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[Gilnéas d'antan] Elégie et tragédie (PV Flinson)

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Message par Augustus V. Lutgardis Mar 10 Juil - 4:40

+musique+

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Grande salle du manoir des Von Lutgardis.

La réception battait son plein, les invités s'afféraient autour des banquets, bavardaient sur l'un des divan, ou dansaient au rythme des violons et du clavecin. Il était d'usage d'organiser pareilles rencontres mondaines lors de la célébration d'un évènement nouveau. Et quel évènement! Il ne s'agissait ni plus ni moins de l'anniversaire du propriétaire des lieux. La décoration avait été enrichie pour l'occasion, et les habitués aux lieux ont bien put le constater, car d'ordinaire la famille Von Lutgardis se contentaient d'une sobriété à toute épreuve -si tant est que l'on considère qu'il s'agit là de mesure- . Le très riche lustre brillait de milles feux, et pour cause! Il avait été astiqué par pas moins de douze domestiques, parmi les plus redoutables hommes qui s'occupaient du ménage colossal qu'il y avait à faire en ce manoir. Le parterre de marbre avait quelque chose de vaguement basaltique, avec ses reflets sombres et sa couleur miroitante.

Du haut des marches surplombant la salle, deux hommes bavardaient. Celui qui faisait face à la salle arborait un costume noir, rigide avec un foulard-cravate brodé de motifs d'argent. Ses cheveux noirs encadraient un visage aux traits durs, partiellement ridé , et un monocle suspendu sur son oeil gauche renforçait l'impression d'absence de souplesse que l'on ressentait rien qu'au premier regard. Pourtant, ses gestes étaient clairs, et bien que son visage fut fermé, l'on pouvait deviner qu'il ne parlait pas de choses forcément très agréables. Ce genre de sujet que l'on entretient qu'à l'écart d'une fête, alors que tout le monde est occupé dans le faste. On ne pouvait distinguer très peu de choses chez son interlocuteur, si ce n'est qu'il avait les cheveux roux et un costume faisant montre d'un très bon goût.


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Georg von Lutgardis passa sa main dans sa moustache, laissant l'Industriel finir ce qu'il avait à dire. Il serrait dans sa main une lettre fraîchement décachetée, que son invité n'a pas hésité à lui remettre en main propre. L'air grave que prenait le patriarche de la famille Von Lutgardis se renforcait au fur et à mesure des dires de l'homme d'en face, qui corroboraient horriblement avec ce qu'il annonçait dans sa missive. Georg voulut pester contre ce coup du sort, mais il n'en perdit rien de sa rigidité et de son maintiens. Il regardait toujours Flinson Steelwood comme s'il venait lui annoncer une quelconque stupidité : avec la plus grande neutralité. Sa main se ressera autour de sa prise de papier, qu'il allait parcourir des yeux de temps à autres.

«Je saisis parfaitement votre démarche, Flinson Steelwood. Et vous serez sans doutes ravis de savoir que je ne suis en rien impressionné du fait que vous ayez pris connaissance de certains détails. A cause de mon fils aîné.»

Georg chercha son fils aînés des yeux, parmi la foule, et trouva sa tête brune isolée, assis dans un fauteuil avec un verre de vin à la main. Il toisait le feu de l'âtre d'un air ennuyé, comme s'il remuait de nombreuses pensées. Certes, il n'avait qu'une vingtaine d'années, mais il se tenait d'ors et déjà comme un homme, l'homme qui allait reprendre les possessions foncières familiales quand ses parents se seront éteints. Du moins, cette certitude là pouvait encore être annoncée avant que sa légitimité ne soit remise en cause. Le patriarche Von Lutgardis savait très bien ce que son fils a vu chez Flinson Steelwood, et ce que Flinson Steelwood a put voir chez son fils.

De tout les hommes de Gilnéas, il fallait que ce soit le plus abject, le plus inhumain, et le plus fin stratège commercial qui ait percé une vérité inavouable de sa famille. Hansel payera les conséquences de sa traîtrise involontaire. L'arbre généalogique s'en souviendra plus que quiconque, sans doutes.

Georg de croiser à nouveau le regard de l'Industriel. La rage qu'il ressentait actuellement aurait déjà explosé si son éducation et son code de conduite ne lui avait pas enseigné à contrôler chaque sentiment. Chaque mot. Chaque geste. D'ailleurs, son prochain geste fut de brandir la lettre en direction de son interlocuteur, comme si le papier dénonçait un fait inévitable retenu contre celui qui l'avait écrit.

«Mais ôtez-moi d'un doute, Monsieur. Oseriez-vous menacer ma famille alors que mon fils m'a rapporté des faits intrigants sur vos "réunions de société"?»


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Dernière édition par Augustus V. Lutgardis le Jeu 12 Juil - 7:01, édité 1 fois
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Message par Flinson Steelwood Mar 10 Juil - 5:49

Musique


La fête battait son plein.
Au cœur de la vallée de Stozenfels, la manoir Von Lutgardis brillait de mille feux, illuminant à des lieux alentours les bourgs et plaines avoisinantes de ses milles éclats filant au travers de ses vitraux. Oh, si les von Lutgardis comptaient parmi les plus grandes familles de Gilnéas, et bien que je ne leur accordais que bien peu d'importance jusqu'à ce soir, je dois avouer qu'ils avaient su faire preuve d'un goût certain.

Leur demeure était... ravissante, oui c'est le mot. Exquise, même. Et pour une occasion telle que la célébration de l'anniversaire du patriarche de la famille, la somptuosité dudit lieu n'avait été qu'agrémenter de délicates touches. Que ce soit ces coûteuses tentures aux armoiries familiales, ou ces bouquets de fleurs hors de prix, dans la plus pure tradition gilnéenne, tout corroborait pour offrir la plus mémorable des cérémonies.

Et aussi impressionnant fut-elle, je m'en serais bien abstenu avec grande joie, si seulement je n'avais pas réussi à coincer cet abruti, Von Lutgardis fils. Le manant avait tenté -et réussi- de s'introduire à mes petites réunions secrètes.
Mais, c'était un mal pour un bien, et ma présence ce soir, aux côtés du patriarche Georg, nimbé de mon plus faux sourire et de mon regard le plus provocateur, ne s'expliquait que par le contenu de cette lettre. Missive que j'avais eu la délicatesse de convier en mains propres, s'il-vous-plait !

Je souris follement à la suite de sa première réplique. Oui, j'en suis ravis. Mais après tout, qu'est-ce qui ne me parvenait pas aux oreilles, je vous le demande ? Ma fortune ne s'est pas construite que sur le commerce. Le chantage est également très lucratif. Et à défaut, il permet de tenir les nobles en laisse.
C'est que, voyez-vous, lorsque l'on est assis sur des patrimoines faramineux, tombés sur nos têtes depuis notre plus tendre enfance, avec la cuillère en argent que nous avions dans la bouche, et bien.... nous nous ennuyons.
Et quand je dis nous, j'entends bien sûr parler de la noblesse. Oh, moi aussi, j'en ais pour ma morale ! Mais je ne m'en cache pas, là est la différence.

"Allons allons, mon cher. Ce brave Hansel n'a eut pour erreur que de vouloir impressionner la galerie. Après tout, n'est-ce pas là la clef de la réussite ? Le pauvre a simplement voulu nous faire montre de ses talents, à mon image ! La seule différence entre lui et moi, hormis ma perfection flagrante, ne tient qu'en le simple fait que, MOI, je sais faire la scission entre ce qui est notoirement acceptable.... et ce qui ne l'est pas."

Dans un ample mouvement de feutre bordeaux, je réajuste ma mise, rehaussant les jabots de ma chemise et la tenue de mon cardigan. Je suis sublime, comme à l'accoutumée.
J'observe ce cher Georg. Oh, après toutes ces rencontres, tous ces banquets, ces cérémonies, ces réceptions et ces faux-semblants envers tel magistrat, tel notaire, comte, bailli ou que sais-je ! Toujours est-il que j'ai appris à lire aux travers des apparences. Et si le patriarche Von Lutgardis feint, avec un talent que je me dois de saluer cependant, une sérénité à toute épreuve, je sais qu'elle n'est là qu'apparente.

"Vous menacer, vous dites ? Vous m'insultez ! Et je crains que vous ne vous vous fourvoyez quant à ma personne. Je ne suis qu'un humble industriel, au service de son prochain, et je laisse bien la politique à ceux qui l'entendent. Néanmoins.... comprenez qu'il serait tout à fait regrettable que le contenu de cette missive vienne à devenir public. Tout comme il serait tragique que ce que votre fils ainé a pu apprendre devienne notoire."

Je pique le sol de ma canne, calant ma main libre contre ma hanche et me drapant de mon sourire le plus malicieux.


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Message par Augustus V. Lutgardis Mer 11 Juil - 1:19

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Changement de ton. La musique s'emballe, devient plus rapide, plus entraînante, les danseurs valsents dans un balet de tissus virevoltants et d'éclats de rire.

Dans un coin de la salle, un petit monceau de cadeaux avaient été entreposé pour Georg von Lutgardis, comprenant des bijoux, des livres uniques, des meubles taillés dans le bois le plus cher par les meilleurs artisans. Le patriarche appréciait bien entendu le geste fait à sa personne, mais sa retenue conventionnelle lui éxigeait de ne pas se venter de manière ostentatoire des biens qu'il aurait acquis. Et s'il y avait bien un cadeau dont il se serait passé, c'était bien entendu celui qu'il tenait en main. L'Industriel avait le don pour faire des interventions fracassante, et une fois de plus, son présent avait ébranlé les certitudes de la famille Von Lutgardis. Fort heureusement, il avaient un atout dans leur manche. Le premier à céder du terrain sera vaincu.

Georg se tint toujours le plus droit possible lorsqu'il écoutait Flinson Steelwood déblatérer, se venter et faire l'hyprocrite. Mais il avait raison, c'était un fait. Si le peuple Gilnéen, et à plus forte raison, son roi, venait à apprendre les secrets de l'un comme de l'autre, personne ne pouvait certifier l'avenir des deux partis. La pose arrogante de l'Industriel national conclu de pair avec l'évidence de sa déclaration. Georg saisit son monocle ainsi qu'un mouchoir blanc, brodé d'argent aux armoiries de sa famille, pour le nettoyer. C'est en le remettant à sa place qu'il répondit :

«Monsieur Steelwood, je vous serais gré de ne pas relayer de tels propos au sujet de mon fils. Il est certes en faute, mais souvenez-vous qu'en ma demeure, il ne sera toléré votre légèreté blessante.»

Sa voix grave allait parfaitement bien en arrière fond avec la musique jouée par le petit orchestre. Ou du moins, se dissimulait suffisament derrière les notes pour que personne ne soit atteint par la conversation. Le patriarche Von Lutgardis baissa les yeux vers le courrier, où une phrase lui sauta aux yeux. "Quelle stupeur ne fut pas mienne lorsque l'on me mit au fait de vos "divertissements" pour le moins exotiques." Si Georg avait été capable de faire la moindre moue, elle serait apparue immédiatement sur son visage. Il est vrai, certains secrets sont faits pour être gardé loin de tous. Surtout lorsque cela implique des forces... non-conventionnelles. Plus loin, ses yeux s'attardèrent sur une sorte de conclusion : "Nous savons tous deux où se trouvent nos intérêts, et je serais ravis de vous proposer un petit accord.".


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Alors que Geog von Lutgardis allait prendre la parole, deux personnes s'approchèrent des hommes en conversation. Leurs habits noirs et d'argent étaient portés avec une tenue et une rigueur famillière à l'esprit des lieux. La personne la plus grande, une femme, s'approchait directement du patriarche.

«Georg, mon époux. Tout va bien?»

L'inquiétude se lisait sur le visage impeccable de Grey von Lutgardis. Ses cheveux auburn étaient attachés vers l'arrière et coiffés telle une oeuvre d'art, et quelques mèches descendaient de ça de là sur ses joues pâles. C'était une femme qui avait du maintiens, et qui dégageait une aura de dignité et d'attention. Georg contempla sa moitié ravissante pour ce jour, mais son expression ne changea guère. Nimporte quel mari aurait sourit en voyant sa femme si bien présentée, mais il ne convenait pas à la situation cette fois de commettre un écart de traits. Le patriarche acquiesca et laissa sa femme tendre sa main, dos vers le ciel, à Flinson Steelwood. Une fois les salutations les plus protocolaires faites, il pressa sa femme à retourner aux festivités d'un regard. Cette dernière se retourna dans un dernier soupir compatissant, suivie de près par un adolescent dans la quinzaine.

Augustus von Lutgardis détourna sa tête pour lancer un regard froid à l'Industriel. Georg savait que son fils n'aimait pas beaucoup la présence de Steelwood, depuis qu'il avait été présent lors d'une audiance à la cour, où l'Industriel avait réussis à convaincre le roi de raser une partie des bois dans lequel il aimait se promener afin d'alimenter ses usines. En l'espace d'une seconde, l'échange de regards prit fin, et Augustus de rajuster sa veste sombre et d'accompagner sa mère plus loin dans la Grand Salle, réajustant son air neutre le plus Lutgardisien -comprenez naturel- possible.

«Vous pensiez que nous allions nous mettre d'accord aussi rapidement? Maintenant que vous savez, Monsieur Steelwood, de quoi il en retourne en nos murs, il est bien possible que vous soyez invité à rester quelques temps.»

Le ton changea radicalement. Une menace prononcée en bonne et due forme. Il était vrai, Flinson Steelwood était venu chez les Von Lutgardis porter son lot de nouvelles. Mais le patriarche escomptait bien éviter toute complication inutile. Si fait, il avait bien une idée pour faire taire l'odieux personnage qui lui faisait face, même si cela impliquait quelques problèmes relationnels ultérieurs. Mais il était décent chez tout gentilhomme de renvoyer le jeu à son adversaire.

«Et vous? Que proposez-vous?»

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Message par Flinson Steelwood Mer 11 Juil - 2:06

Musique


Changement de ton.
La musique va crescendo, les rires lui font échos tandis que les plus hardis valseurs tentent de suivre un rythme osé et prononcé. Et il est tout à fait remarquable de constater que notre conversation va au gré de la mélopée.

Nous continuons notre discussion , bourrée de faux sous-entendus et de double-bluff dont je suis si friand. Oh, ces chers Von Lutgardis ont au moins le mérite de manier verve et sémantique avec force d'audace et d'une maitrise frisant la beauté de la mienne, je me dois de leur accorder cela.
Avec un regard emplit d'un mépris certain, rehaussé d'une touche de dédain obséquieux et prononcé d'un nuage de moquerie empreinte d'un narcissisme sans limite, je fixe mon interlocuteur drapé de sa prestance la plus hautaine. Il représente mon opposé parfait : maitrise de soi, privation et maintien de bonnes mœurs, comme le conformisme nobiliaire l'exige si bien. Contraintes, règles et droiture. Foutaises, stupidités et inepties.

Et tandis que Georg époussette son monocle d'excellente facture, comme il sied à tout gentilhomme de son acabit, je n'ai de cesse de jouer des oculaires de mes propres bésicles, tantôt dépliés, tantôt resserrés, toujours accompagnés de concertos de distingués cliquetis et de délicates et doucereuses échappées de vapeur, fustigeant alentours de leurs immaculées fumées.
Oh, nous sommes si opposés, tous deux. Moralement, éthiquement, et même naturellement. Nous nous scindons à la perfection. Et quel spectacle devons-nous offrir au contrebas, perchés que nous sommes sur nos piédestaux naturels et forts de nos prestances innées.
Si opposés, et pourtant si proches. Ces révélations réciproques font de nous des intimes, il ne puis qu'être d'accord avec moi.

"En faute ? Nous ne nous comprenons pas, cher ami. Je n'ai fait que vanter les mérites de votre fils, au contraire de ce que vous semblez interpréter. Mais après tout, qu'importe. Je ne saurais que m'excuser si jamais j'ai pu vous offenser. Nous sommes entre hommes d'honneur, n'est-il pas ?"

Je me languis de ma rhétorique. A vrai dire, cette question était tout sauf sincère, et Von Lutgardis aura bien saisi l'absence de réponse qu'elle attendait. Mes avis quant à sa famille ne lui sont pas le moins du monde inconnus. Après tout, de qui ais-je jamais été proche, je vous le demande ? Il y a bien cette charmante demoiselle, Miss Brighstone. Fille du bailli et de lady Brighstone. Je m'attarderais quant à sa délicieuse personne, d'ailleurs.

Et alors que Georg lorgne sur la missive, je n'ai de cesse de le fixer, nimbé de mon plus infâme sourire et drapé intérieurement de ma haine la plus farouche. Oh, Von Lutgardis. Je vous méprise pour votre sang. Je vous exècre pour votre mentalité, et j’abhorre vos mœurs. Tout chez vous ne vient que me répugner. Faibles, misérables, tout vous est tombé dessus depuis la naissance et vous vous vantez d'une supériorité inhérente à votre statut, n'ayant point nécessité le moindre effrot. Et quand bien même ce simple fait serait immonde de par sa seule existence, vous ne vous en arrêtez pas là. La découverte que j'ai eut le loisir de trouver au sein de votre famille ne vient que me faire vomir un peu plus sur votre nom.

Mais... me voilà stoppé dans mon échange pourtant si entrainant, alors que j'attendais la célèbre répartie Von Lutgardis. Deux nouveaux venus viennent à notre rencontre. Une ravissante lady dont je ne saurais que deviner être l'épouse de mon interlocuteur, et un adolescent dont le teint, la crinière, le regard mais surtout, le port, crachent à eux-mêmes l'appartenance à la lignée Von Lutgardis.

Me fendant de mon plus beau sourire, riant intérieurement de ce contretemps, je saisis la main tendue d'une délicate poigne, et y offre un baise-main mielleux, tout ce qu'il y a de plus gentilhomme. C'est à dire, sans réellement établir de contact, me stoppant au ras de la peau.
Nous nous saluons brièvement, comme les personnes distinguées que nous sommes -surtout moi-même-, et alors que les arrivants se détournent de nous, nous pouvons reprendre.

Je ne saurais dire ce qui était le plus risible dans le phrasé de Georg. Les mots ? La sémantique ? Ou alors, la pseudo-menace qui y est dissimulée et que je ne sais souffrir ?
Toujours est-il que ceci relève de MON domaine, Mr. Von Lutgardis. Menaces, faux-semblants, dol et jeux d'ombres sont autant d'amantes que je me complais à garder dans mon lit, et dont je me réserve l'exclusivité.
Mais soit, jouons.

"Bien que je serais absolument ravi de demeurer en votre si accueillante propriété, je crains qu'en l'espèce, ce ne soit inconcevable. Comprenez que je suis un homme occupé, et je crains que le conducteur de mon moyen de locomotion ne s'inquiète de mon non-retour, si je ne venais à le rejoindre en la fin de soirée. Oh, ne vous-ais je pas dit ? Afin de venir profiter de cette charmante réception, j'ai décidé de faire d'une pièce deux achats : j'ai inauguré ce soir-même mon tout dernier modèle de char de siège en me faisant conduire par ce dernier en votre manoir. Exquis, vraiment. Une merveille de mécanique. Et d'un armement sans précédent, d'une innovation si vous saviez !"

Je souris follement. Je ne prends pas la peine de dissimuler la menace implicite. Nous sommes tous deux bien assez rodés sur ce terrain pour nous entendre de la sorte, et la finalité est claire. Von Lutgardis ne jouera pas un tel risque, et je partirais de ce lieu par la grande porte, gratifiant l'assemblée de ma superbe une dernière fois.

"Ce que je propose ? En tout bon commerçant -bien que bon soit un effroyable euphémisme-, je devrais vous faire contracter un accord écrit, constaté par acte de notoriété comme toute transaction honnête l'exige. Mais il est évident que nous ne saurions souffrir de la mise par écrit de nos... connaissances respectives. Il apparait donc pertinent d'en venir à un comme-un-accord."

Je me retire plus au fond de notre esplanade, peu désireux de courir le moindre risque d'être entendu par d'autres oreilles que celles de mon futur "associé". Là, dans le peu d'ombre offert par l'éclairage de l'imposant lustre, mon sourire doit paraitre encore plus dément, sublimé par la faible luminosité de mes bésicles.

"Je serais vraiment dévasté que nos familles respectives soient entachées par de futiles querelles. Vraiment, ce serait une... horripilante perte de temps. Nous valons tous deux bien mieux que cela, et j'entends bien tenir une relation cordiale, voir, amicale, pourquoi pas ?"

Et moi de sourire de plus belle. Nos familles seraient capables de mettre en branle la nation entière si elles en venaient à un conflit ouvert. Et bien que j'aurais été comblé de rabaisser ces ridicules nobles à ce qu'ils sont vraiment, un ramassis de rampent-la-fange tout juste bons à se transmettre leur argent, je sais où se trouvent mes intérêts. En l'espèce, et réciproquement, il est inévitable d'instaurer un accord tacite entre Steelwood et Von Lutgardis.


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Message par Augustus V. Lutgardis Jeu 12 Juil - 6:46

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L'impudent fequin! Venir en char de siège dans la Vallée comme s'il empruntait un fiacre!

Bien qu'il est d'usage de toujours s'indigner de ce que fait ou dit Flinson Steelwood, il y avait des même des limites, en ce bas-monde, à ce que l'on appelait la démesure! Mais non, l'Industriel n'en faisait qu'encore et toujours à sa tête. Georg von Lutgardis s'agaçait intérieurement de savoir qu'il y avait un tel engin rangé non-loin de sa demeure. La région était heureusement assez épargnée par les activités de l'Industriel, et la famille von Lutgardis comptait bien conserver cette constante. Mais il fallait reconnaître que Steelwood avait abbatu sa carte d'une manière aussi tranchée et impeccable que le patriarche. Peut-être jouaient-ils à armes égales, pour l'heure, histoire de ne pas se froisser mutuellement.

Et à propos de mutualité, la proposition implicite du bourgeois fit tiquer Georg von Lutgardis. Ainsi donc, il fallait jouer des amitiés et des politesses de la manière la plus évidente du monde, garder les secrets de l'un et de l'autre et puis, voilà? Quelque chose ne tournait décidément pas rond dans ceci. Bien entendu, Georg von Lutgardis n'était pas né de la dernière pluie, il savait reconnaître la gente arrivant simplement mais avec quelques insidieuse félonies préparées. Et Steelwood était sans aucuns doutes le pire fiéfé félon fier et fourbe, fomentant des fortaitures fortuites et fracassantes, généreusement fournis par des fonds faramineux et une imagination fantastique des moins faméliques.

Il y a un fait que Georg von Lutgardis a toujours déploré à la cour du roi. Tous les nobles s'y addonne, mais personne ne semble mieux le faire que l'Industriel. Il n'y a plus vraiment de honte maintenant à cela: l'hypocrisie est un vice à la mode, et tous les vices à la mode passent pour vertus. Le personnage d'homme de bien est le meilleur de tous les personnages qu'on puisse jouer aujourd'hui, et la profession d'hypocrite a de merveilleux avantages. C'est un art de qui l'imposture est toujours respectée; et quoiqu'on la découvre, on n'ose rien dire contre elle. Tous les autres vices des hommes sont exposés à la censure, et chacun a la liberté de les attaquer hautement; mais l'hypocrisie est un vice privilégié, qui, de sa main, ferme la bouche à tout le monde, et jouit en repos d'une impunité souveraine.


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Le patriarche suivit avec déférence le mouvement de retrait du bourgeois, écartant un peu leurs mises du public dansant, mais ne se cachant pas pour autant. Leur allure portait sans aucuns doutes de loin d'homme discutant d'affaires de la plus haute importance, dans l'intimité et le professionalisme le plus complet.

«Vous ne doutez absolument pas de votre sécurité, et cela m'honnore. Je suis votre hôte cette soirée, Monsieur Steelwood, ne l'oublions pas.» Commença Georg, afin de rebondir, voire aplatir les remarques de son interlocuteur. «Si vous entendez pas "comme-un-accord" le fait de jouer la comédie devant les autres notables du royaume, je me vois dans l'obligation d'émettre une réserve. J'ai une ligne de conduite qui, si brisée, viendrait à nous faire suspecter d'un quelconque étouffement d'affaire.»

En effet, les Von Lutgardis étaient appréciés pour leur franchise et leur droiture sans faille. Il n'était pas systématiquement représenté dans leur patrimoine qu'ils faisaient de bons acteurs. Traîter avec les secrets familliaux était relativement aisé quand l'on comprennait pourquoi la mesure avait toujours fait partie de leurs moeurs. S'il y avait bien une rumeur au sujet de chaque parti de Gilnéas, celle concernant Georg von Lutgardis était pour le moins "fantastique". Personne ne peut dire avoir vu le patriarche souffrir physiquement de sa condition ou d'une quelconque maladie. De plus, ses affaires allaient comme sa santé; et jamais les produits des terres dont il était le propriétaire n'ont déclinés en quantité ou en qualité. La majorité s'accorde sur la chance, d'autres affirment que c'est leur tenue et leur mesure qui leur garantit ce train de vie.

Mais tous étaient à mille lieux d'imaginer de quoi il en retournait vraiment.

Tous, sauf Flinson Steelwood.

«Comprenez moi bien, je sais que vous n'attendez pas que des salutations et une fréquentation accrue auprès de votre personne de ma part. Je vous rappelle que nous avons chacun notre parti, et que je compte bien à ce que l'équité des regards soit respecté.» poursuivit Georg von Lutgardis. «Entre autre, instaurer une règle d'or sur l'ingérence d'autrui dans nos affaires respectives, tout en établissant un partenariat pour améliorer ces dernières. Je sais que vous avez de la concurrence, par exemple.»

L'air serein du patriarche donnaient plus de texture à ses paroles, comme s'il annonçait le plan exact des négociations. Force était de constater que si la persuasion n'était pas visée, il voulait mettre les choses au clair et attiser l'envie réciproque de tirer profit des atouts d'autrui. Georg savait que pour l'avenir de sa famille, cela allait être relativement lourd en conséquences. Du moins pour la psychologie. Mais il assurait surtout la pérénité inviolable du secret familial. Tant que celui-ci sera bien gardé, personne n'aura à souffrir de l'ire plébéienne et de la désaprobation de la cour.

Et le plus arrangeant dans cette affaire était que Flinson Steelwood, le grand patron de l'armement, le célèbre dandy, avait également sa part à payer.

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Message par Flinson Steelwood Jeu 12 Juil - 7:44

Musique

Tant de palabres, tant de simagrées, plus fantasques les unes que les autres, pour n'arriver au final qu'à une vérité simple, absolue et évidente : l'entente est indispensable.
Des fioritures en archidiacre, voilà qui n'est pas pour me déplaire.
Je l'observe. Georg Von Lutgardis. Pourquoi fallait-il que de tels idiots existent ? Pourquoi diable la malice avait-elle eut l'idée de ne serait-ce qu'imaginer la notion de mesure ? De privation ?

La vie n'est-elle point une immense scène ? Où la seule représentation consistant en son être n'est donné qu'en mon honneur ? Quoi de plus légitime, avouons-le.
Le divertissement est bien la seule chose qui puisse importer en ce monde limité. Oh, tellement restreint. Prenez la mécanique par exemple ! Comme tout génie digne de ce nom, je suis en avance sur mon temps. La technologie moderne ne me permet pas d'exploiter mon art à son plein potentiel. L'on m'avait par maintes fois -ma sœur notamment- fait montre de mon incessante sottise insensée, me demandant souvent cesser incessamment mes fanfaronnades fantasque et filantes, relevant d'une fantaisie fortuite. Mais quid du bien-fondé de mes œuvres avant-gardistes ? Ce qui passaient pour de simples folies de l'esprit aux yeux de certains n'étaient à mes yeux qu'autant de promesses, d'amantes m'attendant patiemment dans une autre vie, plus lointaine, ne demandant qu'à cette terre un savoir plus grand et une technique plus instruite...

Vraiment, ma grandeur est sans limite actuellement. Mais je pleure sincèrement toutes les larmes de mon corps de ne point pouvoir pousser mon talent plus loin encore. Au lieu de cela, j'en suis cantonné à devoir me tenir aux côtés des pires engeances de cette planète, dans de pathétiques demeures fantaisistes me révulsant au plus haut point.
Oh, Georg... que vous me répugnez...
Et vous me fascinez cependant. En ce que pour nos échanges, vous me renvoyez la balle d'un revers somptueux.

Tandis que Von Lutgardis continue sa lancée, je m'en écarte lentement, ne perdant néanmoins pas une miette de ses dires. Je me poste dignement, comme à mon habitude, contre la barrière du balcon, observant la foule nous faisant contrebas.
Sous le rythme plus apaisé d'une valse rassérénée, les couples entament en réponse pas raffinés, sous moultes envolées de jabots, dentelles, velours et autre brocarts, dans un océan de cardigans, de gilets, de feutre et de robes.
Georg de ne point se stopper dans son discours, que je savoure pleinement. Et moi de me retourner dans un mouvement plus que réfléchi et mis en scène, parfaitement cousu de fil blanc, en direction de mon interlocuteur. Au moment-même où ses palabres touchent à leur fin.

"Votre pertinence est à la hauteur de votre réputation, mon cher. En outre, je puis vous affirmer que cette règle d'or apparaisse comme incontournable. Et afin de sublimer nos ingérences respectives, laissez-moi vous exposer ce que les industries Steelwood sont à-même de vous offrir, concernant notre juteux partenariat."

Je souris de plus belle, le laissant languir et me délectant du silence malvenu que j'impose littéralement. Vous avez beau être mon hôte, Von Lutgardis, je n'en reste pas moins le maître de scène. En votre demeure, en la mienne. En votre vallée, en notre pays. En ce monde. Après tout, n'en suis-je point le sommet ?

"Tout d'abord, laissez-moi vous affirmer que je me porte personnellement garant du silence dans lequel baigneront mes connaissances quant à vos mœurs. Comprenez, cher ami, que si d'aventure, quelques rumeurs venaient à filtrer concernant la grande famille Von Lutgardis, ce ne serait en aucun cas de mon fruit...
Mais que dis-je là ! Voyons, j'aborde justement l'offre que je mentionnais ce tantôt : accordons-nous, et les industries Steelwood seront ravis, avec un effort minime, de se porter garantes de la protection des "petits secrets" de votre dynastie. Imaginons qu'une tierce personne se prenne la stupidité de découvrir ce qu'elle ne devrait pas vous concernant ? Et bien, disons que dans ce cas d'espèce, les industries Steelwood seraient présentes pour s'assurer qu'aucune mauvaise publicité ne soit faite quant aux Von Lutgardis.
"

Ma protection. Voilà mon offre. Beaucoup tueraient pour l'obtenir, et voilà que je l'offrais à l'une des plus méprisables créatures que cette terre puisse porter. Mais après tout, c'est bien là un mal acceptable. De fâcheux contretemps pourraient survenir si jamais les Von Lutgardis se décidaient à rendre publics mes propres agissements.
Je darde mon divin regard au plus profond des yeux de Georg. J'ose espérer que votre offre, Mr. Von Lutgardis, sera à la hauteur de la mienne.
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Message par Augustus V. Lutgardis Ven 13 Juil - 4:54


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Les danses allaient bon train en bas, et aucun invité ne semblait trop souffrir de l'absence de Georg von Lutgardis. On pouvait voir le fils aîné toujours dans son coin, saluant au passage les gens qui venaient lui adresser la parole. Augustus quant à lui restait auprès de sa mère, cette dernière discutant avec d'autres grandes dames présentes autour d'un verre de vin. Le mondain n'était certes pas non plus une spécialité familliale, mais ils avaient le sens de la réception, et cela se ressentait avec ce besoin -du moins pour l'épouse actuellement- de s'enquir des amusements de chacune des personnes invitées. Du haut des marches, l'on voyait tout se monde s'affairer comme si l'insouciance était en train de guider leurs actes, ne pensant qu'à passer du bon temps ou à profiter des commodités du manoir.

A l'étage, on entendait une différente musique. Celle de l'Industriel ménageant effet sur effet, silences ponctués d'arrogance et gestuelles empreinte de fourberie. Sa manie de jouer avec le commerce à enrichit son vocabulaire de termes insipides, dont nimporte quel homme lettré doué de bon sens pouvait se méfier. Son ton si mielleux et ses manières inspirées ne firent que confirmer les plus qu'a priori du patriarche. Le port de ce dernier ne semblait pas s'être altéré depuis plusieurs minutes. Regarder droit dans les yeux -ou les bescicles- de son interlocuteur, la nuque raide, le ton clair et le dos droit. C'était une habitude constante, de ne ni courber l'échine ni regarder les gens de haut. Et Georg tirait grande satisfaction à penser que l'Industriel se faisait considérer comme un égal. Nouveaux compliments, nouvelle donne.

«Somme toute, vous proposez de faire ce que notre famille fait déjà avec brio? Je veille à ce que chaque membre de ma famille soit maître de ses paroles et de ses actes. Hansel... a commis une faute impardonnable. Et cela ne se reproduira plus, cela constitue mon affaire de père.» répondit Georg von Lutgardis, de sa voix grave et tenue. «Mais soit, accordons nous sur la pertinence de votre gage bonne foi.»

Ne dit-on pas habituellement que toute aide est la bienvenue? Selon Georg von Lutgardis, cet adage était bien connu, mais venant de la part d'un homme de la trempe de Steelwood? Il s'agissait à présent de se montrer méfiant. Le patriarche n'était toujours pas intimement convaincu que l'Industriel allait taire et faire taire. Dans un enjeux comme celui-ci, il ne pouvait pas se permettre d'accorder sa confiance à l'homme qui était le plus à même de renverser l'équilibre du royaume.


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+musique+

L'orchestre s'arrête. Les danseurs se rangent et les conversations observent le plus grand silence. S'approchent du clavecin Von Lutgardis mère et cadet, qui se font acceuillir dans la révérence la plus honnorable. Alors qu'un échange de sourires entendus procède, les deux musiciens improvisés s'assoyent sur le banc devant l'instrument et installent une large partition. Augustus fait quelques gammes de son côté, les graves, et Grey fait de même, chez les aigus. Puis commence en trombe un morceau bien inspiré joué aux tantôt trois, tantôt quatre mains, après une introduction -le sujet- où chacun semblait se répondre. La mère joue avec plus de brio et de dextérité, comme si elle se balladait de touche en touche. La maîtrise du cadet n'est pas aussi brillante, mais sa partition est plus simple, et parvient à bien synchroniser ses notes. Il y avait presque quelque chose d'inhumain dans le phrasé de la mélodie, quelque chose de haut, d'envoûteur. Assurément, la personne qui avait composé ce morceau était un maître parmi les maîtres.

Satisfait du divertissement en bas des marches, Georg invita l'Industriel à le suivre, d'une démarche peu pressée, mais toujours droite et attentive. Alors même qu'ils descendaient les escaliers, le patriarche continua sur sa lancée, parlant de manière audible pour son interlocuteur.

«Comme je l'ai annoncé tantôt, je tiens à ce que l'équité entre nos parti soit respecté dans cette affaire. Je me dois donc de proposer quelque chose à la hauteur de votre assurance. Ma garantie sera donc étayée par mon soutien, Monsieur Steelwood, dans certaines de vos affaires les moins reluisantes. Il se dit beaucoup dans votre dos, et j'ai quelques oreilles dans quelques murs. Et ces oreilles sont autant de poignards dont je dispose.» reprit le patriarche. «Des poignards que je peux mettre à votre service. Inutile de vous dire que cette "aide" viendra du secret que vous chercherez à préserver. N'est-ce pas?»

Georg von Lutgardis s'arrêta à la hauteur des marches du bas, reportant un instant son regard sur son épouse et le jeune Augustus faire montre du fruit de leur travail. Il se doutait que quelque part, il s'agissait d'un cadeau pour le patriarche; bien que la conversation présente ne le fasse savourer qu'à moitié les efforts musicalement offerts. Alors que ses yeux revinrent en quête de ceux de l'Industriel, le noble croisa le regard d'Hansel. Le fils aîné baissa la tête, comme si affronter le regard dur de son père était une épreuve insupportable. Georg se maudit lui-même d'avoir pu autant sur-estimer son aîné. Peut-être était-ce la seule faiblesse d'amour qu'il eut pour ses enfants. Tant et si bien que celle-ci avait coûté d'une certaine manière à l'essence même de la famille. Mettre en péril ses proches de la sorte n'était pas permis, et le châtiment d'Hansel von Lutgardis sera exemplaire.

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Message par Flinson Steelwood Ven 13 Juil - 5:24

Musique


Je me suis toujours délecté de l'ignorance d'autrui, alors que moi-même détient les secrets faisant offices de clefs de voûte de la plupart des nobles familles de ce pays. Vraiment, y'a t'il chose plus délicieuse que notre affaire du moment ? Perchés que nous sommes, au-dessus de cette foule insouciante, se disant probablement que sur ces hauteurs prestigieuses, où deux notables discutent, ne se tiennent qu'oeuvrages commerciaux ?

En un sens, ils n'auraient pas tout à fait tort, et je me fais fort, accompagné dans cette œuvre par Georg, de faire passer notre conversation pour une simple entente commerciale. Dans mon discours comme dans mes apparences, je ne suis que tromperie, et duperie. Dans mon sillage, la zizanie m'accompagne, chamboulant les coutumes, perturbant les mœurs, montant les frères contre les pères, les oncles contre les fils, et au final, soulevant les familles les plus prestigieuses en de vaines querelles. Les quiproquos sont mes plus fidèles serviteurs, et en cette soirée, j'entends bien que notre allure, celle de deux gentilshommes respectables, ne soit entachée d'aucune tare.

Notre danse, sur ce balcon, est bien opposée à la valse en contrebas. Mais nous n'avons ni besoin de pas, ni de cordes pour nous entendre sur nos pirouettes. Nous avons tous deux notre propre pas. Moi ? Et bien, moi, je serais plus adepte d'un rythme fougueux, soutenu et irrépressible, enhardi que je suis de tous mes effets préparés, nimbé de mon carcan de faux, de mon sourire trompeur et de ma sémantique ambigüe. C'est un véritable jeu qui se déroule entre nous. Un jeu d'ombre et de paroles.
Georg, quant à lui, me rend bien la danse. Lui est plutôt serein, posé sur un rythme plat, lent. Inexorable. Ne cédant jamais d'un pouce, non plus qu'il n'essaie d'en conquérir. Nous sommes définitivement fait pour nous entendre. Après tout, en matière de magnétisme, ce sont les pôles opposés qui s'attirent.

"Prudence est mère de sureté, mon cher. Mais je ne vous apprends rien, en l'espèce. Je crains qu'il ne s'agisse ici d'un terrain que votre famille a plus entretenu que la mienne."

Surpris alors que la musique cesse incessamment, je me retourne en un ample mouvement de feutre, ensuivit d'une légère pirouette de la canne au creux de ma paume. La foule lorgne sur un couple prenant place au clavecin. Voilà un instrument de goût. Et ses artistes ne le sont pas moins : l'épouse Von Lutgardis et leur fils de tantôt.
Mon hôte m'invite alors à le suivre, descendant le massif escalier double cerclant de ses imposants bras la piste de danse de la grand' salle. Et alors que nous entamons notre lente descente vers le duo d’impresario, nous devons presque avoir l'air de bonnes connaissances.

Je ne peux m'empêcher de constater les quelques regards ayant quitté le clavecin pour se darder en notre direction. Et en tout bon dandy que je suis, j'offre mes plus beaux sourires aux charmantes demoiselles de l'assistance, me félicitant intérieurement des délicats gloussements engendrés de la sorte.
De la même manière, j'offre mes plus humbles saluts du chef aux hommes de l'assemblée, même si cette gente m'intéresse sensiblement moins que la précédente.

"Une offre des plus alléchantes, Mr. Von Lutgardis. Car après tout, je crois ne rien vous apprendre en vous affirmant qu'en matière de commerce, il ne s'agit pas seulement de contrôler la demande. Il est également nécessaire de dominer l'offre.
Je suis persuadé que le soutient d'une si noble et reluisante famille qu'est la votre ne viendra que faire taire les mauvaises langues.
"

Une fois arrivés au bas des marches, je viens me placer aux côtés de Georg, observant sa compagne et son fils à l’œuvre, comme le feraient de vieux amis. Je n'oublies jamais de tromper l'assistance, et ce cher Georg d'en faire de même.

"Il est évident qu'il nous sera indispensable de peaufiner les quelques menus détails qui ne manqueront pas de venir nous importuner, mais je m'en voudrais sincèrement de vous faire manquer le spectacle qui s'offre à nous. Je vous en prie, profitons."
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Message par Augustus V. Lutgardis Lun 30 Juil - 8:57

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La soirée se poursuivait bon train, malgré le mécontentement qui était né dans l'esprit de Georg von Lutgardis. Une fois que tout le monde s'était repu de danses et de friandises proposées en buffet, les convives furent invités à se rendre dans l'arrière-cour du domaine, où la vue sur la mer était splendide et raffraîchissante. Bien qu'il ne s'agissait là d'encore qu'une simple nuit d'été gilnéenne, la température était assez fraîche pour qu eles plus frileux se parent de leur veste et autres écharpes, dans l'expectative de la surprise que leur on avait promis. Le patriarche ne quitta pas Flinson Steelwood de toute la soirée pour autant. Alors qu'ils allèrent au contact de tel ou tel notable, ce n'étaient de facéties et autres jeu d'acteurs qui se chevauchaient à la perfection pour faire comprendre la bonne entente entre l'Industriel et le noble. Les deux protagonistes savaient tout de même rester prudent dans leurs allégations, de manière à ce que rien ne fut relayé ultérieurement au sujet de la bizzarerie de ce rapprochement. Le prétexte était tout trouvé : l'anniversaire de Georg avait permi aux deux hommes de converser et de se savoir proches patriotes.

Sur le parterre de marbre de l'arrière-cour les invités et les hôtes s'étaient réunis, et sur une petite estrade, discrète, sobre, amménagée pour l'occasion, se trouvait devant tous. Georg fut pressé de s'y rendre afin d'y donner une allocution à toute cette riche foule d'invités. Même Hansel était sortit de son isolement pour assister à l'évènement, se gardant de trop se montrer non plus et se contentant d'afficher le profil droit familial. Flinson Steelwood avait été confié à la bonne compagnie de Grey von Lutgardis, qui de son regard inquiet et compatissant par nature tentait de rassurer son fils Augustus. Ce dernier semblait mal-à-l'aise depuis sa mise en scène sur le clavecin. Mal-à-l'aise renforcé par la présence de l'Industriel qui ne semblait plus en finir de ses sourires mielleux à tel ou tel convive.

L'on pouvait voir diverses gens de diverses horizon en effet, dans la foule éparse. Le baron de Shiverhill, voeuf, ainsi que sa ribambelles de filles, qu'il cherchait à tout prix à marier. La famille Critchlow, des médecins très honnorables et très talentueux; qui avaient la particularité ce soir de s'être exclusivement vêtus de blanc, tranchant un éclat lumineux dans la foule préférant les teintes sombres. Monseigneur de Malborough, évêque de son état, qui avait pour habitude d'arriver toujours avec une avance extravagante lorsque les réceptions étaient données tard dans la journée. Il y avait le Professeur Vanfried, qui régalait son entourage de quelques récits au sujet des récentes découvertes abouties à l'académie des sciences. Et enfin l'on ne pouvait rater le magistrat Severus, dont la bedaine protubérante avait déjà provoqué moultes bousculades, et autant d'excuses et de révérences.


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«Très chers invités. Très chers amis.» Commença Georg von Lutgardis depuis son estrade, dont la voix haut'portée suscita la fin des bavardages de la foule. « Je tenais à vous remercier pour votre présence en cette magnifique soirée. Pour m'avoir toujours appporté vos amitiés et votre soutiens indéflectible. Et veuillez comprendre que vos présents m'honnorent. » Ajouta-t-il en inclinant la tête. «Mais désormais, j'aimerais que vous saluiez le travail de nos scientifiques ainsi que de nos ingénieurs nationaux, qui ont travaillé sans relâche pour vous apporter ce nouveau spectacle.»

Georg von Lutgardis fit un mouvement de bras en direction de l'horizon, où l'on voyait la mer se découper. La nuit s'était bien installée et la lune se reflétait à la perfection sur la surface d'eau. Les éclairages de la cour s'éteignirent "par magie", et des sifflements se firent entendre à l'horizon. Puis ce fut le tour d'une immense explosion d'éclater dans le ciel, tonnant avec la force de l'orage, délivrant au noir de la nuit des gerbes de couleurs argentées et blanches. La foule en fut éclairée longuement, béate d'admiration devant le feu d'artifices qui était vraisemblablement tiré depuis la côte. Les explosions se succèdèrent dans un rythme régulier, éclaboussant le ciel de couleurs tantôt pastel, tant mixtes. Le bouquet final était littéralement à couper le souffle, tant les illuminations se succédaient en des formes surprenantes et éclatantes. Cette petite fantaisie avait été suggérée au patriarche, et étonnament bien reçue.

Une fois le silence revenu dans le ciel, ce fut sur terre que la clameur s'éleva. Et c'étaient applaudissement en tout genre, certains retenus, certains à tout rompres. La famille von Lutgardis s'acquitaient simplement des honneurs avec un humble hochement de tête et un sourire bienvenu. Le patriarche regagna ses proches, mais sans aucune étreinte ni même une embrassade fit comprendre son contentement. L'estrade avait été laissée libre.


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Message par Flinson Steelwood Lun 30 Juil - 12:29

La réception continuait, accueillant avec une finesse certaines les frasques les plus folles de ses occupants. Et je suis bien placé pour pouvoir l'affirmer. C'est en compagnie de ce cher Georg que nous nous introduisîmes chacun auprès de nos connaissances respectives.
Ainsi, le patriarche Von Lutgardis eut la joie de s'attarder sur tout un panel de différents commerçants qui m'étaient proches : ici, Mr. Danway, marbrier de renom. Là, Mlle Seaview, gérante d'une compagnie minière à la notoriété certaine. Encore, la fratrie Stonebrige, architectes parmi les meilleurs, ayant notamment contribué à l'édification du manoir de Brocebury.

Nous rendant ainsi, de notables en notables, nimbés de nos plus courtois sourires et de nos plus feutrés langages, nous discutons paisiblement, entre gentilshommes que nous sommes.
Mais voilà que, quelques minutes plus tard, ce cher Georg décide de nous conduire sur le parterre luxueux d'une arrière-cour finement décorée, avec la mer pour épouse, nous offrant une vue parmi les plus exquises.

Au côtés de Lady Von Lutgardis, et du fils Augustus, j'observe avec malice le patriarche se diriger vers l'estrade, tout en prenant le soin qui incombe à une personne de ma qualité de saluer quelques notables passant à mes côtés.
Dans un silence de cathédrale, nous écoutons respectueusement Georg entamer son discours en notre honneur. Que de satisfaction, dans le regard des convives ! Vraiment !

Flatterie caressant un égo démesuré, nourri depuis toujours par le biais de manipulations, embrigadement, conditionnement. Tous se pensent supérieurs à leurs voisins, mais tous n'osent l'exprimer pleinement.
Ici, je note une pointe de narcissisme chez ce notaire. Là, une once de dévergonderie chez cette couturière. De ci, un masque d'impassibilité voilant un orgueil feint chez ce parlementaire.

Vraiment, je dois bien être le seul à n'offrir qu’intérêt et opportunisme au sein de mes prunelles. Quelle pertinence que de les choyer derrière mes si précieuses bésicles. Après tout, ne dit-on pas que les yeux sont le reflet de l'âme ? Et bien, voyez-vous, je préfère autant ne pas effrayer mon prochain. Ce qu'il pourrait y voir risque d'aller pour son déplaisir.
Et alors que le patriarche termine, nous tendons tous l'oreille.
Moi plus que tout autre, étant donné qu'il fut mention d’ingénierie et de science.

Un sifflement, suivi d'une détonation qui m'est aussi familière que ma propre lignée. Une odeur de poudre qui me ravie plus que les plus tendres bras de ma plus délicieuse conquête. Une sensation âcre au fond de la gorge, que je souhaiterais de ton mon cœur pouvoir ressentir chaque jour qui passe. Cette odeur... Ces fragrances ! Oh, si seulement le monde pouvait être ainsi parfumé ! Il serait si beau, si... parfait...
Voilà enfin une musique qui ma ravi. Les explosions allant crescendo, tantôt modestes, tantôt fougueuses, faisant parfois frémir, parfois trembler l'assemblée, me font jouir au plus haut point.

Quelle plus merveilleuse mélopée que celle-ci ? A t'on jamais entendu plus charmante et envoutante mélodie que celle de la poudre ? Noire, incendiaire ou artificielle, qu'importe !
Les explosions sont d'une beauté... les couleurs, les odeurs, les sons.
Et alors que nous entamons l'acte final du bouquet, je retiens littéralement mon souffle, me demandant un instant si cette petite attraction n'était pas donnée en mon unique honneur.
Ce qui aurait été parfaitement légitime, nous en conviendrons.
Tandis que les dernières volutes de fumée s'envolent dans le lointain, laissant paraitre les rayons de la lune déjà bien élevée au dessus de nos chefs, je suis le premier à applaudir avec un entrain prononcé.

Et pour une fois, je fais preuve d'une sincérité étonnante. Le spectacle m'a comblé, Georg. Pour une fois, vous m'impressionnez.
Georg revenant à ses convives, recevant vives félicitations, humbles remerciements ou enflammées questions, je parviens à ses côtés, le gratifiant d'un sourire franc, et lui tenant ce langage de mon ton mielleux.

"Et bien, mon cher, je crois ne pas me tromper en affirmant que nous n'avons jamais vu pareille splendeur. Vraiment, tout n'est-il pas plus simple, dès lors que l'armement s'y marrie ? Sur ce, je ne voudrais pas vous offenser, mais un homme de votre envergure sera en mesure de comprendre que je suis un artiste occupé. Et c'est avec la plus distinguée déférence que je vous annonce mon retrait, Mr. Von Lutgardis. Milady. Mr. Von Lutgardis fils."

J'accompagne chacun des noms par un courtois signe de tête à l'attention de son propriétaire, sublimé chaque fois par un sourire malicieux.
Et, dans une grande envolée de feutre bordeaux, je salue une dernière fois la foule de mon haut-de-forme, tout en retournant à l'entrée de la demeure en ne manquant pas d'accaparer l'attention de la foule.
Une sortie digne du génie que je suis.




Dans les jours qui suivirent, Georg reçut une lettre transcrite sur un papier au grain lourd, cachetée d'un sceau de cire frappé du sigle des industries Steelwood et soigneusement rangée dans un écrin de velours, l'invitant à me rejoindre au plus vite aux industries du même nom.
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Message par Augustus V. Lutgardis Mar 11 Sep - 22:43

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L'invitation avait été claire : Georg von Lutgardis devait se rendre aux vallons de Brocebury, où l'attendait Flinson Steelwood à son immense bâtisse industrielle. Suite aux précédentes conversation des deux hommes, il ne pouvait se résoudre à ignorer la missive qu'il tenait entre les mains, assis derrière son bureau. Il jeta un bref coup d'oeil par la fenêtre, d'où il pouvait voir toute sa propriété, et remarqua que le soleil quittait petit à petit son zénith pour décrire sa deuxième courbe du jour. S'il n'avait rien à faire, ce serait mentir. Les obligations du patriarche étaient multiples : décisions quand à l'expension ou à l'exploitation de ses terres, rendez-vous avec divers notables pour affaires, assister à des audiences royales à la Capitale ; tout ceci constituait entre autre la vie du noble. Jugeant finalement que ses affaires ayant été bien avancée, il convoqua un chauffeur ainsi que son fiacre. Ce dernier lui avait été offert pour son anniversaire, célébré il y a désormais une semaine. Le véhicule entièrement peint en noir avait reçu des ornements argentés sur les portes, des filigranes s'entremêlant de sorte à ce que l'écusson de sa famille soit représenté.

La route était dégagée, et pourtant le trajet avait duré une heure, voir un peu plus. Et assis dans le fiacre, Georg von Lutgardis s'était posé quelques questions sur les motivations de l'Industriel. Flinson Steelwood était en effet un homme détestable pour sa manie à cacher ses idées les plus saugrenues derrière un masque de folle euphorie et d'éducation. A bien y réfléchir, il était détestable pour bien des choses, dont ceci. Alors que le cocher fit s'arrêter les cheveaux, le patriarche put apercevoir par la fenêtre du véhicule le bâtiment monstrueux qui appartenait à la lignée Steelwood. A mi-chemin entre le hangar monstrueux et un palais extravagant, la fabrique émettait à des endroits jets de vapeurs, et certains pans de murs laissaient entendre des cliquetis et des frottements de rouages. Ce spectacle visuel et sonore ne fit qu'amplifier son air de marbre lorsqu'il descendit du fiacre. Il fit un bref signe de tête pour remercier son employé et se mit en route vers la grande porte qui séparait l'enceinte de l'industrie du monde extérieur
.

[Gilnéas d'antan] Elégie et tragédie (PV Flinson)  324979sparation1

Pour une journée à Gilnéas, l'on pouvait dire qu'elle n'était pas typique. Pas une seule goutte de pluie n'était tombée depuis hier, et le soleil brillait de manière insolente, sans prendre la peine de se parer de nuages ou de laisser quelques vents raffraîchir les terres. Il apparaîtrait donc qu'il n'était pas indiqué d'être paré de son long manteau noir et de son chapeau haut-de-forme comme l'était Georg à ce moment là. Sa mise était impeccable, et son attitude droite semblait s'élever avec autant de force que les murs du bâtiment lui faisant face. Mais qu'importe le temps et les manières, il signala tout de même sa présence à une sentinelle qui gardait l'enceinte des Industries. Ce dernier déguerpit faire son devoir et aussi rapidement une autre sentinelle vint prendre sa place. Le système de surveillance était bien rodé. Et les hommes armés d'une arquebuse. Faisant fi des détails peu accomodants, Georg patienta la venue de son hôte, ou alors qu'on le conduisit à lui.

Il eu tout le loisir de ressasser son entrevue avec l'Industriel la semaine dernière, lors de la fête en son honneur. Le patriarche venait d'apprendre que son fils Hansel avait brisé une des lois les plus fondamentales qui lui avait été inculquée lors de son éducation : celle du secret inviolable. Faisant de plus démonstration en vue de Flinson Steelwood, lors d'une soirée dont Georg se serait bien gardé d'en connaître le récit... Au final, une sorte d'entente tacite avait été décidée par les deux hommes, et bien que le patriarche Von Lutgardis était disposé à respecter ce dernier, il ne tenait pas tant à se faire apprivoiser ou amadouer par l'odieux industriel. Georg lui-même s'était convenu de ne fréquenter Flinson Steelwood que lorsque la nécessité l'éxigeait, comme auparavant; et d'utiliser cette distance à bon escient pour jauger leurs interraction avec minutie, laissant les observateurs et les personnes extérieure à cette sombre affaire dans l'ignorance la plus totale.

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Message par Flinson Steelwood Mer 12 Sep - 5:21

Musique

Quelques trop courts moments auparavant.
Manoir de Brocebury, val de Brocebury.



Luxe indécent pour environnement, confort faramineux pour réveil. Oh, j'entrouvre les yeux en souriant franchement, heureux. Dans cette mer de velours, de plumes et de couvertures au sein de laquelle je navigue pour trouver le bord du gargantuesque lit à baldaquin dans lequel je m'éveille.
Je m'assieds en son rebord tandis que je me frotte les yeux, voûté que je suis, sortant d'une nuit de batifolages, riche de plaisants divertissements mais foutrement pauvre de repos.
Je demeurerais volontiers quelques petits moment de la sorte, et cèderais en toute conscience à retourner auprès de ma concubine. Après tout, mes industries étaient-elles incapables au point de ne pouvoir fonctionner d'elles-mêmes ? Bien au contraire ! Et puis, comme le disait un grand homme, comment renoncer aux usances câlines, au confort, au bien-être indolent de la vie ?
La réponse est simple. C'est impossible. Et plus qu'irréalisable, tout bonnement impensable. La vie est parsemée de bonnes choses, de plaisantes compagnies. Il n'appartient qu'à nous des les cueillir. Et comptant bien m'en tenir à cette philosophie, je me replace aux côtés de ma dulcinée dont je caresse pensivement l'épaule.

Vraiment, que faut-il de plus ? Argent, charmante jouvencelle, et pouvoir. Rien de plus, la vie est si simple ! Mais alors, pourquoi donc me suis-je réveillé ? Est-ce ce Soleil extravagant pour cette saison -et la région- qui, sous une once de malice et un nuage de farce, vient me caresser le visage ? Ce courant d'air frais ceignant mes mollets en l'absence de couvertures, ces dernières ayant bien vite quitté la couche dès notre arrivée, la veille, dans nos appartements ? Ou bien...

Oh bigre ! Von Lutgardis ! Sa lettre ! C'est aujourd'hui que ce diable a confirmé venir visiter les locaux de mes industries ! En début d'après-midi m'avait-il dit ? Elle devait avoir depuis commencer depuis plusieurs bonnes minutes !
Foutreciel, je me relève en hâte, ballotant mon amante alors que je me rue vers l'entrée de mes appartements, nu comme un ver (bien que la comparaison me déplaise fortement). Avant de revenir au pas de course, me rendant enfin compte qu'il serait inconvenant de me présenter devant le patriarche vêtu de mon plus simple atours, ouvrant grand ma garde-robe cependant que la lady me questionne vaguement, embrumée qu'elle est par ce brusque réveil que j'ai eus -je le concède- l'indélicatesse de lui offrir.

Je lui réponds au mieux, tandis que j'enfile hâtivement chausses, chemise flottante de laine blanche à jabots, surmontée d'un gilet bleu roi sans manches, laçant le tout avant de chausser mes escarpins de daim, saisissant mes bésicles au passage.
Passant à proximité de la couche, j'offre un délicat baiser à ma compagne, promettant d'être de retour pour le thé, courant ensuite vers la sortie en omettant mon queue-de-pie et couvre-chef.

Atours que j'ai eu la pertinence d'oublier, néanmoins, tandis que me ruant en dehors de ma propriété, enjambant allègrement les fines pierres de la cour intérieur de ma demeure en hurlant au fiacre de se mettre en route, je constate qu'une chaleur latente flotte avec une légèreté étonnante en ce début d'après-midi.
Et, alors que les essieux du fiacre commence à frotter les pavés de l'allée fleurie conduisant hors de mon manoir, je me jette littéralement en son sein, claquant la porte derrière moi après avoir hurlé au cocher de nous conduire aux industries en contrebas.

Je réajuste alors au mieux ma mise, mais je crains que je ne pourrais rien faire concernant cette décoiffée crinière rousse.


Plusieurs minutes plus tard.

Ce cher Georg aura eu le temps de voir le temps filer quelques dizaines de minutes avant que les lourds portails qu'il avait ce tantôt bravé ne s'ouvrent de nouveaux, laissant entrer cette fois-ci un si singulier fiacre, orné des armoiries Steelwood et chapeauté de trois cheminées à vapeurs, tandis qu'engrenages et rouages s'échinent à aider les deux chevaux dans leur labeur, échappant fumée et mélopées de cliquetis alentours.

S’arrêtant non loin du notable austère, le carrosse de ralentir au rythme de ses gerbes de vapeur, avant de s'immobiliser totalement, pour laisser la porte s'ouvrir sur ma sublime personne élégamment vêtu à la va-vite, le foulard-cravatte démis et la tignasse relativement arrangé.
J'écarte les bras dans un mouvement travaillé tandis que mes lèvres s'ouvrent délicatement sous un sourire faussement gêné et machiavéliquement chaleureux.

"Mr. Von Lutgardis, mon cher ! Je suis dévasté de l'attente que je vous ai imposé ! J'avais malheureusement *j'arrive à son niveau, me postant à ses côtés en inclinant le chef avec courtoisie* à faire. Allons, vous pardonnerez mon manque de ponctualité autour d'un thé, je présume ?"

Propose-je alors que les machineries de mes si singulières industries nous offrent une ambiance de fond particulièrement délicieuse, et que je dévisage mon cher ami au travers de mes bésicles.


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Message par Augustus V. Lutgardis Jeu 13 Sep - 2:01

+musique+

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L'attente était indiscutablement trop longue pour être pardonnable. Georg von Lutgardis avait consulté sa montre à gousset toutes les minutes, pour vérifier si -dans un premier temps- le mécanisme marchait et si lui était à l'heure. Effectivement, une heure avait été convenue lors de sa réponse, et voilà quinze minutes qu'il attendait, prostré devant le grand portail du bâtiment industriel. Heureusement, pour combler ce vide d'action, le patriarche avait eu beaucoup à penser, notamment aux affaires qu'il devrait reprendre dès que son entrevue sera terminée, ainsi que de voir si Augustus avait gagné le concours d'équitation qu'organisait quelques nobles parents visant à faire valoir la progéniture de leur lignée aux yeux de tous. Cependant, cela faisant une semaine qu'Hansel avait été enfermé dans l'aile ouest du manoir, et les seules pièces qu'il avait eu l'autorisation de fréquenter était la salle d'eau, sa chambre et la bibliothèque. Du moins, c'était ce que Georg laissait officiellement entendre et aucune gens de sa maison ne l'a jamais contredit : le patriarche avait effectivement dû justifier l'absence de l'aîné à ses côtés pour l'instant, et avait affirmé avoir pris des mesures disciplinaires pour cause d'insolence, ce que l'Evêque de Malborough a vivement approuvé.

Néanmoins, le fil de sa pensée était nuancée d'une influence extérieure assez désagréable. Il n'aurait su dire si la cause de ce mal venait des rayons insolents de l'astre solaire, ou alors du bâtiment lui faisant face. A vrai dire, il s'agissait des deux. La chaleur montante qui avait imprégné sol, pierre, murs et feraille faisait remonter une vague odeur de condensation. Une odeur de poudre, une odeur de vapeur âcre, une odeur de souffre, une odeur à faire tourner la tête. Le cocktail assomant était destabilisant aux premières respirations, mais le patriarche, fort de sa volonté, sut s'y accomodé, commeil réussissait à tolérer l'approche d'un félon tel que Flinson Steelwood. Et en parlant de l'odieux personnage, le voilà descendant son fiacre, arrivant avec un retard peu famillié aux chères règles de bienséance d'un Von Lutgardis. Son air dur se posa sur le rouquin aux bésicles, et il consentit à incliner poliment la tête pour le saluer. Se regard suivit un instant la courbe du véhicule qu'il avait emprunté : cheminées et rouages, qui émettaient autant de mouvements et de bruits inquiétants que son passager attitré. Au moins, les manières du diable industriel étaient correctes, et la proposition d'un thé n'était clairement pas malvenue. Le patriarche alors d'acquiescer.

«Très bien Monsieur Steelwood. Je ne saurais refuser votre hospitalité dans votre. Etablissement.»

Il leva un court moment les yeux vers le bâtiment, se demandant où diable pourraient-ils prendre le thé dans cette enfer mécanique.

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Procédant alors sur un grand sentier pavé tangeant au bâtiment principal, les deux hommes s'échangèrent les dernières nouvelles de la cour, et autres racontards qu'il était d'usage de se raconter entre personnes de leur trempe. Pendant leur courte marche, Georg Von Lutgardis avait eu l'impression qu'il manquait quelque chose. Et son impression ne fut confirmée que lorsqu'il put voir enfin le bout du chemin, et donc toute la distance qu'ils parcouraient : plus aucune végétation n'était présente. Pas un carré d'herbe ou de plante, les arbres avaient été remplacé par des lampadaires à huile et les jardiniers par des sentinelles veillant ici et là sur le calme de l'Industrie. Le patriarche s'inquiéta de ces détails. Ayant connu Steelwood père, avant que ce dernier ne décède, il avait déjà eu le loisir de visiter le bâtiment en compagnie d'autres membres de la cour. Et assurément, sa mémoire ne lui faisant que rarement faux-bond, il avait bel et bien constaté les changements subtils du fils. Au fur et à mesure de leurs marches, le vrombrissement des engrenages et les sifflements de la vapeur -conduite par des tuyeaux sortant à quelques endroit du bâtiment- s'amplifièrent. Cette presque cacophonie remplaçait petit à petit l'odeur d'industrie chaude dans la liste des choses désagréables à l'entente du commun des mortels.

Flinson Steelwood leur fit franchir une porte menant sur un petit hall très propre et -au grand plaisir du patriarche- insonorisé. Il notait les armoiries de la famille Steelwood sur quelques draperies ainsi que plusieurs tableau représentant la famille devant l'usine, ou Steelwood père tenant un engrenage de sa taille dans ses bras, tandis que son fils jouait avec un fusil pour enfant. Si la lumière de quelques lampes à huile n'éclairait pas les lieux pauvres en fenêtres, il était certain que l'ambiance serait beaucoup plus glauque. Après avoir gravis une volée de marche, il se trouvèrent devant un couloir ainsi qu'une série de portes, dont celle du fond donnait sur le bureau du «Président-Directeur-Général : Flinson Steelwood» , selon la plaque d'or ornant le bois. Là, ils s'installèrent enfin d'un côté et de l'autre du bureau, tandis qu'un employé apparemment chargé des services les débarassèrent de leurs manteaux, et leur promis l'arrivée prochaine de leur boisson. Assis, Geog von Lutgardis joint ses mains sur la table, et regardait autour de lui rapidement, s'imprégnant de tous les changements qu'il pouvait repérer, avant d'en venir à l'interlocuteur lui faisant face.

«J'entend bien vous écouter maintenant, Monsieur Steelwood. Cette invitation n'était pas de me faire part d'une mièvre courtoisie, n'est-ce pas?» Commença le patriarche Von Lutgardis, avec son ton grave, calme et patient.


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Message par Flinson Steelwood Jeu 13 Sep - 8:55

Longeant l'allée pavée conduisant aux locaux jouxtant l'industrie, suivant cette dernière tout du long, et nous offrant de la sorte un ombrage salvateur, je conduis mon convive en mon bureau. Sur le trajet, je ne manque pas de noyer Georg sous ma sémantique foudroyante. Mêlant minauderies et plaisanteries, mariant rumeurs et bruits de couloirs tout comme je fais s'épouser fluctuations de la bourse et inflation future, je me fais fort d'accomplir à merveille les devoirs qui m'incombent en lui tenant la discussion que tout homme de notre rang se doit d'entretenir.

Le flegme du moustachu m'étonnera toujours. Tandis que je m'émerveille -ou du moins le feins-je, que voulez-vous ? L’hypocrisie est un vice à la mode- selon les dernières rumeurs, cependant que je ponctue chaque dire de mouvements travaillés d'une emphase réfléchie, ce bon vieux Georg conserve une droiture et une neutralité parfaite, se contentant d'acquiescer poliment sans jamais m'offrir de réponse lorsque je le questionne sur son opinion quant au pléthore de filles dont le baron de Shiverhill se réclame.
S'affichant simplement d'un sourire affable cependant que je lui mentionne ma curiosité concernant la famille de Brightstone, véritable dynastie de juristes, dont la cadette -celle-là même qui se prélasse probablement encore dans ma couche- est foutrement ravissante.

C'est donc sous ce flot faramineux de fantastiques palabres probablement pré-construites que nous nous mouvons paisiblement sur ce petit chemin de pierre, parfaitement entretenu et ceint de toutes parts de lampadaires ouvragées du haut desquelles ballottent paresseusement quelques lanternes de la meilleure facture, offrant à mon invité quelques anecdotes sur les améliorations dont j'ai fait bénéficié mes industries, dans ma magnanimité sans limite.

Et alors qu'en cette journée d'automne, outrageusement marquée d'un soleil aguichant, surprenant le quidam, nous nous rapprochons de l'entrée des bureaux, nous accueillons bien volontiers la fraicheur de l'intérieur, cependant que je nous conduis tous deux à mon bureau personnel.
L'intérieur ne manque pas de luxe, comme à mon habitude. Et quoi de plus légitime, puisque ce bureau m'appartient ? Ne doit-il pas refléter ma propre splendeur ? En tout cas, s'il doit en être ainsi, c'est réussi. De ci de là, s'élancent fièrement quelques demi-colonnes ouvragées, taillées dans un marbre bordeaux-rosé, plaquées à-même les murs et ornées de fioritures d'or pur. Tandis qu'à ces imposantes ornementations se marie un papier peint des plus exquis, arborant ce tantôt une fresque florale comme il s'en trouve souvent parmi les plus riches demeures, offrant plus tard quelques motifs en fleur de lys, le tout sur un fond d'un marron sobre et courtois.

Divers tableaux de maitre représentent encore et toujours mon auguste, mais à ma superbe viennent s'ajouter des représentations de mes industries. A leur ouverture, puis sous la main mon grand-père, avant la direction de mon propre père, pour enfin échoir sous ma coupe.
Les locaux ont bien évolué. Si, au début, ils semblaient austères et sans prétention, bien que l'on notait déjà cette propension caractéristique de ma lignée pour les engrenages et autres fioritures mécaniques superfétatoires, ils ont fichtrement pris en assurance ! S'élevant aujourd'hui plus haut que la Cathédrale, asymétriques et agencés selon un génie certain -le mien-, les tortueux complexent se chevauchent les uns les autres, tandis que tuyaux et cheminées traversent parfois toits, cloisons et sols avant de déboucher plus bas, plus haut, en deçà ou au delà.

Je prends place sur mon dispendieux et confortable siège, m'affalant très légèrement, encore quelque peu embrumé par mon réveil soudain, posant délicatement ma nuque contre le dossier de velours, alors que je passe une main dans mon opulente chevelure.
Et tandis que je m'apprête à répondre à Georg, une servante incline le chef en ouvrant la porte, disposant entre nous un service à thé ostentatoire, ainsi que deux coupes et coupoles, complétées par une tasse emplie de sucre et de deux boules à thé, qu'elle enfouit dans un sac de lin frappé à l'encre de l'estampille d'un maitre-artisan. Un élixir de qualité pour des gens raffinés.
Et l'employée de nous servir avec maitrise un Earl Grey à se damner, avant de s'excuser et de nous laisser à notre conversation.

Je me saisis délicatement de ma tasse par la hanse, soulevant très légèrement l'auriculaire.

"J'entends bien ne pas vous avoir fait subir un tel déplacement pour parler chiffons. Comme vous le savez probablement... *dis-je en touillant mon thé* les Crichtlow organisent un bal masqué en cette fin d'automne en l'honneur des découvertes qu'ils ont faites en collaboration avec l'éminent professeur Vandfried. Vous n'êtes pas non plus sans savoir qu'il serait inconvenant de ne point leur faire honneur."

Je laisse planer un silence empli de déférence tandis que je me redresse un chouïa sur mon siège, buvant une fine gorgée de Earl Grey, avant de reprendre.

"Il était prévu que je m'y rende en compagnie de ma sœur, Midyle. Malheureusement, une affaire de dernière minute m'oblige à m'éloigner pour quelques temps. La pauvre se retrouve ainsi sans cavalier, et il serait de bon ton qu'elle s'y rende au bras d'un jeune homme. Néanmoins, le bal ayant lieu dans deux semaines à peine, la plupart des partis sont déjà pris. Qui plus est, je me refuse à offrir le bras de ma sœur au premier damoiseau venu, sous prétexte que sa famille est fortunée. Vous comprendrez qu'en l'espèce, je crains que ce soit le patrimoine de ma propre lignée qui intéresse les jeunes jouvenceaux."

Je repose délicatement ma tasse dans sa coupole, sous un léger tintement de la porcelaine.
Je le laisse s'imaginer ce qui va suivre.

"Ainsi j'en viens à ma demande. Malgré nos petites divergences politiques, je dois vous accorder que votre mesure est légendaire. Politesse et courtoisie sont vos maître-mots, et c'est tout à votre honneur. Honneur que je me permets de solliciter, si vous me permettez l'outrecuidance. *dis-je en inclinant élégamment le chef*
Je vous propose humblement, cher ami, de faire de votre cadet, Mr. Augustus Von Lutgardis, le cavalier de ma sœur pour le soir. Je suis certain que ce jeune homme exemplaire conviendra parfaitement, et son nom ne vient qu'embellir celui de ma sœur.
Sachez, mon cher ami, qu'accepter ferait de moi votre obligé.
"
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Message par Augustus V. Lutgardis Jeu 13 Sep - 22:20

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Le thé servis, assis le plus confortablement et au même temps le plus droitement possible, sans que le dos ne vienne offenser le dossier de la chaise, les deux gentilhommes formaient un drôle de duo. Certes le rappeler était rabâcher l'évidence, comparer le bourgeois décadent qu'était Flinson Steelwood, avaché, et le patriarche de la famille Von Lutgardis -qui émettait une telle aura que même la poussière de l'air semblait ne pas vouloir briser son image en se déposant sur son costume- revenait à épeller les différences entre le chien et le chat. Le cadre du bureau aurait très bien pu passer pour une pièce de réception, si des meubles n'étaient pas voués à contenir des documents et des livres un peu trop officiels sur les onéreuses affaires en cours. C'est évidemment avec déférence que Georg prêta l'oreille à son compatriote, pour être fixé au plus vite sur ses intentions intriguantes. Ses moeurs étaient ainsi : derrière la rude et respectueuse roidesse, rendre un regard rigoureux et raisonnable sur autrui. Et qu'entendait-il, alors que buvant sa première gorgée de ce thé noir à la couleur de cuivre -délicieusement frémissant, il devait l'accorder- ? Flinson Steelwood lui parlait bien du bal auquel il comptait bien venir en compagnie de son épouse!

Cependant, il y avait anguille sous roche. Comme à l'accoutumée, Georg Von Lutgardis ne s'y attendait pas à autre chose venant de la part de l'Industriel. Il acquiesça lentement, touillant son thé pour que la saveur du breuvage ne se perde pas au fond de la tasse, jusqu'à ce qu'il comprenne l'idée de Steelwood. A peine eut-il évoqué sa future absence et la détresse de la solitude de sa jeune soeur lui mit la puce à l'oreille. Indubitablement, l'Industriel confirma ses pensées mais pas de la moindre manière. Ainsi donc, il proposait au patriarche de donner sa bénédiction afin que son cadet n'accompagnie Lady Midyle Steelwood. Un certain temps s'écoula après que l'Industriel ne promit son obligation en retour du service que pouvait lui rendre la famille Steelwood. Et en ce dernier point résidait toute la tragédie du problème posé par le mécréant. Convenir à afficher deux jeunes représentants devant tous les notables de Gilnéas des deux familles qui n'avaient strictement rien à voir avec l'autre. Une pointe d'agacement naquit dans l'esprit du patriarche, peu accomodé à l'idée de voir son jeune fils partir danser avec une Steelwood au bras. Cependant, il continuait de penser. Et de penser de manière rationnelle et mesurée.

Donner son accord signifierait en tout et pour tout de finaliser la confiance mutuelle que leur accord tacite leur imposait, même si cette dernière devait être minimaliste au vu de l'important tension qui pouvait exister entre les hommes sur divers points. De plus, l'accord viendrait à ouvrir une danse diplomatique : les nobles sont très friands de racontards et autres rumeurs, et ils ne manqueront pas de raconter avoir vu Augustus Von Lutgardis valser avec Midyle Steelwood. Ceci était un potentiel à rumeurs faramineux, pouvant provoquer des jalousies de la part de celles qui convoitaient le patrimoine de l'un et de ceux qui enviaient le patrimoine de l'autre. Quand au refus, ce serait jouer une fausse note quand à l'honneur de la famille Von Lutgardis. Les Steelwood, autrefois noble, est une famille qui fait parler d'elle, et bien que de sombres idée ne tournaient autour de Flinson son représentant, elle annonçait encore du prestige, de l'ingéniosité et une richesse florissante. Nombreux étaient ses contacts ou ses partisans à la cour du roi, lorsqu'audiance il y avait. La renommée des deux dynasties n'était plus à faire, et il semblait alors tout indiqué d'afficher cette évidence, qui épurée de toute sottises, ne pouvait conduire qu'à un effet redoutable visant à balayer les mauvaises langues gilnéenes.

Par les cornes de Sargeras, Flinson Steelwood était vraiment un odieux personnage.

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Il ne fut que quelques secondes pour que toutes les possibilités et autres cas de figure n'apparaissent au patriarche, calculateur de naissance. Et il souhaitait bien ne pas prendre de parti immédiatement, souhaitant voir les véritables intentions de l'Industriels qu'il n'arrivait pas encore à percer. Il s'éclaircit légèrement la gorge, avant de reprendre à décrire des cercles avec sa cuillère dans sa tasse.

«Je tiens à vous remercier pour l'importance que vous accordez aux moeurs et à l'éducation que je tend à vouloir faire perdurer dans ma famille. En tant que Von Lutgardis, déroger à l'honneur et aux obligations morales serait impensable.» Commença-t-il, oubliant momentanément Hansel, son aîné. «Et je dois dire que j'ai du respect pour votre affaire tant que pour votre famille. Votre père était un homme courtois et ambitieux, ce qui lui valait l'amitié de la cour, et je retrouve ces qualités aujourd'hui chez vous.» Il inclina le chef, buvant par la suite une rapide gorgée de thé, humectant ses lèvres du divin parfum qui s'échappait de la tasse. «Je trouve donc votre idée raisonnable, d'autant qu'il serait contraire à nos codes de ne pas être les hôtes de la famille Critchlow. J'ai entendu parler de leur nouvelle technique de médecine physique, co-élaborée avec le professeur Vandfried, qui assurément va permettre à tous de se porter en meilleure santé.»

Le patriarche marqua une légère pause, absolument innocente sur le fait que la santé n'avait, pas réputation, jamais été un soucis dans sa famille. Sans doutes une spéculation de vieille noble qui s'amusait à colporter des rumeurs ici et là pour s'occuper. Sans doutes.

«Cependant.» reprit Georg, l'air devenant plus grave et moins flatteur «Je sais que votre jeune soeur est une damoiselle très charmante et qui a déjà attiré les envies et les propositions de fiançailles de quelques nobliaux il y a peu de temps. Et vous dîtes bien refuser d'accorder votre bénédiction au premier venu : c'est tout à votre honneur, et je comprend. Mais j'ai peur de ne comprendre que vous utilisiez mon fils Augustus pour vous remplacer uniquement dans le but de pallier votre absence. Vous avez certainement, monsieur, une quelconque idée à faire valoir pour concrétiser cette propsition. Et je serais curieux d'en connaître la contenance.» Il but une nouvelle gorgée du thé, ponctuant son dialogue aussi bien que son interlocteur s'y addonait. «Monsieur le Baron de Shiverhill m'a déjà proposé -avec une prestesse qu'il faut lui reconnaître- le bras de Katherine sa troisième fille pour Augustus. Il va sans dire que son lignage est très particulier, il n'en reste pas moins un grand nom. Je suis disposé à lui donner une réponse négative dès que vous m'aurez expliqué le fond de votre pensée, Monsieur Steelwood.»

Son regard intransigeant heurta les bésicles de son interlocteur, et son air neutre paraissait lentement évoluer vers une détermination farouche.
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Message par Flinson Steelwood Ven 14 Sep - 5:18

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Je retiens un gloussement sous les faux compliments du notable. Courtois, moi ? Nous savons tous deux que ce n'est là rien d'autre qu'un masque, comme j'en changerais probablement d'ici quelques minutes, selon mon bon vouloir, une envie soudaine ou une situation l'exigeant.
Alors que Georg mentionne quelques phrasées sur les us et coutumes nobiliaires, je me désintéresse un instant de se personne, me redressant très légèrement sur le séant en passant mon regard par delà l'une des rares baies vitrées du bureau.

Mes gens s'échinent à faire tourner mes industries, et ce n'est pas pour me déplaire. Si seulement j'étais en mesure de passer outre l’autarcie imposée par cet abruti de Grisetête. Le monde extérieur est emplie de richesse, m'avait dit mon père. Il me tarde de m'y rendre. Quelle allure aura cette planète lorsque tous les arbres auront été remplacés par des cheminées ! Vraiment, quelle plus belle vision, que dis-je ! Spectacle pouvons-nous espérer ? Un monde de gris, où oiseaux ne seraient qu'aéronefs, les maisons tiendraient leur rôle en arborant des pompes hydrauliques, toits de fer et portes de cuivres, tandis que fleuriraient alentours tuyauteries et mécaniques, chantant leur mélodie à l'oreille curieuse cependant que danseraient alentours nuages de panacée grisâtre et volutes de vapeur épurée !
J'en rêve chaque nuit, je le visionne chaque fois, droit derrière les vitrages de mes appartements, imaginant cet idylle de technologie et d'évolution, où l'humanité atteindrait son paroxysme sous ma directive flamboyante.

Manoirs d'acier, châteaux d'airain ! Nous nous déplacerions au moyens de zeppelins tous plus fous les uns que les autres, nos navires vogueraient sur une mer d'huile et nos aéronefs dans un ciel de cendre. Plus aucune pauvreté, aucun chômage. Seulement l'avènement de la technologie sur le genre humain. Les races primitives n'y trouveraient malheureusement leur compte, mais qu'importe ? La grandeur de Gilnéas est l'exemple même que l'humanité se suffit à elle-même.

Je souris finement, secouant un instant le chef et quittant mon utopie en reportant mon attention sur le patriarche à la moustache. Que dit-il ? Un but ?

"La finalité de cette action, mon cher, n'est pas tant d'user de votre fils pour pallier mon absence, mais avant tout de divertir ma chère sœur qui se faisait une joie de participer aux festivités, comme je vous le disais." *dis-je en glissant une main sur l'accoudoir de mon siège*

Ce petit Georg est décidément très malin. Mais mettre ainsi ma sincérité en cause à pour loisir de m'horripiler au plus haut point. Oh, bien entendu qu'il a raison, il y a effectivement des implications sous-jacentes à ce projet, conduisant lui-même à une finalité plus globale ! A vrai dire, je suis malhonnête, il n'y a pas qu'un but implicite dans la manœuvre.
Mais cela ne change en rien l'exaspération qui m’éprends en ce moment. J'ai lu dans un traité de l'historien Von Dreconberg que mettre ainsi en doute l'honneur d'une personne était passable d'anthropophagie chez certaines civilisations parmi les plus primaires. En outre, l'offenseur finissait bien souvent dans la marmite.

Et voilà que lui-même m'offre quelques sous-entendus ? Qu'est-ce-que cette mention de potentielles fiançailles entre son fils et l'une des innombrables descendantes de ce baron ? Me prend-il donc pour un idiot ? A vrai dire, il n'a pas tord de mettre ceci sur la table. Il est effectivement un projet que je conserve dans un coin de ma tête et que j'aimerais exposer à mon invité. Mais il est encore trop tôt, je prends mon mal en patience.

Je me drape d'une tranquillité outrageante, mais ma sérénité n'est qu'apparente. Au fond de moi, je ne suis que colère. Et dégout.

"Je me réjouis d'entendre que le baron de Shiverhill vous fait l'honneur d'une alliance aussi prestigieuse, et vous transmets mes plus sincères félicitations. *j'incline poliment le chef, en guise d'un respect feint à merveille* Néanmoins, je pense qu'il serait dans votre intérêt de considérer l'offre du baron plus en détail. Je ne puis vous promettre pareil parti, n'ayant moi-même enfanté aucune Steelwood, j'en ai peur. Cependant, peut-être que des affinités pourraient se créer entre nos deux proches, durant cette soirée, hum ? Il serait tellement plus sage de réfléchir à tête reposée pour une question si sensible. Et puis, après tout, ce ne sont là que deux petites semaines, et le bal ne sera le temps que d'une soirée."

Je lui tiens ce langage, en prenant toujours à cœur de rester évasif dans la forme tout en étant parfaitement clair sur le fond. Une fâcheuse manie, résultant d'une déformation professionnelle liée à mes chantages et manipulations politiques.
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Message par Augustus V. Lutgardis Sam 15 Sep - 4:33

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Encore des manières, des tournures, des explications rocambolesques! S'avouer en tout gentillhomme ne pas vouloir décevoir les attentes de sa soeur était certes louable, mais cela détournait légèrement les précédentes éloges faites à la famille Von Lutgardis. L'honneur de celle-ci avait-elle été brandit comme une raison de ne pas refuser par l'Industriel? Encore une fois, Flinson Steelwood savait où viser. Mais pour une cible, le patriarche n'était pas si évidente à atteindre. Il considéra les mots et les pallabres de son interlocuteur avec l'attention qui leur était due, comme il le faisait à l'accoutumée. Aucun d'entre eux ne devait oublier qu'au vu de leur connaissance mutuelle des us et coutumes de l'autre, l'ambiance d'accord devait subsister. Il avait été si tentant de se débarasser de l'autre pour éviter cet embarras, et le patriarche ne doutait pas que l'Industriel y avait déjà pensé. Mais chaque parti avait sans doutes pris des mesures auquel cas un accident viendrait à survenir. Ce qui rammenait à l'inévitable : la conversation qu'ils avaient entrepris était ce premier jet dans leur accord tacite. Georg finit sa tasse de thé avec une légère pointe de satisfaction. Au moins, si le cadre conviait à l'intimité et la boisson à la réconcilliation, ni ce qu'il pouvait voir par-delà la baie vitrée ni la réputation de son interlocuteur n'étaient conviviales.

Georg von Lutgardis comprit. L'Industriel avait beau décrire des arabesques rien qu'avec les mots, leur tenue et leur fond étaient parfaitement audibles. Seules les personnes sensibles à l'abus des politesses, aux violences de la flatterie et à la complaisance écoeurante dans la démesure ne pouvaient y voir que du vin et du caviard. Le patriarche n'était pas de ces hommes, lui-même vivant au crochet de principes que certains qualifieront de trop durs, d'entravants pour la personnalit et l'épanouissement. Ce que le patriarche entendait n'étaient que fiels et promesses de coups tordus. Méfiant ou paranoïaque, il ne sut dire quels maux l'accablaient au point de faire valoir ses principes. Toujours étant que s'il avait eu le culot de le faire, il aurait déjà applaudit Flinson Steelwood pour son hypocrisie. A vrai dire, le plus dérangeant dans leurs affaires étaient que les deux hommes se cernaient bien, alors que l'un et l'autre avaient tout pour se dégoûter.

Le noble moustachu se redressa sur sa chaise, grandissant sa silhouette -si tant est que l'on pouvait plus se tenir droit qu'il ne l'était auparavant-, et convenu d'un signe de tête qu'il reconsiderera l'affaire du Baron de Shiverhill.


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«Somme toute, monsieur, ne nous promettons rien. Mais j'ai très bien entendu votre argumentaire. Et l'ayant étudié, je peux vous dire qu'il n'est pas faible. Mais voilà que vous sous-entendez une possibilité de mariage?»

Georg sourit intérieurement, fier de sa petite manipulation. Certes il avait évoqué que le bras de Katherine avait été proposé à son fils, mais il avait volontairement omis de préciser qu'il ne s'agissait là que du conditionnel d'une soirée, en tant que cavalière. Ainsi donc, Flinson Steelwood pensait union? Cette idée le révolta, encore peut-être même plus que sa première approche de l'idée que son fils accompagnerait la soeur de l'Industriel au bal. Il ne souhaitait peut-être pas en entendre plus à ce sujet, mais il était de ses habitudes d'avoir connaissance de la pensée d'autrui, afin de pouvoir prendre au mieux les décisions les concernant. A ce petit jeu de manipulation de forme et de fond, le patriarche savait également s'y trouver. Il ne pouvait en être certain, mais l'Industriel penserait-il à fiancer sa soeur?

Il posa enfin sa coupelle et la tasse sur la table séparant les deux gentilhommes, dans le plus grand calme et le plus grand respect des gestes. Chacun de ses mouvements semblaient définitivement calculés pour être effectués avec minutie. Et le plus impressionant était la spontanéité de ceux-ci. Le noble tout de noir vêtu avait également ses plans, cette fois-ci. Flinson ne lui avait-il pas promis d'être son obligé? Sans une fois déloger son regard aux iris sombres des bésicles de l'Industriel, au père Von Lutgardis de poursuivre.

«Je consens à laisser mon fils Augustus accompagner Lady Midyle au bal masqué des Critchlow.» Le patriarche se lissa le bord droit de la moustache, signe qu'il considerait que cela constituait une sage décision, pour commencer. «En retour de ce service, je vous invite à vous rendre à la prochaine audience royale consultative concernant la modernisation des routes commerçantes entre Val-Tempête et l'évêché de Tullbridge. Je compte plaidoyer contre, le budget était initialement alloué à la reconstruction du pont enjambant la rivière passant par la vallée de Stozenfels. Comprenez que les affaires de transport dans la vallée deviennent petit à petit pénibles sans ledit pont, détruit lors d'une crue violente. Mais apparemment, quelqu'un se serait mis en tête de mettre en valeur un évêché qui dispose en l'affaire de tout ce dont il a besoin... Je sais que vous saurez être sensible à ma cause, n'est-ce pas?» annonça Georg, d'un air qui se voulait toujours le plus inexpressif possible.

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Message par Flinson Steelwood Sam 15 Sep - 5:57

Musique



Si j'ai pu être désintéressé de Georg par le passé, et jusqu'à maintenant, je pense que le terme "opposé" trouve son origine en le cas d'espèce. Pas un de ses mouvements n'échappe à mon regard masqué. Aucune variation de son faciès, pourtant égoïste en expression en ne laissant paraitre qu'une façade droite et sévère, ne passe outre mon attention. Je ne fais fi de rien, comme lors de toute affaire où je trouve mes intérêts. Bésicles dépliant oculaires au rythme du notable lissant sa moustache, ou déposant encore sa tasse, quelques fines gerbes de vapeur viennent refroidir les mécanismes de mes lunettes.

Je plie doucement le poing, coude contre l'accoudoir de mon fauteuil. J'y pose délicatement mon menton, faisant partiellement disparaître ma bouche, sans que Georg n'en devine pas moins le sourire, qui n'a après tout jamais quitté mon faciès.
Je l'écoute. Je le fixe. Je l'analyse cependant qu'il m'annonce la contrepartie de son consentement. Bon sang. Il ne perd pas le Nord. L’évêché de Tullbridge, rien que ça ? Il compte parmi les chapitres les plus prestigieux du pays, et peut allègrement se vanter du soutien de la plupart des notables proches du Clergé, ou y trouvant quelques intérêts.
Cependant... oh, je ne sais si Georg me connait si bien que cela, ou si cette demande n'est que le fruit du hasard. Toujours est-il que j'adore les défis ! Faire chuter les grands de ce pays est d'autant plus aguichant que la descente n'en est que grandie. De surcroît, il est à noter que l'archevêque de Tullbridge ne s'est jamais retenu par le passé de marcher sur mes plates-bandes. Ce sera là un juste revers dans la face de cet imbécile de clerc.

Je darde mes prunelles mécaniques plus en delà du regard austère de Georg. Je ne le quitte plus, trop intrigué, trop curieux. Cet homme m'apparait de plus en plus intéressant. Je suis persuadé que son soutien, plus que notre accord tacite, ne me serait finalement pas si dispensable. J'ai déjà la plupart des grandes familles dans ma poche, mais aucune n'égale celle des Von Lutgardis, je dois l'avouer. Et après tout, même si je n'affectionne pas particulièrement que l'on use de mon influence de la sorte, je dois également concéder que le marché me semble équitable.
Je relève quelques doigts le long de ma joue, paume contre le menton, en pianotant un instant sur le bois du bureau. Avant de me fendre d'un large sourire, nimbé d'un nuage de courtoisie, d'une once de respect, d'un chouïa de déférence et d'une larme de politesse. Cependant qu'y trônent sous un voile impénétrable mesquinerie, mépris et pédanterie, moquerie et comédie.

Je me redresse au rythme du patriarche, inclinant la tête tandis qu'une mèche rebelle vient me balayer le visage.

"La vallée de Stozenfels jouxte les vals de Brocebury. Vous pouvez considérer comme acquise la rénovation de votre pont, mr. Von Lutgardis."






Un mois plus tard, passé le bal des Critchtlow,
Gilnéas, cour du roi, parlement royal.


Voilà un temps qui me sied à ravir ! La bruine qui nous avait négligemment fait faux-bonds ces dernières semaines, avec une légèreté qui je dois l'avouer eut le loisir de m'étonner, semble bien décidée à reprendre la main mise sur Gilnéas, et nous arrose sans retenu depuis plus de trois jours déjà.
Sortant queue-de-pie, haut-de-forme, canne et manteau de feutre, je revêts ma panoplie du parfait gentleman et du somptueux dandy que je suis, bésicles sur le nez, venant directement jurer avec l'allure baroque émanant de ma personne de par leur simple nature fantasque.
Mais de la sorte, si quelqu'un avait l'improbable idée de ne point me connaitre, il devinerait de suite à quel secteur mon cœur est dévoué.

Le bal fut, semble t-il, une réussite flamboyante ! J'eus reçu un nombre certain de lettres, pléthore de missives et une quantité incalculable de mots en archidiacre me vantant la beauté du spectacle, la grandeur de la valse qui tint en haleine les danseurs toute la soirée durant. L'on m'eut encore fait valoir le discours foudroyant du couple Critchlow, accompagné du Pr. Vandfried qui lui serait demeuré neutre et en retrait, tandis que ses collègues se ravissaient des avancées médicales qui eurent été obtenues grâce à leur travaux. Promettant à tous une meilleure santé, une hygiène décuplée et une vie rallongée, les ovations auraient claqué à tout rompre. L'on dit même qu'un lustre en serait tombé... Les commérages, voyez-vous ?
A ces on-dit cependant, l'on ne manqua pas de me transmettre la surprise ayant frappé l'assemblée de voir une Steelwood conduite par un Von Lutgardis, et je m'imagine déjà les rumeurs qui ne doivent pas manquer d'abreuver les jacasseries de la cour, des salons de thé et de la rue, bien entendu. Mais qu'importe ?

Le fiacre avance ainsi cahin-caha sur la route pavée menant à la cour de Gilnéas, perchée par delà la vallée de Stozenfels, remontant la route de Silverway et l'allée des Fourbridge. Enjambant rivières, fleuves et parfois même vallons, tournant de-ci un col et bravant de là une colline, avant de se terminer paresseusement selon une vaste et large avenue de pierres et de dallages, ballottant très légèrement le voyageur embrumé que je suis par un trajet de plusieurs heures.

Mais le repos est un luxe que je m'offrirais par la suite. Je me dois aujourd'hui de faire honneur à ma parole, et il ne sera pas dit que les Steelwood manquent à leurs engagements. Qui plus est lorsque ladite clause consiste en un rabattage de caquet dans les règles envers un religieux un peu trop assis sur sa fortune, ayant probablement oublié jusqu'au concept même de plèbe et ayant eut la maladresse de se mettre ma famille -et celle des Von Lutgardis, depuis peu- à dos.
Tandis que le fiacre traverse les imposants portails d'acier et d'or, ornés de filigranes d'argent, nous remontons alors une allée tout du long ornée de statues et d’œuvres d'arts d'un goût certains. Par ici, un discobole. Là, une fontaine mettant en scène plusieurs athlètes. Dans ce coin, des arbustes taillés à la perfection et pouvant être relégués sans rougir dans la catégorie d'art.
Et cependant que j'admire, je dois l'avouer, ces œuvres ayant l'honneur de titiller mon intérêt, mon cocher de me dire que nous sommes arriver, cependant que, saisissant mon parapluie, j'ouvre la porte du fiacre.

J'observe le lieu dans un ample mouvement de tête circulaire, le menton levé pour apprécier les hauteurs des tours du manoir. L'observatoire d'astronomie de l'institut royale de Gilnéas trône au loin, dans la brume. La silhouette défiant avec bravoure le ciel noir et menaçant du pays, tandis que de ses fenêtres s'échappent parfois des gerbes de lumières, englobant un instant nuages de brouillards, donnant au quidam l'impression d'une apparition.
Détournant mes prunelles, je détaille la richesse des lieux. Austère, simple et modeste, les Grisetêtes ne sont pas réputés pour leur sens de l'ostentatoire ou de l’excentrique. A mon grand dam. Je pleure de ne point retrouver toutes les fioritures, décoratives, vestimentaires, architecturales ou même paysagistes qui font mon quotidien. Le style d'un pur gilnéen selon lequel est battit le manoir me donne un haut-le-cœur par sa simplicité absconde. Où donc sont passé les tournures baroques, les toits victoriens et les ornements Renaissance ?

C'est donc sous ce flot navrant de visions déchirantes que je me dirige en direction de l'imposante et massive entrée de la demeure, tandis que les battants de bois laqué s'ouvrent alors que des valets s'empressent de me faire entrer.
Claquant mes souliers contre les marches, et secouant un instant mon parapluie, je tends ensuite mon pardessus de feutre à l'un des serviteurs, cependant qu'un autre me rend la canne que j'avais délaissé ce tantôt en quittant mon manteau.

Là, dans ce hall si grand et si vaste qu'un géant de nos légendes s'y perdrait, attendent parmi les plus réputés notables, notoires magistrats ou inconditionnels architectes, marchands, propriétaires fonciers ou encore couturiers. Tous valsent sous les flots de leurs compliments. Commérages les font rougir tandis que rumeurs et bruits de couloirs fustigent à la vitesse d'une balle. Les uns s'étonnant, les autres s'esclaffant poliment.
A mon passage, certains me saluent avec déférence. D'autres m'ignorent purement, tandis que leurs proches me snobent avec une légèreté blessante. Parfois, certains se penchent vers leurs voisins, main en coupe, pour leur offrir de fleuries langages sur mon auguste, tandis que leurs interlocuteurs se fendent d'un sourire moqueur.
Néanmoins, je me félicite des sourires que je fais naitre sur ces dames, du rose fleurissant sur les joues de ces damoiselles tandis que je leur fais grâce de mes plus aguichants sourires.


[Gilnéas d'antan] Elégie et tragédie (PV Flinson)  Hemicycle

Passée cette foule, je me dirige vers le Parlement situé dans l'aile Est. Constitué en hémicycle, les plus grands noms de ce pays -et le mien en tête de liste- s'y succèdent chaque jour. Tous y disposent d'un siège, honneur infini selon le peuple, accordé par le roi en personne en vertu de services rendus, ou plus souvent d'une utilité incontestable de son propriétaire. Alors que je passe les portes du parlement, balayant l'assemblée de mon divin regard, je m'arrête sur une figure connue.
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Message par Augustus V. Lutgardis Dim 16 Sep - 23:12

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[Gilnéas d'antan] Elégie et tragédie (PV Flinson)  Salle-bal-618416


Au manoir des Critchlow, la soirée battait son plein. Les invités étaient venus en costume comme l'invitation l'exigeait, et arboraient tous un masque représentant tel oiseau, ou tel gibier, ou même des astres. L'on voyait ici un merle au buffet, là un hibou valsant avec un renard, un cochon en pleine conversation avec le soleil. Costumes fantastiques, et éclatant! Du rouge cardinal au vert sombre, du bleu de minuit au blanc d'ivoire, ce feux d'artifices de couleurs dansant était l'expression la plus pure de la grandeure des fêtes gilnéennes. Aucun notable n'était inconnu à l'autre, et les nobles réunis en ces conditions oubliaent jusqu'à même l'idée de la guerre et de la colère, se vouant aux rires et à l'insouciance, basculant dans la démusure parfois, et l'excès de jeux de regards ou de mots. Si les conversations tournoyaient aussi vite que les tissus sur la piste de bal, une grande majorité parlait de cette fantastique découverte du couple de médecins et du professeur Vandfried. Il était même question de récompense de sa Majesté depuis la bouche folle de certains, ou des dons faramineux tombaient dans les oreilles des plus fantasques. Mais si un autre sujet tourmentait les ouailles vouées aux commérages, c'était sans nul doute cette corneille entraînée par ce cygne.

Georg von Lutgardis, qui avait troqué son masque sans expressions pour celui d'un visage exempt de tout trait si ce n'était un large sourire fendant sa bouche; accompagnait la demi-lune, son épouse Grey. Et bien que sur la piste ou au cours des conversations il était présent, dans sa mesure légendaire que son masque joyeux n'avait su lui ôter; il avait toujours un regard pour son fils Augustus habillé tout de blanc pour l'occasion. Quelques plumes dans le ton ornaient son costume, et son masque allongé en tête de cygne se penchait avec révérence devant sa partenaire, qui au contraire, s'était vêtu d'une exquise dentelle noire, et d'une parrure au cou qui pouvait faire jalouser bien des collectionneurs de bijoux. Midyle Steewood semblait divertis autant que l'on put, et pas un seul instant Augustus ne l'avait quitté sous la surveillance de son père. Bien que son cadet n'ait pas finis son éducation, il savait se comporter comme un homme, et savait tenir la conversation autant que le pas de danse. Cependant, ce n'était ni de la fierté ni du regret qui naissait dans l'esprit de Georg von Lutgardis, en voyant ainsi se conduire son fils. A la place, un sentiment de culpabilité. Assez infime pour faire naître le doute. Doute qui était très vite chassé par l'attention de Grey, attentive et pleine de compassion, qui le menait vers d'autres horizons de pensée dès que le patriarche semblait dérangé.

La soirée fut un succès total, et tous félicitèrent leurs hôtes réciproques.

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«Monsieur Steelwood.» Fit le sombre noble moustachu en inclinant légèrement la tête, avant de regagner son allée et puis finalement, son siège.

Georg était arrivé parmi les premiers au Parlement de la cour de Gilnéas. Son trajet n'était pas des plus longs, et rencontrer quelques importants notables avait été essentiel avant que la séance ne soit entammée. Il avait cela dit remarqué l'arrivée de ce Flinson Steelwood plein de panache, qui affichait toujours une mine blafarde fendue d'un méprisant sourire dégoulinant de courtoisie que la plupart adoraient étaler sur leurs yeux. Dans un coin de la salle, l'on voyait le parti de Tullbridge et son représentant, qui s'éventait ostensiblement avec quelque éventail cousu d'or et de pierres incrustées, allant de paire avec sa bure qu'il avait de même pris le soin de décorer de quelques motifs de-ci, et de quelques mots sains de là -aux bons frais de sa paroisse, sans nul doutes-. Georg von Lutgardis n'avait pas eu le temps encore d'échanger quelques mots avec cet homme, mais il savait que la séance allait le permettre. Il cheminait dans sa rangée, passant tant bien que mal devant le Magistrat Severus assis, qui avait pour l'occasion revêtit son costume le plus moulant -ce qui semblait amplifier le volume qu'il occupait dans l'espace pourtant déjà bien trop important pour un homme- et sa meilleure perruque. Il salua d'un léger signe de tête le chaleureux Baillis de Lotteco, qui lissait son bouc entre son pouce et son index avec insistance, tout sourire. Vint ensuite qu'il prenait sa place à côté d'un vieillard barbu, dont les lorgnons semblaient échapper à ses yeux. Pourtant sa carrure était assez colossale pour quelqu'un de son âge, et de multiples feuilles de comptes et autres calculs financiers jonchaient déjà sa table.

«Monsieur de Clargis.» salua avec respect Georg, une fois assis, ce à quoi son voisin répondit avec respect.

ll avait bien l'habitude de l'endroit et des personnes qui y étaient coutumières, cela faisant plusieurs décénies qu'ils siégeait au même endroit. Il avait une vue sur la plupart du bord gauche de la salle, pouvant ainsi voir sans mal Flinson Steelwood, lui aussi très bien entouré par quelques personnages disposant d'à peu près la même aura que l'Industriel. Enfin, lorsque tout le monde fut assis, les conversations se centrèrent sur l'ordre du jour et sur les dispositions que chacun allait prendre une fois la matinée terminée. N'étant pas friand de conversations à ce moment là de la journée, le patriarche moustachu se contenta de patienter l'arrivée des Grands de ce lieux. Ce qui ne tarda absolument pas : entrant par la porte se situant à l'arrière de l'estrade, le Roi Genn Grisetête ainsi que ses gardes fit irruption, en bonne compagnie d'un greffier et du Président de l'Assemblée, Sir William Beck. Pas un notable ne resta assis lors de l'entrée de leur souverain, et une majorité d'entre eux s'étaient légèrement courbé , comme pour faire la référence. Alors que sa Majesté prit place au fond de la salle et que ses officiers eurent préparés leur documentation, tous reprirent leur siège avec calme. Un rituel presque quotidien, à chaque fois qu'il y avait audiance. Le Président de l'Assemblée s'avança au pupitre situé parfaitement au centre de tous, et proclama l'ouverture de l'audiance de sa voix puissante et grave. L'homme était autrefois un héros de guerre, selon les archives militaires. Ses hauts-faits d'armes pour Gilnéas n'étaient pas à prouver, et c'est pourquoi, au vu de son âge certain, il fut nommé Président de cette assemblée, ce qu'une écrasante majorité de la cour avait approuvé.

«Très bien Messieurs, voici l'ordre du jour première : affaire économique et logistique. Il s'agira de discuter des fonds à allouer soit à l'êvéché de Tullbridge afin de moderniser sa voie commerçante avec Val-Tempête, soit à la Vallée de Stozenfels qui souffre de la destruction de son pont qui permettait l'acheminement des produits de ses terres vers Gilnéas City. Monseigneur de Tullbridge défendra sa cause. Votre éminence, si vous voulez bien vous présenter à l'Assemblée.» proclama Sir William, rapidement rejoins par ledit clerc, qui tout sourire, salua la foule d'un signe de main, se pensant d'ors et déjà vainqueur de l'affaire. «Que ceux qui souhaitent constituer l'opposition se lèvent.»

Quelques regards s'échangèrent dans la foule assise. Qui oserait affronter l'évêché de Tullbridge? Qui serait assez fou pour priver les besoins d'un des membres les plus éminent de l'Eglise de la Lumière? Les regards semblaient d'accord sur ce point : l'ordre du jour allait rapidement être achevé. Les bavardages reprirent l'instant d'une seule seconde, avant que le souffle de la foule ne soit retenu.

C'est avec un calme qui lui est propre que Georg Von Lutgardis quitta son siège et se leva, dans sa droiture qui semblait le grandir. Son costume noir ne comportait aucun pli, et son monocle installé à son oeil droit était impeccable. Le notable assis à côté du patriarche semblait s'être pris d'une nouvelle folie de calculs, murmurant à voix basse que tout ceci était trop cher. Il avança parmis les rangées et descendit, ne manquant pas de saluer le Président de l'Assemblée et son roi avec une révérence que l'Archevêque ne s'était pas donné la peine de faire. Il fit enfin face au clerc, sous les yeux ébahis de ce dernier.

«Allons... Enfin... Monsieur Von Lutgardis. Georg. Vous comptez vous opposer à l'affaire?» balbutia le religieux, incrédule.

«Par la présente, je, Georg von Lutgardis, me présente à l'opposition.» Déclara le patriarche avec une voix grave et puissante, assomant la plupart des personnes qui étaient encore sous le coup de la surprise.

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Message par Flinson Steelwood Lun 17 Sep - 0:36

Musique

Et à cette voix de stentor vint sans répit s'ajouter en un canon travaillé mon ton mielleux.

"Par la présente, je, Flinson Steelwood, me présente au côté du parti Von Lutgardis."

C'est avec une hypocrisie et une pédanterie qui me sont propres que je viens de quitter mon siège, aussi fier que je ne suis arrogant, fixant Tullbridge sans daigner regarder le roi que je n'ai d'ailleurs pas pris la peine de saluer si bien que ses plus proches partisans. Autour de moi, ce n'est que consternation, surprises et outrance. Les plus proches des Von Lutgardis s'étonnent tandis que les miens arquent un sourcil, sans montrer leur perplexité plus que de raison.

C'est que nous ne jouons pas dans la même cour. En les personnes de mes voisins résident les rares gens en qui j'accorde un semblant de respect. Industriels, commerçant, travaillant parfois dans le textile et ici dans le transport, de là dans la formation de futurs soldats, tous partagent -ou du moins, essaient- mon mode de pensée. En notre section de l'hémicycle suintent arrogance, mépris et manipulations. Nous sommes tous de grands partisans des jeux d'ombres, aussi savons-nous tous pertinemment qu'il est inconvenant en de tels enjeux de montrer ses ressentis. Néanmoins, le riche bourgeois, Mr. Cheswartz, ayant fait fortune dans la fabrication d'armes blanches, ainsi que mon voisin de droite, le baron Claude, un homme d'une carrure certaine bien que légèrement aplatit sur lui-même et présentant un faciès carré, toujours mains croisé, ne manquent pas d'arquer un sourcil en ma direction.

Durant cet infime moment, cette minuscule seconde succédant un silence antérieur époustouflant -après tout, personne ne peut oser s'opposer à Tullbridge- Azeroth semble s’arrêter de tourner tandis que les anges ornant les peintures du plafond voûté passent au-dessus de nos chefs.
Quand soudain, la cacophonie ! Explosion d'humeurs, cris d'outrage et vives protestations ! Anarchie totale de la part des plus "respectables" partis du royaume. Résultat d'une incompréhension la plus totale, d'où s'élèvent avec véhémence les opinions parmi les plus cinglants. Je pouffe franchement de cet emportement, ils sont si délicieux ! Quelle entrée viens-je de leur offrir ! J'ai toujours eu une âme d'artiste. Et puisque c'est ainsi, demain soir, j'irais au théâtre !
Consternation, surprise, injures même ! Tous crient un brouhaha inaudible, montant crescendo alors que certains même en viennent à quitter leurs sièges pour protester.
De ce capharnaüm cependant résonne un retentissant "OULA", dont ce cher baron Claude a le secret, et dont les octaves planent allègrement au dessus du reste de l'assemblée.

Jusqu'à ce que ser Beck sonne la clochette, et sous son autorité innée, le silence de reprendre son fief.

"Silence messieurs, silence ! Vous, Mr. Steelwood, je vous prierais de bien vouloir rejoindre les partis intéressés."

Je conserve le silence pour mieux élargir mon sublime sourire, remontant presque jusqu'à mes oreilles ! Un dernier signe de tête à ma joyeuse bande de commerçants, et voilà que, m'excusant cependant que je passe devant le baron Claude en inclinant poliment la tête, je me rend près de la troupe.
Je travaille mon arrivée, descendant ni trop lentement, ni trop hâtivement les fins escaliers conduisant devant le président de l'Assemblée, le roi et son Conseil.
De la démarche du juste, de celui qui sait trouver son intérêt et ne doute pas un instant de ses fins, l'ensemble des notables s'orientant sur leurs sièges au rythme de mon avancée, dans un silence de Cathédrale.
Voilà qui fera plaisir à l'archevêque. Celui-ci d'ailleurs, me jette un regard noir, tandis qu'à cette humeur vient se joindre l'austérité parfaite et insondable de Georg von Lutgardis.

Je me place aux côtés de ce dernier, le dos d'une main contre ma hanche et m'appuyant théâtralement sur ma canne de l'autre, j'effectue le plus distingué signe du chef qui soit en direction du roi et de sa clique.

"Messieurs, l'opposition étant constituée, nous allons commencer l’audience. Monseigneur l'archevêque de Tullbridge représentera les intérêts de son évêché. Mr. Von Lutgardis, et Mr. Steelwood constitueront l'opposition."

Ser Beck annonça la donne. J'observe Tullbridge d'un sourire franchement moqueur, alors que celui-ci, me remarquant, se perd plus encore en balbutiements et rougit de colère. Devant une telle réaction, je ne puis légitimement m'empêcher de lui offrir une révérence, décuplant sa rage en espérant le faire sortir de ses gonds. Car telle est ma stratégie du jour. Je n'escompte pas seulement tenir ma parole et faire triompher la cause de Georg von Lutgardis. J'ai de surcroît pour vocation à ridiculiser Tullbridge. Comme je le dis si bien, autant faire d'une monnaie deux achats.

C'est ainsi que, au même moment que William effectue un bref rappel des faits, je me penche vers Tullbridge pour lui susurrer :

"J'ose espérer que votre toge est imperméable, car ce soir, je crains que vous ne deviez vendre votre fiacre si vous désirez toujours votre voie."

La colère empourpre ses joues à tel point que je dois m'empêcher de partir d'un rire cristallin. Je me fais raison, et me contente de me détourner de lui, observant successivement sa majesté, puis ser Beck.
Tullbridge prend la parole, légèrement décontenancé.

"-Bien... Hum hum. Votre majesté, comme vous le savez probablement, les voies commerçantes reliant Val-tempête à mon évêché, aussi impénétrables soient-elles, souffent d'un cruel manque de modernisation. Si les fiacres et les paroissiens peuvent s'y mouvoir sans grande difficulté, de plus lourds convois y trouveraient quant à eux une difficulté certaine.
Les jours de pluie, et la Lumière sait qu'ils sont nombreux, la boue recouvrent les bas-côtés, et risquent de blesser les sujets de votre grâce. En homme de foi, je m'en voudrais qu'il leur arrive malheur.
Je demande à votre majesté de bien vouloir statuer dès à présent sur le bien-fondé de ma demande.


-Dites-moi, monseigneur, *m'interposes-je* depuis quand votre évéché a t'il quitté la spiritualité pour la lucrativité ? Vraiment, je m'étonne qu'un homme de foi trouve son compte dans les comptes, justement, de ses paroissiens.

-HéhoHEHOOOOO ! *s'insurgea la foule, la majorité approuvant ma provocation*

-Silence messieurs ! *s'imposa ser Beck * Mr. Steelwood, je vous demande de ne pas être personnel. Au fait, monsieur, venez en au fait.

-Milles excuses, ser Beck. Comme l'a si justement précisé monseigneur de Tullbridge, les voies d'accès à son évêché, en plus d'être parfaitement convenables et salubres pour ses praticiens pèlerins, conduisent de par leur nature à un lieu de prière. En l'espèce, le fondement même de la demande est d'ors-et-déjà incongru -sauf votre respect, archevêque-. A quoi bon moderniser une voie d'accès marchande vers un lieu de prière ? Le commerce chez le Clergé ? Et puis quoi encore, des auberges sous-marines ? Des industries dans les nuages ? *plaisantes-je, à la limite du tolérable* Votre majesté, je vous demande humblement de considérer la proposition de Mr. Von Lutgardis quant à l'utilisation de vos fonds. Le pont des Stozenfels est l'une des rares communications entre la vallée, les vals de Brocebury qu'elle précède, et le reste du pays. Il serait tellement plus sage d'assurer une communication stable avec la totalité de vos sujets."
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Message par Augustus V. Lutgardis Mar 18 Sep - 22:28

+musique+

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L'agitation qu'avait provoqué Flinson Steelwood laissa Georg von Lutgardis -vous l'aurez deviné- de marbre. Cependant, il devait admettre que l'Industriel avait quelques points fort à être capable ainsi de soulever les opinions publiques, et de provoquer les bonnes gens qui s'attachaient à leur bon sens et à leur logique, déjouant tous les plans. Cet effet de surprise jouait sur un double tableau pour cette séance. En effet, les insultes véhémentes et les vives protestations jouaient contre Tullbridge, le mettant ainsi sur le siège du favoris ejectable. Mais en contre-partie, le trouble que cela avait causé sera sans doute rammené au patriarche moustachu lors de ses prochaines conversations mondaines, et cela était un mal dont il se serait volontairement passé. Il fallut enfin que le Ser Beck élève la voix pour que la foule ne se taise, laissant ainsi l'Archevêque déployer son argumentaire. Quelques bruits de fonds et chuchottements renseignaient sur l'accord de quelques notables proches du religieux, mais bien vite Flinson Steelwood prit la parole, et démontra la faiblesse des arguments du parti adverse. C'est avec une fougue qui lui était propre, ainsi qu'un cynisme passant bien des protocoles de respect qu'il s'était exprimé, laissant le religieux dans le trouble le plus complet. Désorienté, ce dernier regardait en direction du Président de l'Assemblée, qui s'était penché en direction du roi Grisetête. Ce dernier donnait son opinion quand aux dires de l'Industriel, et permit à Ser Beck d'enchaîner.

«Sa Majesté est bien entendu d'accord sur le fait que la Vallée de Stozenfels souffre de la destruction de son pont. Mais vous le savez tous, un chemin contourne le cours d'eau sur une cinquantaine de kilomètre. Le détour est donc possible.»

«Parfaitement! Ce ne sont pas quelques heures de trajets supplémentaire qui iront faire tomber la Vallée dans l'oubli. De plus, l'on ne peut de la même manière se permettre de faire passer mes convois... de pélerins, assurément -n'est-ce pas? - par la Forêt Noire.» renchérit le religieux, se frottant discrètement les mains dans le dos, fier de son croc-en-jambe.

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Le sourire agaçant du clerc sonna l'alarme dans l'esprit de Georg von Lutgardis, qui, se grandissant presque rien qu'en inspirant, se permit de répondre, en dépit de l'avis défavorable que la plupart des personnes semblaient lui envoyer.

«Majesté, Messieurs, nous savons tous qu'il est primordial pour nos croyants de pouvoir se rendre à l'êveché de Tullbridge en toute sécurité. Mais dois-je vous rappeler que la Vallée de Stozenfels est l'un des grenier à blé de notre nation? Plus de trente exploitations se situent sur ces terres riches, et envisager un détour de plusieurs tonnes de marchandise...»

«C'est trop cher!!!» s'écria Monsieur de Clargis, se levant, le visage rouge. Dans un accès de rage, le notable ne tarda pas d'ailleurs à evoyer ses feuille de calculs voler et de quitter la salle à grands pas.

La foule assomée par l'intervention du notable, joua en quelque sorte en faveur de Georg von Lutgardis. En effet, l'assurance de ce dernier n'en désemplit pas et il put ainsi continuer.

«Trop cher, pour complaire à Monsieur le Baron de Clargis. Pour autant que je sache, l'évêché de Tullbridge comporte en tout et pour tout sept hammeaux, totalisant trois cent personnes, dont une centaine seulement travaillerait pour subvenir aux besoins des familles présentes et payer la dîme que vous les imposer. Je ne remet pas en cause votre privilège, Archevêque, mais j'aimerais savoir pourquoi cette taxe n'a-t-elle cessée d'augmenter sans que la population sous votre responsabilité en fasse de même?»

«Avez-vous une preuve?!» s'exclama le religieux, mimant une mine outrée.

«J'ai ici un rapport... que l'agent de la Cour des Comptes alloué au clergé a bien voulu me fournir» répondit le patriarche, avec son même ton neutre et coupant.

Il brandit en effet un vélin cacheté à la cire, dont le sceau était celui de l'institution sus-nomée. Il tendit ledit document au greffier qui l'apporta au Président de l'Assemblée. Après une rapide lecture, ce dernier acquiesça.

«Continuez.»

«Merci, Monsieur le Président. Votre Majesté sait dès à présent que l'évêché de Tullbridge dispose largement des moyens de subvensionner à la modernisation de cette fameuse route communiquant avec Val-Tempête. Les fonds initialements destinés à la reconstruction du pont de la Vallée de Stozenfels devraient revenir de droit à leur but premier.» déclara Georg von Lutgardis, dont le regard dur heurtait les yeux décontenancé de son adversaire.

«Forfaiture! Je suis convaincu que c'est un faux, Von Lutgardis!» S'égosilla à moitié Tullbridge, rouge de colère. «Majesté, les besoins de l'évêché, et de chaque paroisse augmente chaque jour! La dîme sert à l'entretiens de celle-ci, et ne serait totalement être vouée à la route nous voudrions tous voir améliorée. Si ce n'était pas le cas, je n'aurais jamais demandé cette dérogation de subvention, et vous n'auriez jamais accepté si l'affaire de Stozenfels méritait reconsidération.» Conclu le religieux, se calmant au fur et à mesure, pensant tenir la victoire cette fois-ci.

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Message par Flinson Steelwood Mer 19 Sep - 5:56

Musique

Oooooh... Tullbridge s'enfonce de plus en plus ! S'en sortira t'il ? Bien évidemment que non, mais il est tellement délicieux de le voir se débattre. Je m'étonne à la mention de la Forêt Noire, et je garde cette information dans un coin de ma tête, pour plus tard.
Auparavant, je pense qu'il est plus pertinent de laisser Georg s'exprimer un tant soit peu. Après tout, c'est sa plaidoirie !

Je ne peux retenir un sourire lors du coup d'éclat de De Clargis. Je ne connais personnellement ce notable, mais il vient de m'avouer toutes les rumeurs que j'avais eu le loisir d'entendre quant à sa personnalité... vénale, dirons-nous.
Ainsi, Von Lutgardis a des contacts à la cour des Comptes du royaume ? Voilà qui risque d'être fichtrement intéressant.

Je laisse les deux bons hommes échanger un instant, écoutant d'une oreille attentive tandis que je promène mes bésicles au sein de l'assemblée. Faisant fi de toute espèce de convenance, quand bien même suis-je en présence du roi, je me détourne de mes interlocuteurs, souriant galamment au public puis humblement à l'assemblée des pairs du royaume. Ce n'est qu'après un court instant que je me décide enfin à reporter mon attention sur le débat. A vrai dire, c'est plus Tullbridge qui m'y ramène, par ses piaillements incessant. Il s'enfonce, encore !

Alors que l'archevêque crie à la forfaiture en faisant preuve d'une impertinence blessante, je ne me retiens pas plus longtemps.

"Votre majesté, si je puis me permettre, j'aimerais attiré votre attention sur un point qui me semble obscur dans le raisonnement de monseigneur de Tullbridge."

Dis-je en souriant au dit archevêque, lui tenant un rictus des plus faux et composés, avant de me tourner plus en avant vers le roi et ser Beck, me mettant sur l'avant de la scène.

"Je m'étonne de l'argumentaire de l'archevêque. Celui-ci a fait mention de la Forêt Noire ? Allons, je crains que monseigneur n'entende grand chose en matière de géographie. Même moi, natif de Brocebury qui, vous en conviendrez, en est plus qu'éloigné, sait que ladite forêt réside en un bassin... En outre, son seul accès s'effectue justement par Val-tempête. Il est évident que le bien-fondé de cet argument est inexistant."

Tullbridge se perd en balbutiements, ce qui n'est pas pour me déplaire, bien au contraire ! Et alors que le pauvre cherche ses moyens, les miens sont armés et parés ! Ne laissant pas un instant de répit au pauvre religieux, j'enchaine sans plus attendre.

"De plus, monseigneur de Tullbridge doute à l'instant non seulement de la bonne foi de Mr. Von Lutgardis, mais également de la cour des comptes du royaume. Institution qui, je me dois de le rappeler, répond de sa majesté. Dites-moi, de Tullbridge, remettez-vous en cause la parole des institutions de notre roi ?"

La réaction ne se fait pas attendre. L'indignation fuse et fustige tandis que les rumeurs s'élèvent furtivement des notables derrière nous.

"-Monseigneur, certes depuis l'avènement de notre pays, plus personne en Gilnéas n'est intouchable. Mais de là à douter d'un notable disposant de la confiance de notre roi, et de la respectabilité de Mr. Von Lutgardis... Qui plus est quand, de la même, vous jouez sur une telle défensive... J'en viens à me demander si vous ne tenteriez pas de nous cacher quelque chose. Après tout, cette-même cour que vous attaquez n'a pas tenu d'enquête, non plus que de contrôle, en votre évêché depuis quelques petits moments, n'est-il pas ?

-Steelwood met en doute ma bonne foi ! A moi, archevêque de votre grâce ! Je demande à ce que ce jeanfoutre quitte la séance sur le champ !"

Je souris follement. La voilà, ma victoire. J'attendais cette insulte, mais je suis réellement triste que cela ait été si simple de l'obtenir. Mais qu'importe, déjà l'on crie à l'outrage derrière moi, tous les notables s'étant rallié à la cause de Von Lutgardis par ce faux-pas politique du religieux.
Une fois encore, j'ai fait des miracles. Mais peut-être que la partie n'est pas encore finie, allez savoir ? J'imagine que ser Beck ne laissera pas passer pareil comportement, mais Tullbridge est tout de même réputé. Et nous sommes gouvernés par des abrutis complets.
Je me tourne alors vers mon partenaire de plaidoyer. Nous avons fait des merveilles, aujourd'hui ! Lui stoïque et moi théâtral, voilà une alliance qui promet. Je me demande s'il accepterait de revenir débattre à mes côtés... Nous pourrions accomplir de grandes choses !


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Message par Augustus V. Lutgardis Mer 19 Sep - 23:52

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Les voix fusent, pleines de colère, pleines de dégoûts et pleines de révoltes. Les plus calmes s'agitent et les agités se déferlent dans des vagues de protestations, d'appel à l'outrage, désignant la presque-insulte de l'archevêque comme s'il s'agissait de l'oeuvre du démon. Alors que Georg lui se tenait droit devant son interlocuteur et devant son Roi, Flinson Steelwood semblait follement amusé par ce qu'il avait réussis à provoquer dans le Parlement. Et ce n'était pas la première fois que cela s'agitait ainsi, mais l'on eut rarement vu une telle agitation parmis les bancs. De la plus haute trahison à l'ordre auquel s'évertue à conserver le patriarche moustachu, mais il fallait bien pour lui d'admettre que cela jouait définitivement en sa faveur. Il appréhendait un petit peu les prochaines assemblées en compagnie de l'Industriel, s'il y avait. La situation était certes ammenée à un but essentiel, mais la situation avait quelques côtés déplaisants. Pour sûr, jamais son image n'aurait démontré qu'une once d'agacement ou de gène, se positionnant ainsi comme une des figures les plus stables de la salle. Les nobles communiquaient entre eux à voix basse à quelques endroits, tandis que les autres pointaient Steelwood ou Tullbridge du doigt. Ser Beck ne sut souffrir de la situation plus longtemps, et sonna sa cloche qui traversa le chaos, le calmant au bout d'une trentaine de tintement, plus qu'il n'en fallait à l'accoutumée.

«Silence messieurs! Silence! Ou je suspend la séance. Et vous Monsieur Steelwood, calmez vos propos, ou je vous fais sortir de la salle avec un procès. Dernier avertissement.» Dit à voix haute le Président de l'Assemblée. «Monseigneur de Tullbridge aura à répondre des ses actes et de ses paroles lors d'une enquête ultérieure.»

Le religieux semblait vouloir foudroyer du regard l'Industriel et le patriarche. Mais les éclairs de ses yeux ne firent que s'applatir sur l'imposante aura de droiture du Von Lutgardis, et rebondit mollement sur la face malicieuse et pédante de Steelwood. Mais prudence. Ne disait-on pas que les animaux blessés pouvaient être les plus dangereux? Sans hausser le ton, alors que les rumeurs reppartaient déjà bon train dans l'arrière-salle, Georg de reprendre :

«Je ne saurais contredire Monsieur Steelwood sur cette affaire. Et si l'on prend la somme de vos raisonnement, Monseigneur de Tullbridge, vous préfereriez entretenir des lieux de culte plutôt que de savoir vos pairs et vos ouailles nourries. Je ne saurais dire quelles sont vos intentions, ni si cette dîme vous a permis de vous faire fabriquer ce carosse aux armatures d'or garé devant le bâtiment, ou alors d'acheter ces très onéreuses pierres qui ornent votre éventail, mais une chose est sûre, c'est que vous ne semblez pas être le plus compétent pour gérer l'argent qui vous est fournis. Assurément, le pont de la vallée de Stozenfels profiterais à toute la nation, tandis que votre route ne concerne que votre Êvéché, et donc, vos intérêts personnels.» Fit Georg, fixant avec une sévérité implaccable de Tullbridge. «Et la question qui me vient immédiatement à l'esprit est : allez-vous réellement utiliser cet argent pour aménager votre route, Archevêque?!»


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«De QUOI?!» s'interloqua le Baillis de Lotteco, soudainement.

La foule retient son souffle. Une seconde après, tous se lèvent, certains applaudissant le parti Von Lutgardis, lui lançant des encouragements fous, certains huant le religieux, hurlant contre lui. Georg demanda le calme en levant une main en direction de ses proches notables, geste soutenu par la cloche de Ser Beck, qui vociférait presque pour rammener le silence.

«Au tour de Georg von Lutgardis de mettre la parole d'un homme de mon rang. De ma piété!» Répondit Tullbridge. «Alors que lui-même ni sa famille n'a jamais mis un pied dans la maison de la Lumière! Impies! Famille impie!!» Finit-il par crier, en pointant Georg du doigt, fulminant.

Aucun réglement ne tenait contre l'insulte qui venait d'être faite à Georg. Si bien que ce dernier maudit intérieurement Tullbridge, se promettant de lui offrir un sort funeste si cet impudent venait à mettre sa famille en danger. Cependant, son calme ne se rompit pas, mais ses traits ses crispèrent un peu, et seul son proche voisin aurait put le remarquer. Etrangement, cette fois-ci, plus aucun bruit ne se manifesta dans l'Assemblée. Certains écarquillaient les yeux en direction de Tullbridge, d'autres secouaient la tête d'incompréhension, tandis qu'un majorité fixait les deux partis, hors d'haleine.

«Monseigneur de Tullbridge, Georg von Lutgardis n'a pas à répondre de cette calomnie dont vous l'affligez lui et ses proches. Revenez-en à l'affaire.» S'imposa Beck, tranchant le silence avec la parole du juste recentrement du dialogue.

Un ange passe, comme le penserait l'Industriel.

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Message par Flinson Steelwood Jeu 20 Sep - 2:21

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Un procès, vraiment ? A quoi bon ! Je serais curieux de voir cela ! Après tout, la justice comme toute chose a un prix. Le système de magistrature imposé par le roi et résidant sur le paiement de "l'épice" comme il était coutume de procéder permettait justement à des personnes de mon rang de se permettre quelques écarts de la loi.

Les plus ignorants se demandant sans doute qu'est-ce-que l'épice, en voici un bref résumé. Dans notre système monarchique, il est convenu que les magistrats, une fois leur charge de judicature en leur possession, qu'elle ait été achetée ou transmise, ne sont que très peu rémunéré par le roi, bien qu'ils en dépendent directement. Cet inexistant salaire a conduit à édifier une coutume selon laquelle le justiciable "remercie" les services du juriste susnommé par un pseudo-paiement. A l'origine, l'on offrait justement quelques épices aux magistrats, comme l'on offre des chocolats aux médecins et apothicaires nous traitant. Cependant, il est évident que plus le justiciable est fortuné, plus le "cadeau" envers le magistrat est élevé. Et plus le don est conséquent, plus le juriste est enclin à statuer en son sens.
Quel chance que je sois riche à en mourir !
Toujours est-il que je serais curieux d'être porté devant un tribunal. Qu'est-ce-que je donnerais pour voir la mine déconfite que tirerait mon parti adverse, demandeur, lorsque je sortirais sereinement par la grande porte de la cour.

Bah ! Il ferait beau voir ! Toujours est-il que l'assemblée est hors d'haleine. Quel spectacle leur offrons-nous, faut-il dire. L'on devrait faire payer pareil divertissement, ce serait là notre juste dessert.

Georg m'impressionne encore par son flegme et son calme impénétrable. Moi qui me donne en spectacle, voilà que Von Lutgardis vient enchainer par un plaidoyer franc et sévère, dont l'inflexibilité vient directement jurer avec mes mises en scène, et se mariant à merveille dans un enchainement redoutable d'arguments réfléchis. Le patriarche attaque clairement Tulbridge tout en restant respectable et en prenant soin de ne pas l'insulter directement, ne faisait qu'exposer des faits logiques et tangibles à l'assemblée.

Les pairs du royaumes éclatent, scandant à la forfaiture et appuyant vivement von Lutgardis, hurlant de retentissants "OUI !" ou d'autre "Il a raison !".

Le religieux, en revanche, fait preuve d'une stupidité à toute épreuve. Alors qu'il aurait du retenir la leçon par la presqu'insulte qu'il m'eut fait, l'idiot recommence justement envers Georg, dont la droiture, encore une fois, n'est plus à prouver. Et de quoi le traite t-il, je vous prie ? D'impie ? Lui et sa lignée, vraiment ! Comme c'est cocasse, je ne peux m'empêcher de jeter un œil au chef de famille, et constate une très légère, presque insoupçonnable, moue. A vrai dire, si je ne connaissais pas la vérité dont Tullbridge caresse la surface sans le savoir, je pense que je n'aurais pas remarqué ce changement fugace sur le faciès du noble.

Je me retiens de féliciter Georg von Lutgardis. Il est après tout parvenu au même résultat que le mien, et c'est sincèrement pour me complaire dans mon oeuvre. J'imagine que ce but était escompté de sa part, nous jouons après tout dans la même cour, et je ne doute pas un instant que le patriarche aura saisi ma stratégie dès ma première réplique.
Je suis ravi, et après avoir attaqué un plan personnel, je décide de mettre mon grain de sel dans l'argumentation. Car je ne doute pas que Tullbridge dispose de quelques tours dans son sac, je juge pertinent de faire pencher au mieux la balance en notre faveur afin de palier d'éventuels contrecoups de la part du religieux.

"Ser Beck, je crois ne rien vous apprendre en précisant que les Vals de Brocebury sont assez excentrés du reste du pays. En outre, la seule voie d'accès avec l'intérieur des terres se fait, dans l'ordre des chemins quittant mes terres, par la route de Silverway. S'ensuit alors le col de Longstone, précédant les collines de Farland, avant de contourner par l'allée de Coldtown et, enfin, s'arriver au pont des Stozenfels.
Ledit pont, comme vous l'avez précisé ser Beck, permet d'éviter un détour d'une cinquantaine de kilomètre. Ce qui, en fiacre, à la vitesse moyenne d'un déplacement sans hâte de neuf kilomètres à l'heure, équivaut environ à cinq heures et demi. Je m'empresse de préciser qu'une fois le pont traversé, les habitants de Stonzenfels, ainsi que les résidents des hameaux précédents, ont encore un trajet certain à effectuer pour arriver dans les terres intérieures.
"

Je laisse le temps à l'assemblée de s'imprégner des informations, et potentiellement, de m'appuyer, avant de reprendre sur le même ton.

"A cela, monseigneur de Tullbridge oppose son projet de voie marchande, qui, en plus de ne pas présenter d’intérêt direct pour ses paroissiens, non plus que de faciliter ou réduire le trajet d'autrui, serait facilement contournable pour peu que l'archevêque décide de scinder ses convois en de plus petites processions."

J'humecte délicatement et discrètement mes lèvres, avant de les laisser s'élargir de nouveau en le sourire composé du bon commerçant que je suis, mais en le dotant cette-fois d'un soupçon de sincérité et d'un air affable. J'observe alors tour à tour l'assemblée nous surplombant. J'envisage ser Beck et sa prestance que je dois lui avouer, avant de regarder paisiblement sa majesté Grisetête, puis lady de Riquebourg, greffière, à qui je ne manque bien évidemment pas d'offrir un sourire charmeur.
J'expose alors l'argument qui, je l'espère -et l'est à mes yeux-, aura le plus de poids dans mon raisonnement.

"Enfin, étant entendu que selon la localisation géographique des industries Steelwood se trouvant plutôt excentrées, et selon les commerces que j'entretiens avec votre grâce, nécessitant par ailleurs l'acheminement des produits que sa majesté contractent avec ma famille, il conviendrait de reconsidérer l'allocation de ce budget au parti de Stozenfels."


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Message par Augustus V. Lutgardis Dim 23 Sep - 6:42

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Enfin l'accalmie était de retour, et en quel honneur? Flinson Steelwood s'était avancé devant tout le monde en parlant au Président de l'Assemblée et au souverain de ses Industrie. En ce point résidait tout ce que Georg von Lutgardis avait espérer de l'Industriel. Le poids économique et les services fournis par ce dernier était incomparable face à un quelconque évêché, et s'il y avait un sujet qui trouvait le plus d'ouailles à Gilnéas, c'était bien celui de la sécurité de la nation. Bien entendu,ce n'était pas une nouveauté; le roi Genn Grisetête en était lui-même le parfait exemple de celui qui servait au mieux les intérêts de son peuple, ayant construit le mur le plus impressionant entre le monde hostile en proie à la guerre, et Gilnéas la Superbe. Et bien qu'avec des tendances avant-gardistes, Flinson Steelwood avait sut profiter de cet état d'esprit de la nation reclue derrière son mur, c'est pourquoi les milices et les armées de la couronne accordaient un important crédit à l'industrie de l'armement qui passait de Steelwood en Steelwood depuis plusieurs guerres et conflits. Certains notables hochaient la tête, tandis que d'autres s'étaient entouré d'une inertie inédite. Les regards condescendants rivés sur Georg von Lutgardis, et les repproches vers l'evêque de Tullbridge. Ser Williams s'en était retourné vers le roi, avec qui il chuchotait apparemment l'issue de la séance. Au bout de quelques secondes, c'était le religieux qui intervint.

«Et vous accordez plus d'importance à ces industries de pacotille qu'à un dévoué serviteur de la Lumière?! Cela n'a pas de sens! En quoi un homme qui encourage le conflit et qui vend des instruments de mort pourrait-il être plus nécessiteux qu'un évêché, où les gens vivent en paix, et où je...»

«Silence, Archêvèque.» Coupa net le patriarche, avec une telle conviction dans la voix que le clerc s'arrêta, le fixant, abrutis. «Il s'agit bien plus que de reconstruire un pont. Ne l'avez-vous pas encore compris?»

L'assistance murmura quelques oui. On crut même voir le baron Claude acquiescer en haussant les épaules et chuchoter "Pas mal, pas mal." à son comparse vendeur d'armes blanches. Quelques notables semblaient gênés par la situation et croisaient des regards incrédules, alors que le Président de l'Assemblée revint à son pupitre.

«Messieurs, le roi à trancher. Selon sa Majesté, il est capital de rétablir les voies de communication entre les différentes régions de son royaume, sinon quoi les frais à engager seraient trop important et que dans l'intérêt de la nation, il n'était pas raisonnable d'effectuer des dépenses inutile. Le pont de la vallée de Stozenfels sera donc bel et bien rénover.» Finit-il par conclure, sa voix tonnant dans tout l'hémicycle.»

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Quelques hommes se levèrent pour brandir un poing triomphant, pour apporter leur soutiens aux deux hommes face au religieux, scandant des "Bravo!" à tout va, mais une écrasante majorité resta muette, encore sous le choc de cette piqure de rappel que Steelwood leur avait faite. Le patriarche de se retourner vers ce dernier et de lui adresser un léger signe de tête. L'archêvèque semblait s'être en allé, furibond, fouettant l'air avec sa bure et ses grands gestes de bras scandalisés. Georg von Lutgardis fronçait légèrement les sourcils à cette vue, mais reporta son attention vers Steelwood. Il était désormais face à une situation particulière. Demain, les journeaux et les conversations allaient être tournées vers ce coup d'éclat. L'influence et la réputation combinée des deux hommes avaient fait la force de l'audiance, et le Roi ainsi que ses conseillers avaient été littéralement balayés par leurs arguments conjoints. S'en suivit alors un bref moment où les bavardages revinrent, certains parlant encore de l'accord qu'il était sur la reconstruction du pont. Quelques personnes que l'on pourrait aisément qualifier de "rageuses" vociféraient de brèves insultes contre l'archevêque, piqués à vif par son faux-pas dans cet affrontement politique. Le clerc avait perdu la confiance de quelques pairs du Royaume, ce qui ne devait pas déplaire à Steelwood.

«Monsieur Steelwood. Je suis étonné de votre concours et je vous en remercie.» Lança Georg en direction de l'industriel, feignant parfaitement l'effet de surprise. «Il n'est pas à douter que nos intérêts convergaient sur ce pont. Je vous inviterais à la cérémonie d'inauguration de celui-ci, une fois refectionné.»

Et le noble moustachu d'accorder un dernier hochement de politesse à son interlocuteur avant de regagner les marches vers sa rangée. Tout ceci n'était que l'annonce d'une entente publique entre les deux familles, qui, resplendissant par leur nom et évoquant le respect ou la jalousie, entrenerait irrémédiablement quelques sombres rumeurs. Mais si tel était le cas, Georg von Lutgardis avait très bien préparé sa défense, et il ne doutait pas que Flinson Steelwood en avait fait de même. Le noble eut une pensée pour sa famille et pour les gens dont il avait la responsabilité sur ses terres. Il ne souhaitait pas que la vallée de Stozenfels, et plus particulièrement sa femme et ses fils, n'aient à souffrir de la vilénie et l'hypocrisie. C'était pourquoi, à ses yeux, cet accord tacite avec Steelwood était un nouveau sacrifice de soi. Se rapprocher dans l'ombre pour le maintenir à l'écart le jour. Agir conjointement sans rien avoir officiellement d'autres rapports que ceux qu'imposaient la cour. Quelque part, Georg se sentit fier de faire partie d'une telle institution et d'avoir autant de pouvoir à Gilnéas.

Après tout, n'était-il pas purement gilnéen de protéger ses intérêts?

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