[RP ouvert] Un jour, à Hurlevent...

Comme d'habitude, Azaina marchait d'un pas agile vers l'auberge surnommée l'Agneau Assassiné, ne trouvant son alcool préféré qu'à cet endroit.En marchant, elle s'arrête à une vingtaine de mètres de la prison, pensant ironiquement qu'elle devrait s'y trouver à cette heure. Se délaissant assez vite de son envie d'alcool, elle alla aux Ruines de la vieille caserne, imaginant ce qu'elle avait dut être avant sa destruction.

- Un tel gâchis..., dit-elle en soupirant.

Elle s'y arrêta, observant les allées et venues des gardes, des marchands, observant les quelques va-nu-pieds essayant de se frayer un passage dans la ville, les bandits de deux sous tentant d'escroquer un quelconque passant ivre. Cette dernière la fit rire, imaginant ce qu'elle aurait pu faire à leur place.

- Pauvre homme.., soupira-t-elle en voyant un vieil humain se faire voler sa bourse. Se faire voler par... ça, dit-elle en balayant de la main les deux adolescents en train de se faire de l'argent de poche.

♣Musique♣

Hurlevent était toujours une ville animée. Même au crépuscule, les passants, les marchands, tous étaient encore actifs. L'entrée de la cité était le quartier le plus animé et le plus peuplé. Sous le soleil couchant, les toits bleus semblaient s'illuminer.
Au milieu des badauds, des gens rentrant chez eux après une dure journée de travail, on pouvait croiser de moins honnêtes gens. Que ce soit de simples escrocs où des bandits de grand chemin, ils étaient très nombreux. Certains étaient si bien cachés que vous ne reconnaitriez pas en les croisant dans la rue. D'autre étaient moins... discrets.

L'un d'eux était justement dans la foule. Il passait près des gens sans qu'on ne le remarque. Ses mains agiles décrochaient une bourse de temps en temps avant de rapidement la fourrer dans sa sacoche - tout est bon pour se faire un peu d'argent.
Vêtu d'une armure en cuir sombre, un masque semblable à une écharpe cachant le bas de son visage, les yeux outremer de Crow Reenson analysait chaque personne. Chaque idiot sur qui se faire en peu d'argent, chaque garde pouvant représenter une menace. Il se faufila jusqu'à pouvoir sortir du Quartier Commerçant et prit le chemin de la Vieille Ville.
Si il appréciait Hurlevent, Crow détestait y venir. Il fallait sans cesse se méfier, vérifier qu'on était pas suivi, que personne ne nous reconnaissait, ne prévenait les gardes.

La Dynamite - ce surnom lui avait été attribué au fil du temps - avait besoin de se ravitailler en poisons, c'était la raison de sa venue en ville. Certes, il en mettait rarement sur ses armes, mais c'était parfois utile. Avant, un ami les lui fournissait gratuitement. Ce temps était révolu.

- Hé ! Toi !

Crow s'immobilisa. La rue était déserte. Faites qu'on ne m'ait pas encore reconnu...
- Hein ? fit-il en pivotant, la tête penchée sur le côté.
Trois gardes se tenaient face à lui. Le jeune homme les analysa tour à tour. Ils n'avaient pas l'air de jeunes recrues, donc pouvaient être des adversaires redoutables. Autant essayer de s'esquiver sans trop d'ennuis pour cette fois.
- Oui, messieurs ? dit-il sur un ton mielleux, qui ne lui ressemblait ABSOLUMENT pas.
- Attendez une minute. Je vous connais...
L'un des gardes, sans doute le plus vieux, s'approcha de quelque pas et fixa Crow dans les yeux. Ce dernier resta droit. Il devait bien mesurer une tête de plus que le représentant de l'ordre et prenait un malin plaisir à le regarder d'un air hautain.
Le vieil homme en armure, une main sur la garde de son épée, pivota vers ses collègues.
- C'est bien lui. Recherché pour une petite fortune et il ose venir dans NOTRE vill-...

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase. Sentant le danger approcher, la Dynamite lui avait déjà fiché un grand coup de pied dans la poitrine. Le garde s'effondra au sol dans un bruit de métal. Ses deux collègues dégainèrent leurs épées.

- Oups. Pas fait exprès, déclara le hors-la-loi avec un grand sourire de défi.
- Attrapez le !

Deux contre un ? Ça va encore finir en bain de sang...

Passant, par hasard, dans la Vieille Ville, Azaina suivit toute la scène, ayant remarqué depuis quelques minutes l'équipement, grotesque, qu'utilise ce voleur dans son métier. Elle regarda tour à tour les trois gardes et le jeune homme, hésitant à aider le voleur, à découvert dans la rue.

- Hmm. Oh, et puis, tant pis ! dit-elle en se faufilant derrière un des gardes, le tuant d'un rapide coup de couteau dans la nuque.

Elle tua le deuxième d'un vif coup avec la hampe de sa dague dans la tempe.

- Une chose de faite..., dit-elle tout en se frottant les mains. Hmm. Je crois que vous avez une dette contre moi... Vu que je viens de vous sauver de ce maréchal, dit-elle en montrant le dernier homme tué.

Elle le regarda dans les yeux, presque avec un air terrifiant, le jaugeant de l'intérieur, attendant la réaction de celui-ci.

-...

Crow venait de dégainer sa dague - pas de revolver en pleine ville, la bruit aurait attiré d'autres gardes - quand l'inconnue surgit.
-...
Il allait s'élancer sur le premier garde lorsqu'elle les acheva, rapidement, de sang froid. Il n'avait même pas eu le temps de bouger.
- Une chose de faite... Hmm. Je crois que vous avez une dette contre moi... Vu que je viens de vous sauver de ce maréchal.
Le jeune homme fixa, incrédule, les cadavres au sol. Il releva les yeux vers la jeune femme, qui tenait encore sa dague dont la lame était trempée de sang.
-... Non mais oh, grogna-t-il, d'où tu sors toi ? Ne te mêle pas de mes histoires. En plus, ils sont morts. Dans moins de deux minutes, leurs potes se ramèneront. Il fallait juste les assommer et se carapater... Tss, débutante, ajouta-t-il plus bas.

Crow s'accroupit près du maréchal, face contre terre. Il le retourna. Bel et bien mort. Heureusement, après tout, sinon il aurait pu témoigner. L'assassin tourna la tête vers celui qu'il avait envoyé au tapis d'un coup de pied. Ce dernier était juste sonné. Il se redressait en toussant.
Crow se releva et l’assomma à nouveau d'un coup sur la tête avec le manche de sa dague.

- Tu vois, Débutante ? C'est comme ça qu'on fait avec les gardes.

Il rengaina la lame après l'avoir faite tourner entre ses doigts. Attrapant l'inconnue par le poignet, il l'entraina loin de la scène de crime, dans une petite ruelle à part du quartier. Ils tendirent l'oreille, est ce qu'on les avait vus ?

- Crow, dit le jeune homme en tendant la main la jeune femme, tout en scrutant la rue.
-...

Azaina l'observait toujours, pendant qu'il la traitait de "débutante". Comment osait-il, lui, ce voleur de pacotille, portant cet équipement digne d'un va-nu-pieds, de l'appeler ainsi ?

- Moi, débutante ? Il y a tellement de petits criminels dans cette ville qu'il n'y a aucune chance que l'on nous accuse.

Elle observa les trois corps inconscients à terre, réfléchissant à une idée. Puis elle rangea sa dague dans son fourreau, se baissa, et tira les trois corps, l'un aprés l'autre, dans une petite ruelle de la Vieille Ville.

- Enchantée, Crow. Azaina, dit-elle, ne serrant pas la main.

Elle se dirigea ensuite vers le Quartier des Nains, silencieuse comme la brume, comme si de rien n'était. Elle s'arrêta à mi-chemin, interpellée par un cri venant de derrière elle.

Elle tourna les talons vers le Quartier des Nains. Le bain de sang ne semblait pas plus l'avoir affectée que ça. Derrière eux, une petite foule commençait déjà à se créer autour de la scène du crime. Crow déglutit ; un homme masqué et armé jusqu'aux dents ne passerait pas longtemps inaperçu.
Il regarda de chaque côté de la rue, déserte pour l'instant. Oubliant sa venue en ville, il pressa le pas pour rattraper Azaina.

- Attends ! Tu plaisantes ?
Elle se retourna.
- Les "petits criminels" comme tu dis, ne s'en prennent pas à trois gardes armés et entrainés. Tu ne risques peut être rien, mais les types comme moi déjà connus des gardes auront plus de problèmes à s'innocenter.

Il observa la meurtrière de la tête aux pieds. Elle lui était totalement inconnue. En fait, elle avait l'air d'une passante tout ce qu'il y a de plus normal. Pourtant elle avait ôté la vie à trois hommes sans le moindre problème ou remord.

- Tu fais ça souvent ? continua Crow. Descendre des types comme ça ?
Il regarda à nouveau derrière eux, où les gens horrifiés s’agglutinaient et où les forces de l'ordre tentaient de les tenir à distance.
- En tout cas, je me serai très bien débrouillé sans toi...
-...

Elle s'arrêta, derrière la foule agglutinée devant la scène, simulant son épouvante à la perfection. Elle en profita pour frotter le manche de sa dague contre une chemise pandouillant à une fenêtre non loin.

- Hm. Ce n'est pas faux. Mais, naturellement, encore cette fois-ci, je n'ai pensé qu'à moi... , avoua-t-elle en soupirant à voix basse. J'aurai du envisager que tu aurais déja été connu par les gardes, et donc leur première cible.

Elle le regarda ensuite en face, jaugeant s'il était un ennemi potentiel dans l'avenir. Elle détourna le regard pour le reporter sur la scène de crime, où déja quelques gardes venaient s'installer pour maîtriser les badaus en quête d'anecdotes croustillantes. Elle l'entraîna un peu plus loin en le tirant par la manche, l'emmenant là où elle se trouvat une vingtaine de minutes plus tôt, aux ruines de la Vieille Caserne, machant rapidement et agilement entre les passants ayant eu vent de l'affaire.

- Souvent ? Oui, assez. Surtout en solo, à vrai dire, et je ne me fais pas remarquer, dit-elle à voix basse. Disons... que c'est là mon moyen de survie actuel. Même s'il n'est pas vraiment trés approuvé. Hm, pourquoi ils t'ont appelé ? demanda-t-elle en le regardant dans les yeux.

Crow emboîta le pas à la meurtrière lorsqu'elle le tira par la manche vers ce qu'il restait du Parc de Hurlevent. Tous deux se faufilèrent entre les passants, esquivant les gardes en les contournant de quelques mètres. Ces derniers étaient alertes et avaient redoublé de vigilance. Ils étaient deux fois plus nombreux. Apparemment, ils avaient déjà été prévenus du mauvais sort de leur compagnons. Crow essaya de saisir des bribes de conversations. Y avait-il eu des témoins ?

Les deux hors-la-loi se retrouvèrent à nouveau à découvert, loin du brouhaha de la foule et de la vague d'inquiétude et de peur.
Non loin de la Vieille Caserne, ils s'arrêtèrent finalement en bordure du Quartier des Mages, sous le toit violet d'une maison. Il y avait toujours des gens autour d'eux, aussi Azaina eut le réflexe de baisser la voix.

- Souvent ? Oui, assez. Surtout en solo, à vrai dire, et je ne me fais pas remarquer. Disons... que c'est là mon moyen de survie actuel. Même s'il n'est pas vraiment très approuvé. Hm, pourquoi ils t'ont appelé ?

Crow fixa la jeune femme quelques secondes sans répondre. Il la dépassait d'une tête au moins.
- Et bien disons que mes raisons sont les même que les tiennes. J'ai appris à survivre
en volant et en tuant. En fait, je ne sais même plus vivre normalement. A force, ils ont mit une petite prime sur ma tête...

Le jeune homme décocha un sourire vantard tout en baissant son masque sous son menton, dévoilant l'éternelle cicatrice sur sa joue droite. Il sortit un papier froissé de sa poche et déplia l'avis de recherche avant de le tendre à sa collègue.

- Deux milles pièces d'or, rien qu'ça ! En fait, ils me remarquent souvent quand je viens en ville. J'arrive à les éviter ou à me carapater en général...
Il marqua une pause quand deux jeunes femmes les dépassèrent. Lorsqu'elles se furent éloignées, il ajouta :
- Tu vis comme ça depuis longtemps ?

Elle le regarda, incrédule, cherchant une quelconque malice dans ses yeux, ne croyant pas à la somme de la prime qui lui est attribuée. Elle se tordit les cheveux de deux doigts distraitement, regardant le soleil terminait sa course de la journée.

- Deux mille pièces ? En es-tu sûr ? C'est tout de même une jolie somme... , avoua-t-elle songeuse.

Elle se tut quelques minutes de plus, regardant d'un oeil perçant les allées et venues des gardes cherchant toujours l'assassin.

- Si je vis comme ça depuis longtemps ? Hm. Oui, trés longtemps. Orpheline depuis ma tendre enfance, confrontée à ce monde hostile depuis mes débuts... , dit-elle, une pointe de tristesse dans la voix.

Elle fermit soudain la voix, hésitante à en livrer plus.

- Donc, tu es connu dans cette ville... au contraire de ma personne. A vrai dire, je ne suis pas vraiment d'ici...

- Si je vis comme ça depuis longtemps ? Hm. Oui, très longtemps. Orpheline depuis ma tendre enfance, confrontée à ce monde hostile depuis mes débuts...

Crow écouta la voix tremblante de la jeune femme sans l'interrompre, la fixant toujours. Il déglutit. Est-ce que tous les assassins avaient eu la même vie ? Azaina n'était pas la première personne dans ce genre de situation qu'il rencontrait. Lui même avait vécu le même calvaire.
La jeune femme sembla se reprendre.
- Donc, tu es connu dans cette ville... au contraire de ma personne. A vrai dire, je ne suis pas vraiment d'ici...
- M'oui. Connu dans la région, en fait. Pour... (Il baissa le ton alors que deux gardes passaient près d'eux au pas de course) plusieurs trucs...

Le criminel tapota les quelques bâtons de dynamite à sa ceinture. Oui, même en pleine ville. On ne sait jamais ce qui peut arriver...

- J'ai remarqué tout de suite que tu n'étais pas d'ici (en fait c'était faux). Tu n'as pas l'accent et on dirait que tu ne connais pas bien la ville (il n'avait même pas remarqué). En fait, tu n'as même pas l'air de la région. Plutôt le nord, non ?

Azaina reste encore quelques minutes silencieuse, une larme perdue coulant sur sa joue. Elle remarqua que les gardes affluaient de moins en moins. L'affaire aurait été étouffée ? Non, sûrement pas. Elle regardait le port de son perchoir, continuellement en activité de jour comme de nuit.

- Même si je ne suis pas d'ici.. je connais la ville comme ma poche. Le temps que je suis passée par les nombreux chemins d'Hurlevent est inimaginable. Si tu veux tout savoir, je viens de Gilnéas, c'est exact.

Elle retomba dans le silence, les yeux embués par de nouvelles larmes voulant s'échapper de ses paupières à moitié fermées. Elle se remémorrait les quelques souvenirs qu'elle possédait dans sa ville natale. Elle sortit ensuite sa dague, la tournant d'un air distrait, s'écorchant un peu la paume des mains, n'esquissant aucun signe de cette douleur, mais de la douleur des souvenirs.

Effectivement, les gardes et les patrouilles semblaient retrouver un rythme normal. Mais ce n'était pas forcément bon : ils étaient peut être tous rassemblés autour du massacre ou en train de rechercher les auteurs du crime dans toute la ville. Le mieux était encore de sortir de la cité - autrement que par la grande porte - et de ne plus revenir avant quelques jours.

Crow détacha les yeux des passants divers - il les analysait - pour les reporter sur Azaina. Cette dernière avait tourné la tête vers le port. Sa chevelure rousse cachait une partie de son visage.

- Même si je ne suis pas d'ici... je connais la ville comme ma poche. Le temps que je suis passée par les nombreux chemins d'Hurlevent est inimaginable. Si tu veux tout savoir, je viens de Gilnéas, c'est exact.

Le jeune homme crut déceler de la tristesse ou quelque chose comme ça dans sa voix. Il n'y prit pas garde sur le moment.
Ainsi, elle était Gilnéenne ? Il fallait croire que tous les criminels étaient issus de là bas. Elle n'était pas la première Gilnéenne que Crow rencontrait a avoir prit le chemin du crime.
Azaina dégaina sa dague et la fit tourner dans sa main gantée. L'autre suivait ses gestes des yeux, songeant à son propre passé, ses propres choix.
Crow s'approcha du "cratère" qui remplaçait maintenant le Parc. De là, on voyait bien le port. Les bruits de chantiers et les odeurs marines arrivaient jusqu'au deux jeunes gens.

- On ferait mieux de sortir de la ville, et fissa, déclara-t-il pour changer de sujet. Le mieux est encore de rejoindre la Marche de l'Ouest où Hurlevent n'a pas d'autorité, ou au pire, Sombre-Comté.
Il sourit. Le Bois de la Pénombre, ou le meilleur endroit pour se faire oublier quelques temps.
-... Mais j'éviterai Comté-de-l'Or à ta place. Même si moi, ça ne me dérange pas d'y passer avec toutes ces patrouilles...
Il fit volte-face et fixa la Gilnéenne.
- Et évite aussi les endroits surpeuplés, genre le Quartier Commerçant où les portes.

La jeune femme analysa la situtation, jouant distraitement avec une de ses mèches, un vieux tic. Si elle le suivait... pouvait-elle lui faire confiance ? Peut-être... peut-être pas. Aprés tout, lui non plus ne pouvait pas être sûr d'avoir sa confiance.

- Allons-y. Rester ici nous ajoute à la liste des potentiels criminels. Sombre-Comté... bonne idée. J'y suis déja allé quelque fois, et ma foi, c'est assez pratique pour se faire oublier.

Azaina se leva, aprés avoir rangé sa dague dans son fourreau à la cuisse, épousseta ses jambières puis attendit qu'une patrouille, dont chaque garde était muni d'une torche, passe devant eux, sûrement à la recherche des assassins, eux. Ensuite, ne regardant pas s'il le suivait, elle coura jusque devant Hurlevent, s'arrêtant et se cachant de temps en temps devant quelques gardes en alerte. Arrivée avant Crow de quelques minutes, elle l'attendit, cachée dans l'ouverture l'intérieur du tronc d'un arbre mort non loin de là.

Se pourrait-il qu'il se soit fait attrapé par les gardes ? Si oui, cela voulait dire qu'il ne méritait pas de la suivre. Si non, il avait encore une chance. Malgré la nuit tombante et le froid arrivant, Azaina bouillonait de l'intérieur. Jamais elle n'avait vu autant de gardes en action pour un meurtre... Elle frissonna.

- Allons-y. Rester ici nous ajoute à la liste des potentiels criminels. Sombre-Comté... bonne idée. J'y suis déjà allé quelques fois, et ma foi, c'est assez pratique pour se faire oublier.

Une patrouille armée de torches passa près d'eux. Crow leva la tête vers le ciel. En effet, il faisait presque nuit maintenant. Le soleil avait disparu derrière les toits de la légendaire cité. Quand il tourna à nouveau la tête vers sa complice, cette dernière était déjà en train de s'enfuir au pas de course vers la sortie de la ville.
Elle est bouchée ou quoi ? marmonna intérieurement Crow. Je lui ai dis ne de pas passer par la grande porte. Le seul moyen de sortir discrètement...
Il se rapprocha du mur d'une des maisons du Quartier des Mages et leva la tête vers les tuiles violettes. ... C'est encore de passer là où on ne pourra pas nous atteindre. S'aidant d'une caisse et d'un tonneau posés juste à côté, il se hissa agilement sur le toit.
Le criminel se redressa avec un sourire satisfait. Il observa les maisons les plus proches, prit son élan et sauta sur l'une d'elles. Comme ça, on pouvait facilement atteindre les remparts, et de là, sortir de la ville sans trop de problèmes. Mais une erreur de trajectoire, et la chute serait mortelle.

S'élançant agilement de toit en toit, Crow atteignit bientôt les murailles de Hurlevent. Seul problème : les gardes patrouillaient dessus. Caché derrière une cheminée, il attendit que l'un d'eux se soit éloigné pour descendre rapidement le long du haut mur.
Le jeune homme grimaça en regardant ses mains. Cette technique de fuite était efficace, mais l'escalade pouvait sérieusement endommager les doigts. La prochaine fois, il ne mettrait pas de mitaines.
Il se trouvait maintenant dans la Forêt d'Elwynn, non loin de l'entrée de la ville. Est-ce que Azaina s'en était sortie aussi ?
En quelques minutes, caché sous les arbres, Crow rejoignit les portes. Il observa chaque personne. La Gilnéenne était là, sur le côté, elle scrutait elle aussi les alentours. Il passa discrètement derrière elle et l'attrapa par la manche avant de la tirer sous le couvert des arbres.

- Et maintenant, on s'casse ! Tu as un cheval ?

Crow la tenait par le poignet. Tout en marchant, il scrutait chaque coin d'ombre, cherchant quelque chose, ou quelqu'un.

Elle le considéra quand il arriva près d'elle. Elle espérait même qu'il arrivait à survivre... que se passe-t-il ? Elle espère qu'une personne survive ? Ça ne lui ressemble pas du tout.

- Et maintenant, on s'casse ! Tu as un cheval ?

Elle écoutait distraite cette phrase. Il le tenait au poignet ? La dernière personne a avoir fait ça... se trouve six pieds sous terre, mort dans des circonstances mystérieuses. Elle pourrait le tuer aisément, un rapide coup de dague dans la gorge... mais elle n'y arrivait pas. Ils sont tout les deux dans le même bateau. Elle commença à oublier la question, quand il la répéta.

- Tu as un cheval ?

- Ah euh. J'ai un peu mieux que ça... dit-elle en esquissant un petit sourire.

Il l'observa, intrigué, quand, soudain, elle courut jusqu'à un arbre à deux ou trois jet de pierre de leur poste de guet, et, sous une pile de feuilles mortes et de mousses, cachée entre deux rochers peu serrés : une machine volante comportant deux places.

Crow suivit la Gilnéenne des yeux. Elle s'approcha de quelques rochers et écarta un tas de feuilles. Il s'approcha - sans se presser - et jeta un coup d’œil au dessus de l'épaule d'Azaina. Laissant échapper un sifflement admiratif, il observa la machine volante parfaitement cachée.
L'engin semblait en très bon état, et pas un de ces trucs qui tiennent par l'opération du Saint Esprit. Faisant penser à une fusée, il était tout équipé et comportait deux places.

- C'est à toi ou tu l'as volé ?

Le hors-la-loi détacha le regard de la machine volante et scruta les alentours. Les buissons, les arbres, les rochers. Qu'est ce qu'elle fout ? Elle devrait déjà être là. Délaissant sa complice, il s'avança un peu sous le couvert des feuillages.

Finalement, après quelques minutes de silence, les broussailles frémirent. Un sourire se dessina sous le masque de Crow. Un sabre-de-nuit apparut et s'approcha de lui en trottinant. Plus petit que ses congénères, le félin arborait une fourrure noire comme la nuit tigrée d'argent. Ses iris ambrés pétillaient de joie. Alia, car c'était son nom, accompagnait Crow depuis des années. Elle était encore toute jeune lorsqu’il l'avait trouvée, elle était alors seule que lui.
L'animal frotta son museau humide contre la joue du jeune homme. Il passa la main sur son encolure et monta en selle.

- Je voyage plutôt comme ça, moi, lança-t-il à Azaina en se rapprochant. Tu iras plus vite. On se retrouve à Sombre-Comté ?

Azaina enleva les quelques feuilles se trouvant dans la machine volante, écartant de temps en temps la mèche rebelle lui barrant le front.

- C'est à toi ou tu l'as volée ?

Elle le toisa d'un air sévere. Bien sûr que c'est à elle ! Elle l'a faite de ses propres mains ! Avec quelques ratés, certes, mais on apprend de ses erreurs, non ?

- Bien sûr, que c'est à moi ! s'exclama-t-elle. Je suis une assez bonne ingénieure, à vrai dire... j'ai appris à Gilnéas. Cela m'a toujours passioné, dit-elle, une pointe de tristesse dans la voix en se remémorant le passé.

Ensuite, le jeune homm se déplaça vers les feuillages. Silence. Aprés un petit moment, Azaina plissa les yeux, incertaine d'avoir vu les branches bouger. A-t-elle rêvé ? Elle se dit que non, en voyant une tigresse en immerger. Une magnifique sabre-de-nuit, monture courante des elfes, bardée de noire et d'argent. Azaina recula d'instinct, sûre que c'était un piège, puis se détendit en voyant la féline se frottant amicalement le museau contre Crow.

- Je voyage plutôt comme ça, moi. Tu iras plus vite. On se retrouve à Sombre-Comté ?
- Belle monture..., dit-elle en approchant la main de la tête de la féline, qui grogna quand Azaina se rapprocha.

Celle-ci, consternée, s'envola avec sa machine volante vers Sombre-Comté, préférant ne pas parler de cet étrange comportement.

Pendant ce temps, à Sombre Comté, un nain connu de tous pour son caractère un peu timbré et sa naïveté amusante, suivi par son escouade d'une dizaine de "peau-bleue", ou elfes, venus pour leur faire découvrir un sanctuaire elfe, que Norgär découvrit dans des circonstances inconnues, et qui, bizarrement, était méconnu des peau-bleue.

- Alors, ichi... , dit-il en arrivant à Sombre-Comté. Ichi, c'la ville principale des Veilleurs. Ou des types qui savent pas esquiver les motos, com' j'dis.

Avec son accent nain, surtout quand il est saoul, il ferait fuit une légion entière d'orcs. Malheureusement, il n'y a que quand il boit une certaine boisson, le "casse-pattes", que Norgär devient ivre. Une nouvelle fois, celui-ci balaya la ville d'un geste maladroit, suivi de ses elfes, ceux-ci observant chaque Veilleurs, chaque personne "malveillantes". Aprés tout, à Sombre Comté, qui est innocent ?

- Et ichi... c'la taverne les peau bleue ! s'exclama-t-il en la montrant. Ichi, y servent d'la bière ! Mais savez pas c'quoi vous. C'un liquide un peu jaune, avec d'la mousse, qui est trop bon ! cria-t-il presque.

Crow parcourut au pas de courses le trajet jusqu'à Sombre-Comté. Il préféra contourner la Garnison du Ruisseau de l'Ouest, QG de l'Ost Pourpre. Simples précautions. Il longea ensuite la rive de la Marche de l'Ouest jusqu'au Bois de la Pénombre.
Crow avait toujours adoré cette région. Bien sur, elle était sombre, ténébreuses, inhospitalière, froide, et surtout infestée de morts-vivants en tout genre... Mais c'était ce qu'il fallait aux hors-la-loi comme lui. C'était d'ailleurs le berceau de la Griffe Rouge, qui y était née et avait autrefois établit son QG ici. Crow connaissait les moindres recoins de ces bois, la moindre cachette, le moindre raccourcis, pour avoir passé de nombreuses années à les arpenter nuit et jour.
Il y venait encore sans cesse. C'était devenu chez lui et il s'y sentait en sécurité. Non loin de la ville, il arrêta un instant sa monture pour humer l'air frais de la nuit tombante. Son élément.

L'assassin pénétra passa l'entrée de la petite ville et s'approcha de la fontaine sur la place centrale, cherchant Azaina des yeux. Ici, il ne craignait pas d'être reconnu et pourchassé, comme à Hurlevent ou la Forêt d'Elwynn. Il était chez lui.
Ne repérant pas Azaina pour le moment, Crow descendit de selle et laissa la sabre-de-nuit s'éloigner en direction des arbres. Elle ne serait pas loin en cas de problème. Il s'approcha de la taverne, où tant d’événements s'étaient déroulés - il devait encore y avoir des tâches de sang sur le sol - et grimpa agilement sur le toit. Il s'y assit en tailleur et observa la petite ville, scrutant l'arrivée de sa complice.

Elle n'arriva pas tout de suite, ou alors restait cachée, mais Crow remarqua un petit groupe d'elfes de la nuit. Il n'y prêta pas attention au début, mais constata qu'à leur tête marchait un nain vêtu de vert. Un sourire se dessina sur son visage et il se laissa glisser jusqu'au bat du toit avant de sauter.
L'assassin rabaissa son masque et s'approcha d'eux. Le nain semblait marmonner ou expliquer quelque chose. Crow fut heureux de reconnaitre un fort accent dans sa voix. Les mains dans les poches, il se campa devant le groupuscule qui semblait visiter.

- Hey, Norgär. Qu'est ce que tu viens faire ici ?

Azaina fit le voyage quelque peu tourmentée par un problème dans les engrenages, et du essuyer un vol de mouettes en colère. Aprés ces piaillements incessants, celle-ci se rendit dans une petite maison, au bout de la Foret d'Elwynn... une des nombreuses bâtisses délabrées parcourant le Royaume de l'Est, où la voleuse a établi domicile. Elle y prit quelques poisons, on ne sait jamais... puis regarda une peinture, représentant elle, petite, et ses parents. Elle eut soudain un pincement au coeur...

- Non, ce n'est plus moi, avoua-t-elle à elle-même.

Ensuite, elle reprit le chemin, sur sa machine volante volée à la Horde, vers a mystérieuse de Sombre Comté. Là-bas, elle saurait trouvé une cachette assez longtemps pour se faire oublier. Aprés tout, n'appelle-t-on pas Sombre Comté la Ville aux Voleurs ? Aprés quelques minutes de vol, elle stationna à une hauteur raisonnable, à distance de la ville, cherchant des yeux Crow. Elle le vit, parlant à un groupe d'elfes et à un nain peu ragoutant. Azaina se rapprocha en volant, quand, soudain...

[HRP] Le "quand, soudain..." veut dire que le prochain qui écrira un message pourra choisir ce qui va se passer ! [/HRP]

Le nain approuva d'un signe de tête en regardant Crow.

-Salut p'tit ! s'exclama-t-il. Béh, j'monte à mes peau bleue Sombr' Comté. Faut bien leur montrer ma ville préférée, aprés Forgefer ! cria-t-il presque. Mais bon, ichi, y servent pas beaucoup d'salade et d'jus d'fruit, j'sais pas si y vont v'nir souv-...

Norgär ne termina pas sa phrase, remarquant une machine volante portant le sigle de la Horde voler au dessus de Sombre Comté...

- Héééé ! cria-t-il. Un Hordeux !!!! A l'attaque !!! cria-t-il à nouveau, comme au front.

Il marqua sa dernière phrase par un coup de feu dans la machine volante. Celle-ci, portant Azaina, dégringola à terre.

- Une bonne chose de faite ! dit le courtaud, acclamé par son escouade d'elfes.

Crow écoutait le fier nain déblatérer avec ses "peau-bleues". Norgär n'avait pourtant jamais apprécié les elfes de la nuit - comme tout bon nain qui se respecte, n'est ce pas ? Il était pourtant une sorte de "chef" pour ces habitants des bois.

Un bruit de moteur et de machineries attira l'attention du jeune homme. Il détourna son attention du petit groupe pour lever la tête vers le ciel. Une machine volante arrivait sur Sombre-Comté. Crow faillit ne pas reconnaitre sa complice. Il n'avait pas remarqué ce sigle de la Horde sur le côté la première fois qu'il avait vu l'engin. Elle avait bien volé ce truc...

- Héééé ! s'écria soudain l'amateur de casse-patte. Un Hordeux !! A l'attaque !
- Attends !

Le nain avait déjà sorti son fusil et mit en joue (attendez, c'est pas un arc qu'il est censé avoir ?). Le coup de feu résonna dans toute la ville et ses alentours. La machine fut touchée. Sans doute à un endroit stratégique, car elle dégringola non loin du village.
Crow se précipita vers le nuage de fumée qui commençait à se former dans le ciel sombre. Très vite, Alia, qui le suivait depuis les arbres, se retrouva à trotter à côté de son ami. Il s'agrippa à la fourrure de la sabre-de-nuit et sauta sur son dos alors qu'elle pressait le pas.

Azaina s'était écrasée plus loin que prévu. Sans plus de soucier de Norgär, Crow fonçait à travers les arbres. La nuit était complétement tombée à présent et il menait sa monture à l'aveuglette, guidé par la fumée noire et son odeur. Le ciel étoilé se voilait, un coup de tonnerre raisonna. La pluie ne tarderait plus.

Quand finalement le jeune homme trouva la machine volante, elle était en feu. Elle avait atterrit dans une clairière et les flammes s'atteindrait pas les arbres tout de suite. Crow avait grandi avec le feu et les explosifs, c'était son élément, aussi un incendie ne lui faisait pas peur.
Il se mit tout de suite en quête de Azaina avant que le brasier ne se propage et que tout espoir soit perdu.

...