les capes de mon manteau, caché dans une espèce de dénivelé que j'ai recouvert en hâte d'un tapis de mousse, avant de m'y enfoncer, sous terre.
Et, à vrai dire, je me félicite une fois de plus de ma pertinence et de mon bons-sens. Voilà que la terre frémit légèrement, au-dessus de ma tête, alors que de lourds pas se font entendre. Leur rythme me laisse penser à un quadrupède. Et les grognements, légers, certes, mais fichtrement singuliers qu'il émet me font me décider de rester caché encore un moment.
Je dois calmer ma respiration. Ne plus bouger, même si mes muscles m'élancent. Et surtout, ne pas prendre peur. Les animaux la sentent.
Quelle ironie, moi qui suis pourtant habitué à être le traqueur. Je ne sais pas ce qui se trouve au-dessus de moi, mais c'est une bien goguenarde situation que nous vivons là. En d'autres circonstances, cette chose me ferait déjà office de tête-de-lit.

Les minutes sont longues où je l'entends respirer, mes prunelles braquées, aussi bien que mon pistolet, vers l'entrée de ma cache improvisée. Et dans ma peur, je me surprends d'une certaine excitation. L'adrénaline m'emplit, et ce sentiment est foutrement grisant.
Mon souffle s'accélère, et je ne saurais dire si c'est parce que je perds mon sang-froid ou parce que je désire affronter cette chose. Lunatique, moi ?

Toujours est-il que, après un moment qui me semble interminable, j'en viens à l'évidence : il est partit. Je m'extirpe de ma tanière, et reprends ma marche, arme au poing. La fatigue commence réellement à s'éprendre de mon auguste. Je suis irrésistible, vraiment. Et je crains hélas que je ne pourrais continuer bien longtemps. Mes jambes sont lourdes et mes yeux flanchent de temps à autre. Si bien que même le vent me semble plus violent qu'il n'est, me forçant à rabattre mon épais capuchon sur mon chef. Je ne suis qu'à demi-conscient, marchant approximativement, concentrant tous mes efforts sur l'attention que je porte aux sons et aux odeurs des lieux. Tant et si bien que je ne remarque qu'au bout de quelques secondes avoir atteint une espèce de cabanon en forêt. Cabanon qui ma parait, d'ailleurs, étrangement familier.
Un déclic se fait entendre dans mon dos, et une voix me somme de me retourner.
Et, soudain, la stupeur m'emplit.

"Vous ?"


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Message par Flinson Steelwood Dim 30 Déc - 23:56

Musique

Ma surprise paraitrait bien dérisoire en comparaison de l'étonnement qui semble traverser l'esprit de mon vis-à-vis. En un éclair, j'y lis la stupeur, l'incompréhension, la zizanie. La folie. Pour ma part, cependant, je mets à profit ce temps-mort pour analyser la situation. Et bien vite, une seule conclusion me vient à l'esprit.
Partir vite, et partir loin.

Avant même de le laisser répondre, je lève les mains, feignant parfaitement le pacifisme. Oh, ce geste, aussi réfléchi que mon génie à l'habitude de me le permettre, a non seulement pour but de le rassurer quelques secondes, mais plus encore d'attirer son attention sur mes bras. Ne prêtant plus alors intérêt au bas de mon corps, j'en profite, vif, pour coller un coup de pied dans une motte de poussière et me masquer à ses yeux. J'entends le claquement sinistre du chien contre l'enclume. Dans ce genre de situation, tout devient limpide. Les sons, les odeurs, les couleurs. Tout. Je crois même percevoir le crissement singulier de la poudre d'amorce s'embrasant le temps d'une infime seconde. La balle semble fuser à côté de moi. Bien entendu, ceci n'a rien d'un hasard, voyons. Tout était par-fai-te-ment calculé !
Ne demandant pas mon reste, je me rus en direction d'un arbre proche, dont le tronc me sert de couvert improvisé.

J'entends le chasseur, non loin, à divaguer, déblatérer des propos vides de sens, ne parvenant pas à garder une intonation linéaire, et piaillant de temps à autres. Le pauvre aura perdu sa tête. Vous ne le connaissez pas ? Il s'agit là de l'ancien lord Gatewood, régent d'un fief perdu notamment connu pour son monument historique de porte en plein milieu d'une forêt, seul accès jusqu'en les terres du seigneur. C'était également un intime de lord Godfroy et du seigneur Walden, partageant leurs idées et convictions quant aux worgens. Je l'avais bien évidemment connu, après tout, mon amour pour ces engeances est bien connu, aussi est-ce tout naturel que nous fussions "bons amis", alors que nous nous rencontrâmes lors d'une chasse à l'aberration.
Mais que restait-il, aujourd'hui, de ce noble à qui je devais accorder une incroyable prestance ? Un homme charismatique, fait pour diriger ? A l'allure si fière qu'il rendait la royauté jalouse de son éloquence ?
Un fou, pauvre hère trop seul pour oser quitter le pays, n'étant pas parvenu à plus l'abandonner lors de la chute du mur. Loqueteux, misérable. Un homme, perdu au milieu d'un territoire déchu, qui avait tenté -et réussit, mais à quel prix ?- de survivre de son propre chef, loin de tout le confort auquel il était habitué.

Il me faut gagner du temps. Certes, Gatewood m'était relativement sympathique, mais allons ! Mon amitié pour lui n'était que comédie ! Ne suis-je pas le plus grand farceur du siècle ? Au royaume des mensonges, le comédien est roi. Ce que j'en pense réellement ? Un abruti complet, un crétin de noble, qui parce qu'il naquit avec un service à couvert en argent dans la bouche, se targuait d'être le plus grand et le plus méritant des hommes. Qui au détour de ses privilèges et droit de naissance croyait avoir accomplit plus que tout autre.
Cafard.

"-Allons, lord Gatewood ! Vous ne reconnaissez pas votre vieil ami ?! *dis-je, caché*
-Non non non ! Vous êtes mort, Steelwood ! Vous êtes mort, tous morts !"

Mort ? Fichtre, j'en serais le premier ennuyé. Non, je suis pourtant bien en vie et... oh, c'est vrai, je comprends pourquoi il pense ceci. Et à vrai dire, il vaut mieux qu'il me pense mort que...

"-Vous avez raison, seigneur, je suis mort ! J'étais à Brocebury lorsque les worgens sont arrivés. J'étais à...
-AH ! Je le savais, j'en étais certain ! Je ne deviens pas fou, vous voyez ?
-Je vois, lord, vous êtes toujours aussi pertinent que de notre temps, mais de grâce, écoutez-moi !"

Il va me falloir jouer son jeu. Essayer non pas de le raisonner, mais au moins de le calmer, de le mettre de mon côté. Il est dangereux, et me l'a montré il n'y a pas cinq minutes. Et j'ai besoin d'accéder à sa "demeure". Probablement aura-t-il quelques provisions ?

"-Attendez un instant... si vous êtes mort, c'est que vous n'êtes pas Steelwood, n'est-ce pas ?
-Bien évidemment que si, lord ! Vous l'avez vu de vous-même, je suis un fantôme !
-NE VOUS MOQUEZ PAS D...
-Vous ne me croyez pas ? Et votre balle, alors ? Vous l'avez vu de vos yeux, elle m'a traversé !
-...
-Calmez-vous, seigneur, je vous en conjure !"

Maintenant, aborder un sujet sensible.

"-Cela ne vous suffit pas ? Et si je vous parlais de votre femme ? De votre fils, peut-être ?
-Brocebury... ?
-Oui, c'est cela lord ! Ils y étaient, souvenez-vous.
-Brocebury... oui ! Oui ! Vous leur avez accordé votre protection et... et ils sont tous MORTS !"

Second coup de feu. Le manant n'arrive même pas à discerner où je me trouve et c'est un arbre bien solitaire et innocent qui voit son écorce affublé d'un nouvel ornement.
Il est trop dangereux. Et je ne prendrais pas le risque qu'il abime ma superbe.
Ho ho, et c'est l'occasion de semer un peu la zizanie... Je n'avais pas encore eût la chance de le faire chez un fou, je sens que je vais me régaler !

"-En êtes-vous sûr, lord ? Êtes-vous retourné en Brocebury, depuis ?
-Pardon ?
-Avez-vous vu, vu de vos yeux vu, le corps de vos chers, lord Gatewood ?
-Je... oui, je crois enfin... Oui c'était il y a longtemps... A la chute, je me s...
-Non, vous vous trompez, lord. Mais moi, moi je le sais. Regardez-moi, j'y suis mort, et ça vous le savez car vous le voyez. Et vous le voyez en ce moment-même.
-Non, vous vous moquez d...
-Ah oui ? Et prendrez-vous ce risque ? Préfèrerez-vous me traiter de malin, plutôt que d'avoir le cœur net ?"

Je l'entends marmonner dans sa barbe. Hoho, c'est délicieux, je peux presque sentir le doute le ceindre. Comment ? Sa famille ? Évidemment qu'elle est morte, voyons ! C'était bien le but des invitations à venir en mon manoir lors des attaques worgens ! Mais quel mal y a t-il à offrir un peu d'espoir à un malheureux ? Même s'il est faux, certes, mais cela il n'est pas supposé le savoir. Oh, je m'aime.

"Posez votre arme, seigneur. Et, ensembles, nous irons voir les vôtres. Vous étreindrez de nouveau votre fils, et embrasserez votre femme."

Je tends l'oreille, et m'autorise un petit coup d’œil. Je l'aperçois, un poil recroquevillé sur lui-même, le dos vouté et les mains contre le ventre. Je plisse les yeux. Il se tient l'abdomen, il...pleure ? Il pleure ?! Je suis décidément magnifique, je n'escomptais pas le faire réagir à ce point. Il sourit également ? Oh, le charmant bambin. Il croit vraiment qu'il va les revoir ? En un sens, oui. Certains pensent qu'il existe une vie, après la mort. Alors peut-être ira t-il les rejoindre ? Et je ne suis donc plus un menteur ?
La vérité est si simple à déformer.

Je le vois abandonner son mousquet, lequel choit au sol en un claquement mat. Je sors alors de ma cachette, un bras ouvert, accueillant et invitant Gatewood à me rejoindre. De l'autre, cependant, que je garde caché dans mon dos, j'empoigne fermement mon kukri.
Et bien quoi ? Pensiez-vous réellement que j'allais gâché une balle dans une situation si facile ? Ne soyez pas si candides, allons !
Il approche, et je me masque d'un sourire franc et chaleureux. Je vois ses yeux qui ne pétillent pas que d'une simple folie latente, mais également d'un espoir. De bonheur.
Pourquoi ne pas le laisser vivre, vous dîtes-vous ? Pourquoi ne l'abandonnes-je pas simplement ? Je vous répondrais de plusieurs manières. Qu'il a attenté à ma vie, pour les sceptiques, et que je ne veux pas m'y risquer de nouveau. Pour le simple plaisir, dirais-je aux cruels perfides. Ce qui n'est pas totalement faux. Mais à ceux qui désirent la vérité, je ne dirais qu'une chose. Un fou divague, certes. Mais un fou n'est pas idiot. Et un fou qui a quelques connaissances compromettantes peut tout autant les révéler qu'un sain d'esprit.

Il me sourit aussi, d'une candeur sincère qui pourrait en être touchante.
Au moins sera t-il mort le sourire au lèvres, me dis-je, alors que je retire mon poignard de son échine dorsale.
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Message par Flinson Steelwood Dim 13 Jan - 0:15

Musique


An 33, le 3 janvier.
Gilnéas, canal de Fivewater.


La barque s'avance avec fainéantise, sur les étendues d'huile du canal. Une pluie, drue et amère, s'abat avec entrain sur ma carcasse détrempée, tandis que la rivière, quant à elle, se fend paradoxalement d'un calme serein.

Je n'avais pas revu Gilnéas depuis mon départ. Exception faite aux courts voyages m'ayant mené aux larges de ses côtes, voilà depuis un long moment que je n'avais foulé les terres de ma patrie. Et voilà donc ma stupeur lorsque je me rends réellement compte de la chute de mon pays.

Là, au milieu d'une rivière plate, voguant faiblement au travers du canal, j'aperçois pour la première fois les affres de la guerre ayant frappé mon chez-moi.
Les fermes et les pâturages avaient été brulé. Et ce qui avait échappé aux incendies avait eût la chance de recevoir le germe de la peste nouvelle.
Les maisons qui s'élançaient autrefois joyeusement tout du long du canal de Fivewater, dont je vois encore les occupants pique-niquer sur les rives, ne sont plus aujourd'hui que le souvenir d'un passé improbable. Les toits balayés, les fondations éventrées, et les allées ravagées.

J’aperçois encore les fiacres ballotter tranquillement le long des rues de pavées aujourd'hui retournées. Sous ce ciel, noir et cruel, je croirais observer le tableau d'un maître, passé souverain dans l'art de représenter la déchéance à son paroxysme, en proie aux conflits d'une race morte qui n'avait cependant su partir.
Et qui s'était aujourd’hui juré de génocider les gilnéens.

Et tandis que ma barque se meut, le tableau ne s'éclaircit guère. Voguant sur la rivière comme au milieu d'une galerie à l’ode d'une Gilnéas tombée

Les étalages du marché champêtre qu'avaient pour habitude de tenir les bourgs alentours gisent aujourd'hui dans la pourriture de leurs produits abandonnés en hâte, au milieu de squelettes démembrés de personnes que j'avais peut-être connu de mon époque.
Les pont y menant : effondrés. Les routes : emportées. Les moulins : brisés. La végétation ambiante : dénaturée par l’œuvre d'une arme chimique innommable. La désolation est telle que worgens comme réprouvés semblent avoir pris un malin plaisir à mettre ma patrie à feu et à sang.
Non pas que je me préoccupe de la perte de mes compatriotes. Mais...je dois avouer regretter la splendeur de mon pays.

Ce n'est qu'alors que je me rends pour la première fois compte de la solitude de mon peuple.
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Message par Flinson Steelwood Ven 18 Jan - 1:07

Musique

An 33, le 4 janvier,
Alentours de Brocebury, crique de Hidecove.


Voilà trois ans, je quittais cette baie, au moyen d'un preste steamer. Dans l'urgence, au bras de ma sœur car encore assommé par les secousses du Cataclysme, nous avions fuit Gilnéas et ses malheurs, tandis que, loin derrière, au sein des vals, mon manoir brulait.
Voilà trois ans, je quittais Hidecove. Avec pour seule compagnie une sœur effondrée et un marquis égorgé, sous les échos terribles des massacres perpétrés par les worgens en ma demeure.

Aujourd'hui, je rejoins cette baie, au bord d'une frêle esquif. Dans l'urgence, seul, pas même Mr. Grayson ne me tient compagnie, trempé que je suis par la bruine gilnéene incessante, que les caprices du dragon n'ont pas su faire disparaitre avec le reste.
La proue de mon embarcation touche terre, et dans un frottement las, freine sa course dans la sable, s'y embourbant juste assez.
Fatigué, je me lève sans hâte, jetant un regard au delà de ses monts, devinant mon manoir en ruine. Espérons que le tunnel aura tenu. Et n'aura pas été découvert.
Enjambant le rebord de l’embarcation, je mets pied à terre sous le bruit mou du sable détrempé, ma bottine s'enfonçant presque.

Enfilant mon haut-de-forme et remettant mon feutre en place, je plante un piquet dans le sable, auquel j’accroche un cordage de la barque. Je ne peux m'empêcher de me retourner au moindre bruit dans les sous-bois ceignant Hidecove, pas plus que je me retiens de scruter les hauteurs de Brocebury sises ci-haut, cerclant paresseusement et certainement l'enceinte secrètement dissimulée de ce lieu.

Je me passe une main sur le front, et inspire longuement. Avant de m'avancer vers l'entrée cachée, remontant les laines de mon écharpe sur mes lèvres.

Musique

Un coup, mat. Puis un second, avec écho cette fois. Un troisième, marié à un discret craquement. Puis un dernier, accompagné des singuliers bruits d'esquilles de bois brisé branlant en dehors de ses gonds. Le crissement se fait long et angoissant tandis que les battants de la porte s'ouvre pour la première fois et depuis trop longtemps sur l'air libre.
Je tousse et balaie l'air d'une main, reculant le chef. Ça empeste. La moisissure, la mer, le renfermé. Et la mort.

Je dégage du pied les reliquats de la porte obstruant le sol, avant de chercher alentours la réserve d'huile. Une fine porte, presque invisible, se cache contre le mur, laquelle est si basse qu'il me faut pencher la tête. J'ouvre.
A l'intérieur, une petite salle, complètement hermétique. De lourds réservoirs de métal se prélassent, parfois en ordre parfait, parfois sur le flanc, ayant probablement subit les folies des secousses terrestres.
Je soulève et soupèse quelques flasques, avant de les reposer dans un tintement claire révélant leur désespérément absente liqueur. Je me surprends d'ailleurs à fouiller plus d'une dizaine de conteneur avant d'enfin trouver un semblant d'huile ainsi qu'une lanterne encore en état.

Ainsi armé pour affronter l'obscurité du passage secret, je m'avance. Le temps se fait long, tant le couloir semble s'étendre à l'infini. Impression renforcée par le noir qui me fait face et qui me suit. Je ne vois rien, absolument rien si ce n'est que les murs qui m'entourent et mes propres bottes. Mes seuls pas se font entendre, et trop occupé que je suis à surveiller mon avancée dans ce lieu d'ombres et de silence, je n'entends pas la porte de Hidecove se refermer, au loin.

Ma respiration me fait la conversation. Parfois hâtive, parfois lente et cependant saccadée, ce tantôt certaine et quelques fois douteuses. Je me meus en silence, des dizaines de mètres sous terre, dans le noir complet. Les jeux d'ombres que forme la lumière de ma lanterne me divertissent de temps en temps, semblant se jouer de moi comme d'un spectateur perdu dans les coulisses d'un bien sombre théâtre. Et au cours d'une pièce à laquelle il ne ferait pas bon participer.
Je sais ce que renferme Brocebury. Ce que j'y ai fait était nécessaire. Et l'absence de résultats ne vient en rien contredire cela. Espérons simplement que le temps aura fait son affaire, sinon quoi... Un court déclic, tandis que j'arme le chien de mon pistolet, sanglé contre ma cuisse.

Depuis combien de temps suis-je ainsi perdu, loin de toutes choses ? Je ne saurais dire. Ma concentration est telle que le temps semble se distordre et s'étirer avec une malice goguenarde. Je soulève la soupape de ma lanterne et y renverse les restes d'huile de ma flasque, que je laisse alors retomber, vide, au sol. Je n'ai plus de quoi faire le retour.

Que peut bien me réserver ma demeure ? Quelles horreurs m'a t-elle préparé, à moi qui avait pourtant l'habitude d'en être le chef d'orchestre ? La piste du Fief du Fol est-elle toujours en état ? Les caveaux du manoir sont-ils encore accessibles ? Je me questionne trop, certes. Mais il me faut bien cela pour rester calme, dans ce noir absolu qui n'en...
En voilà justement la fin, ce me semble. Je crois percevoir une fine variation de luminosité, au niveau du sol, quelques mètres plus loin. Prenant soin d'éteindre ma lanterne, par prudence, je m'avance alors vers la porte dérobée qui conduit dans la cuisine de mon manoir.

Et, après avoir lentement pris ma respiration, j'en tourne la poignée.
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Message par Flinson Steelwood Mar 29 Jan - 12:21

Musique

L'absence totale de bruit quittant la porte alors que celle-ci s'ouvre paresseusement sur les cuisines de ma demeure a quelque chose d’effrayant. Paradoxal et fondamentalement opposé au classique crissement long et maintenu, ce mutisme souverain a de quoi vous prendre par l'estomac.
Je balaye rapidement la poussière qui retombe du haut du tonneau par lequel la porte est dérobée, me dégageant la vue pour observer l'état de la pièce.

Les étagères sont brisées, et la plupart sont penchées en ma direction, m'offrant un sinistre tunnel en ruine qui, en plus de menacer de s'effondrer sur mon auguste d'un instant à l'autre, m'empêche de distinguer quoique ce soit du lieu dit. Je ne peux que me contenter d'avancer au travers de ce passage improvisé, prenant gare à ne point en bousculer les fondations, canne en main.

Ce n'est qu'au bout de quelques minutes de marche à pas de velours que je débouche devant les battants de la porte conduisant hors des cuisines. L'entrouvrant prudemment en jetant un œil discret, je peste de ne plus avoir mes bésicles. Impossible de percer depuis ma cachette les ténèbres nimbant le corridor.
Poussant quelque peu la porte, je me faufile dans l'embrasure avant de longer les murs du couloir, crissant des dents chaque fois que le parquet craquelle sous le poids de mes bottes. Me retrouvant dans un noir presque complet, provenant de la nuit d'encre et sans lune plongeant Gilnéas dans une obscurité malsaine, je me meus doucement, une main tâtonnant le mur qui me sers alors de fil directionnel.

Je ne me risquerais pas à rallumer ma lanterne, que je garde pour autant sanglée à la ceinture, peu désireux de courir la possibilité de me faire repérer de loin. Pour l'heure, je suis bien assez capable de me débrouiller dans ce noir presque complet. Et je compte sur mon ouï pour relayer ma vue.
Plissant les yeux, je crois apercevoir aux bouts de quelques instants la seconde porte donnant cette fois sur l'immense hall de Brocebury.

Musique

Il n'existe aucun terme dans la langue des hommes qui vanterait assez la prestance de ma demeure. Même dans sa déchéance la plus totale, le salle principale de ma propriété a sût garder de sa superbe. Majestueuse, sa ruine semble avoir concrétisé l'éternelle beauté de la famille Steelwood. Le lustre brisé au sol, bien qu'ayant oublié son luisant à la poussière, garde sa splendeur impériale. Les voûtes s'élevant si haut d'ordinaire, aujourd'hui plongées dans l'ombre et la brume flottante de l'hiver, paraissent donner un toit sans fin à Brocebury, élevant ma citadelle au rang d'éloge de l'homme au divin, effleurant les demeures célestes de ceux qui ne sont plus.
Brocebury, la grande ! Brocebury, l'immuable ! Probablement et très certainement la plus belle œuvre qu'il m'ait été donnée d'offrir à ce monde. L'éloge de la famille Steelwood, une ode à sa puissance et le salut de son bon-goût. Une hymne au génie humain et au nom de ma lignée.

Moi-même, je ne puis m'empêcher de perdre mon regard aux quatre coins de ce hall indécemment démesuré. Je ne me lasse pas d'en observer les gravures, je ne puis me défaire de l'aura ambiante mêlant ruine à exaltation. Tout semble si... parfait. La destruction de ma propriété ressemblerait presque à une œuvre d'art. Vraiment, c'est délicieux.
Mais il me faut cependant reprendre mon voyage.

Alors, j'entreprends de grimper le seul bras ayant survécu de l'escalier double menant aux ailes supérieures du manoir, le second ayant reçu une très large partie du toit sur ses marches.
Mes pas ne claquent plus, absorbés par la moquette ayant étrangement survécu aux affres de la guerre. A vrai dire, et à bien y regarder, mon manoir ne semble d'ailleurs pas en si mauvais état. C'est très relatif. Certes, il est en ruine. Certes, il est partiellement détruit. Pourtant, bien peu de détritus, de bris de verre jonchent le sol. Les tentures ont disparus des murs mais ne gisent pas au sol...
Comme si Brocebury avait été nettoyée. Comme si elle était occupée.

Voilà qui me porte à dégainer mon pistolet cependant que, arrivé en haut de l'escalier et pivotant sur ma droite, je me dirige vers l'aile menant à mes anciens appartements. Derrière moi, l'allée opposée menait auparavant vers la loge de ma sœur. Aujourd'hui, l'aile, dans son intégralités, est écrasée sous l'une des imposantes tour du manoir s'étant effondrée en plein dessus.
Enjambant quelques pierres, poussant dans le plus grand silence quelques gravas, je commence à arpenter les couloirs supérieurs, bordés de part et d'autres d'immenses et scandaleusement luxueuses baies vitrées. Les couloirs, tout de bois et de pierre conçu, offrent en intérieur un aspect particulièrement coquet et fichtrement agréable par leurs boiseries lasurées, tandis que, en dehors, n'en ressort qu'un bien plus imposant style impérial, fort et massif par de larges colonnes et bâtisses de pierres blanches, rosées et oranges.

Musique

Soudain, un bruit qui n'est pas de mon fait survient, derrière moi. A bien y tendre l'oreille, j'en détermine approximativement l'origine, que je localise comme étant au sein du hall que j'ai il y a peu quitté. Me dissimulant dans un renfoncement latéral, anciennement meublé pour offrir un petit cocon de détente ceignant une fenêtre, ou un coin de lecture des plus appréciables, je fais alors le silence le plus total en écoutant.

Rien. Plus rien, tout du moins. Seul le vent fouettant les murs effondrés et s'infiltrant en intérieur vient siffler au loin. Aucun oiseau ne se risque à piailler.

"Mr Steelwood, quand arrivera mon fils ?"

Je sursaute vivement, me cognant le chef par surprise contre le haut de l'alcôve de bois. Manquant de peu de faire feu en direction de la voix, je m'empresse de dissimuler mon revolver pour ne paraitre agressif envers mon vis-à-vis qui...
Qu'est-ce-donc que cette sorcellerie ? Un spectre ?

"Mr Steelwood ?"

Étonnant, intéressant, intriguant même ! Voyez-vous cela, ces volutes qui s'échappent des fanfreluches de la robe de cette femme. Et la fumée suintant de son impeccable chevelure trop luisante pour être réelle. Sur quoi suis-je donc tombé ?

"Quand arrivera mon fils ?"

Attendez. J'ai déjà entendu cela. Et à cet endroit précis, d'ailleurs. Exactement à cet endroit. D'ailleurs, cette personne... enfin, cette chose, là, me semble familière. Une doucereuse sensation de déjà-vu se joue de moi, comme c'est amusant !
Jouons le jeu.

"Votre enfant ne devrait plus tarder, Mme de Clantin. L'on me dit à l'instant qu'il aurait été aperçu non loin de Silverway, justement sur le point de rallier Brocebury. Je vous en prie, rejoignez donc l'assemblée."

Elle se fend d'un sourire mutin, presque candide, avant de pivoter vers le hall et de se mettre à flotter en sa direction, glissant à quelques centimètres du sol.
Je la suis du regard jusqu'à ce qu'elle disparaisse progressivement, avant de tout simplement sembler n'avoir jamais existé.
Théorie intéressante qui vient de porter ses fruits : point de spectres, pas plus que de fantômes. Des images du passé, tout au plus. Si j'en comprends leur nature, je ne m'explique cependant pas leur présence. Pas plus que leur origine. Il semblerait, selon toutes vraisemblances, que je vienne à l'instant de revivre une scène du soir où Brocebury est tombée et ses occupants furent massacrés par une invasion de worgens en furie. Triste nuit que celle-ci, et bien tragiques destins que celui de mes invités, même s'il fut parfaitement volontaire.
Mais ma foi, un souvenir, seul et isolé, ne risque pas de...

J'aimerais revenir sur mes propos. Au vue des bruits provenant de toutes parts de Brocebury, ce fragment du passé est loin d'être solitaire.


Dernière édition par Flinson Steelwood le Lun 6 Oct - 23:07, édité 1 fois
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Message par Flinson Steelwood Dim 10 Fév - 23:14

Musique

C'est alors que je reviens sur mes pas, me laissant entrainer par l’abracadabrantesque capharnaüm de brouhaha rocambolesque semblant trouver son origine depuis le hall que je quittais à l'instant.
Et quelle stupeur ne fut pas mienne alors que, me rapprochant à pas de velours en usant du feutre de la moquette pour étouffer le claquement de mes talons, j'entraperçois au bout du couloir un simili de lueur d'un bleu spectral qui étouffe le virage de l'escalier.

Scène intéressante que voilà, les légendes que la plèbe se plaisait à laisser courir sur les tristement célèbres "vals maudits de Brocebury" -quel titre ridicule- semblent pourtant aujourd'hui bien plus réels que je ne me l'étais laissé imaginer.
Et ma péripétie de ce tantôt au cœur de la Forêt Noire vient me conforter dans la réalité peut-être plus matérielle que ce que l'on laissait à penser de nos légendes.

M'arrétant à l'embrasure du couloir, épaule contre le bois de la colonne soutenant le plafond et l'oeil par delà l'escalier, je dois avouer rester incrédule plus d'une minute. Plus encore que lorsque je me surprends de ma beauté en croisant mon reflet.

Là, sis plus bas, jouant et virevoltant, dansant et riant, conversant ou se prélassant au sein d'un effroyable banquet d’ortolans, de fruits confis, d'amuses-bouches en tout genre ou encore de flancs, de petits fours que dis-je ! De pièces montées ! Une assemblée incertaine, flous et spectrale reprend vie ! Notables, bonnes gens, nobles ou magistrats, tous ont quitté l'oubli, laissé tomber la guimpe du passé ! Finie, l'ignorance ! Terminée, l'oisiveté !
Le temps d'un instant, les voici devant moi, à revivre leurs derniers instants, quelques heures avant que je ne quittasse moi-même Brocebury en les laissant à une mort certaine.

Un lustre d'un marine changeant, illuminant le hall de milles bleus, semble osciller entre deux réalités au-dessus de leurs têtes, tandis que juste en dessous git pourtant la carcasse éventrée de l'immense luminaire.
Sur les chaises, les divans, les canapés et parfois les rebords des fenêtres, moult images du passé, à l'instar de celle rencontrée à l'instant, se meuvent, conversent, s'inquiètent.
Parfois, j'en aperçois une se lever d'un fauteuil, et tandis qu'elle se dirige au hasard du hall et de la foule illusoire, son squelette, lui, demeure brisé à l'endroit qu'elle vient de quitter.
Leurs sourires m'amusent. A vrai dire, je n'avais à l'époque pas remarqué les avoir tant persuadé que rien ne leur arriverait au sein de ma propriété. Il est vrai, avec le recul, que les dispositions, aussi minimes soient-elles, que j'avais pris la peine de faire paraitre auraient en fait convaincu n'importe qui. Les énormes chars du modèle "Vindicte Populaire", dont les carcasses ornent aujourd'hui le sein de mes jardins flétris (et qui avaient par ailleurs fait feu sur la population venu quémander refuge sur mes terres), mariés aux épais murs d'enceinte et sublimés par l'ombre imposante de ma pseudo-forteresse avaient quelque chose de rassurant. Surtout en période de crise, comme nous l'avions connu à l'époque.

Les voir virevolter ainsi, insouciants, me ramène en arrière. Je me laisse glisser délicatement jusqu'au sol, m'asseyant à même la moquette pourrie et calcinée désormais masquée sous son luxe d'antan, brillant du même bleu que le lustre, pour observe un couple valser.

Je ne peux m'empêcher un sourire nostalgique. Oh, n'allez pas vous méprendre ! Ce ne sont pas mes agissements qui me chagrinent, mais bien cette ode à une époque révolue. Gilnéas, ma patrie. Plus jamais je ne connaitrais les bals mondains que nous savions si bien organiser. Adieu, l'aveuglante lueur qui s'échappait de notre capitale. Les nuits ont beau être sombres, nos étoiles étaient les lueurs de nos brasseries, de nos cafés ! Les lampions de nos fiacres et des lanternes virevoltant au gré du vent.

Désormais, elle est bien sombre, la nuit sur Gilnéas.
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Message par Flinson Steelwood Sam 23 Fév - 7:36

Musique

Laissons-là ces festivités d'un temps passé. Je ne suis pas venu ici pour ressasser, encore moins pour radoter. Avec une redondance que je dois admettre, je fais demi-tour une fois encore pour reprendre ma route vers mes appartements. En passant un regard par la baie vitrée, je constate avec étonnement que l"illusion frappant mon manoir semble s'étendre sur la propriété dans son intégralité.

Par-ici, les lampadaires gisant, rouillés, au sol sont pour autant fièrement plantés, tout aussi bleus que le lustre du hall. Là, les pierres ayant été emportées des routes pavées sont cependant remplacées par de flambant neufs simili spectraux. Par là-bas, mon immense portail dont la plupart des barres, éventrées, se prélassent sur le sol brulé, semble pour autant interdire l'accès à Brocebury par une grille fantomatique.

Voilà qui est fichtrement intéressant. Je me promets alors, si d'aventure disposes-je de quelques temps, d'aller explorer les alentours pour voir ce qu'il en est réellement...
Attendez... en y réfléchissant bien, j'ai l'impression minime, que dis-je, infime, de prendre cette illusion à la légère. Un chouïa, oui, un soupçon, à peine un nuage.
Comment cela se fait-ce ? Une illusion comme celle que l'on m'aurait conté pesant sur la tour de Karazhan ? Ou alors l’œuvre d'un maléfice ? Et si les ruines de ma citadelle abritaient aujourd'hui quelque démoniste ou mage rebut ?
Ecoeurant, je m'en vais trouver ce malotru et lui rappeler qu'en ma demeure, je suis roi.

Et à vrai dire, j'entends quelques palabres, au moment-même de mes interrogations. Elles semblent psalmodier depuis les restes de mes quartiers. Le déclic de mon revolver chante un instant, tandis que le canon frottant le cuir du holster sis à ma jambe crisse, l'arme quittant son écrin.
Brocebury m'appartient. Elle se pliera à mes règles, ou elle ne sera pas.
De la lumière, verte cette fois, file par dessous la porte de ma chambre.
Brocebury est à moi. Je la façonnerai à mon bon désir, ou elle sera anéantie.
Je ne remarque pas l'espèce de fumée blanchâtre et noirâtre en même temps suintant de mes yeux.
Ces vals sont miens. Ils seront le fleuron de mon empire, ou ne seront que poussière.
J'ouvre la porte.
Brocebury est à moi.

Musique

"AH !"
Infâme lumière ! Par mon compte en banque, me voilà aveugle ! Mais... il fait jour ? Qu'est-ce à dire que cette farce ? Où sont mes appartements ? La lueur verdâtre ? Où est... où est passé mon manoir ?
Je tourne sur moi-même. L'astre incandescent du Soleil inonde la route sur laquelle je me trouve tout autant que les collines alentours. La chaleur est telle que j'aperçois les déformations optiques jouant au delà du sol.

C'est à n'y rien comprendre.
Voilà cinq secondes, j'étais dans le corridor et maint...
Attendez... Je connais cet endroit. Oui, cette route en pierre rouges, celles-là même ayant servies à façonner la demeure du duc du Haut-Konigsbourg ! Et là, les buissons à groseilles, les bosquets à Lilas, et...
...
Silverway.
Silverway. Je suis... Je suis à Silverway ?

"NON ! NON NON NON !"

Au loin, les lueurs bleues commencent à poindre, goguenarde. Je refuse cette scène.
Montre-toi, salopard.

"APPROCHE, STUPIDE CORNIAUD ! JE VAIS TE TORDRE LE COU !"

Les roulements d'un fiacre résonnant en rythme sur les roulis des pavés me parviennent en écho depuis le détour d'un colline.
J'observe un instant le Soleil. Au zénith. Elle approche.

"Je refuse de revivre ce moment !"

Je vide littéralement le fût de mon arme au travers du tronc d'un arbre, lequel semble se dilater pour laisser passer la balle, avant d'inlassablement se reformer. Intact.
Merde. Le geste est vif, tendant mon bras, et un mécanisme m'amenant directement un minuscule pistolet un coup ce tantôt dissimulé dans ma manche. Je fais feu, au hasard. Rien ne se passe. Pestant, une grenade fuse vers un bosquet, éclatant sans rien chambouler.

Canaille. Je n'ai pas dit mon dernier mot.
Je jette à bas mon manteau de feutre, dévoilant le fusil savamment sanglé à mon dos. Le décrochant, et mettant genoux à terre, j'en déplie les oculaires avant de déployer le canon télescopique.
Je suis Flinson Steelwood. Je plie ce monde à ma volonté, et j'ai décidé que je NE REVIVRAIS PAS... ce moment.
L'obus glisse dans un bruit mat jusqu'à l'enclume, tandis que je soulève le fusil en direction du ciel. Le bruit est pétant, retentissant. Si puissant que mes tympans me sifflent si amèrement que je me sens sourd.

La charge fuse. Les mètres défilent, et, à hauteur de nuage -bien que le ciel en soit actuellement dénudé-, éclate. Une poisseuse et étouffante fumée noire d'encre s'en échappe, commençant à obscurcir les lieux.
Je souris. Un point pour moi.

Et je déchante. La fumée disparait tout simplement, et la scène suit son cours.
Je tourne la tête vers le fiacre qui, fantomatique, se dessine enfin au coin de la route, se dirigeant inexorablement à mon encontre.
Et alors que se dessinent clairement les sigles de mes industries sur ses portières et que, jetant un œil sur les hauteurs surplombant la route, j'aperçois les silhouettes des saboteurs, et leurs roches prêtes à rouler vers le carrosse, je me surprends à m'excuser sans un son.
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Message par Flinson Steelwood Jeu 28 Fév - 4:16

Je ne peux pas me résoudre à regarder ce qui va suivre. Survivre à l'assassinat de sa fiancée constitue en soit une épreuve à vous en détruire un homme. Le voir de ses yeux, pour la seconde fois, est trop me demander. Je lorgne sur mon kukri, et envisage mon avenir d'aveugle.



A l'époque de cette vision, la veille.
Manoir de Brocebury, tard dans la nuit.


Musique

Je n'ai jamais été quelqu'un d'angoissé. Face à la plus grande adversité, je conservais un calme placide. Au nez des plus fous dilemmes n'offrais-je qu'un rire narquois. Confronté au plus cornélien des choix, je me fendais d'un sourire moqueur.
Jamais aucune épreuve n'a sût me faire peur. Mais maintenant que je suis fiancé, tout juste prêt à être marié, je sens me ceindre une bien discourtoise humeur.

Elle s'appelle Élise. Lady Élise Clocklook de Brightstone, plus communément appelé Lady de Brightstone. Fille du baillis du même nom, elle est en charge de la justice du bourg sis sur la colline des Fairwood. Elle est si exquise qu'elle parvient à me faire croire, à moi, le plus septique des hommes, en l'existence des divinités. Aussi mièvre que cela puisse paraitre, surtout venant de ma part, je crains pourtant que mes sentiments envers cette charmante demoiselle soient sincères.

Et me voilà, à deux semaines du mariage. Qui l'eût crût, le grand Flinson Steelwood, en train de rédiger les dernières préparatifs de sa cérémonie. J'avais passé les derniers jours à ne m'occuper plus que de cet évènement, tant il m'était important. Mais quel homme ne s'en serait soucier, d'autant quand celui-ci n'était mu que par l'amour le plus pur ?
Toujours est-il que la fatigue commence à se jouer de moi, malicieusement mariée à un soupçon de stress. Pourtant, je n'ai jamais été quelqu'un d'angoissé.

Penché que je suis sur mon bureau de frêne, je suis sur le point de jeter ma plume et de renverser mes papiers, en cette heure indécente, quand une paire de mains gantées vient me couvrir les yeux sous couvert d'une voix chantante et joueuse.

"Devinerez-vous, Mr. Steelwood ?"

Le sourire me fend alors que je réprime la frustration de ne pas avoir entendu ma chère et tendre approcher. Peut-être la vie de couple me ramolli ? Et si cela avait été un assassin ? Je ne laisse cependant rien paraitre de ma réserve.

"Grâce, mademoiselle. L'argent est dans le cellier, et la clef sur l'armoire."

Elle rit, tandis que je sens son menton venir se poser au creux de mon épaule et ses lèvres m'offrir un chaste baiser sur la joue.

"-Ne vous avais-je pas intimé de ne pas vous surmener ?
-Et ne vous deviez-vous pas être chez votre sœur, à lui transmettre son invitation ?
-Qu'elle aille à Sargeras, je savais vous trouver en plus grande détresse.
-Hélas, ma mie, tel que vous me voyez, je suis perdu dans cette marre de papiers.
-Il reste deux semaines, Flinson. Allons, je nous ai ramené une bouteille de cette cuvée de mon grand-oncle."

Je tourne légèrement le chef pour la fixer, cependant qu'elle se saisit de mes bésicles pour me les ôter en partant d'un rire fin et cristallin.

"-Que vous êtes manipulatrice, lady de Brightstone.
-A votre image, Mr. Steelwood."

Je me relève en lui proposant mon bras, avant de nous conduire tous deux devant l'âtre de la salle richement boisée qu'occupe mon bureau, nous asseyant paresseusement au sein d'un moelleux canapé de velours.
Je lui offre un baise-main avant de me fendre du même sourire qui orne ses lèvres.

"-Avez-vous fait bon voyage ?
-Pensez donc, à cette heure ! Je n'ai été dérangée que par quelques chouettes, je ne sais si je survivrais.
-J'apprécie réellement votre visite, Élise. Cette paperasse allait finir par me rendre chèvre.
-Je dois bien avoir quelque parent berger, si jamais."

Nous nous autorisons un délicat rire commun. Je ne me lasserais jamais du sien, non plus que de son air enjoué. Élise avait la réputation d'être l'incarnation même de l'équité. Sa bonté n'avait d'égale que la justice de ses verdicts. Elle trouvait sans jamais faillir la solution la plus équitable à tout un chacun au cours de ses procès.
Mon parfait opposé, en somme.

"-A mon tour de vous surprendre, Élise. Vous souvient-il de cette autre affaire, que vous m'entreteniez il y a quelques mois ?
-Bien entendu. Comment oublierais-je ?
-Et bien sachez que j'accepte. Vous apprendrez que j'ai ici ma lettre de démission officielle de toutes les charges me liant de près ou de loin aux industries de ma famille. Le surlendemain de notre mariage, un navire nous conduira hors de Gilnéas, loin pour le Sud. De grâce, ne me demandez pas comment je parviendrais à nous faire passer outre l'autarcie des Grisetête.
-Flinson, c'est...
-Ce n'est pas fini. Comme vous le désiriez, j'ai pris soin de signifier à tous mes "contacts" et "associés" en dehors des industries Steelwood de ne plus jamais chercher à me recontacter, dès lors que nous aurons pris le large. Je ferais transférer ma fortune avec nous. J'ai cru comprendre que vous rêviez de connaitre Hurlevent ? Nous pourrions nous trouver une demeure convenable, près de la mer."

Coupant court à mes envolées, elle s'avance sur moi et, saisissant le large col de ma chemise à ravel croisé, m'offre un baiser passionné. La décence, vous l'aurez compris, m'oblige à mettre sous sceller la suite de notre soirée.


Aujourd'hui, dans la vision.

Elle s’appelait Élise. Élise Steelwood. La femme qui avait convaincu le grand Flinson Steelwood a quitté sa vie de criminel en puissance pour se contenter de ce qu'il avait. La femme qui m'avait convaincu d'abandonner le profit pour la vie de famille.

J'envoie la pointe de mon kukri vers mes yeux.

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Message par Flinson Steelwood Lun 11 Mar - 9:11

Musique

Et rien.
Absolument rien. Pas même un frisson, pas la moindre sensation. J'ai beau frapper, trancher et planter, rien n'y fait. Je force, projette mon kukri jusqu'à mon cœur avec d'autant plus d'ardeur, mais rien.
Je ferme les yeux. Pas plus, je regarde ailleurs pour découvrir que le monde tourne à mon rythme. Je ne puis détourner les yeux du spectacle.

Elle ne devait pas être là. C'est bien dans mon fiacre qu'elle se trouvait.

Plus haut, un craquement se fait entendre. Alors que les infâmes silhouettes d'ombres et de ténèbres soulèvent un lourd levier de bois, penchant la pierre.
Ah ! Qui que vous soyez, je vous maudis. La peste de soit de vous, et pis encore. Que tous les fléaux du monde s'abattent sur vous pour cette infamie que je ne manquerais pas de réparer.

Elle ne devait pas être là. Dans mon agenda, c'est bien moi qui devais emprunter Silverway.

La roche crisse effroyablement, et je ne peux toujours me détourner. Espèce d'enfoiré, qui que tu sois. M'offrir cette vision sera ta perte. Je rouvrirais les caveaux de Brocebury et te montrerais l'étendue de mon imagination.

Elle n'aurait jamais dû être là. Ce n'était pas un accident, et les assassins voulaient ma mort, pas la sienne.

De petits galets fusent, et l'horrible épée de Damoclès de prendre une vitesse effroyable. Bâtard, fils de chien. Je clouerais ta langue au milieu de mes trophées. Et vous ! Vous, là-haut ! Si malicieusement voilés, masqués ! N'espérez pas meilleur compte ! Quand j'aurais vos noms, j'arracherais le dernier soupir à vos femmes devant vous. Vos enfants rendront l'âme sans que vous ne puissiez rien y faire. Et même après cela, vous ne comprendrez jamais ma haine. Et même après cela, je ne saurais vous épargner.

La roche s'abat sans somation sur le fiacre, et ma dulcinée.

Elle n'aurait jamais dû être là.

Musique

Je n'entends plus. Seuls les battements plats, réguliers de mon cœur tambourinent. Infâme réquiem me donnant la nausée. Un sifflement se fait entendre, alors qu'une douleur cinglante vient me vriller le palpitant. Je tombe à genoux, mais même cet assaut implacable me parait étranger.
Je suis déphasé. Tout bonnement. Je ne peux me résoudre à sa mort.
Je pose une main au sol, et rend mon déjeuner, tandis que des larmes, amères d'une tristesse sans borne et d'une haine bouillonnante viennent s'y mêler.

Je n'entends plus. Pourtant, je vois. Tout. La moitié du fiacre continuant sa route dans le bas-côté, et l'arrière brisé, éventré. Le bois éclaté fuse alentours, ne prenant même pas la peine de m'effleurer. Jusqu'au décor vient me snober. Je suis seul.

J'aperçois la roche continuant sa course endiablée. Teintée d'un cramoisi qui me blesse, et emportant avec elle ce que je devine être les restes de ma promise.
Je partage un peu plus de mon repas avec les pavés.
Je n'ai jamais été raisonnable. Je sais pertinemment que c'était bien elle. Son corps fut identifié, aucun doute là-dessus. Pourtant, je me lève, vacillant. Je titube, chancelant. J'accélère, paniquant.
Dans la descente du bas-côté, je manque de tomber, glissant du talon sur un quelque chose flasque et visqueux que je n'ose regarder. La violence de la collision me laisse deviner ce dont il s'agit.
Je reprends ma course, la vue embuée. Parvenant aux décombres, je jette furieusement les restes du fiacre alentours pour me saisir d’Élise.

Maroufle. Avec rien ne pouvais-je interagir jusqu'à présent et voilà qu'il m'accorde d'enlacer le cadavre de ma dulcinée ?
Enfin, le peu qu'il en reste. Je n'arriverais pas à vous détailler ses blessures. C'est tout simplement trop dur. Sachez seulement qu'elle était reconnaissable.

J'aurais tant aimé l'entendre une dernière fois. Avoir la chance de lui mentir, lui dire que tout s'arrangerait. La bercer de cette illusion, lui offrir mon sourire, mes adieux. J'aurais voulu l'avoir, une toute dernière fois. J'aurais aimé m'en convaincre moi-même, l'espace d'une seconde. J'aurais tout donné pour me perdre dans cette candeur pour échapper ne serait-ce qu'un temps à cette immonde réalité.

Rien d'autre qu'un trait de temps en sa compagnie. Un simple regard, un simple sourire. Mais comment aurais-je pût me résoudre à lui imposer ne serait-ce qu'une seconde de vie dans cet état ? Comment lui demander de supporter pareille souffrance ? Peut-être est-ce mieux ainsi.

Même dans la mort, même dans la plus affreuse des mises, elle demeure somptueuse. Se parant de rouge et de blanc, elle garde sa superbe. C'était Élise. Élise Steelwood.
Elle était parfaite.
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Message par Flinson Steelwood Sam 16 Mar - 6:06

Musique

C'est alors que le décor change subitement.
Les nuages se font d'encre et de poussière, tandis qu'une brume crémeuse et paresseuse vient recouvrir le sol et cercler les buissons. Bien vite, Silverway abandonne son soleil de plomb pour des ténèbres glaciales. Il aura suffit de cette minuscule seconde d’inattention pour qu’Élise disparaisse de mes bras et, en y regardant bien, à l'instar de tout ce qui vient de se dérouler.

La température chute amèrement vers une fraicheur indécente, jusqu'à frôler le négatif avec malice. Mon souffle se cristallise devant ma bouche entrouverte de stupeur. De lourds nuages, blancs comme noirs, se mêlent en une infâme mixture à la brume tournoyante en un cercle parfait, à quelque mètres à peine de moi.

Je me relève, étonné.

"Tant de haine. Tant de doute, de colère."

La voix, caverneuse, semble provenir de toutes parts. Pis encore, elle semble émaner de la purée de poix elle-même. Impossible d'en déterminer la provenance exacte, et impensable d'y mettre fin dans la seconde, donc.

"Personne n'échappe à vos humeurs. Pas même vous."

Sifflante, perçante, trainante. Son allocution a quelque chose d'intenable, d'effrayant. Et Sargeras sait que je ne suis pas quelqu'un de facilement intimidable, voir intimidable tout court.
Mais... cette voix... Elle n'a rien de normal. Son auteur m'est inconnu, tant par son identité que dans sa nature.

"Vous exécrez le monde entier. La nature vous écœure. Le monde vous donne la nausée. Vous haïssez votre prochain, et méprisez tout un chacun. Le quidam fait l'objet de votre dégoût le plus profond. Au départ la plèbe, vous avez étendu votre haine contre votre entourage, votre sphère, et jusqu'à votre propre famille."

Autour de moi, rien ne bouge. Tout est parfaitement immobile, dans cette toile de noirs profonds et de blancs éclatants. Pas un mouvement, pas un bruit, en dehors de cette voix gutturale et de ma respiration se faisant de plus en plus saccadée. La haine, oui. En effet. La rage, même. La rage de te trouver.

"Vous détestez la plèbe et la noblesse vous horripile. Votre colère envers votre roi n'a d'égale que votre inconstance envers votre sœur. Vous avez fait taire vos propres parents, car ils vous écœuraient. Pas un remord ne vous tourmente. Non, vous avez déjà bien trop de doute sur le présent. Trop d'interrogations. Et face à ce doute, vous n'avez sût répondre que par une haine renforcée. Nourrissant les plus sombres pensées envers le dernier von Lutgardis en vie, celui-là même qui vous a survécu... vous enragez. Vous ressassez, et vous appréhendez.
Vous vous êtes-vous même piégé dans un cycle sans fin, envers et contre tous. Et contre toute chose. Les concepts, les idéologies, les politiques. Les castes, les sociétés, les mœurs. Les "autres". Vous savez qu'ils ne vous apporteront rien. Vous savez qu'ils n'ont plus rien à vous offrir. Ils n'ont jamais rien eût
."

Qu'essaie t-il de faire ? Me convaincre ? De quoi ? De l'idiotie du monde ? De son horreur, sa laideur ? De l'infamie qui le tourmente ? Peuplé d'abrutis, comment pourrait-il ne serait-ce qu’être beau ? Vivable ?
Oui ! Oui je les hais ! Tous ! Tous autant qu'ils sont ! Ils me fatiguent, ils m'exaspèrent ! Je ne sais comment je parviens à souffrir leur proximité ! Leur bêtise, oh, leur bêtise ! Comment, comment la supporter ? Qui pourrait soutenir pareille stupidité, alors qu'il détient le génie le plus pur ?

"Alors, vous doutez. De l'avenir, de vos projets. De votre propre monde. Vous le voudrez à votre image. A votre convenance. Et alors que vous comprenez qu'il ne sera jamais à votre espérance, vous désespérez. Vous sombrez, concentré de mépris et de dégoût, vous vous perdez dans l'inquiétude et l'angoisse."

Musique

Il a raison... Si jamais le monde ne suivait ma cadence ? Si jamais il ne voyait fleurir mes citadelles d'acier ? Mes tours d'airain ? Si jamais son ciel ne devenait une mer de suie, sur laquelle vogueraient mes aéronefs ? Si jamais ses océans n'étaient d'huile ? S'ils abandonnaient la technologie ? Si... si...

"Et ce doute vous ramène à la haine. Un cycle de rage, de colère, de questions et de désespoir. Inévitable. Wilkein l'incarne. Vous n'arrivez pas à vous en faire une opinion. Vous l'aimez cependant qu'elle vous horripile. Vous désirez la voir morte mais ne pouvez vous résoudre à sa mise-à-mort."

Comment pourrais-je prendre une décision à son égard ? Rien n'est simple, pas dans ma logique. La plus petite décision nécessite l'appréhension la plus globale, la plus précise. Le cas de Wilkein est d'autant plus pointilleux.

"Merath vous fait vomir. Il vous a manqué de respect. Insulté, dénigré. Pourtant, vous avez besoin de lui, et lui de vous. Vos affaires avec lui et son ordre vous sont nécessaires. Et son ordre. Se croyant supérieurs, ils vous font furibond."

Une silhouette se forme devant moi. Quelque chose d'indescriptible, aux couleurs de la brume avoisinante. Une fumée blanchâtre et tachée d'une encre d'un noir d'abysse en suinte, coulant jusqu'au sol. Attendez, j'ai déjà vu cette manifestation en Pandarie. Durant mon court passage sur ce continent. Oui, oui...

...

"Vous pensiez pouvoir me manipuler ? Vous pensiez pouvoir jouer avec mes humeurs ?!"

Le chose reste coite, d'un marbre parfait. Si elle était pourvue d'émotion, elle aurait probablement rit du paradoxe qui lui était offert.

"Grossière erreur ! Je suis un Steelwood ! Flinson Steelwood ! Personne ne me dit quoi faire ! Je tuerais Ysgalad si l'envie m'en prend ! Je ferais disparaitre Merath si bon me semble ! Et je rabattrais le caquet de l'Ost Pourpre si je le juge nécessaire."

Je dégaine mon pistolet. Encore, toujours. Armé d'une dernière balle.

"Ne vous donnez pas cette peine. Tapis dans votre cœur, tant que vous serez la proie de vos émotions, je reviendrais."

Le retour à la réalité me fait l'effet d'un violent crochet du gauche en pleine poitrine. Le souffle court et perdu, je me retrouve au sol, sur le plancher de mes appartements en ruine. Je n'y verrais rien si le clair de lune ne venait pas s'infiltrer par un creux dans les nuages.
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Message par Flinson Steelwood Lun 22 Avr - 0:54

Musique

Je rouvre les yeux. Combien de temps me suis-je autorisé ? Impossible à dire. Bien peu, si j'en crois l'avancement de la lune par rapport à la position que je sais m'en souvenir, avant que je ne me sois laisser aller au repos de l'inconscience.

Repos de bien courte durée, cependant. Les craquements qui martèlent le plancher du couloir menant aux appartements que j'occupe ne sont pas pour me rassurer. Pas plus que les interminables crissements de terrifiantes griffes que j'imagine glisser le long du bois, arrachant parfois quelques esquilles au passage.
D'un pas ballant, gauche, je me relève en m'écrasant plus qu'en m'appuyant contre une armoire d'if encore debout.

Un grognement sourd et cavernale surgit de derrière la porte, lequel achève de me réveiller et, si je n'étais pas si maitre de moi-même, m'aurait probablement fait souiller mes chausses.
Je me tourne vers l'entrée, difficilement, souffle court et regard chancellant, avant de taper ma cuisse à la recherche du revolver y étant sanglé.
A peine le sens-je que je me rend compte que les sangles de cuir se sont bloquées, après toutes les aventures que je leur ai fait subir.

Une bien facheuse coïncidence que cette situation, alors que la porte vole en éclat en canon avec un hurlement de rage, et l'apparition dans ce clair-obscur qu'est la réflexion blanchâtre de la lumière de la lune sur la poussière projetée par le coup d'une pair d'yeux jaunâtres embués de hargne.

Je croise le regard de la bête. Elle me fixe d'une colère indiscible, écume aux babines et tous crocs dehors, les griffes serrées sur le parquer broyant progressivement les lattes de chêne rouge sous la haine de la créature.
Et alors, je vois la blessure. Le terrible sillon laissé par la lame de mon kukri au niveau du torse d'un lord Gatewood un poil métamorphosé, si vous me permettez ce calembour.

N'ayant que peu envie de le saluer, je bondis par la baie vitrée en m'écorchant amplement visage et bras au passage, tout en tirant un petit levier coincé sous la sangle de mon sac à dos, lequel dans un concert de cliquetis déploie une large aile mécanique, savant mélange entre le deltaplane et le parachute.

Mais Gatewood n'entend pas ma fuite de cette oreille. D'un bon puissant, malgré sa blessure mortelle et les derniers instants qu'il sait vivre, l'ancien notable gagne la distance nous séparant et s'accroche à la machine, brisant la moitié de l'aile avant que nous ne nous mettions à tomber, tous deux, vers le sol qui nous semble alors encore bien trop loin.

Ballotté, secoué, malmené par la chute et les tremblements de la machine, je ne parviens à rien d'autre qu'à retenir les coups de pattes du worgen et à refuser l'invitation de la mort à la suivre pour l'instant.
Le sol se rapproche dangereusement, et alors que je percute de plein fouet les terres de mon ancien jardin, je ne peux retenir un hurlement lorsque ma jambe se brise dans un horrible craquement.

Musique

Je n'ai d'autre choix que de sortir mon dernier atout. Une toute nouvelle invention que je n'ai pas encore eût l'occasion de tester mais qui pourrait me sauver la mise. J'enfile en hâte un mécanisme de grappin fixé sur une base d'arme de pugilat, se sanglant à-même l'avant bras.
L'audacieux appareillage se termine sur une série de trois griffes rotatives, actionnée par une dynamo manuelle.

Plantant les lames du grappin au sol, j'actionne le jeu d'engrenages. Les griffes tournent et, meulant le sol, me tracte à la manière d'une roue loin du worgen qui tentait de m'éventrer.
Alors qu'une folle course s'engage, moi, sur le dos, glissant dans les restes d'un jardin à la française aujourd'hui ravagé, ballotté par la boue et les graviers, et un Gatewood velu et enragé à ma suite, courant à quatre pattes et se rapprochant un peu trop vite, je tente encore une fois de retirer mon revolver.

Je penserais éventuellement à remercier une quelconque intervention divine. Toujours est-il que je parviens à retirer mon arme de son écrin, et mets alors en joue mon poursuivant. Une dalle passant sous ma jambe durant la course me vole un cri de douleur tout en me faisant manquer ma cible.

Il se rapproche.

Le barillet n'est qu'un trois coups. Les chambres tournent, et une balle gagne le canon.
Second coup, second échec.

Il saisit ma jambe.

Le chien percute l'enclume. La poudre s'embrase, le gaz explose et le métal fuse, droit dans l'orbite de l’œil droit de Gatewood. Il s'effondre, et j'arrête enfin la dynamo, laissant retomber ma nuque contre le sol, regard vers les étoiles.

Vous parlez d'un retour à la maison.

Spoiler:
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